Virginie a envoyé des photos de la première communion de Victoria, dimanche à Mexico. Elle porte une petite robe blanche. Une fine couronne de fleurs est posée sur ses cheveux. J’ai repensé au cantique : Prends ma couronne, je te la donne/ 
Au ciel n'est-ce pas, tu me la rendras/ 
Bonne Marie je te confie/ Mon coeur ici-bas. Cela ne doit plus guère se chanter dans les églises. C’était l’attaque du premier papier que j’avais écrit pour Libé. Sur les communions solennelles. Edouard Mir le chef du service Société m’en avait commandé d’autres ensuite. Les exorcismes, la chapelle de la Médaille miraculeuse. Si j’avais été un peu plus malin à l’époque, j’aurais pu, peut-être, intégrer le journal. Allez, pas de regrets. Première communion, communion solennelle, tout cela a changé un peu. Avant, on faisait sa première communion, ou plutôt sa communion privée vers six ou sept ans et sa communion solennelle ou profession de foi vers douze ans. Les cérémonies se sont décalées doucement. Cela se passe plus tard maintenant. A quel âge ? Je faisais le compte sur mes doigts quand j’ai pris conscience que Victoria allait avoir neuf ans cet automne. Je n’ai rien vu passer. Comme il faut faire attention au temps. J’ai répondu à Adélie. Elle était une des élèves de la classe de première du lycée de Domfront où j’étais intervenu vers la mi-mai pour parler de mon métier, de mes livres. Comme souvent, à la fin de la rencontre, j’avais dit : Vous pouvez m’écrire. Le soir même, elle m'avait envoyé un mot. Bonsoir ! Je suis celle qui posait toutes les questions... Je me souvenais bien. Une petite brune avec des yeux bleus, bleus, bleus. Nous avons déjà eu plusieurs échanges. Ca ressemble à un début de correspondance. Nous verrons bien. Elle a dix-sept ans. Je me suis revu l’été d’avant mon bac à Saint-Vincent.