Françoise-Marie est d’accord pour un reportage sur Violaine Bérot dans les Pyrénées. Je devrais partir à la fin du mois. Content de renouer avec cette histoire ancienne. Entre 1995 et 2000, j’avais chroniqué ses livres (trois romans publiés chez Denoël et Zulma et un polar un peu grinçant aux éditions Baleine). Des textes d’une grande beauté lyrique, fièvreux, emportés. Et puis Violaine Bérot s’était tue. Je n’avais eu de ses nouvelles qu’au début de cette année par Lunatique, un éditeur de Mayenne, qui la publiait à nouveau. Une réédition et un nouveau titre, Pas moins que lui, où, à la première personne, elle racontait l’attente de Pénélope à Ithaque. Pendant son long silence (presque quinze ans) Violaine Bérot avait élevé des chèvres dans sa montagne des Pyrénées et vécu la vie libre dont elle avait toujours rêvé. Elle doit avoir quarante-cinq ans maintenant. Il faut que j’organise le voyage. Demain, je dois rencontrer des collégiens à Saint-Malo. Deux jours de suite. Je les vois un peu tard dans l’année, mais j’étais coincé ces mois derniers à cause de ma rechute et de mon traitement. On s’est parlé plusieurs fois au téléphone avec Karine, l’enseignante de français de cette classe de troisième. Elle m’a prévenu plusieurs fois : Ils ne lisent pas beaucoup, vous savez…
Samedi 6 avril 2013. 18h40.
Par Xavier Houssin le mardi 28 mai 2013, 15:15
Jean-Louis est venu passer la fraiseuse dans le potager. Le sol est ameubli, aéré. Parfait. Je ne sais pas comment nous nous serions débrouillés sans lui. Il nous avait déjà labouré le terrain cet hiver. Presque tout était en friche. Maintenant, il ne reste plus qu’à planter. Sauf que le temps n’y est pas. Ce matin, l’herbe était encore couverte de gelée blanche.
Vendredi 5 avril 2013. 22h20.
Par Xavier Houssin le mardi 28 mai 2013, 15:15
Nous avons ramené à Carolles le petit crocodile acheté fin mars aux enchères sur internet. Je l’ai nettoyé, réparé les accidents, cassures et éraflures. Il a rejoint maintenant les habitants du couloir.
Jeudi 4 avril 2013. 19h50.
Par Xavier Houssin le mardi 28 mai 2013, 15:15
Matinée à Censier. Séance à l’hôpital des Peupliers dans l’après-midi. Encore quatre fois et c’est fini. Pour l’herbier, dans la jachère du jardin Paul-Nizan, contre la rue de l’Industrie, j’ai cueilli un petit fraisier. Je pense que plutôt qu’un vrai fraisier des bois, il s’agit d’un fraisier d’Inde (Duchesnea indica), une variété décorative, à fleurs jaunes et aux fruits non comestibles, très envahissante. A la maison, comme je cherchais des renseignements dans mes livres de botanique, j’ai appris que cette plante qu’on appelle aussi fraisier des serpents ou fraisier des crapauds est utilisée en Asie dans le traitement des cancers.
Mercredi 3 avril 2013. 20h20
Par Xavier Houssin le mardi 28 mai 2013, 15:15
J’ai reçu un mot d’Alain. Il ne sera pas chez lui, à Saint-Louis, pour le festival. Il part en Chine pour un mois et poussera jusqu’à Vladivostok. Il fait, comme ça, des voyages lointains tous les ans, avec ses trois francs, six sous. Il dort dans des hôtels un peu miteux, chez l’habitant ou dans sa voiture de location. En Chine et en Russie, j’ai peur que cela lui soit plus compliqué. Nous nous étions vus à l’été 2010. Il était passé à la maison pendant son petit tour de France annuel des amis au long cours. On s’est ratés ensuite. On se ratera encore cette année. Je n’irai pas à Saint-Louis de toute façon. Je suis trop fatigué. Préparé le questionnaire d’actualité pour mes cours à Censier: les aveux de Cahuzac, Henri Loyrette nommé à la tête du Louvre, Marilyn Manson choisi comme égérie de Saint Laurent pour sa nouvelle collection homme et Stéphanie de Monaco qui récupère les deux éléphantes tuberculeuses du parc de la Tête d’or de Lyon. Quelle salade… J’ai répondu aussi à Lucie, une étudiante de 2010 qui me donnait de ses nouvelles. Elle est en troisième année de licence... à Pékin.
Mardi 2 avril 2013. 16h20.
