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mardi 25 juin 2013

Samedi 22 juin 2013. 23h40.

Claudine est venue dîner à la maison. Amélie l’avait croisée ce matin dans le bourg. Elle était seule chez elle : Patrick navigue en ce moment avec des amis dans les îles anglo-normandes. Tous les deux se sont (un peu) réinstallés à Carolles, mais depuis à peine un an. Les travaux dans leur maison étant enfin finis. Nous étions vus en janvier, au moment des vœux, avec leurs petits-enfants d’une dizaine d’années, Emma et Matteo. Nous avons passé une soirée de confidences simples. C’est vrai qu’on se connaît encore peu.

Samedi 22 juin 2013. 12h00.

Nous avons rapporté du marché deux gros bouquets de fleurs de chez Gisèle, des fraises, du turbot et des joues de lotte.

Vendredi 21 juin 2013. 22h20.

Visite à Georgette dans la matinée. Amélie lui avait acheté, chez le traiteur italien de la rue Daguerre, de très fines tranches de mortadelle. Elle en raffole. On n’en trouve pas par ici ou seulement des roulades grasses au rayon charcuterie des supermarchés. Ce sera pour ce midi ! Nous avons passé la journée à faire des courses à Granville. Il manquait de tout. De l’épicerie, des produits ménagers. Nous sommes allés chercher du vin à l’entrepôt de l’avenue de l’Europe. Il y avait quelques beaux bordeaux, des côteaux d’Aix-en-Provence, du viognier. Passés à la jardinerie aussi. Je me suis décidé à acheter les trois grands plants de fuschias riccartonii que j’avais repéré la semaine dernière. Ce ne sont pas exactement les mêmes que ceux qui avaient gelé et que nous avons dû arracher au début du printemps. La petite cloche rouge formée par les sépales est tout autant bombée, mais la couleur des fleurs, dans son ensemble, m’apparaît plus claire. N’empêche, ils sont très ressemblants. Nous avons déjeuné à l’Atelier gourmet, le restaurant qui s’est ouvert à la place du Tex-Mex où j’étais allé faire manger un morceau à Marie cette nuit d’avril 2006 où ma mère est morte à l’hôpital. Content que le décor ait changé. Œufs cocotte, terrine d’andouille, jambon grillé. C’était simple et bon. Virginie et d’autres commerçants de Carolles avaient organisé une petite soirée en plein air, rue de la Poste, près de l’ancienne école, à l’occasion de la fête de la musique. Chacun y apportait son écot, à manger ou à boire. J’avais amené de l’entre-deux-mers. Serge Lelièvre grattait sa guitare et chantait ses chansons et du Brassens aussi et du Trenet et du blues du Bayou. Nous étions une trentaine. C’était joyeux, charmant. Nous avons trinqué, bavardé gentiment avec les uns et les autres. Avec Walter, Edouard, Brigitte, Olivier. Avec Odile et Christian. Monique et Jean-Marie revenaient de Corse. Ils auront bientôt les enfants et les petits-enfants. L’été arrive. D’ailleurs, sur le calendrier, il est même arrivé. Tant pis pour le soleil…

Jeudi 20 juin 2013. 23h50.

L’orage n’a pour ainsi dire pas cessé. Amélie est arrivée à Granville sous la pluie battante. Trajet dans la nuit froide. J’ai allumé un feu. Ca va nous réchauffer.

Jeudi 20 juin 2013. 17h00.

J’ai reçu un coup de fil de Thomas. A Londres, le papillon est né. Il est exactement comme tu m’avais dit ! A force de dicussions en effet nous avions trouvé. Comment était ta chenille ? - Bleue ! Et orange, et noire... Avec du blanc aussi ! - Elle avait des poils ? – Plein ! Ca ne pouvait guère être qu’une chenille de bombyx à bagues. La photo du cocon m’avait assez conforté. Voilà donc ce petit garçon avec son malacosoma neustrium. Je vais l’emmener à l’école ! Je suis retourné acheter des plants de tomates. Les filles seront à Carolles dans deux semaines et j’ai bien peur que celles que j’ai repiquées la semaine dernière ne soient pas très grandes à leur arrivée. Chez les horticulteurs de Saint-Pair, j’ai déniché deux pieds de Lemon boy avec quelque fruits formés. J’ai complété avec des Marmande et des tomates cerises. Ramené aussi des coquerets du Pérou. J’ai installé le tout au potager dans l’après-midi. Il faisait chaud, ciel couvert. J’ai quand même pris le parti d’arroser les salades, les courgettes… Une heure après que je sois rentré, la pluie tombait à seaux.

Mercredi 19 juin 2013. 21h10.

