Je signais au Marché de la poésie mon recueil de 2010, Montée des cendres. Histoire de souffler un peu la poussière déposée sur les couvertures. Je suis arrivé pas mal en avance, pour flâner un peu. Etrange microcosme. Ca déclamait sur les stands. Passaient quelques individus vêtus de capes et de grands chapeaux noirs. Un type récitait des vers au creux d’une calebasse. Des « poètes » ? Je ne me sentais pas vraiment à ma place. J’ai cherché qui je connaissais. Au hasard des allées, j’ai croisé Jeannine qui infatigablement soutient la mémoire de son Maurice Carême. Ses poèmes viennent d’être traduits en letton, en russe, en bulgare. Elle a filé, toujours pressée. Je dois te raconter tout ça ! Je suis resté un moment à bavarder avec Frédérique à La Différence. Cherché Bénédicte au Castor Astral. J’ai appelé Amélie. Où es-tu ? Elle arrivait. Nous nous sommes retrouvés à deux pas, dans la rue Férou, cette courte et étroite rue, presque provinciale, où Dumas fait loger Athos dans Les trois mousquetaires. (Athos habitait rue Férou, à deux pas du Luxembourg ; son appartement se composait de deux petites chambres, fort proprement meublées, dans une maison garnie dont l'hôtesse encore jeune et véritablement encore belle lui faisait inutilement les doux yeux.) Nous sommes allés ensemble dire bonjour à Patrick Beaune aux éditions Champ Vallon. Il m’a offert Ecritures de Robert Marteau, paru l’année dernière, un des nombreux tomes de son journal poétique en sonnets. Marteau est un grand écrivain. Il est mort très âgé en mai 2011. Il y a cinq ans le Centre du livre et de la lecture en Poitou-Charentes m’avait demandé d’animer plusieurs débats sur son oeuvre. Avec Patrick Beaune, justement. J’ai rejoint le stand de Caractères. Signé un seul livre. A Delphine qui avait promis de passer. Et qui avait tenu sa promesse...
mercredi 12 juin 2013
Vendredi 7 juin 2013. 22h10.
Par Xavier Houssin le mercredi 12 juin 2013, 23:22
Vendredi 7 juin 2013. 15h25.
Par Xavier Houssin le mercredi 12 juin 2013, 23:19
J’ai ouvert le paquet que Brigitte m’a donné hier. Elle m’avait prévenu : Doucement, c’est fragile ! Je me doutais un peu du cadeau sans savoir précisemment de quoi il s’agissait. Je partage avec Christian, son mari que je ne connais pas, cet attrait pour les cabinets de curiosité et les animaux empaillés. Amélie lui avait appris l’existence du bestiaire un peu étrange qui habite le couloir de la maison à Carolles. J’ai déballé avec précaution. Il s’agit d’une très belle tête de brochet naturalisée. Comme j’en possède déjà une de sandre, une autre de carpe, j’étais ravi.
Jeudi 6 juin 2013. 22h20.