Par Xavier Houssin le mardi 28 mai 2013, 15:14
J’ai envoyé à Sylvie le texte du communiqué de presse pour le Festival du livre de Nice. Reste à établir le dossier. Mais j’imagine que je n’aurai pas d’informations claires avant la fin du mois. Ce sera comme l’an dernier : tout à la dernière minute. Mais, compte tenu de ma manière de travailler, je ne peux pas vraiment me plaindre… Reçu un petit mot de Mercedes. Esteban devrait sortir demain de l’hôpital. Ses trois opérations se sont bien passées (les chirurgiens, comme d’habitude, sont contents d’eux). Reste au moins trois mois de « réglages » avant la « stabilisation ». Et pas mal de soucis.
Lundi 1er avril 2013. 18h50.
Par Xavier Houssin le mardi 28 mai 2013, 15:14
Nous avons bien fait de prendre le premier train. Il était déjà presque plein au départ de Granville et est arrivé bondé à Paris. Ca a dû être dantesque dans l’après-midi… Amélie m’attendait à Montparnasse. J’ai embrassé Marie. Merci ma Chérie. C’était bien court. Elle a filé retrouver son appartement, son chat Beuys et sa jeune vie. J’ai posé mes affaires à l’appartement et nous avons été déjeuner au Cornichon, le restaurant de la rue Gassendi. Rognon de veau entier servi dans un beau bouillon et arrosé… d’eau plate. Je râle mais je m’y fais. N’empêche, à la table de derrière, Eric Neuhoff, lui, trinquait au côtes-du-rhône. A ta santé ! En sortant, nous sommes allés nous promener. Il faisait doux. Nous avons fait une grande boucle, du quartier Plaisance jusqu’au parc Montsouris. Petit tour de « mon » XIVe. Adolescent, je m’imaginais rue des Thermopyles. Dans cet arrondissement inconnu où j’étais né, je l’avais choisie à cause du nom, sur le plan, ne l’ayant jamais vue. C’est une rue d’immeubles bas et de maisons noyés sous la verdure. J’avais eu le hasard heureux. Mais je n’y ai jamais habité. Quoique l’appartement de la rue du Moulin-Vert que j’ai loué en 2005 ait été juste à-côté. Les pavillons de meulière et les ateliers d’artistes des ruelles qui partent de l’avenue Reille ou de la rue Emile Deutsch-de-la-Meurthe, j’en ai rêvé aussi. Mon Dieu, que j’ai habité d’endroits en rêve. Imaginé tant d’histoires et tant de gens. Laisse-moi rêver ma vie, avais-je dit à Patricia il y a longtemps, faisant le choix des regrets doux. J’ai tellement refusé sans bien m’en rendre compte, tellement attendu. J’ai bien fait, car voilà que maintenant toute ma vie me ressemble. Pourtant, parfois, je ne me reconnais plus. Au détour d’un miroir, je découvre ce vieil oiseau de cinquante-sept piges du Et… Basta ! de Léo Ferré, et la fragilité des années qui vient m’effraie et me désole. Nous sommes rentrés main dans la main par la rue d’Alembert et la rue Hallé. Là encore, les petites maisons, les villas aux jardins commençant à fleurir. Allons, le printemps est devant nous.
dimanche 7 avril 2013
Dimanche 31 mars 2013. 22h00.
Par Xavier Houssin le dimanche 7 avril 2013, 20:00
Amélie me manque. Ca ne fait pourtant que deux jours que nous sommes séparés. Elle est à Lyon, j’ai le sentiment qu’elle se trouve au bout du monde. Nous nous sommes téléphoné au réveil ce matin. On s’est dit qu’on allait bien. Tu fais quoi avec Marie aujourd’hui ? – Nous allons déjeuner chez les Chatelard… C’est devenu une tradition. Depuis trois ans, chaque dimanche de Pâques, nous sommes invités chez Martine et Jean-Pascal. Agneau de lait de Pauillac et haricots tarbais. Et Jean-Pascal de sortir de beaux millésimes de bordeaux. Cette fois-ci, ce sera malheureusement sans moi. J’ai encore deux semaines de traitement et d’eau fraîche. Sur le chemin, nous avons retrouvé Annick et Norbert. On ne se quitte plus ! Lui disparaissait sous un énorme bouquet de mimosa. Je ne tenais pas la comparaison avec ma dizaine de jonquilles.
Samedi 30 mars 2013. 23h00.
Par Xavier Houssin le dimanche 7 avril 2013, 19:59
Nous avons tenté une balade au bord de mer. Mais nous n’avons pas tenu dix minutes sur la grève. Marie n’a vraiment pas de chance. Quand je pense qu’il y a eu des week-ends de Pâques où l’on se baignait... Dîner chez Annick et Norbert. Jolie soirée. Norbert avait fait griller des saint-jacques en brochettes dans la cheminée. La conversation a roulé sur le marché de l’art, la littérature, les chats, la botanique, les voyages. Simplement, nous étions bien.
