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mercredi 4 décembre 2024

Mardi 5 novembre 2024. 16h00

J’ai reçu l’agenda de la Pléiade 2025. Comme tous les ans. Et comme tous les ans, j’ai dit merci tout de suite au service de presse pour ne pas risquer d’oublier de le faire. Ce petit carnet de chagrin noir accompagne les griffonnages des jours de ma vie depuis bien trente ans maintenant. Je suis très reconnaissant qu’ils continuent de me l’envoyer.

Lundi 4 novembre 2024. 19h10.

Retour à Carolles. J'ai récupéré La Harpe chez Séverine. Victoria vient d'avoir vingt ans. Je lui ai envoyé un petit message à Montréal où elle suit des études de commerce. J’ai repensé au jour d’été, aux Margouillats, où elle avait libéré tous les papillons que j’avais capturés. Sauvés ! Elle a une joie de vivre à dévorer le monde entier, Victoria. J’ai remporté l’enchère à Lyon pour un petit volume de La Harpe (Jean-François, mon auteur du XVIIIe, pas la chienne à qui j'ai donné son nom). C’est un joli In 12 en maroquin bleu relié par Bozérian l’aîné (Jean-Claude), publié en 1792 chez Didot. Il contient Mélanie suivie des Muses rivales, du Dithyrambe aux mânes de Voltaire, de l'Épitre sur la poésie descriptive, du Camaldule, de la Réponse d'un solitaire de la Trappe à la lettre de l'abbé de Rancé et de poésies diverses. J’ai eu cet exemplaire en main la toute la dernière en 1979 ou 1980 à la bibliothèque de l’Arsenal, quand j’avais décidé de m’atteler à une biographie de La Harpe pour le diplôme de L’École pratique des hautes études. Daniel Roche, à l’époque, avait douché mon enthousiasme. Il existait déjà une biographie écrite par un universitaire américain (Alexandre Jovicevich avec qui d’ailleurs j’ai correspondu un moment), il aurait préféré que j’oriente mes recherches vers le cours de littérature que professait notre homme au Lycée. Toutes les pièces du volume sont de la période anticléricale de La Harpe. Après sa conversion de 1794, il va renier ses écrits philosophiques. Je ne serais pas étonné qu’il se soit employé à faire disparaître le plus possible d’éditions. Le fait est que l’ouvrage était introuvable. Jusqu’à cette vente. Comment dire que je suis vraiment content...

Dimanche 3 novembre 2024. 23h00.

Deux jours tranquilles. Bricolage dans l’appartement (installer une applique, rafistoler une tringle à rideaux). Marché d’herbes, de salade, de cèpes, de pieds de mouton, de pâté de canard en croûte, de perdreau, boulevard Edgard-Quinet. Nous avons fait les boutiques. Pour Apolline qui part en Inde passer Noël en famille, nous avons trouvé un joli carnet de notes en cuir à fermoir. Balades dans le quartier. Au Petit sommelier, le bar à vin "succursale" rue Daguerre du restaurant du même nom, avenue du Maine, Samira, la propriétaire de Tutto Bene, l’italien à l’angle de la rue Roger, qui prenait un verre avec son mari, nous a offert une tournée. Joyeusement bavardé un moment. Nous sommes vraiment chez nous. En avril prochain, cela fera quinze ans que nous avons emménagé rue Danville.

Vendredi 1er novembre 2024. 16h50.

