J’étais chez Buchet tôt. Je continue la nouvelle programmation de « Domaine Public ». Ca dure, ça dure... En fin de matinée, j’ai retrouvé mes étudiants à Censier. Le message essentiel, les textes à réécrire : ils ont l’air de s’accrocher. J'ai enfin vu Béatrice. Elle a de la constance. Elle m'a présenté le programme de Gaïa. En janvier, ils publient La colline du voleur. C'est le premier tome de Vérité et justice, une grande fresque écrite par Hansen Anton Tammsaare, grand auteur estonien du tournant du XIXe et absolument inconnu pour moi. La colline du voleur parle de son enfance dans un territoire rude de cailloux et de marécages. J'ai appris que Giono trouvait le texte magnifique. J’ai assez hâte de voir de quoi il s’agit. J’ai filé chez Marie, toujours coincée dans son appartement avec sa cheville foulée. Je lui avais proposé de lui faire quelques courses. J’ai acheté de quoi remplir son frigo au Monoprix de son quartier. Il était tard lorsque je suis rentré à la maison.
dimanche 12 octobre 2008
Mercredi 8 octobre. 22h10
Par Xavier Houssin le dimanche 12 octobre 2008, 21:44
Mercredi 8 octobre. 1h25
Par Xavier Houssin le dimanche 12 octobre 2008, 21:24
Et de trois... Nous devions nous retrouver vers 9h00. J’ai annulé, à nouveau, mon rendez-vous avec Béatrice. Il fallait que j’aille chercher Marie chez elle en taxi pour l’accompagner à son travail. Elle ne sait plus poser le pied par terre, mais elle tenait à s’y rendre quand même. Je la comprends. Cela fait juste un mois qu’elle a commencé. Elle ne veut pas qu’on imagine qu’elle tire au flanc. J’ai repoussé aussi mon déjeuner avec Marie-Françoise. A 14h00, Marie devait aussi se rendre à la médecine du travail près de la porte Maillot. Nouvel aller-retour en taxi. Ca n’a pas loupé : le fonctionnaire l’a déclaré inapte. Elle a passé le reste de sa journée à se traîner en béquilles de centre de consultation en centre de radiologie. Elle était toute énervée de douleur et d’angoisse. Le dernier praticien qu’elle a vu l’a arrêtée jusqu’à lundi prochain. C’était la seule chose à faire… Je suis passé en coup de vent rue de l’Odéon voir l’ancienne secrétaire générale de l’association des amis de Pierre Loti. Et j’ai posé mon tout dernier lapin. Je devais voir Joëlle dans l’après-midi. Vraiment pas possible d’être à l’heure. Je l’avais appelée après la parution en poche de L'Appel des sirènes qu’elle avait publié en 1999. Je me souviens bien de ce conte simple et sensible. Nous trouverons bien une autre occasion. J’ai été chercher Amélie rue Jacob. Les courses en vitesse. Nous profitions ce soir de l’appartement laissé par Dominique et Frédéric pour y faire un dîner. Il y avait Pascale, Marianne, Martin et Catherine. Littérature, spaghettis vongole, coteaux d’aix-en-provence et raisin d’Italie. La conversation a traîné agréablement. Nous n'avons pas dormi rue Saint-Charles. Nous bien sommes loin d’avoir déménagé là-bas nos affaires.
mardi 7 octobre 2008
Lundi 6 octobre. 23h00
Par Xavier Houssin le mardi 7 octobre 2008, 01:08
Nous avons accompagné Claire au marché de Pré-du-Lac. Amélie voulait absolument ramener à Paris des fougassettes, ces pains à peine sucrés et parfumés à la fleur d'oranger. Le boulanger avait tout vendu. Elle a dû se contenter d’une seule et dernière.
Pastis et déjeuner de légumes crus et d’anchoïade sur la terrasse. Avec un oncle (Patou) et un cousin (Jidé). Je commence à mieux me repérer dans cette généalogie agitée et accueillante. Et à m’y sentir bien. En début d’après-midi, avant de prendre le train, nous avons retrouvé à Antibes les grands-parents d’Amélie qui nous ont fait visiter la chapelle de famille à Antibes. Un petit sanctuaire de la fin du XVIIe où elle a été baptisée et où notre union devrait être bénie. L’été prochain.