Samedi 30 mars 2013. 12h10.
Par Xavier Houssin le dimanche 7 avril 2013, 19:58
Je suis parti au marché tôt. J’ai laissé dormir Marie. Elle est arrivée hier soir au dernier train. A Granville, il soufflait une bise polaire. Je n’ai pas traîné. Pour le déjeuner, des langoustines, deux belles soles. Un bar à faire en croûte de sel demain.
Vendredi 29 mars 2013. 20h50.
Par Xavier Houssin le dimanche 7 avril 2013, 19:58
Départ pour Carolles seul. Amélie accompagnait pour deux jours Qiu Xiaolong, l’auteur de Cyberchina, aux Quais du polar à Lyon. Arrivée dans la maison glacée. J’ai allumé un feu et suis sorti au jardin. Encore trop tôt pour tailler les rosiers. Dans le froid, tout est encore en attente. Mais au pied du frêne les jonquilles sont vaillantes et, devant la maison, les chionodoxas font un profond tapis bleu. J’ai été chercher la liste de courses de Georgette pour le marché de demain. Quel temps ! Laurence m’a téléphoné. Elle m’a raconté l’enterrement de Jean-Marc, ce matin, au cimetière Montmartre. Le monde, l’émotion. Je ne m’étais pas senti le courage de m’y rendre. Elle m’a rassuré doucement. Tu sais, lui ne se rendait jamais aux obsèques.
Jeudi 28 mars 2013. 17h20.
Par Xavier Houssin le dimanche 7 avril 2013, 19:56
Peu d’étudiants à mon deuxième groupe du matin. Du coup, j’ai emmené ma maigre troupe (ils étaient trois, deux autres nous ont rejoint un quart d’heure après….) prendre un café rue Monge. Discuté de l’actualité dans le désordre et à bâtons rompus. Les voyageurs attaqués par une bande de voyous dans le RER à Grigny, la justice ordonnant l’expulsion des occupants des cabanes sur le site du futur aéroport de Notre-Dame-des-Landes, les mauvais sondages de Hollande, le procès du chef des petites pickpockettes gitanes dans le métro, la tension entre les deux Corées, les rodomontades de Mélenchon et la mise en examen pour abus de faiblesse de Sarkozy dans l’affaire Bettancourt.
vendredi 5 avril 2013
Mercredi 27 mars 2013. 21h00.
Par Xavier Houssin le vendredi 5 avril 2013, 22:01
Les parents d’Amélie sont à Paris depuis hier soir. Ils repartent demain à Magagnosc avec Gabrielle. Jérome et Marion vont passer seuls une semaine au Club Méditerranée aux Bahamas. Ils sont ravis mais je ne les envie vraiment pas. Comme sur un prospectus d’agence de voyage, j’imagine d’ici la vue des bungalows : les palmiers, la plage au bout de la verdure, la mer bleue. Je n’ai pas grand goût pour le farniente exotique. Là-bas, j’aurais l’impression d’être enfermé dans le village du Prisonnier. Amélie avait réservé une table à La robe et le palais. Nous y avons retrouvé Claire et Emmanuel très contents d’embarquer leur petite-fille quelques jours. Déjeuner affectueux et gai. Nous les reverrons peut-être en juin au moment du Festival du livre de Nice. J’avais justement rendez-vous l’après-midi avec Sylvie à son appartement, dans le XVIe, pour travailler sur le dossier de presse de l’édition 2013. Cette année, « l’invité d’honneur » sera la francophonie et le président Amin Maalouf. Il va falloir trouver quelques idées pour animer l’affaire.
jeudi 4 avril 2013
Mardi 26 mars 2013. 19h50.
Par Xavier Houssin le jeudi 4 avril 2013, 20:25
J’avais rendez-vous pour déjeuner avec Nathacha chez Guiseppe. Aux Cousins d’Alice, j’avais acheté pour les Pâques de Neela un gros œuf en carton décoré dans lequel j’avais glissé un petit lapin en peluche. Elle a quatre ans et demi maintenant. Nathacha m’a montré des photos. Elle y prend des poses d’actrice. Fait des yeux doux et des sourires. Je ne l’ai pas vu grandir cette petite fille. Là encore je laisse glisser le temps. J’ai demandé : Quand venez-vous à Carolles ? Cela risque ne pas être avant l’été. Bernard est très pris en ce moment. Nous avons parlé de nos livres, de nos soucis d’écriture. Où en es-tu ? Si ça tombe, nous devrions les rendre au même moment. Au courrier, j’avais une lettre de Londres. Agathe, Thomas et Arnaud m’envoyaient des dessins.
Lundi 25 mars 2013. 23h50.