Apolline a treize ans aujourd’hui. Son enfance la quitte doucement. Elle ne s’en aperçoit pas et nous plus. Moi non plus surtout. J’ai l’impression, avec elle, de n’être que gentil, seulement gentil, très gentil. J’aimerais tellement lui offrir davantage. Comment dire ? Être pleinement son parrain. C’est un rôle que je prends tant à cœur. J’en mesure l’importance et la gravité. Je ne l’ai pas toujours fait dans ma vie. J’ai pourtant déjà été parrain. D’Antoine, le fils de Pierre, l’ami si proche, si cher, de mon adolescence avec qui je récitais du Ferré à tue-tête. D’un autre Antoine (quoique, à ma grande honte, je ne sois pas si sûr du prénom), fils de Christine, la mère d’Aurélie, une copine de Marie en primaire. Perdus de vue. Je les ai gâtés, petits, avant de les oublier. Avant qu’on s’oublie. J’avais rendez-vous au Rouge limé, une brasserie du XIème avec Lanwenn Huon. Elle vient de reprendre le poste de Juliette aux pages de littérature française du Monde des Livres. Avant, elle travaillait à Critique la revue des éditions de Minuit. Nous avons parlé une bonne heure. Je lui ai fait toutes mes propositions de dernier trimestre : Un jardin pour royaume de Gwenaëlle Robert aux Presses de la Cité, Derrière la nuit, l’usine de Robert Piccamiglio à la Fosse aux Ours, Une conque à l’oreille de Nicolas Deleau chez Klincksieck, Spleen au lavomatique de Valère-Marie Marchand chez Héliopoles et Flânes dans la Nouvelle Athènes de Bénédicte Cartelier au Temps qu’il fait. Pas certain qu’elle puisse en retenir quelque chose tant il semble que les pages sont embouteillées. Quant à janvier, je n’ai rien vu pour l’instant qui m’intéresse.

jeudi 28 novembre 2024

Jeudi 31 octobre 2024. 19h30.

Amélie devait se faire enlever un petit naevus à la cheville. Je l’ai accompagnée chez le chirurgien (en ville comme on dit) avec qui elle avait rendez-vous en début d’après-midi. C’était vers l’École militaire, nous avons déjeuné à deux pas, aux Bons Garçons. D’avoir passé en revue avant-hier les restaurants que fréquentaient mes parents dans le quartier m’a fait souvenir que l’endroit s’appelait (bien) avant Chez Blanc. Décidément. L’intervention d’Amélie n’a pas duré longtemps. Elle n’est pas restée plus d’un quart d’heure dans le cabinet du médecin. Juste une ordonnance de désinfectant et de pansements. Vous irez vous faire enlever les fils chez une infirmière dans une dizaine de jours. 450 € quand même.

mercredi 27 novembre 2024

Mercredi 30 octobre 2024. 23h20.

Ce soir, c’était la représentation de La serva amorosa de Goldoni mise en scène de Catherine Hiegel avec Isabelle Carré. J’ai retrouvé Amélie au Théâtre de la Porte-Saint-Martin. Dans le bus (bondé) pour m’y rendre, j’ai reconnu Fabienne. Des années que nous ne nous étions pas croisés. D’ailleurs la dernière fois c’était déjà dans un bus. Et toujours au moment de descendre. Nous nous sommes connus à l’école de Service social à la fin des années 1970. Là-bas, alors que tous étaient occupés par la sociologie engagée et le militantisme, nous parlions psychanalyse. C’est ainsi que, chacun de notre côté, nous avons travaillé plusieurs années en santé mentale. Fabienne est devenue psychanalyste. Moi, j’ai hésité. Nous avions beaucoup de connivences, de complicités. Cela me ferait plaisir qu’on les retrouve un peu. Je n’ai pas changé de numéro de téléphone. – Moi non plus. Jolie soirée au théâtre. Nous avons ri. Il faudrait sortir plus souvent. Sur le chemin du retour, je traînais la patte. Toujours la goutte ou je ne sais quoi. Je ne parviens pas à me débarrasser de ces douleurs. Je pensais à ce chant de Noël : Beaucoup de gens vont en pèlerinage,/ Je veux y aller, j'ai assez de courage,/ Je veux y aller, si je peux bien marcher./ La jambe me fait mal,/ Boute selle à mon cheval.

Mardi 29 octobre 2024. 18h00.

Visite annuelle chez la dermato. Une nouvelle dame. Les deux dernières sont parties à la retraite. Son cabinet se trouve rue Saint-Dominique à l’angle de la rue de l’Exposition. Les fenêtres de la salle d’attente donnent sur la placette du Gros-Caillou et le restaurant La fontaine de Mars. J’aime beaucoup cette adresse bien qu’elle ait beaucoup changé depuis que j’y allais avec ma mère et mon père au début des années 1970. Je venais alors d’emménager dans un petit studio rue de Grenelle et mes parents, ma mère surtout, étaient contents que j’habite le quartier qui avait abrité leurs amours clandestines de peu avant ma naissance. La plupart des bistrots où ils allaient déjeuner ou dîner existaient encore. Ils m’y avaient emmené sans vraiment faire de commentaires, histoire juste, j’imagine, de renouer les fils d’une histoire dont j’étais, de toute évidence, le résultat. Mais celui que je préférais de loin était La Fontaine de Mars. J’y étais bien. Les nappes à carreaux, les menus polycopiés en violet et rouge, les œufs meurette, le cassoulet et le vin de Cahors. J’y suis retourné quelquefois depuis. Avec Amélie aussi. Bon, le temps a vraiment passé, même s’il reste un rien à quoi s’accrocher.

mercredi 13 novembre 2024

Lundi 28 octobre 2024. 23h40.

