L’orage n’a pour ainsi dire pas cessé. Amélie est arrivée à Granville sous la pluie battante. Trajet dans la nuit froide. J’ai allumé un feu. Ca va nous réchauffer.
Jeudi 20 juin 2013. 17h00.
Par Xavier Houssin le mardi 25 juin 2013, 20:46
J’ai reçu un coup de fil de Thomas. A Londres, le papillon est né. Il est exactement comme tu m’avais dit ! A force de dicussions en effet nous avions trouvé. Comment était ta chenille ? - Bleue ! Et orange, et noire... Avec du blanc aussi ! - Elle avait des poils ? – Plein ! Ca ne pouvait guère être qu’une chenille de bombyx à bagues. La photo du cocon m’avait assez conforté. Voilà donc ce petit garçon avec son malacosoma neustrium. Je vais l’emmener à l’école ! Je suis retourné acheter des plants de tomates. Les filles seront à Carolles dans deux semaines et j’ai bien peur que celles que j’ai repiquées la semaine dernière ne soient pas très grandes à leur arrivée. Chez les horticulteurs de Saint-Pair, j’ai déniché deux pieds de Lemon boy avec quelque fruits formés. J’ai complété avec des Marmande et des tomates cerises. Ramené aussi des coquerets du Pérou. J’ai installé le tout au potager dans l’après-midi. Il faisait chaud, ciel couvert. J’ai quand même pris le parti d’arroser les salades, les courgettes… Une heure après que je sois rentré, la pluie tombait à seaux.
Mercredi 19 juin 2013. 21h10.
Par Xavier Houssin le mardi 25 juin 2013, 20:45
Je me suis enfin décidé à m’occuper de notre accident de mars 2011. Cette voiture qui nous avait renversé sur un passage piéton alors que nous revenions de la soirée d’inauguration du Salon du livre. Nous avions confié tout cela à l’assurance qui n’avait pas fait grand chose, voire même rien. L’affaire traînait, traînait. Nous avions vu un avocat. L’autre assureur, celui qui devait nous indemniser, ne comprenait rien, semble-t-il, à mon statut de pigiste et à mes revenus élastiques. Vous avez arrêté de travailler ou vous n’avez pas arrêté de travailler ? Donnez-nous des justificatifs de vos employeurs pour chiffrer votre perte de revenus. Bref, un vrai sac de nœuds. Et puis, je n’arrivais pas à prendre en main cette histoire. À chaque fois que j’ouvrais le dossier, que je retrouvais une facture, une note, un certificat médical, à chaque fois que je tentais la moindre démarche, je revivais douloureusement le moment et aussi la longue période d’incapacité et de bouleversement qui avait suivi. Enfin, je suis parvenu à répondre (j’espère…) aux demandes de « précisions » qui m’avaient été adressées il y a bientôt un an. Il était temps.
mercredi 19 juin 2013
Mardi 18 juin 2013. 20h50.
Par Xavier Houssin le mercredi 19 juin 2013, 15:05
C’était ma dernière séance avec les élèves de 3e C du collège Robert-Surcouf de Saint-Malo. J’y étais allé fin avril, deux jours de suite. Nous avions appris à nous connaître un peu. J’ai retrouvé avec plaisir Mégane, Manon, Brice, Jeremy… Où en êtes-vous de vos textes ? Nous avons passé deux heures à avancer dans leurs histoires. Pour beaucoup, il s’agissait de nouvelles morbides, sanglantes, mais dont on s’éveillait à la fin comme au sortir d’un cauchemar. Et si l’écriture permettait aussi de s’arracher à ses mauvais rêves ? Chez eux l’expérience a commencé tôt. Elle a remplacé l’éducation, la culture. Vous savez, ça s’est bien passé avec eux, m’a dit Karine, l’enseignante de français. Il y en a certains qui ont commencé à écrire, pour eux, dans des carnets. Les épreuves du brevet sont dans quelques jours. Après, ils devraient entrer au lycée. Après, après…
Lundi 17 juin 2013. 12h20.
Par Xavier Houssin le mercredi 19 juin 2013, 15:04
Personne d’autre que moi. Ce matin à 6h00, j’étais tout seul sur le quai de la gare, le train d’Amélie parti.
Dimanche 16 juin 2013. 18h50.