Par Xavier Houssin le mercredi 12 juin 2013, 23:17
C’était les six ans de Thomas hier. J’ai raté son anniversaire. Je ne crois pourtant pas être coupable de manque d’attention, mais je n’ai aucune mémoire des dates. Il faudrait que je note. Je note d’ailleurs. Mais souvent j’égare ce que j’ai noté. En fait, je ne sais pas compter. Dans ma propre vie aussi, les repères se brouillent. Si je veux préciser un moment, je manœuvre en partant à rebours de l’année de mon baccalauréat, en 1973. Ca donne : 1972-1973/ terminale, 1971-1972/ première. Ainsi de suite. Dans l’autre sens, ça ne fonctionne pas bien. La méthode est idiote. D’autant que mes souvenirs ne collent pas forcément aux années. Ils flottent épars, sans liens. Ne sont que des impressions. D’où cette nécessité et cette difficulté de retrouver le temps, tout ce temps, en écriture. Et de l’habiter. Restent les lieux. Ce sont eux qui me font des repères. C’est dommage pour les six ans de Thomas. J’aime beaucoup ce petit garçon. J’espère qu’il n’aura pas été déçu. Je me rattraperai. J’ai mis mon nez dans la pile de romans de rentrée arrivés à la maison. Fait un peu de courrier. Je suis passé dans le quartier Saint-Germain prendre un paquet que Brigitte voulait me remettre et j’ai été chercher Amélie à son travail. Julien Cendres nous avait invités à une soirée au Désert de Retz à l’occasion des dernières rénovations des fabriques. Noëlle nous avait prêté sa voiture. L’endroit est bien à trente kilomètres de Paris, à Chambourcy, après Saint-Germain-en-Laye. Je n’avais pas mis les pieds là-bas depuis le début des années 1980. A l’époque, il fallait passer par-dessus le mur d’enceinte pour s’aventurer dans ce domaine irréel créé à la fin du XVIIIe. Il y a bien la pagode de Chanteloup à Amboise, le parc un peu à l’abandon du château d’Ermenonville avec le tombeau (vide…) de Rousseau, mais je ne crois pas qu’il existe encore, dans l’état, un autre de ces jardins anglo-chinois « philosophiques » où les riches lettrés jouaient à se retirer au désert, comme Alceste. J’étais tout ému d’y retourner. Des tentes étaient dressées au pied de la Colonne détruite. Champagne. Ambiance siècle des Lumières avec de nombreux comédiens en costume, cavaliers, fauconniers… Après les discours officiels, Frédéric Mitterrand a remis à Julien sa décoration de chevalier des Arts et Lettres. Nous sommes allés le féliciter et l’embrasser. Je ne l’avais pas vu depuis la parution des Œuvres complètes et des Lettres retrouvées de Radiguet à l’automne dernier. En 1997, il avait consacré un très beau livre au désert de Retz. C’est à cette occasion que nous nous étions connus. Nous sommes rentrés doucement à Paris. Diné sur le chemin, au Jardin d’Asie, à Malakoff, le restaurant thaïlandais où j’allais souvent avec Marie quand elle était une petite fille. Décidemment, quel voyage dans le temps.
Mercredi 5 juin 2013. 23h40.
Par Xavier Houssin le mercredi 12 juin 2013, 23:13
Le train, comme souvent avait du retard. Je suis arrivé tout juste à Paris pour mon déjeuner à l’Oenosteria avec Marguerite. J’ai débarqué là-bas avec ma valise et mes paquets. Nous avons déballé ensemble nos petites affaires : la santé, le quotidien, les livres. Mon livre. Tu t’y es remis ? Je ne sais plus quoi répondre. Oui, enfin, pas tout à fait. Je suis allé à la maison déposer les bagages et j’ai filé à mon rendez-vous à l’hôpital. Amélie m’y attendait. Drôle d’endroit que ce décor-là pour se revoir après tous ces jours. La radiothérapeute a regardé les résultats d’analyse. Bon, je trouve que ça va. Ouf ! Nouveau contrôle dans trois mois. Je suis reparti avec ce soulagement un peu inquiet du temps rare. Du temps gagné. Pourvu que ça dure. J’ai cherché dans les rues du quartier à voir, en fleurs, pour mon herbier, les plantes que je n’avais pas réussi à identifier. Mais, malheureusement, partout où je me suis aventuré, la voirie avait fait son nettoyage de printemps. Cela va être difficile. Amélie est repartie place Paul-Painlevé. J’avais deux courses à faire. Nous nous sommes retrouvés pour dîner chez Marion et Jérôme. Et Gabrielle qui grandit. Encore et encore.
mercredi 5 juin 2013
Mardi 4 juin 2013. 23h00.