Jour du départ et seule journée de beau temps. L’éclaircie a brillé sur l’anniversaire d’Amélie. Nous aurons passé, sous la pluie, cinq jours aux Margouillats dans un pêle-mêle d’affection, de tensions, d’éclats, d’effusions, de conversations joyeuses et de silences. Le temps passe, c’est tout. Nous avons été, avec les enfants, déposer les chrysanthèmes de la Toussaint au cimetière de Grasse. Devant le caveau de famille où, visiblement, plus personne ne vient se recueillir depuis longtemps, et sur la tombe de Céline, la cousine d’Amélie morte à la fin de l’été 2021. Dîné avec Agnès et François, Marie et Jacques, l’ami si proche de Claire et d’Emmanuel, qui n’a plus toute sa tête et dont la maladie efface inexorablement la mémoire. Rendu visite à Mylène, la tante d’Amélie, dans sa jolie maison de Malbosc. Elle aussi a oublié les dates et les gens. Ne reste que du charme d’habitude, de la bonne éducation. Elle sourit avec douceur. Je ne sais pas bien qui vous êtes. Vu encore un oncle, une tante, une autre tante, tous un peu fatigués, éprouvés. À nos âges, maintenant… Offert une manucure à Gabrielle (pose d’ongles complète !) et une grosse boîte de Lego à Antoine. Acheté pour la terrasse de Claire trois gros pots de condimentaires, thym, persil, sauge. Jérôme, emmenant son fils, est parti vers ses nouvelles amours quelque part dans le Perche. Gabrielle retrouvait sa mère pour un bref séjour au bord de mer. Il faut que je fasse l’effort de lui écrire plus régulièrement. Je la sens si désemparée. Claire et Emmanuel nous ont invités dans leur restaurant cambodgien de Mouans-Sartoux. Une adresse où ils sont à l’aise et contents. Et c’est bien de les voir ainsi.

vendredi 25 octobre 2024

Jeudi 24 octobre 2024. 21h40.

On passe entre les gouttes, mais on passe. C’est bien de retrouver Gabrielle et Antoine. Jérôme aussi, sauf qu’il est toujours tendu à l’extrême. On sent qu’il s’évertue à faire sans cesse des efforts de calme et de sociabilité. Il y a eu les années de conflit avec Marion, puis son divorce, mais il reste dans une espèce de rage mal contenue. Tout l’irrite. Il se retranche. Il est, pour une bonne part, malheureux, mais se refuse à partager le moindre sentiment. Sa fragilité le rend dur. Inaccessible. Nous sommes venus ici pour fêter les quatre-vingt ans d’Emmanuel. Les vrais, le 28 octobre, jour aussi de l’anniversaire d’Amélie.

Mercredi 23 octobre 2024. 17H20.

Départ pour Grasse. Le voyage en train est long mais nous cassons sa monotonie avec un déjeuner, un pique-nique plutôt, qui ne laisse jamais les autres voyageurs indifférents. Sur une nappe blanche, nous installons assiettes, verres et couverts et nous partageons (là c'est le menu du jour) salade de crudités, poulpes à la grecque, jambon truffé, fines tranches de lomo, j’en passe, le tout arrosé de coteaux-d’aix rosé. Après, il ne nous reste plus qu’à contempler le paysage de l’Estérel. Emmanuel est venu nous chercher en gare d’Antibes. Avec Gabrielle et ses jolis treize ans.

Mardi 22 octobre 2024. 23h50.