Je me suis enfin décidé à m’occuper de notre accident de mars 2011. Cette voiture qui nous avait renversé sur un passage piéton alors que nous revenions de la soirée d’inauguration du Salon du livre. Nous avions confié tout cela à l’assurance qui n’avait pas fait grand chose, voire même rien. L’affaire traînait, traînait. Nous avions vu un avocat. L’autre assureur, celui qui devait nous indemniser, ne comprenait rien, semble-t-il, à mon statut de pigiste et à mes revenus élastiques. Vous avez arrêté de travailler ou vous n’avez pas arrêté de travailler ? Donnez-nous des justificatifs de vos employeurs pour chiffrer votre perte de revenus. Bref, un vrai sac de nœuds. Et puis, je n’arrivais pas à prendre en main cette histoire. À chaque fois que j’ouvrais le dossier, que je retrouvais une facture, une note, un certificat médical, à chaque fois que je tentais la moindre démarche, je revivais douloureusement le moment et aussi la longue période d’incapacité et de bouleversement qui avait suivi. Enfin, je suis parvenu à répondre (j’espère…) aux demandes de « précisions » qui m’avaient été adressées il y a bientôt un an. Il était temps.

mercredi 19 juin 2013

Mardi 18 juin 2013. 20h50.

C’était ma dernière séance avec les élèves de 3e C du collège Robert-Surcouf de Saint-Malo. J’y étais allé fin avril, deux jours de suite. Nous avions appris à nous connaître un peu. J’ai retrouvé avec plaisir Mégane, Manon, Brice, Jeremy… Où en êtes-vous de vos textes ? Nous avons passé deux heures à avancer dans leurs histoires. Pour beaucoup, il s’agissait de nouvelles morbides, sanglantes, mais dont on s’éveillait à la fin comme au sortir d’un cauchemar. Et si l’écriture permettait aussi de s’arracher à ses mauvais rêves ? Chez eux l’expérience a commencé tôt. Elle a remplacé l’éducation, la culture. Vous savez, ça s’est bien passé avec eux, m’a dit Karine, l’enseignante de français. Il y en a certains qui ont commencé à écrire, pour eux, dans des carnets. Les épreuves du brevet sont dans quelques jours. Après, ils devraient entrer au lycée. Après, après…

Lundi 17 juin 2013. 12h20.

Personne d’autre que moi. Ce matin à 6h00, j’étais tout seul sur le quai de la gare, le train d’Amélie parti.

Dimanche 16 juin 2013. 18h50.

Nous avons été porter à Georgette son gâteau à l’orange du dimanche. Amélie lui en fait un chaque semaine à partir d’une recette de Victoria. Il s’agit d’un genre de quatre-quarts parfumé avec le jus, les zestes hachés d’une orange et un rien de triple sec. Mais en ce moment, il y a un problème : les œufs. Marie-Thérèse qui les fournissait à Georgette s’est faite vraiment très irrégulière. Je ne la vois plus. Elle m’oublie. En fait, elle oublierait plutôt tout et même, elle battrait franchement la campagne. L’autre jour, raconte Georgette, elle m’avait apporté six œufs. J’étais contente. Je lui demande combien je lui dois. – Six euros me répond-elle. – Vous êtes sûre ? – Mais oui, six œufs, six euros… Bon, j’ai payé, mais quand même ! Nous sommes allés ramasser des pommes de pins pour le feu chez Annick et Norbert. Ils sont en vacances en Italie en ce mois-ci et nous ont laissé leurs clefs. Cueilli deux beaux bouquets de roses aussi. Norbert avait insisté : Prenez-en autant que vous voulez ! Nous avons retrouvé Martine, Jean-Pascal et Agathe au potager. Fini de désherber les rangs d’ail et d’oignons. Jean-Pascal a semé des haricots. J’ai dégagé les rosiers, planté un pied de courge doubeurre que j’avais oublié dans son godet depuis la semaine dernière. Amélie m’a appelé : Viens voir ! Les orties de la friche, au bout du terrain, étaient envahies de chenilles noires à épines. Nous en avons ramassé trois. Il s’agit de chenilles de paon du jour. Je les ai installées dans un bocal avec quelques tiges d’orties. Nouvel élevage. Il faut que j’en parle à Thomas.

Samedi 15 juin 2013. 23h10.