Par Xavier Houssin le mercredi 5 juin 2013, 00:54
Je rentre à Paris demain matin. Comme d’habitude, j’ai fichu en l’air ma dernière journée. J’ai accumulé mille choses avec le sentiment permanent de ne pas avoir le temps. C’est que je fais tout dans le désordre. Ce matin, j’ai préparé les machaons nés en captivité au début du mois dernier. L’un d’eux s’était desséché au sortir de sa nymphose, l’autre avait correctement déployé ses ailes. Après l’avoir observé un jour ou deux, je l’aurais bien relaché, mais il faisait trop mauvais temps, de la pluie froide, du vent, pour qu’il survive. J’ai écrit une petite lettre à Thomas pour lui raconter ça. L’autre jour, il m’avait appelé pour me dire que lui aussi, il avait trouvé une chenille et qu’elle s’était déjà transformée en chrysalide. Quand est-ce que je verrai le papillon ? Thomas semble avoir, du haut de ses cinq ans (bientôt six ?), une vraie vocation de naturaliste. Il habite à Londres depuis presque un an. Un peu avant Noël, Séverine et Gérald nous avaient invités à passer quelques jours dans leur nouvelle maison du quartier de Hammersmith. Je l’avais emmené au Natural history museum. Pendant les balades, alors que son frère et sa sœur cavalaient sur le devant, il me prenait la main et d’un air sérieux me demandait : Est-ce que l’on peut parler des insectes ? J’ai été dire au revoir à Georgette. Je serai de retour mardi. Elle va mieux. Mais cela tient à des riens. Un rayon de soleil. La possibilité de faire quelques pas dehors. J’ai rangé la maison. Arrosé au jardin. Je me suis remis tard à mes papiers pour Le Monde. Et puis, il y a mon livre…
Lundi 3 juin 2013. 23h45.
Par Xavier Houssin le mercredi 5 juin 2013, 00:51
Virginie a envoyé des photos de la première communion de Victoria, dimanche à Mexico. Elle porte une petite robe blanche. Une fine couronne de fleurs est posée sur ses cheveux. J’ai repensé au cantique : Prends ma couronne, je te la donne/ Au ciel n'est-ce pas, tu me la rendras/ Bonne Marie je te confie/ Mon coeur ici-bas. Cela ne doit plus guère se chanter dans les églises. C’était l’attaque du premier papier que j’avais écrit pour Libé. Sur les communions solennelles. Edouard Mir le chef du service Société m’en avait commandé d’autres ensuite. Les exorcismes, la chapelle de la Médaille miraculeuse. Si j’avais été un peu plus malin à l’époque, j’aurais pu, peut-être, intégrer le journal. Allez, pas de regrets. Première communion, communion solennelle, tout cela a changé un peu. Avant, on faisait sa première communion, ou plutôt sa communion privée vers six ou sept ans et sa communion solennelle ou profession de foi vers douze ans. Les cérémonies se sont décalées doucement. Cela se passe plus tard maintenant. A quel âge ? Je faisais le compte sur mes doigts quand j’ai pris conscience que Victoria allait avoir neuf ans cet automne. Je n’ai rien vu passer. Comme il faut faire attention au temps. J’ai répondu à Adélie. Elle était une des élèves de la classe de première du lycée de Domfront où j’étais intervenu vers la mi-mai pour parler de mon métier, de mes livres. Comme souvent, à la fin de la rencontre, j’avais dit : Vous pouvez m’écrire. Le soir même, elle m'avait envoyé un mot. Bonsoir ! Je suis celle qui posait toutes les questions... Je me souvenais bien. Une petite brune avec des yeux bleus, bleus, bleus. Nous avons déjà eu plusieurs échanges. Ca ressemble à un début de correspondance. Nous verrons bien. Elle a dix-sept ans. Je me suis revu l’été d’avant mon bac à Saint-Vincent.
lundi 3 juin 2013
Dimanche 2 juin 2013. 22h00.