Dîner chez Astrid et Lahlou. Carbonnade flamande et grands bordeaux. Ils habitent une maison « contemporaine » au fond d’une cour d’immeuble au début de la rue d’Auteuil. Pour la première fois, Lahlou nous a montré les photos du chantier de construction. Ce que je n’avais pas compris c’est que pour édifier son pavillon moderne, il a entièrement détruit un petit immeuble de rapport XIXe que j’ai trouvé, sur les images, plein d’un charme ancien et doux. Je crois que je n’aime pas vraiment pas qu’on mette à bas le passé. Enfin. Auteuil est pour moi accroché à de très lointains souvenirs. J’ai passé les premiers mois de ma vie quai Louis-Blériot et, plus tard, dans la rue d’Auteuil, justement, j’allais au Club anglais. Ma mère me voulait bilingue. Au goûter, je devais dire Chocolate, please. Je n’ai pas fait beaucoup de progrès.

mercredi 23 octobre 2024

Mardi 22 octobre 2024. 18h45.

Je suis retourné me faire couper les cheveux. La dernière fois, j’avais demandé à Muriel de me laisser ma mèche. Comme autrefois. Enfin comme il y a (vraiment) très longtemps. Hélas cela ne me va plus guère. J’ai vieilli. Il faut que je me fasse une raison. Mme Girard, ma prof d’allemand au collège, m’appelait die trauerweide, le saule pleureur. Et elle m’attachait une barrette, sans doute pour me faire honte. Mais je ne me sentais pas du tout honteux. J'étais très content de ma dégaine. Le seul résultat de sa pédagogie capillaire est que je suis toujours incapable d’aligner deux mots de conversation à la suite dans la langue de Goethe. Sauf que, du Goethe, avec elle, j’en ai appris par cœur et je m’en souviens encore. Sah' ein Knab ein Röslein stehn,/ Röslein auf der Heiden,/ War so jung und morgenschön,/ Lief er schnell, es nah zu sehn,/ Sah's mit vielen Freuden./ Röslein, Röslein, Röslein rot,/ Röslein auf der Heiden. Mon ami Rainer à qui je récitais ça m’écoutait en riant aux larmes. Il me disait que je devrais en faire un numéro comique. J’ai pris un café avec Nathacha. Nous nous sommes retrouvés près de chez elle dans le XVème. Alors tu as enfin commencé à écrire ? J’ai une fois de plus égrené ma petite litanie de l’impuissance. Mais je l’ai bien fait rire, elle aussi, en lui racontant mes rêves agités où je perds mes papiers, mon chemin, mon argent, mes titres de transport, où je me trompe de gare, d’aéroport et où personne ne comprend ce que je veux dire. Du pain béni pour un psychanalyste. Tiens, depuis le temps, il faudrait que j’écrive à Mme Lefrère.

Lundi 21 octobre 2024. 23h00.

Purgé les radiateurs dans l’appartement. Je devais le faire depuis le changement de la chaudière. Ne reste plus qu’à croiser les doigts pour que le chauffage fonctionne correctement. Dîner dans le XVe chez Bérengère et François, les cousins d’Amélie. Leurs enfants étaient là. Antonie et son mari Vincent, Clémence qui après avoir été l’assistante parlementaire de son député Jean-Louis Thiériot, est devenue conseillère ministérielle depuis qu’on l’a nommé aux Armées dans le nouveau gouvernement. Plus Marie, l’aînée et Benoît, le benjamin, que je voyais l’un et l’autre pour la première fois. Et sauf Paul, que je ne connais pas non plus.

Dimanche 20 octobre 2024. 22h00.

J’ai reçu un message de Jean. Mon papier sur le Mélois sort jeudi prochain. Retour ensemble à Paris. Une heure de retard à l’arrivée à Montparnasse.

Samedi 19 octobre 2024. 21h35.

Déjeuner au Comptoir à Granville chez Patricia et Michael. Toujours aussi bien. Nous y avions presque nos habitudes à un moment. Pourquoi n’y allons-nous pas plus souvent ? Déposé la Harpe chez Séverine. Nous partons à Grasse pour la Toussaint. Et le 28, ce sera l’anniversaire conjoint d’Amélie et de son père. En fin d’après-midi, nous étions invités à découvrir, travaux enfin terminés, l’appartement que Brigitte et Yann ont acheté rue Saint-Gaud. Un quasi appartement-témoin puisqu’ils n’y ont jamais passé une nuit. C’est leur pied à terre granvillais qu’ils habiteront… un jour. Pas tout de suite. Yann est trop attaché à son jardin. En attendant, ils y passeront de temps en temps. Leurs fenêtres donnent sur la Fontaine-Bedeau, les bâtiments de l’école de voile et, bien sûr, heureusement, la mer. Nous avons partagé une bouteille de champagne. Trinqué à ce nouveau chez eux et à leurs vacances. Ils partent au Maroc pour deux mois. Là-bas aussi ils sont propriétaires d’un deux ou trois-pièces qu’ils occupent… peu.