Dimanche 5 octobre. 23h15
Par Xavier Houssin le mardi 7 octobre 2008, 01:02
Amélie nous a quitté à peine avalé son café. Dernière journée pour elle à Mouans-Sartoux. J’ai regretté hier ne n’avoir pas rencontré John Berger. Je n’ai pourtant lu aucun de ses livres (je me souvenais juste du Septième homme paru chez Maspéro en 1976 et que j’avais acheté à La joie de lire, rue Saint-Séverin). Mais pour moi, John Berger est irréductiblement associé à La Salamandre, le film d’Alain Tanner avec Bulle Ogier, Jean-Luc Bideau et Jacques Denis. Il avait collaboré au scénario et aux dialogues. Ce film a réellement bouleversé ma vie. J’avais dix-sept ans quand je l’ai vu la première fois au Studio Saint-André-des-Arts. Je l’ai revu plus d’une trentaine de fois. La dernière en 2003 ou 2004 au Saint-André-des-Arts à nouveau, justement. Jusqu’à ce qu’Amélie m’offre le DVD l'année dernière. J’aime tous les films de Tanner, mais celui-ci m’est vraiment intime. Personnel. Important. Et cela tient à ses dialogues, à ses voix de commentaire. Je les connais par cœur. Paul écrivit dans son carnet : la salamandre est un petit animal de couleur jaune et noire...
J’ai rédigé le court papier sur Laver les ombres de Jeanne Benameur pour Le Monde, fini de préparer mes cours pour Censier. Marie a téléphoné dans l’après-midi. Tu vas bien ? - Pas vraiment. Pas vraiment. Elle s’est fait une entorse grave de la cheville en trébuchant samedi. Elle ne veut pas manquer son travail et me demande si je peux l’accompagner à sa galerie le matin, la ramener le soir chez elle. Je vais m’arranger. Le plus simple est de prendre des taxis. Si on me prête une voiture, je vais passer mes journées à faire des allers et venues et des tours de pâté de maison pour me garer. Le froid est arrivé avec le soir. Amélie a fait du feu dans la cheminée. Ses parents avaient invité Marie-Jeanne et Dominique que nous avions vu cet été à Carolles. Jacques et Marie, que je n’ai croisé que deux ou trois fois. Jacques, à notre dernier séjour, était repassé nous voir pour nous offrir le livre de Jean-Michel Oughourlian, Génèse du désir. Comment trouver son propre modèle? Je lui dois toujours un mot... Emmanuel avait préparé une magnifique daube. Marinade au vin rouge, vinaigre, ail et festival d’aromates. Il en est resté à peine deux louches que Claire nous a soustraites de justesse (C’est bon, plus personne n’en veut ?) pour garnir un plat de pâtes, la semaine prochaine à la maison.
dimanche 5 octobre 2008
Dimanche 5 octobre. 0h30
Par Xavier Houssin le dimanche 5 octobre 2008, 11:40
La 2 CV est tombée en panne ce matin. Ou plutôt, elle ne voulait plus s'arrêter. Il a fallu la faire caler. Une histoire d'allumage ou de démarreur. Amélie est partie en retard à son festival avec une autre voiture. Emmanuel a ouvert le capot et commencé à réparer. Je regardais le moteur avec, comme toujours, ce sentiment d'incompréhension familière, quand j'ai aperçu, accroché au châssis, près du manchon de chauffage, un minuscule nid de guêpes. Une ébauche plutôt, d'une vingtaine d'alvéoles. Je l'ai délicatement détaché. Je suis remonté corriger les exercices que j'avais donnés à mes étudiants mercredi dernier. Pas été très efficace. Ici, je pars dans le paysage. Je lève les yeux de mon travail et je vois comme un arrière-plan du quattrocento. Je suis dans le décor de la toile. Les collines moussues du vert des arbres, trouées de maisons aux toits de tuiles blondes. Les vergers aux restanques, la petite église de Magagnosc et ses murs ocre-roux. Dans le ciel, deux nuages, en simples touches blanches. Je devais retrouver Amélie à Mouans-Sartoux sur le coup des six heures. Emmanuel m'y a emmené