Par Xavier Houssin le lundi 3 juin 2013, 18:08
Je suis allé voir Jean-Michel, en face. Son peuplier m’inquiète de plus en plus. Il a bien quarante ans. Aux derniers grands vents, la flèche s’inclinait dangereusement. Je ferai venir quelqu’un cet automne, m’a-t-il assuré. Il me semble, mais je ne saurais le jurer, qu’il m’avait dit à peu près la même chose l’an dernier. Je vais appeler l’assureur. Il y a sans doute moyen de faire étêter cet arbre avant une catastrophe. Nous avons jardiné encore toute la journée. Traîné longtemps notre dîner dehors, malgré le frais qui tombait. Encore un peu de fromage, une autre poignée de cerises, une dernière tasse de tisane de romarin. Nous n’avions pas envie que la journée se termine.
Samedi 1er juin 2013. 21h40.
Par Xavier Houssin le lundi 3 juin 2013, 18:07
Il y avait encore des moussettes au marché de Granville. Deux semaines et sans doute la saison sera finie. Nous avons pris aussi deux petits homards à griller, des maquereaux de ligne. Premiers vrais légumes de printemps, fraises de Sainte-Pience, cerises, bouquets d’iris d’eau et d’ancolies : nous sommes rentrés avec les paniers pleins. Les journées commencent à être belles. Nous avons déjeuné à l’ombre des bambous. Passé l’après-midi aux Fontenelles. J’ai tondu les allées, retourné la terre du premier grand carré où nous n’avons encore rien planté. Amélie a désherbé les rangs d’oignons et d’ail. Nous sommes allés rendre compte des travaux à Georgette. Elle y a été de ses conseils. Attendez encore un peu pour semer les haricots. Buttez les pommes de terre. Elle revit quand elle parle plantations. Son jardin, à l’Humelière était comme un jardin de curé. Fleurs vivaces, légumes, arbres fruitiers. Il a été, je crois, pendant presque vingt ans, son petit paradis terrestre. Il n’en reste plus rien. Et mes rosiers ? Echappés de justesse au goudronnage du terrain par les nouveaux propriétaires, ils avaient été remplantés au potager des Fontenelles. Je les soigne. Ils sont juste en boutons. Promis, je t’en rapporterai bientôt un bouquet.
Vendredi 31 mai 2013. 22h20.
Par Xavier Houssin le lundi 3 juin 2013, 18:06
Noëlle et Pierre sont venus prendre un verre en fin de journée. Ils nous embarquent en voiture toute une cargaison de livres que je veux rapatrier à Paris. Nous étions installés au soleil quand un petit chien, genre griffon, est venu se réfugier dans le jardin avec la ferme intention de ne pas en bouger. Visiblement perdu, il était allé faire un tour chez Mme Bassard qui tenait conseil dans le chemin avec Eliane Fontaine. Je ne vois pas à qui il peut être, répétait-elle. Pas de collier, ni de médaille. Par acquis de conscience, nous sommes tous allés sonner au portail de M. et Mme Beltoise. Mais le leur était sagement chez eux, et d’ailleurs il serait plutôt foncé, alors que celui-ci avait les poils gris clair. Bon, je vous le laisse ? Couché à nos pieds, l’animal se sentait visiblement comme chez lui. Le temps passant, comme nous commencions à nous demander ce que nous allions en faire, il s’est levé et a repassé la barrière. Je l’ai vu trottiner jusqu’après chez Perron. Quelquefois, je me dis que j’aimerais bien un chien. Lorsque mon père est tombé malade dans les années 1980, ma mère a donné Okay, notre petit braque Saint-Germain. Il est mort quelques mois après, dans un accident de chasse. Restons raisonnables. Avec nos allers et retours Carolles-Paris, ce n’est vraiment pas envisageable. Après le départ de Noëlle et de Pierre nous sommes allés faire un long tour sur la falaise. La mer était nacrée. Pas un souffle de vent. Genêts et ajoncs sont maintenant partout en fleurs au flanc des falaises. Sur le sentier, nous avons croisé Cécile et Alice. Elles promenaient les chiens…
Vendredi 31 mai 2013. 15h10.