Par Xavier Houssin le mercredi 19 juin 2013, 15:03
Nous avons été porter à Georgette son gâteau à l’orange du dimanche. Amélie lui en fait un chaque semaine à partir d’une recette de Victoria. Il s’agit d’un genre de quatre-quarts parfumé avec le jus, les zestes hachés d’une orange et un rien de triple sec. Mais en ce moment, il y a un problème : les œufs. Marie-Thérèse qui les fournissait à Georgette s’est faite vraiment très irrégulière. Je ne la vois plus. Elle m’oublie. En fait, elle oublierait plutôt tout et même, elle battrait franchement la campagne. L’autre jour, raconte Georgette, elle m’avait apporté six œufs. J’étais contente. Je lui demande combien je lui dois. – Six euros me répond-elle. – Vous êtes sûre ? – Mais oui, six œufs, six euros… Bon, j’ai payé, mais quand même ! Nous sommes allés ramasser des pommes de pins pour le feu chez Annick et Norbert. Ils sont en vacances en Italie en ce mois-ci et nous ont laissé leurs clefs. Cueilli deux beaux bouquets de roses aussi. Norbert avait insisté : Prenez-en autant que vous voulez ! Nous avons retrouvé Martine, Jean-Pascal et Agathe au potager. Fini de désherber les rangs d’ail et d’oignons. Jean-Pascal a semé des haricots. J’ai dégagé les rosiers, planté un pied de courge doubeurre que j’avais oublié dans son godet depuis la semaine dernière. Amélie m’a appelé : Viens voir ! Les orties de la friche, au bout du terrain, étaient envahies de chenilles noires à épines. Nous en avons ramassé trois. Il s’agit de chenilles de paon du jour. Je les ai installées dans un bocal avec quelques tiges d’orties. Nouvel élevage. Il faut que j’en parle à Thomas.
Samedi 15 juin 2013. 23h10.
Par Xavier Houssin le mercredi 19 juin 2013, 15:02
C’est le début de la saison. Cela se voit au marché de Granville. Difficile déjà de garer la voiture cours Jonville passé 9h00. Et puis, sans que ce soit la grande foule, il commence y avoir du monde. On fait la queue chez le poissonnier, le maraîcher, le producteur de fraises. Gisèle, la petite dame qui vend les fleurs de son jardin est dévalisée. Nous avons acheté des pieds de salade, de courgette, de tomates. Des œillets d’Inde aussi qui sont censés protéger les plants du mildiou. Du coup, nous avons passé l’après-midi au potager. Dîner à Coquelonde. Jean-Pascal avait préparé un axoa, ce plat basque à base de veau émincé, d’oignons et de piment d’Espelette. Il avait ouvert pour l’occasion les bouteilles d’irouleguy qu’il gardait en cave depuis deux ans. Nous étions invités avec un couple de voisins de la Mazurie, très « Pariso-Carollais ». J’ai dû faire quelques efforts. Je deviens sauvage, je crois… A la fin du repas, Agathe, qui a considérablement changé mais qui est encore (tant mieux…) une petite fille, a insisté pour que nous jouions au Monopoly.
mardi 18 juin 2013
Vendredi 14 juin 2013. 14h20.
Par Xavier Houssin le mardi 18 juin 2013, 22:04
Nous avons fait des courses toute une partie de la matinée à Granville. En rentrant nous nous sommes arrêtés prendre un verre à la terrasse du Casino de Jullouville. Nous étions les seuls clients. La mer paraissait presque blanche tant le ciel était d’un bleu profond. Nous sommes restés déjeuner. Vous n’avez pas peur de prendre froid ?, nous a dit Isabelle. Une douzaine d’huîtres de Blainville, du blanc du Val-de-Loire. Nous étions juste bien.
Jeudi 13 juin 2013. 22h00.
Par Xavier Houssin le mardi 18 juin 2013, 22:04
C’était grève à la SNCF aujourd’hui et Amélie avait pris le seul train qui circulait de journée. Il devait être à 20h00 à Granville, il est arrivé avec bien quarante minutes de retard. Nous n’avons fait aucun commentaire. Soulagés et contents qu’elle ait pu faire le trajet aujourd’hui.
Mercredi 12 juin 2013. 17h40.
Par Xavier Houssin le mardi 18 juin 2013, 22:03
J’ai terminé mon tout petit papier sur le dernier livre de Marie Rouanet, Murmures pour Jean Hugo. Elle y tient une conversation de bord de tombe (Jean Hugo est décédé à presque quatre-vingt-dix ans en 1984), touchante et troublante, faite de confidences chuchotées et de proche partage. C’est très simple et très beau. Je suis allé faire un tour dans les bois de Saint-Michel-des-loups. Ramassé quelques digitales pourpres que j’ai replantées au milieu du massif d’hortensias.
lundi 17 juin 2013
Mardi 11 juin 2013. 21h00.