C’est le début de la saison. Cela se voit au marché de Granville. Difficile déjà de garer la voiture cours Jonville passé 9h00. Et puis, sans que ce soit la grande foule, il commence y avoir du monde. On fait la queue chez le poissonnier, le maraîcher, le producteur de fraises. Gisèle, la petite dame qui vend les fleurs de son jardin est dévalisée. Nous avons acheté des pieds de salade, de courgette, de tomates. Des œillets d’Inde aussi qui sont censés protéger les plants du mildiou. Du coup, nous avons passé l’après-midi au potager. Dîner à Coquelonde. Jean-Pascal avait préparé un axoa, ce plat basque à base de veau émincé, d’oignons et de piment d’Espelette. Il avait ouvert pour l’occasion les bouteilles d’irouleguy qu’il gardait en cave depuis deux ans. Nous étions invités avec un couple de voisins de la Mazurie, très « Pariso-Carollais ». J’ai dû faire quelques efforts. Je deviens sauvage, je crois… A la fin du repas, Agathe, qui a considérablement changé mais qui est encore (tant mieux…) une petite fille, a insisté pour que nous jouions au Monopoly.

mardi 18 juin 2013

Vendredi 14 juin 2013. 14h20.

Nous avons fait des courses toute une partie de la matinée à Granville. En rentrant nous nous sommes arrêtés prendre un verre à la terrasse du Casino de Jullouville. Nous étions les seuls clients. La mer paraissait presque blanche tant le ciel était d’un bleu profond. Nous sommes restés déjeuner. Vous n’avez pas peur de prendre froid ?, nous a dit Isabelle. Une douzaine d’huîtres de Blainville, du blanc du Val-de-Loire. Nous étions juste bien.

Jeudi 13 juin 2013. 22h00.

C’était grève à la SNCF aujourd’hui et Amélie avait pris le seul train qui circulait de journée. Il devait être à 20h00 à Granville, il est arrivé avec bien quarante minutes de retard. Nous n’avons fait aucun commentaire. Soulagés et contents qu’elle ait pu faire le trajet aujourd’hui.

Mercredi 12 juin 2013. 17h40.

J’ai terminé mon tout petit papier sur le dernier livre de Marie Rouanet, Murmures pour Jean Hugo. Elle y tient une conversation de bord de tombe (Jean Hugo est décédé à presque quatre-vingt-dix ans en 1984), touchante et troublante, faite de confidences chuchotées et de proche partage. C’est très simple et très beau. Je suis allé faire un tour dans les bois de Saint-Michel-des-loups. Ramassé quelques digitales pourpres que j’ai replantées au milieu du massif d’hortensias.

lundi 17 juin 2013

Mardi 11 juin 2013. 21h00.

Marie m’avait récupéré dans un vide grenier de son quartier un hérisson et une petite tortue terrestre naturalisés. Je les ai installés dans le couloir avec la tête de brochet offerte par Brigitte. L’espace commence à être un peu occupé maintenant. Si je veux accueillir d’autres spécimens, il faudra sans doute bouger des livres. Mais tout ce bestiaire m’enchante. J’espère que les petites en juillet ne le trouveront pas menaçant. Virginie, la tapissière a téléphoné. Elle avait terminé les rideaux de mon théâtre de marionettes. Pour la scène, m’a-t-elle dit, j'ai utilisé des chutes du grand rideau rouge de la salle des fêtes. L’ensemble a belle l’allure. Reste à écrire quelques historiettes. Et surtout à m’entraîner. Je suis passé embrasser Georgette. Michèle, qui a tenu longtemps le ménage de ma mère, était venue lui rendre visite. Nous avons parlé de Germaine, sa tante qui avait le même âge que mon père, et à qui, paraît-il, il tirait les nattes sur le chemin de l’école. Oh, qu’est-ce qu’elle m’en a raconté ! -Je vais venir vous voir à Groussey, Michèle. Il faut qu’on continue cette conversation…

Mardi 11 juin 2013. 11h00.

Je suis parti par le premier train. Amélie m’a accompagné à la gare. J’ai protesté pour la forme : Tu n’aurais pas dû, il est vraiment tôt, mais j’étais si content qu’elle soit avec moI.

Lundi 10 juin 2013. 22h30.

C’était la remise du prix Pagnol dans les salons du Fouquet’s. Le mois dernier, je n’avais pas pu assister aux délibérations du jury. Je me sentais trop fatigué à ce moment-là. J’avais fait part de mes choix à Floryse. De mon choix surtout : Les épinards crus d’Anne Luthaud. Je reste encore sous le charme de cet étrange récit de la vie d’un jeune garçon dans le cimetière de Gênes. Un texte poétique, délicat et rare. Doux, empli d'images, traversé de sentiments battants et d'épidermiques sensations. Mais je n’avais pas été suivi. Le prix est allé à Au nom de la loi de Samuel Blumenfeld. Rien à dire… Le livre est plein de charme, attachant, touchant, drôle. Autour de la figure de Steve McQueen, grand frère rêvé du petit narrateur, Blumenfeld nous raconte combien l'enfance se doit d'inventer, d'imaginer, de recréer. C'est un récit du grandir, du comment on pousse. Et du comment on réussit sa vie quand on on est fidèle à ses sentiments d'enfant. Beaucoup de monde là-bas : j’ai eu du mal à retrouver Amélie. Nous sommes restés un moment à bavarder avec les uns et les autres. Des nouvelles et des riens. Je ne sors plus beaucoup. Je n’ai plus l’habitude. On rentre ? Descendu les affreux Champs-Elysées. Il n’était pas si tard quand nous sommes arrivés à l’appartement.