Par Xavier Houssin le lundi 3 juin 2013, 18:04
Nous avons travaillé au jardin. Tondre, tailler, ramasser les feuilles et les brindilles dispersées par les vents de la semaine dernière. Il reste tant à faire.
Vendredi 31 mai 2013. 0h50
Par Xavier Houssin le lundi 3 juin 2013, 18:04
J’ai fait un marché rapide à Saint-Pair. Deux barquettes de fraises, une botte de radis ronds, une laitue rouge. Pas vu la camionnette de M. Levivier, le boucher d’Annoville. J’ai dû pousser jusqu’à Granville pour trouver le grenadin de veau du dîner. J’ai lu tout l’après-midi. Presque terminé le Pierre Vielletet, Oui j’ai connu des jours de grâce, un gros volume qui rassemble, chez Arléa, les sept livres qu’il y a publié. Es-tu lecteur de Veilletet ?, m’avait demandé Raphaëlle la semaine dernière. Je m’étais rappellé du Vin, leçon de choses, que j’avais découvert il y a bien vingt ans et de ce court chapitre où il parlait de remonter le temps. Veilletet était journaliste à Sud-Ouest. Il est mort en janvier dernier. J’ai été embrasser Georgette. Elle fait peine en ce moment. On la voit lutter à remonter le courant. Se laisser emporter à nouveau. Ca va tout doux, tout doux… Elle garde ses inquiétudes au secret dans son âme. Ses souvenirs aussi. Plus envie de les partager. Qui comprendrait vraiment ? Seul lui reste un présent lent et sans surprises. Pierre est passé à la maison. Il est à Carolles pour quelques jours. Après avoir fait pas mal de petits boulots, écrit des papiers cinéma sur des sites internet, traîné une thèse jamais achevée sur South Park, il vient d’être embauché à Canal + pour l’émission « Le Zapping ». En fait, il est veilleur. Il regarde la TV de longues heures à la recherche de séquences drôles ou étranges. Ces petits instants mis bout à bout forment une espèce de journal décalé. Jamais vu, je crois. Nous n’avons pas la TV. Nous ne la regardons qu’au hasard des chambres d’hôtel… Il m’a parlé de l’écriture d’un film qu’il veut réaliser. En 2010, il avait projeté à Carolles un premier court métrage d’une dizaine de minutes, Dans ces eaux-là. Une histoire comme rêvée, où une femme égare son enfant sur une plage. Et le retrouve des années après. On ignore tout de ce qui a bien pu se passer. Son projet d’aujourd’hui prend place dans le huis clos d’un taxi, le temps d’un long trajet. Je commence juste. Tu voudras bien me donner ton avis ? Nous sommes restés longtemps à bavarder. Noëlle a téléphoné, elle s’inquiétait un peu de ne pas voir revenir son fils. Il est encore chez toi ? Je suis allé chercher Amélie à la gare. Nous n’étions que trois à Granville à attendre le train.
mercredi 29 mai 2013
Mercredi 29 mai 2013. 23h00.
Par Xavier Houssin le mercredi 29 mai 2013, 23:23
J’ai attaché les rosiers mis à bas avec le vent de la nuit. Derrière la maison, les Etoile de Hollande commencent juste à s’ouvrir. J’ai respiré le parfum longtemps, les yeux fermés. Tout le jardin de Senlis m’est revenu. J’ai fini par écrire mon papier sur Wakolda, le roman de Lucía Puenzo. Un texte étrange et inquiétant comme un cauchemar doucereux. Je m’en suis extirpé dans un drôle de malaise. Amélie a appelé en fin de journée. Elle arrive demain par le dernier train.
Mercredi 29 mai 2013. 12h30.