avec la Lotus. En fait, c'est tout près. Gros embouteillage à l'entrée de la petite ville. Le feu rouge. Le débouché de la rue principale. Amélie était allée à notre rencontre, ce qui a permis à Emmanuel de se sauver avant de s'enfoncer davantage dans la file des pare-chocs. Nous avons fait un tour des stands. Dit bonjour aux uns, aux autres. Virginie Ollagnier m'a présenté à Cécile Reyboz. J'étais content de faire enfin sa connaissance... Chanson pour bestioles, son premier roman paru en janvier chez Actes Sud m'avait infiniment touché. Je n'avais pu faire à l'époque qu'un tout petit papier dans Marianne. Nous avons bu un verre de vin blanc, tous ensemble, à la terrasse d'un café sous les platanes. J'étais convié au dîner des Editions de l'Olivier. Nous étions une quinzaine. J'étais placé à côté de Maryline Desbiolles. Je ne l'avais pas revu depuis mon prix Marguerite Audoux en 2004 pour le 16 rue d'Avelghem. Elle était membre du jury. La soirée à été courte et drôle par moments. J'ignorais que je partageais avec Olivier Cohen une nostalgique ferveur pour les sketches de Fernand Raynaud. Ma femme fait la chèvre, moi, je fais le cochon... Ca eut payé, mais ça ne paie plus. Claire et Emmanuel n'étaient pas couchés quand nous sommes rentrés. Nous avons pris le dernier verre avec eux devant la cheminée. Sans que je sache bien comment c'est arrivé, nous avons évoqué chacun nos premiers souvenirs d'enfance. Douce conversation, fragile comme je les aime, avant d'aller dormir.
samedi 4 octobre 2008
Vendredi 3 octobre. 23h00
Par Xavier Houssin le samedi 4 octobre 2008, 13:11
Amélie est partie à Mouans-Sartoux en emmenant le gros sac de brochures, de calicots, de photos que nous avions trimbalé dans le train depuis Paris. Elle doit installer là-bas le stand de L'Olivier. J'ai l'ai regardée descendre la pente raide de l'allée au volant de la 2 CV bleue, passer le portail et tourner dans le chemin. J'ai passé quelques coups de fil pour «Domaine Public». Pris rendez-vous pour la semaine prochaine avec le président du cercle Anna de Noailles, avec Régine Lussan, la spécialiste de Loti... Amélie est revenue pour le déjeuner. Claire avait préparé un grand plat de ce vitello tonato que j'aime tant. J'ai travaillé l'après-midi à mettre à jour mes listes d'étudiants, à préparer mon atelier de mercredi prochain. Dehors, le vent soufflait. Un mistral incroyable. Tempête sur le ciel bleu. A travers la fenêtre, je voyais les feuillages des oliviers se tordre et ployer les cyprès. L'étonnant de ces longues bourrasques, c'était que l'autre versant de la colline en était étonnamment épargné. Pas un souffle en face. Les rafales se sont calmées avec le soir et le retour d'Amélie.
vendredi 3 octobre 2008
Jeudi 2 octobre. 16h30
Par Xavier Houssin le vendredi 3 octobre 2008, 19:46
J'ai encore raté Béatrice. Nous avions pris un nouveau rendez-vous à midi aux Deux Magots. J'étais en train de rédiger l'interview de Charles Lewinsky et le temps a filé. J'ai bien senti au téléphone un peu d'agacement. Légitime, ô combien. On se voit mardi 7. Je vais faire une ribambelle de noeuds à mes mouchoirs. J'allais changer l'eau de Sulfur, le petit voilier tacheté d'orange et de noir, quand je me suis aperçu qu'il flottait à la surface, le ventre en l'air. J'aimais bien le voir nager dans les interstices du fouillis des plantes qui entourait son bocal. Amélie va être triste. Nous n'avons pas de chance avec nos poissons. Ce soir nous serons à Grasse. Pour les Editions de l'Olivier, elle doit se rendre au festival de Mouans-Sartoux. A quelques kilomètres de chez ses parents. C'est l'occasion de passer trois jours avec eux. Je suis heureux de les retrouver.