Par Xavier Houssin le jeudi 4 avril 2013, 20:25
Jean-Marc est mort aujourd’hui. Il avait sombré dans le coma samedi, le jour où je lui avais envoyé en message deux vers de Jean Cayrol. J’ai relu à haute voix tout le poème. J’avance à pas d’herbe,/ dans ce hautain remuement des rêves,/dans ce sous-bois orange et noir/ où se lève/ un vent géant plus faible/ que ce faux soir/ dans la grande pause du Verbe.// J’avance à pas de pluie/ vers la froide remise/ où les sept voitures furent surprises,/ les roues brisées/ et leur cocher séduit.// J’avance à pas de poutre, de plafond,/ sans connaître le retour/ sur les rives où se défont/ les huttes frêles du jour.// J’avance/ et le désastre attend/ comme un camp retranché. Avant qu’il me publie La fausse porte chez Stock en 2011, nous nous étions rejoints autour de Jean Cayrol justement. Il lui avait gardé la reconnaissance profonde d’avoir édité en 1972, au Seuil, son premier roman, Samedi, dimanche et fêtes. Bien des écrivains « connus » d’aujourd’hui doivent leur notoriété au travail de défricheur patient et attentif de Cayrol. La plupart ont oublié. Jamais Jean-Marc. Il m’avait donné un coup de pouce au moment où je préparais, chez Points, Chacun vient avec son silence, mon anthologie poétique de Jean Cayrol. Certains là-bas se demandaient s’il était bien utile que je mène au bout ce projet qu’ils trouvaient peu rentable. J’avais su, bien plus tard, que Jean-Marc, à qui j’avais confié mes soucis, avait décroché son téléphone et « insisté » pour que cela se fasse. Si vous ne publiez pas ces textes, c’est moi qui les publierai. Je lui dois toujours un roman qu’il ne lira plus. En novembre, il m’avait écrit : Les écrivains que j’aime sont soit en avance, soit en retard. Je me méfie terriblement, crois-moi, des auteurs à l’heure. Parions que ton plus beau livre est devant toi. J’ai vu Dephine dans un café de la place de l’Ecole militaire. Cela faisait longtemps qu’on ne s’était pas vus. Nous avons recousu ensemble les nouvelles. Parlé de ceux qu’on aime. Effleuré des projets. En rentrant, je me suis arrêté chez Deyrolles, acheter une paire d’yeux en verre pour le diodon du couloir à Carolles. Essayé de lire. Je suis allé chercher Amélie à la fermeture du Salon.
mardi 2 avril 2013
Dimanche 24 mars 2013. 22h10.
Par Xavier Houssin le mardi 2 avril 2013, 20:23
J’ai cherché vainement au Salon des guides botaniques « urbains » pour identifier mes cueillettes. Je cale en effet sur quelques spécimens. Sur l’un d’eux, les feuilles pennatifides feraient asssez penser à un laiteron, mais elles sont découpées avec un telle régularité (on dirait de petites feuilles d’acanthe) que j’hésite. Un autre ressemble vaguement à une giroflée. Mais encore une fois, sans fleurs, difficile d’être formel. J’ai retrouvé Françoise –Marie et Delphine à la signature de Joanne Anton sur le stand de Wallonie-Bruxelles. Récupéré Amélie un peu avant la fermeture. Nous sommes allés dîner vers le marché saint-Germain.
Dimanche 24 mars 2013. 13h20.
Par Xavier Houssin le mardi 2 avril 2013, 20:22
Messe des Rameaux à Saint-Pierre-de-Montrouge. Amélie est partie au Salon. Je suis resté à la maison. Je voulais faire un peu de courrier. J’ai tant de retard dans les lettres. Je me lamente comme le lapin blanc d’Alice : Oh dear ! Oh dear ! I shall be too late ! Et le temps passe sans que je fasse rien. Ou si peu.
Samedi 23 mars 2013. 15h00
Par Xavier Houssin le mardi 2 avril 2013, 20:22
Je me suis réveillé en pensant à Jean-Marc. J’avais en tête deux vers de Jean Cayrol. Je les lui ai envoyés dans un petit message, sans bien savoir s’il pourra les lire. J’avance à pas d’herbe/ dans ce hautain remuement des rêves…
Vendredi 22 mars 2013. 20h15.
Par Xavier Houssin le mardi 2 avril 2013, 20:21
J’avais rendez-vous avec Mar au Salon. Elle travaille chez Seix Barral, la maison d’édition de Barcelone. On s’était rencontrés il y a quelques années par l’intermédiaire d’Ariane. On a essayé plusieurs fois de se revoir. Mais, à chaque fois, il s’est toujours trouvé un empêchement, un contretemps. Cette fois-ci n’a pas failli à la règle. Dix minutes avant l’heure prévue, je recevais un coup de fil. Décidemment…
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