Par Xavier Houssin le mercredi 29 mai 2013, 23:23
J’ai fait un petit mot à Agathe. Son lapin d’appartement est mort à la fin de la semaine dernière. Ils l’ont enterré lundi dans leur jardin d’Epron. Jean-Pascal au téléphone m’a dit qu’elle avait eu vraiment un très gros chagrin. Je comprends. La mort d’un lapin ? L’an dernier au collège d’Orgerus où j’intervenais dans une classe de troisième, une gamine m’avait lu les larmes aux yeux le texte qu’elle avait écrit sur celle de son cochon d’Inde. Je devais avoir le même âge quand j’avais découvert de retour de vacances la tombe encore fraîche de mon chien Micky. C’est déchirant de sentir son enfance échapper et d’entrer ainsi dans le temps des souvenirs. Agathe en aura des tristes et des joyeux. Je lui souhaite qu’ils soient toujours beaux. Visite à Georgette. Elle était assise dans sa cuisine à guetter les oiseaux. Il n’en vient presque plus. Ni mésanges, ni pinsons. Les gros les chassent. C’est qu’elle a des choucas qui nichent tout près. Et sur le toit d’en face de lourds ramiers guettant le moindre bout de pain qu’elle jette. A la maison aussi en ce moment les petits passereaux cèdent la place. Plusieurs couples de merles nichent dans les haies. J’ai des geais accrochés aux mangeoires et même un grand corbeau (corvus corax) qui les dévaste. Il fait place nette. Je le reconnais à son moignon de patte qu’il traîne comme il peut. J’ai fait du bouillon de poule. Tu en veux ? Je me suis servi un verre de vin blanc.
mardi 28 mai 2013
Mardi 28 mai 2013. 21h40.
Par Xavier Houssin le mardi 28 mai 2013, 22:14
Il a plu toute la matinée. De grosses gouttes plates qui ont creusé des flaques un peu partout dans la cour. Cela fait une semaine que j’aurais dû appeler Perigault à Angey pour le gravier. C’est le même que chez les Vasseur, route de la Croix-Paquerey. Un très fin gravier blond fait de minuscules éclats de granit. Je suis dépêché sous la pluie pour aller à la permanence infirmière. J’ai des analyses à faire pour un rendez-vous début juin à l’hôpital. C’est Isabelle qui était là. Nous avons bavardé du temps. Difficile d’échapper au sujet. Dehors, ça n’arrêtait pas. Vos résultats à partir de demain à la pharmacie de Jullouville. Sinon, vous allez bien ? Je suis repassé à la maison chercher le petit théâtre de marionnettes que j’ai fini de peindre hier (il faisait soleil…) pour le porter chez Virginie, la tapissière. Elle va m’installer des tringles et des rideaux. Rouge, bien sûr, pour le rideau de scène, noir, à pans, pour celui du fond. C’est Thierry Giffard qui l’a fabriqué. J’ai déjà les marionnettes. Je m’étais mis cette idée en tête depuis un moment. Camille, Victoria et Valentine seront à Carolles pour quelques jours au début de l’été. Et puis, il y aura Gabrielle. Et qui sait ?, bientôt, Apolline, ma filleule. Je suis passé voir Georgette. Hier soir, je la dérangeais. Elle regardait un documentaire sur les années 1930 à la télévision. Aujourd’hui, elle m’attendait plutôt. Elle est lasse. Fatiguée. Le printemps humide et froid y est pour beaucoup. Du coup, là aussi, la conversation a tourné autour de la météo. Et c’est bientôt la Saint-Médard ! Nous nous sommes récité le dicton : Quand il pleut à la Saint-Médard, il pleut quarante jours plus tard. A moins que saint Barnabé, ne lui coupe l’herbe sous le pied. La fête problématique tombe le 8 juin. Je devrais être à Paris à ce moment-là. J’ai déjeuné rapidement. Passé l’après-midi à relire Wakolda de Lucía Puenzo et à prendre des notes pour le papier. Florence me l’a « commandé » de manière un peu évasive. Il vaut mieux que je l’écrive afin de forcer un peu les choses. Comme toujours avec Puenzo, le livre est très troublant, très en lisière. Inquiétant même. Dans l’Argentine des années 1960, elle fait se rencontrer Josef Mengele en fuite avec une très jeune fille et sa famille. Mon exercice ne s’annonce pas simple. Je rédigerai demain.