Mercredi 1er octobre. 22h10
Par Xavier Houssin le vendredi 3 octobre 2008, 18:44
C'était la rentrée à Censier aujourd'hui et j'étais tout fébrile, énervé et content. J'ai en charge une cinquantaine d'étudiants, en deux groupes. Cette année, je les garde deux semestres entiers. Je voyais Marie Sizun, juste après mes cours, pour un portrait, encore dans Le Pèlerin. Elle publie un troisième livre chez Arléa, Jeux croisés. Le précédent, La femme de l'Allemand, m'avait été, d'emblée, incroyablement proche. Dans cette écriture en effleure, qui dit tout, sans rien souligner. Et puis, j'avais découvert, à notre première rencontre, qu'elle avait été autrefois une amie de mon oncle Georges, à Tourcoing, où elle enseignait. J'aime tant m'agripper à ces fragiles passerelles. Je ne pense vraiment pas qu'on les trouve par hasard. Elle habite un appartement du quartier Montparnasse, au dernier étage, avec des fenêtres qui s'ouvrent sur tout Paris. On a l'impression d'être dans un ballon captif. Elle m'avait préparé une petite tarte aux pommes. Servi un verre de gewürztraminer. Je suis resté plus d'une heure. Difficile de la faire parler d'elle. Elle est envahie de silences, d'inquiétudes, de pudeurs. J'avais l'impression de la mettre sans cesse mal à l'aise. En fait, c'était peut-être moi qui l'étais. J'ai retrouvé Amélie, marché Saint-Germain. Nous avions prévu de prendre un verre avec Christine. Nous en avons bu plusieurs. On vient de lui enlever la direction de la littérature française au Monde des Livres. Je trouve cela simplement injuste. Rien d'autre à ajouter.
Mardi 30 septembre. 23h40
Par Xavier Houssin le vendredi 3 octobre 2008, 16:52
J'ai achevé à midi mon portrait d'Akli Tadjer pour Le Pèlerin. Répondu au courrier. Je devais retrouver Raphaël pour déjeuner. Il m'a emmené au Bistrot d'Henri, rue Princesse. Nous partageons le même bureau depuis quelques mois chez Buchet. Ce qu'il y a de bien avec lui, c'est que le passé n'est jamais suranné. Je pensais à la phrase de Ferré : Les souvenirs, c'est du présent discutable. Ca s'entend comme on veut. Pour moi, il me semble que ça permet juste de réfléchir à demain. Nous avons parlé de Jean-Pierre Martinet, dont il m'a fait lire Jérôme, à paraître en octobre chez Finitude. Quel livre... Envahi d'une noirceur qu'on agrège au début comme une quête mélancolique et qui finit par infiniment peser et par tout envahir. Il y a deux autres titres qui sortent au Dilettante et à La table Ronde. Je ne connaissais rien de cet auteur mort en 1993 à quarante-neuf ans. J'aimerais bien faire un papier dans Le Monde. En voudront-ils? En début de soirée j'ai pris un verre au bar Bac avec Jean-Pierre Cescosse. Il est mon interlocuteur au C.N.L. pour «Domaine Public». Nous nous étions ratés une première fois en juin. Rien de spécial à lui demander sauf peut-être de m'aider un peu mieux à comprendre comment fonctionne l'institution. Et encore... Je me souvenais bien de Mécréants qu'il avait publié en 2005 ou 2006, mais impossible de remettre la main dessus dans le désordre de nos deux maisons. Nous avons passé, comme on dit, un bon moment. Agréable plutôt. A nous entretenir de littérature de manière reposante. Dans une élégante jovialité et sans enjeux compliqués. J'ai rejoint Amélie et Marie au vernissage de l'exposition Séraphine de Senlis à la Fondation Dina Vierny. Peu de toiles. Assez mal mises en valeur. Je sais que pour une grande part, ma déception vient (une fois encore) de l'idée que je me faisais de l'événement et de toute la charge émotionnelle dont je l'avais entouré. Car c'est le Senlis de mon enfance que je venais aussi retrouver ici. Ma mère m'avait raconté l'histoire de cet étrange peintre. J'ai toujours en mémoire l'atelier qu'elle avait occupé rue du Puits-Tiphaine. J'y passais tous les matins pour me rendre à l'école de la rue Saint-Péravy. C'était alors une forge à l'activité bruyante. Le rougeoiement des braises, la folie de Séraphine. Cela me faisait un peu peur et cela me fascinait. Ont-ils «réhabilité», «muséographié», l'endroit ? Ont-ils apposé une plaque sur la façade ? Senlis me manque parfois. C'est ma ville intérieure. Mais à chaque fois que je m'y rends, je suis effrayé de la puissance de l'émotion qui me submerge. A chaque fois, je me dis qu'il vaudrait mieux ne plus y retourner.
