Je rentre à Paris demain matin. Comme d’habitude, j’ai fichu en l’air ma dernière journée. J’ai accumulé mille choses avec le sentiment permanent de ne pas avoir le temps. C’est que je fais tout dans le désordre. Ce matin, j’ai préparé les machaons nés en captivité au début du mois dernier. L’un d’eux s’était desséché au sortir de sa nymphose, l’autre avait correctement déployé ses ailes. Après l’avoir observé un jour ou deux, je l’aurais bien relaché, mais il faisait trop mauvais temps, de la pluie froide, du vent, pour qu’il survive. J’ai écrit une petite lettre à Thomas pour lui raconter ça. L’autre jour, il m’avait appelé pour me dire que lui aussi, il avait trouvé une chenille et qu’elle s’était déjà transformée en chrysalide. Quand est-ce que je verrai le papillon ? Thomas semble avoir, du haut de ses cinq ans (bientôt six ?), une vraie vocation de naturaliste. Il habite à Londres depuis presque un an. Un peu avant Noël, Séverine et Gérald nous avaient invités à passer quelques jours dans leur nouvelle maison du quartier de Hammersmith. Je l’avais emmené au Natural history museum. Pendant les balades, alors que son frère et sa sœur cavalaient sur le devant, il me prenait la main et d’un air sérieux me demandait : Est-ce que l’on peut parler des insectes ? J’ai été dire au revoir à Georgette. Je serai de retour mardi. Elle va mieux. Mais cela tient à des riens. Un rayon de soleil. La possibilité de faire quelques pas dehors. J’ai rangé la maison. Arrosé au jardin. Je me suis remis tard à mes papiers pour Le Monde. Et puis, il y a mon livre…