Mardi 28 mai 2013. 15h10.
Par Xavier Houssin le mardi 28 mai 2013, 18:17
Cinquante-cinq jours de retard et d’oubli. J’ai compté. Je vais m’efforcer d'en reprendre des bribes. Mais le passé immédiat s'est déjà effacé.
Mardi 28 mai 2013. 13h00.
Par Xavier Houssin le mardi 28 mai 2013, 18:16
Nous sommes allés dîner samedi chez Monique et Jean-Marie. Je les avais croisés l’autre jour dans Carolles. Que deviens-tu ? On s’inquiétait. Tu ne tiens plus ton journal. C’est encore une fois vrai. Presque deux mois sans une ligne. Ce doit être ma quatrième ou cinquième longue lacune depuis que j’ai commencé à le rédiger en 2008. La dernière fois, c’était, je crois, en octobre. J’avais arrêté jusqu’en février. C’est toujours la même chose : je lâche sous le poids d’une lente fatigue et je tombe dans les jours sans pouvoir les retenir. S’il te plaît continue… Ils sont quelques-uns, comme ça, à me remettre dans la pente. Des gens que je connais bien. D’autres que je ne connais pas. Je reçois des petits mots, des encouragements. Perdre pied. Repartir. On y va, on y va…
Mardi 16 avril 2013. 20h40.
Par Xavier Houssin le mardi 28 mai 2013, 17:15
Nous sommes rentrés par Combourg. J’aurais bien aimé voir l’austère bâtisse des Mémoires d’outre-tombe que Chateaubriand décrit dans les souvenirs de ses dix ans. La voiture s’arrêta au pied du perron ; mon père vint au devant de nous. La réunion de la famille adoucit si fort son humeur pour le moment, qu’il nous fit la mine la plus gracieuse. Nous montâmes le perron ; nous pénétrâmes dans un vestibule sonore, à voûte ogive, et de ce vestibule dans une petite cour intérieure. De cette cour, nous entrâmes dans le bâtiment regardant au midi sur l’étang, et jointif des deux petites tours. Le château entier avait la figure d’un char à quatre roues. Nous nous trouvâmes de plain-pied dans une salle jadis appelée la salle des Gardes. Une fenêtre s’ouvrait à chacune de ses extrémités ; deux autres coupaient la ligne latérale. Pour agrandir ces quatre fenêtres, il avait fallu excaver des murs de huit à dix pieds d’épaisseur. Deux corridors à plan incliné, comme le corridor de la grande Pyramide, partaient des deux angles extérieurs de la salle et conduisaient aux petites tours. Un escalier, serpentant dans l’une de ces tours, établissait des relations entre la salle des Gardes et l’étage supérieur : tel était ce corps de logis. Celui de la façade de la grande et de la grosse tour, dominant le nord, du côté de la Cour Verte, se composait d’une espèce de dortoir carré et sombre, qui servait de cuisine ; il s’accroissait du vestibule, du perron et d’une chapelle. Au-dessus de ces pièces, était le salon des Archives, ou des Armoiries, ou des Oiseaux, ou des Chevaliers, ainsi nommé d’un plafond semé d’écussons coloriés et d’oiseaux peints. Les embrasures des fenêtres étroites et tréflées, étaient si profondes, qu’elles formaient des cabinets autour desquels régnait un banc de granit. Mêlez à cela, dans les diverses parties de l’édifice, des passages et des escaliers secrets, des cachots et des donjons, un labyrinthe de galeries couvertes et découvertes, des souterrains murés dont les ramifications étaient inconnues ; partout silence, obscurité et visage de pierre : voilà le château de Combourg. Mais il pleuvait sans discontinuer. Nous avons déjeuné dans un restaurant en bordure du lac. Rentrés sous des trombes d’eau. Petite éclaircie en arrivant vers Carolles. Le jardin était détrempé.