Lundi 29 septembre. 22h20
Par Xavier Houssin le vendredi 3 octobre 2008, 11:09
J'avais rendez-vous tôt avec Béatrice au café de la mairie pour parler des livres de chez Gaïa. J'ai attendu un bon quart d'heure : personne. Je suis parti en pestant. A la fin de la matinée, elle appelait pour s'excuser d'avoir été en retard. Sauf que dans la conversation, j'ai compris que j'étais arrivé, de mon côté, une demi-heure à l'avance. Lapin croisé. Je ne sais vraiment pas tenir mon agenda. J'ai passé la journée chez Buchet. Mon projet d'extension de la collection avance, mais c'est vraiment, vraiment plus long que je le pensais. Marie m'a passé un coup de fil, elle voulait me voir. Même cinq minutes. Non, non, il ne se passe rien, a-t-elle rassuré. Je me suis remémoré mes angoisses du week-end à son sujet. Comment ai-je pu à ce point imaginer le pire? Impossible de me raisonner. Nous nous sommes retrouvés au Sauvignon. Elle voulait en fait me donner mon cadeau d'anniversaire. Nourrir les oiseaux, un joli guide paru chez Delachaux et Niestlé. C'est vrai qu'il en vient, de toutes sortes, visiter mes mangeoires à Carolles. Des visiteurs profus. Des mésanges bleues, des charbonnières, des moineaux, des sitelles, des pinsons, des verdiers, des rouges-gorge, des roitelets. Et aussi des pics, des grives et des merles. Des corbeaux et des pies. De gros et gras ramiers, des tourterelles frêles. Amélie nous a rejoint. Nous sommes allés ensemble au cocktail de la délégation générale Wallonie-Bruxelles, boulevard Saint-Germain. Pierre Vanderstappen devait m'y remettre un livre que je n'avais pas réussi à me procurer pour Autour de la nouvelle, la rencontre que je dois animer à la fin du mois d'octobre. Nous y avons retrouvé Martin. Il travaillait avec Amélie au Bateau Livre et s'occupe maintenant de la rédaction de Philosophie Magazine. Ce n'était pas vraiment une surprise de le rencontrer au milieu de tous ces Belges francophones. Mais cela faisait un moment que nous ne sous étions pas vus. Il nous a présenté son père. Champagne. Trappiste de Rochefort. Nous avions prévu de ne pas rester longtemps. Nous nous sommes franchement attardés et quittés à regret. Rendez-vous pris tous ensemble à Bruxelles en novembre. Nous dormirons chez Jeannine, dans la maison de Maurice Carême. Si elle veut bien nous héberger.
mardi 30 septembre 2008
Dimanche 28 septembre. 23h00
Par Xavier Houssin le mardi 30 septembre 2008, 12:11
Le ciel était bleu sans un nuage. J'ai pesté de rester enfermé toute la journée. Enfin... J'ai fini de rédiger mon papier sur le Céline Minard pour Christine et j'ai lancé le questionnaire à Charles Lewinsky à propos de son Melnitz, paru chez Grasset. Le temps pressait. A peine plus d'une heure avant de fermer ma valise. Je rentre à Paris retrouver Amélie.
Je suis allé dire au revoir à Georgette en coup de vent. Un bouquet de dahlias rouges, une dizaine de reinettes qu'elle fera en compote. Je suis resté un moment au cimetière. J'avais apporté la dernière rose de la saison d'un des deux Etoile de Hollande que j'avais plantés l'automne dernier dans le fond du jardin. Même parfum qu'à Senlis. Je l'ai glissée sous la croix, dans le plat de la tombe. Pleurer. Prier. Espérer et croire de toutes ses forces. Oui, ça ira. Ca ira même bien.