Vendredi 18 octobre 2024. 20h05.

Reçu le prochain catalogue de la vente d’histoire naturelle chez Million. Il y a un lion, un tigre, des ours, tout un tas de taxidermies exotiques et aussi la suite des spécimens du « musée » castrais d’Yvan Delqué. Ce sera le 15 novembre à Drouot. J’ai encore le temps d’y penser. Fait la taille d’automne des rosiers, arraché les débordements de la passiflore.

Jeudi 17 octobre 2024. 23h10.

Cette fois, le train d’Amélie est arrivé à l’heure. Elle m’apportait en cadeau deux places à la fin du mois au Théâtre de la Porte-Saint-Martin pour La serva amorosa de Goldoni. Une comédie de 1752 que je n’ai jamais vue. Mise en scène de Catherine Hiegel qui avait interprété le rôle principal au Français en 1992 sous la direction de Jacques Lassale. Je me réjouis d’avance.

Mercredi 16 octobre 2024.17h00.

Un peu de courrier en souffrance. Je m’aperçois que je n’arrive plus à écrire de longues lettres. Je cale au bout d’une page, une page et demie, pris dans une espèce de hâte d’en finir. Comme s’il fallait vite passer à autre chose. Mais à quoi, Grand Dieu ? C’est juste qu’il y a comme un embouteillage de tout ce qu’il faudrait que je fasse. Je suis encombré. Je ne m’en sors pas. J’ai fait deux propositions pour les pages « Mélange des genres » : Les fleurs animées, le très joli recueil de Taxile Delors connu surtout pour les illustrations de Grandville et les poèmes de François Turcot Les pas fantômes. Amaury da Cunha vient de récupérer cette rubrique fourre-tout où se côtoient le polar, la BD, l’histoire littéraire ou la poésie. Pas facile de gérer ce bariolage. Il le fera, j’en suis certain, avec une délicatesse intelligente (je me souviens de ses papiers sur Bergounioux). Après deux années bien fades.

mercredi 16 octobre 2024

Mardi 15 octobre 2024. 22h10.

Cécile a perdu sa mère la semaine dernière. Quatre-vingt-quatorze ans. Elle va l’enterrer jeudi aux Adrets, le village de son père en Chartreuse qui y repose depuis trois ans. Je me souviens de son prénom, Juliane, et aussi que chez elle, dans le Nord, à Béthunes, on disait Juyanne. Je l’ai lu dans Pouvoirs magiques, si beau roman des origines, que Cécile a fait paraître en 2015. Je vais le relire.

Lundi 14 octobre 2024. 20h45.

Amélie m’a dit la nouvelle. Elle l’a apprise par une pêcheuse de Granville dont elle suit les activités. Chez François, c’est fini. Le restaurant ferme définitivement. Enfin, il n’y a pas de réouverture prévue. Et c’est pour cause de « convalescence ». François, c’est François Plombin qui doit avoir aujourd’hui dans les cinquante-cinq ans. Un grand type maigre, pince-sans-rire. Terriblement gentil. Cela fait bien trente ans qu’il tient cette affaire à Genêts. Dans la vaste cheminée, il fait des grillades au feu de bois. Côtes de bœuf, côtelettes d'agneau, saucisses, crépinettes, pieds et groins de cochon farcis au boudin noir. La carte, des entrées au dessert, ne change pour ainsi dire pas. On s’installe à de larges tables et on est simplement bien. Bien à tel point d’ailleurs qu’il faut réserver au moins deux semaines à l’avance. Nous y avons fait notre repas de mariage en 2009. Nous étions une vingtaine, le restaurant rien que pour nous. Il nous avait fait rôtir des canettes. Nous sommes venus souvent là-bas. Plus beaucoup ces derniers temps. Je le regrette.

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