Par Xavier Houssin le lundi 17 juin 2013, 20:45
Marie m’avait récupéré dans un vide grenier de son quartier un hérisson et une petite tortue terrestre naturalisés. Je les ai installés dans le couloir avec la tête de brochet offerte par Brigitte. L’espace commence à être un peu occupé maintenant. Si je veux accueillir d’autres spécimens, il faudra sans doute bouger des livres. Mais tout ce bestiaire m’enchante. J’espère que les petites en juillet ne le trouveront pas menaçant. Virginie, la tapissière a téléphoné. Elle avait terminé les rideaux de mon théâtre de marionettes. Pour la scène, m’a-t-elle dit, j'ai utilisé des chutes du grand rideau rouge de la salle des fêtes. L’ensemble a belle l’allure. Reste à écrire quelques historiettes. Et surtout à m’entraîner. Je suis passé embrasser Georgette. Michèle, qui a tenu longtemps le ménage de ma mère, était venue lui rendre visite. Nous avons parlé de Germaine, sa tante qui avait le même âge que mon père, et à qui, paraît-il, il tirait les nattes sur le chemin de l’école. Oh, qu’est-ce qu’elle m’en a raconté ! -Je vais venir vous voir à Groussey, Michèle. Il faut qu’on continue cette conversation…
Mardi 11 juin 2013. 11h00.
Par Xavier Houssin le lundi 17 juin 2013, 20:44
Je suis parti par le premier train. Amélie m’a accompagné à la gare. J’ai protesté pour la forme : Tu n’aurais pas dû, il est vraiment tôt, mais j’étais si content qu’elle soit avec moI.
Lundi 10 juin 2013. 22h30.
Par Xavier Houssin le lundi 17 juin 2013, 20:43
C’était la remise du prix Pagnol dans les salons du Fouquet’s. Le mois dernier, je n’avais pas pu assister aux délibérations du jury. Je me sentais trop fatigué à ce moment-là. J’avais fait part de mes choix à Floryse. De mon choix surtout : Les épinards crus d’Anne Luthaud. Je reste encore sous le charme de cet étrange récit de la vie d’un jeune garçon dans le cimetière de Gênes. Un texte poétique, délicat et rare. Doux, empli d'images, traversé de sentiments battants et d'épidermiques sensations. Mais je n’avais pas été suivi. Le prix est allé à Au nom de la loi de Samuel Blumenfeld. Rien à dire… Le livre est plein de charme, attachant, touchant, drôle. Autour de la figure de Steve McQueen, grand frère rêvé du petit narrateur, Blumenfeld nous raconte combien l'enfance se doit d'inventer, d'imaginer, de recréer. C'est un récit du grandir, du comment on pousse. Et du comment on réussit sa vie quand on on est fidèle à ses sentiments d'enfant. Beaucoup de monde là-bas : j’ai eu du mal à retrouver Amélie. Nous sommes restés un moment à bavarder avec les uns et les autres. Des nouvelles et des riens. Je ne sors plus beaucoup. Je n’ai plus l’habitude. On rentre ? Descendu les affreux Champs-Elysées. Il n’était pas si tard quand nous sommes arrivés à l’appartement.
Lundi 10 juin 2013. 18h30.
Par Xavier Houssin le lundi 17 juin 2013, 20:42
J’ai envoyé à Raphaëlle mon papier sur le dernier Marc Villemain. Terminé un peu de courrier. Je suis allé au Museum d’histoire naturelle. Je cherchais un guide entomologique pour Thomas dont j’avais raté l’anniversaire. Mais j’en voulais un « vrai ». Un ouvrage petit, pratique, avec des planches, qu’il pourrait conserver pour ainsi dire toute sa vie. J’avais oublié qu’il n’y avait plus de librairie digne de ce nom au Museum. Il reste une officine pas très accueillante où l’on trouve des thèses et des ouvrages plutôt pointus et une espèce de boutique de souvenirs rempli de peluches et de cartes postales qui expose quelques livres de photos et des albums pour les enfants. Rien d’autre. J’avais peur que Deyrolles soit fermé le lundi, je me suis donc rabattu sur un magasin du boulevard Saint-Germain où faute de choix, j’ai embarqué le seul exemplaire qu’ils avaient du Guide des insectes édité par Delachaux et Niestlé. J’ai l’impression qu’il devient difficile de trouver le ou les livres que l’on cherche dans une librairie. Un absolu paradoxe. Les rayons sont pleins, mais dès que l’on veut quelque chose de précis, il y a de très fortes chances pour qu’elle ne s’y trouve pas. J’ai filé rue de l’Abbé-Grégoire à la Galerie Francesco Vangelli de' Cresci pour voir les sculptures de Laure Boulay. De grandes formes noires étouffées sous l’angoisse et l’inquiétude. Poussant de ces cris muets des cauchemars. Très impressionnant. Très beau. Laure dirigeait Point de Vue quand j’y travaillais. On s’était revus en 2009. Là, il paraît que je l’ai ratée de peu.