J'ai été jusqu'aux Fontenelles, récolté à la hâte un bon kilos de haricots, cueilli de la roquette. J'ai couru ranger la maison. J'ai ramassé les livres, les cahiers et les notes. J'ai fermé les volets. A peine vingt minutes pour rejoindre la gare. Je suis arrivé juste, tout juste, avant le départ du train.
dimanche 28 septembre 2008
Dimanche 28 septembre. 1h20
Par Xavier Houssin le dimanche 28 septembre 2008, 12:20
Pourquoi tu ne lui envoie pas un mail ?, m'a dit Amélie. Elle avait raison, c'était la bonne solution et je n'y avais même pas pensé. Marie m'a répondu. Elle va bien. Je suis rassuré. Il a fait un temps radieux toute la journée. En revenant des courses, je suis passé voir la mer. Personne sur la plage. J'ai marché un peu et je suis rentré me mettre à mes papiers. Le Pèlerin, Le Monde, une interview pour le site d'Hachette. Je n'ai pas fait le quart de ce que j'espérais. Pascale m'a appelé. Elle a fini le livre qu'elle était en train d'écrire. C'est une magnifique nouvelle. Ca m'a surtout touché qu'elle me l'annonce ainsi. J'en ai été tout doucement retourné. J'espère qu'elle me le fera lire bientôt.
Georgette regardait Questions pour un champion à la télévision quand je suis passé la voir. Ca l'a contrarié un peu de devoir éteindre le poste. J'ai oublié de te parler de quelque chose hier, m'a-t-elle dit. Elle a fouillé dans ses tiroirs et sorti un petit papier. Depuis que ma tante Agnès est morte l'été 2007, il faut quelqu'un qui prenne en charge la sépulture de mes grands parents au cimetière de Roubaix. Une concession de pauvres à renouveler tous les quinze ans. La prochaine échéance est pour bientôt. Dans mon 16 rue d'Avelghem, j'avais écrit : Tant que je serai vivant personne ne touchera à leur tombe. Oui, je vais m'en charger.
Vendredi 26 septembre. 23h50
Par Xavier Houssin le dimanche 28 septembre 2008, 11:11
Je suis parti seul à Carolles. Amélie est occupée le week-end entier à Paris avec le festival America. Jusqu'à la dernière minute j'ai hésité à rester. Mais c'était ridicule. Je n'avais aucune envie d'aller traîner là-bas. Nous nous serions à peine vus... N'empêche, ça fait bizarre. J'ai eu du mal à me faire à l'idée que je n'allais pas ce soir la chercher au train. J'ai fait comme si toute la journée. Au Leclerc de Granville, c'était la foire aux vins. Nous avions prévu depuis longtemps d'y craquer tous les sous accumulés sur la carte de fidélité. J'ai dû en rajouter quand même de ma poche. Du pouilly fumé, du viré-clessé, de l'arbois, du bourgueil et surtout quelques belles bouteilles de côtes-du-rhône, cépage mourvèdre. Il faut que cela repose. Je suis passé au potager avant d'aller à la maison. Et j'y ai constaté un petit drame : on nous a fauché un potiron. Ca s'est passé tantôt, m'assure la voisine. Je l'ai encore vu ce matin et je me disais justement : qu'il est beau! Voilà maintenant que nous avons un gang de voleurs de courges. Georgette a qui je le racontais l'histoire en riant s'est affolée. Elle m'assure qu'après les cambriolages d'il y a une dizaine de jours, on assiste maintenant à une succession de menus larcins. Sa kiné s'est même fait dérober un petit poste de radio et une lampe dans sa salle d'attente. Dans notre secteur, tout va bien, m'a dit Mme Bassard comme je passais la remercier d'avoir relevé le courrier. Je crois qu'elle a du mal à comprendre nos allées et venues. Quand est-ce que vous restez un peu? - Bientôt, bientôt... Le jardin est envahi d'herbe. Je n'aurais pas le temps de m'en occuper. J'ai fait mon courrier. Préparé le travail pour demain. Essayé à nouveau de joindre Marie. Je n'ai pas eu de nouvelles d'elle de toute la semaine. Son téléphone portable ne répond pas. Le fixe non plus. je commence à m'inquiéter et je déroule malgré moi toute une série de scénarios déraisonnables et catastrophiques. Ma mère était sujette à ce genre d'angoisses quand pour une raison ou une autre je ne lui donnais pas signe de vie. C'est mon tour à présent.