Mardi 16 avril 2013. 12h50.
Par Xavier Houssin le mardi 28 mai 2013, 17:14
Horizon bouché. Il tombait une petite pluie fine qui effaçait la mer et le ciel. Séance d’écriture pour cette seconde journée au collège. J’ai récolté le début de plusieurs histoires-fleuves, un poème sur la lune, des récits d’aventure. Il y en a un qui fait semblant de dormir. Puis qui s’ébroue. J’y arrive pas ! – Tu devrais essayer au calme chez toi…
Lundi 15 avril 2013. 22h30.
Par Xavier Houssin le mardi 28 mai 2013, 17:13
Amélie est venue avec moi à Saint-Malo. Nous avons réservé une chambre dans l’hôtel où elle a l’habitude de descendre pour le Festival Étonnants voyageurs. Moi, cela fait des années et des années que je ne suis pas venu par ici. Nous avons posé les bagages, fait quelques pas sur le Sillon. Marée basse. Je suis allé « reconnaître » le collège. Il est sur les hauteurs de la ville, entre le quartier de la Découverte, logements sociaux et zone pavillonaire triste, et de grandes et belles maisons XVIIe aux jardins clos de murs. J’avais rendez-vous après déjeuner. Amélie m’a déposé devant la grille. Bonjour au proviseur. Nous avons pris la rituelle tasse de café. Du sucre ? Vous voulez un biscuit ? Cette année, en plus du projet d’écriture à essayer de mener avec les élèves, je devais amener un livre qui m’était cher et tenter de leur expliquer pourquoi ce texte continuait de m’accompagner à travers les années. J’avais choisi (bien sûr) Alice de Lewis Carroll. Là aussi, Karine, leur professeur, m’avait averti. Quelques-uns ont vu le dessin animé. Mais pour la plupart, cela ne leur dit rien du tout. Nous nous sommes trouvés assez vite. Alice parle d’adolescence aussi. De changements brutaux, incompréhensibles. De langage codé. J’ai bien vu qu’il en était quelques-uns à qui le fameux passage du chapitre II (hier, les choses se passaient normalement. Je me demande si on m’a changée pendant la nuit…) évoquait vraiment quelque chose. Nous avons bavardé. Enfin, ils m’ont surtout écouté, dans cette lisière du regard des autres où il ne faut pas avoir l’air trop intéressé. Pas facile pour eux. Il y en a qui se débattent. D’autres qui depuis longtemps se sont laissé sombrer. Et toute cette masse qui flotte. Mais qu’est-ce que je peux faire ? J’ai repensé aux quatrièmes et aux troisièmes de David Rodrigues au collège Eugène Varlin au Havre en 2010. A Lobna qui avait écrit, tout en distance, la douloureuse histoire de sa mère, à Justine qui s’était inventé un conte d’une grande douceur et qui me répétait : Vous ne trouvez pas que c’est mieux qu’en vrai ? Nous avons regardé les photos que j’avais apportées : des paysages, des détails d’architecture, des objets, des animaux, des plantes. Qu’est-ce que ça vous évoque ? Qu’est-ce que vous pouvez y trouver qui vous ressemble ? La sonnerie les a éparpillés. Je suis rentré à l’hôtel à pied en longeant les bassins du port. Appelé Libé pour les billets d’avion de mon reportage sur Violaine Bérot. Aller et retour Paris-Toulouse le 26 dans la journée. Retrouvé Amélie. Je voulais aller sur la tombe de Chateaubriand au Grand Bé, mais la marée était haute. Impossible d’y accéder.
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