Dimanche 9 juin 2013. 21h45.
Par Xavier Houssin le lundi 17 juin 2013, 20:40
Delphine et Françoise-Marie sont venues déjeuner à la maison. Pas si simple avec elles d’établir le menu. L’une est végétarienne, l’autre pas. L’une a la phobie des arêtes dans le poisson. L’autre aime les fruits de mer mais préfère éviter les huitres… On s’est débrouillés. Une salade de crevettes roses, coriandre, fenouils et champignons de Paris émincés, assaisonnée d’huile d’olive et de jus de citron (avec les zestes rapés) et des moules d’Espagne en cocotte, tomates, ail, oignon, basilic, gingembre et piment, servies avec des linguine. Le tout arrosé de cabardès rosé bien frais. Françoise-Marie déborde de boulot et de projets à Libé. Next était en kiosque hier. Je l’ai remerciée encore pour ce dernier numéro. En plus de ma chronique, j’y ai en effet un papier sur Le dernier des treize, le polar grinçant de Mercedes Deambrosis et quatre pages de reportage sur Violaine Bérot. Pas mal, non ?
jeudi 13 juin 2013
Samedi 8 juin 2013. 20h40.
Par Xavier Houssin le jeudi 13 juin 2013, 01:14
Lionel-Edouard Martin était de passage à Paris. Nous nous étions, comme l’année dernière, donné rendez-vous au Sauvignon. Se voir une fois par an, ce n’est pas si mal. Poète, romancier, traducteur, il vit en Martinique où il enseigne à l’université de Fort-de-France. Il s’est passé du temps avant que nous nous rencontrions. J’avais écrit un papier en 2007 sur Deuil à Chailly, paru chez Arléa. Il y racontait les quelques lents jours suivant la mort d’un très vieil homme, de l’organisation de ses obsèques à la fosse refermée sur des silences et des secrets. J’avais été emporté par ce récit à l’écriture simple, veinée, solide. Marquant une absolue différence avec tant de publications par l’infini respect des mots et des sens qu’on leur donne. J’ai découvert ses autres textes. Ceux d’avant, ceux d’après. Je ne sais plus bien comment nous en sommes venus à nous parler. Au Sauvignon, nous sommes restés un moment. Nous avons partagé une bouteille de Quincy, plus un ou deux autres verres. Le temps de causer un peu de nos livres, de nos vies. Des gens qu’on aime et de ceux qu’on aime moins. Il vient de traduire des poètes latins des XVe et XVIe siècle. Je l’ai quitté à regret. On se reverra. Peut-être avant l’an prochain…
mercredi 12 juin 2013
Samedi 8 juin 2013. 13h10.
Par Xavier Houssin le mercredi 12 juin 2013, 23:22
Matinée partagée de rangements et de courtes lectures. Au calme. Je me sens si bien avec Amélie.
Vendredi 7 juin 2013. 22h10.
Par Xavier Houssin le mercredi 12 juin 2013, 23:22
Je signais au Marché de la poésie mon recueil de 2010, Montée des cendres. Histoire de souffler un peu la poussière déposée sur les couvertures. Je suis arrivé pas mal en avance, pour flâner un peu. Etrange microcosme. Ca déclamait sur les stands. Passaient quelques individus vêtus de capes et de grands chapeaux noirs. Un type récitait des vers au creux d’une calebasse. Des « poètes » ? Je ne me sentais pas vraiment à ma place. J’ai cherché qui je connaissais. Au hasard des allées, j’ai croisé Jeannine qui infatigablement soutient la mémoire de son Maurice Carême. Ses poèmes viennent d’être traduits en letton, en russe, en bulgare. Elle a filé, toujours pressée. Je dois te raconter tout ça ! Je suis resté un moment à bavarder avec Frédérique à La Différence. Cherché Bénédicte au Castor Astral. J’ai appelé Amélie. Où es-tu ? Elle arrivait. Nous nous sommes retrouvés à deux pas, dans la rue Férou, cette courte et étroite rue, presque provinciale, où Dumas fait loger Athos dans Les trois mousquetaires. (Athos habitait rue Férou, à deux pas du Luxembourg ; son appartement se composait de deux petites chambres, fort proprement meublées, dans une maison garnie dont l'hôtesse encore jeune et véritablement encore belle lui faisait inutilement les doux yeux.) Nous sommes allés ensemble dire bonjour à Patrick Beaune aux éditions Champ Vallon. Il m’a offert Ecritures de Robert Marteau, paru l’année dernière, un des nombreux tomes de son journal poétique en sonnets. Marteau est un grand écrivain. Il est mort très âgé en mai 2011. Il y a cinq ans le Centre du livre et de la lecture en Poitou-Charentes m’avait demandé d’animer plusieurs débats sur son oeuvre. Avec Patrick Beaune, justement. J’ai rejoint le stand de Caractères. Signé un seul livre. A Delphine qui avait promis de passer. Et qui avait tenu sa promesse...
