Je signais au Marché de la poésie mon recueil de 2010, Montée des cendres. Histoire de souffler un peu la poussière déposée sur les couvertures. Je suis arrivé pas mal en avance, pour flâner un peu. Etrange microcosme. Ca déclamait sur les stands. Passaient quelques individus vêtus de capes et de grands chapeaux noirs. Un type récitait des vers au creux d’une calebasse. Des « poètes » ? Je ne me sentais pas vraiment à ma place. J’ai cherché qui je connaissais. Au hasard des allées, j’ai croisé Jeannine qui infatigablement soutient la mémoire de son Maurice Carême. Ses poèmes viennent d’être traduits en letton, en russe, en bulgare. Elle a filé, toujours pressée. Je dois te raconter tout ça ! Je suis resté un moment à bavarder avec Frédérique à La Différence. Cherché Bénédicte au Castor Astral. J’ai appelé Amélie. Où es-tu ? Elle arrivait. Nous nous sommes retrouvés à deux pas, dans la rue Férou, cette courte et étroite rue, presque provinciale, où Dumas fait loger Athos dans Les trois mousquetaires. (Athos habitait rue Férou, à deux pas du Luxembourg ; son appartement se composait de deux petites chambres, fort proprement meublées, dans une maison garnie dont l'hôtesse encore jeune et véritablement encore belle lui faisait inutilement les doux yeux.) Nous sommes allés ensemble dire bonjour à Patrick Beaune aux éditions Champ Vallon. Il m’a offert Ecritures de Robert Marteau, paru l’année dernière, un des nombreux tomes de son journal poétique en sonnets. Marteau est un grand écrivain. Il est mort très âgé en mai 2011. Il y a cinq ans le Centre du livre et de la lecture en Poitou-Charentes m’avait demandé d’animer plusieurs débats sur son oeuvre. Avec Patrick Beaune, justement. J’ai rejoint le stand de Caractères. Signé un seul livre. A Delphine qui avait promis de passer. Et qui avait tenu sa promesse...