Lundi 10 juin 2013. 18h30.

J’ai envoyé à Raphaëlle mon papier sur le dernier Marc Villemain. Terminé un peu de courrier. Je suis allé au Museum d’histoire naturelle. Je cherchais un guide entomologique pour Thomas dont j’avais raté l’anniversaire. Mais j’en voulais un « vrai ». Un ouvrage petit, pratique, avec des planches, qu’il pourrait conserver pour ainsi dire toute sa vie. J’avais oublié qu’il n’y avait plus de librairie digne de ce nom au Museum. Il reste une officine pas très accueillante où l’on trouve des thèses et des ouvrages plutôt pointus et une espèce de boutique de souvenirs rempli de peluches et de cartes postales qui expose quelques livres de photos et des albums pour les enfants. Rien d’autre. J’avais peur que Deyrolles soit fermé le lundi, je me suis donc rabattu sur un magasin du boulevard Saint-Germain où faute de choix, j’ai embarqué le seul exemplaire qu’ils avaient du Guide des insectes édité par Delachaux et Niestlé. J’ai l’impression qu’il devient difficile de trouver le ou les livres que l’on cherche dans une librairie. Un absolu paradoxe. Les rayons sont pleins, mais dès que l’on veut quelque chose de précis, il y a de très fortes chances pour qu’elle ne s’y trouve pas. J’ai filé rue de l’Abbé-Grégoire à la Galerie Francesco Vangelli de' Cresci pour voir les sculptures de Laure Boulay. De grandes formes noires étouffées sous l’angoisse et l’inquiétude. Poussant de ces cris muets des cauchemars. Très impressionnant. Très beau. Laure dirigeait Point de Vue quand j’y travaillais. On s’était revus en 2009. Là, il paraît que je l’ai ratée de peu.

Dimanche 9 juin 2013. 21h45.

Delphine et Françoise-Marie sont venues déjeuner à la maison. Pas si simple avec elles d’établir le menu. L’une est végétarienne, l’autre pas. L’une a la phobie des arêtes dans le poisson. L’autre aime les fruits de mer mais préfère éviter les huitres… On s’est débrouillés. Une salade de crevettes roses, coriandre, fenouils et champignons de Paris émincés, assaisonnée d’huile d’olive et de jus de citron (avec les zestes rapés) et des moules d’Espagne en cocotte, tomates, ail, oignon, basilic, gingembre et piment, servies avec des linguine. Le tout arrosé de cabardès rosé bien frais. Françoise-Marie déborde de boulot et de projets à Libé. Next était en kiosque hier. Je l’ai remerciée encore pour ce dernier numéro. En plus de ma chronique, j’y ai en effet un papier sur Le dernier des treize, le polar grinçant de Mercedes Deambrosis et quatre pages de reportage sur Violaine Bérot. Pas mal, non ?

jeudi 13 juin 2013

Samedi 8 juin 2013. 20h40.

Lionel-Edouard Martin était de passage à Paris. Nous nous étions, comme l’année dernière, donné rendez-vous au Sauvignon. Se voir une fois par an, ce n’est pas si mal. Poète, romancier, traducteur, il vit en Martinique où il enseigne à l’université de Fort-de-France. Il s’est passé du temps avant que nous nous rencontrions. J’avais écrit un papier en 2007 sur Deuil à Chailly, paru chez Arléa. Il y racontait les quelques lents jours suivant la mort d’un très vieil homme, de l’organisation de ses obsèques à la fosse refermée sur des silences et des secrets. J’avais été emporté par ce récit à l’écriture simple, veinée, solide. Marquant une absolue différence avec tant de publications par l’infini respect des mots et des sens qu’on leur donne. J’ai découvert ses autres textes. Ceux d’avant, ceux d’après. Je ne sais plus bien comment nous en sommes venus à nous parler. Au Sauvignon, nous sommes restés un moment. Nous avons partagé une bouteille de Quincy, plus un ou deux autres verres. Le temps de causer un peu de nos livres, de nos vies. Des gens qu’on aime et de ceux qu’on aime moins. Il vient de traduire des poètes latins des XVe et XVIe siècle. Je l’ai quitté à regret. On se reverra. Peut-être avant l’an prochain…

mercredi 12 juin 2013

Samedi 8 juin 2013. 13h10.

Matinée partagée de rangements et de courtes lectures. Au calme. Je me sens si bien avec Amélie.

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