Vendredi 7 juin 2013. 15h25.
Par Xavier Houssin le mercredi 12 juin 2013, 23:19
J’ai ouvert le paquet que Brigitte m’a donné hier. Elle m’avait prévenu : Doucement, c’est fragile ! Je me doutais un peu du cadeau sans savoir précisemment de quoi il s’agissait. Je partage avec Christian, son mari que je ne connais pas, cet attrait pour les cabinets de curiosité et les animaux empaillés. Amélie lui avait appris l’existence du bestiaire un peu étrange qui habite le couloir de la maison à Carolles. J’ai déballé avec précaution. Il s’agit d’une très belle tête de brochet naturalisée. Comme j’en possède déjà une de sandre, une autre de carpe, j’étais ravi.
Jeudi 6 juin 2013. 22h20.
Par Xavier Houssin le mercredi 12 juin 2013, 23:17
C’était les six ans de Thomas hier. J’ai raté son anniversaire. Je ne crois pourtant pas être coupable de manque d’attention, mais je n’ai aucune mémoire des dates. Il faudrait que je note. Je note d’ailleurs. Mais souvent j’égare ce que j’ai noté. En fait, je ne sais pas compter. Dans ma propre vie aussi, les repères se brouillent. Si je veux préciser un moment, je manœuvre en partant à rebours de l’année de mon baccalauréat, en 1973. Ca donne : 1972-1973/ terminale, 1971-1972/ première. Ainsi de suite. Dans l’autre sens, ça ne fonctionne pas bien. La méthode est idiote. D’autant que mes souvenirs ne collent pas forcément aux années. Ils flottent épars, sans liens. Ne sont que des impressions. D’où cette nécessité et cette difficulté de retrouver le temps, tout ce temps, en écriture. Et de l’habiter. Restent les lieux. Ce sont eux qui me font des repères. C’est dommage pour les six ans de Thomas. J’aime beaucoup ce petit garçon. J’espère qu’il n’aura pas été déçu. Je me rattraperai. J’ai mis mon nez dans la pile de romans de rentrée arrivés à la maison. Fait un peu de courrier. Je suis passé dans le quartier Saint-Germain prendre un paquet que Brigitte voulait me remettre et j’ai été chercher Amélie à son travail. Julien Cendres nous avait invités à une soirée au Désert de Retz à l’occasion des dernières rénovations des fabriques. Noëlle nous avait prêté sa voiture. L’endroit est bien à trente kilomètres de Paris, à Chambourcy, après Saint-Germain-en-Laye. Je n’avais pas mis les pieds là-bas depuis le début des années 1980. A l’époque, il fallait passer par-dessus le mur d’enceinte pour s’aventurer dans ce domaine irréel créé à la fin du XVIIIe. Il y a bien la pagode de Chanteloup à Amboise, le parc un peu à l’abandon du château d’Ermenonville avec le tombeau (vide…) de Rousseau, mais je ne crois pas qu’il existe encore, dans l’état, un autre de ces jardins anglo-chinois « philosophiques » où les riches lettrés jouaient à se retirer au désert, comme Alceste. J’étais tout ému d’y retourner. Des tentes étaient dressées au pied de la Colonne détruite. Champagne. Ambiance siècle des Lumières avec de nombreux comédiens en costume, cavaliers, fauconniers… Après les discours officiels, Frédéric Mitterrand a remis à Julien sa décoration de chevalier des Arts et Lettres. Nous sommes allés le féliciter et l’embrasser. Je ne l’avais pas vu depuis la parution des Œuvres complètes et des Lettres retrouvées de Radiguet à l’automne dernier. En 1997, il avait consacré un très beau livre au désert de Retz. C’est à cette occasion que nous nous étions connus. Nous sommes rentrés doucement à Paris. Diné sur le chemin, au Jardin d’Asie, à Malakoff, le restaurant thaïlandais où j’allais souvent avec Marie quand elle était une petite fille. Décidemment, quel voyage dans le temps.
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