vendredi 26 septembre 2008
Vendredi 26 septembre. 9h30
Par Xavier Houssin le vendredi 26 septembre 2008, 09:30
J'ai fini par envoyer un petit texto à Christine. Je n'avais pas trouvé encore l'occasion opportune de lui demander. Je voulais mettre les formes. Tant pis. Elle a répondu par retour de message. Elle accepte d'être aussi mon témoin au mariage. Avec elle et Pascale, je serai bien entouré.
Jeudi 25 septembre. 23h00
Par Xavier Houssin le vendredi 26 septembre 2008, 00:31
J'ai regardé à nouveau les livres pour Jeux d'Epreuves pendant la matinée. J'ai vraiment de la chance de pouvoir lire autant. Tous ces paquets qu'envoient les éditeurs chaque jour. Toutes ces pages à découvrir. Je me suis replongé dans le Jean-Marie Blas de Roblès, Là où les tigres sont chez eux. On a l'impression de n'en jamais toucher la fin ou plutôt de la refuser. Vraiment pas envie que ça s'arrête. Epoustouflant roman. A la fois conte philosophique, récit d'aventure, chronique sociale. Et si intelligemment érudit. C'était Josyane qui le défendait. Mais nous étions tous acquis. Difficile d'ailleurs d'imaginer qu'on puisse faire autrement. Lorsqu'on pense que ce texte a été refusé partout avant d'arriver chez Zulma par la poste. Blas de Roblès le dédie à la mémoire de Philippe Hédan. Poète, dessinateur, photographe. Mort il y a plus de dix ans. Il disait qu'à travers les grains de beauté, le noir mesurait la lumière... Je présentais Bastard battle de Céline Minard. Une geste moyenâgeuse violente et folle réécrite dans un faux vieux françoué mâtiné de tout ce que le temps agrège de langages. Je vais écrire le papier pour Le Monde ces jours-ci. Christine vient de m'envoyer un petit mot qui rouvre les commandes. La fin de semaine va être chargée. J'ai un petit chapelet de notules à rédiger pour Le Pèlerin et je dois préparer aussi les tables rondes d'octobre. Josyane m'a déposé en taxi dans le VIe. J'ai fait un saut rapide chez Buchet pour répondre au courrier. Stéphanie fêtait son anniversaire. Nous nous sommes retrouvés autour d'un verre au marché Saint-Germain, avec Pascale, Cyrielle et Denis. Je suis rentré à pied à la maison, dans une drôle de flânerie mélancolique, la tête pleine de pensées parasites sur le temps qui passe, la jeunesse et l'avenir incertain. Je les ai chassées comme un essaim de mouches bleues. J'ai fait les courses pour le dîner. Salade et jambon persillé. Amélie était retenue jusqu'à tard pour je ne sais plus quelle émission de télé. J'ai mis la table et en l'attendant, j'ai rouvert, au hasard du volume, Là où les tigres sont chez eux.
jeudi 25 septembre 2008
Mercredi 24 septembre. 22h45
Par Xavier Houssin le jeudi 25 septembre 2008, 11:09
Je continue à avancer dans le domaine public. Déchiffrer. Défricher. J'aborde maintenant le tournant du XIXe et du XXe, une période qui m'est bien plus familière et où j'ai déjà repéré quelques textes. Il reste encore à rééditer de beaux livres de Pierre Loti, d'Anatole France, de Jacques Rivière. Je ne serai pas dans les temps que je m'étais fixés pour la remise du projet. Pas si grave. Je ne dois rien précipiter. Combien me faut-il pour mettre tout cela au propre ? Quinze jours... Trois semaines...
J'avais rendez-vous au Tabac Henri IV sur le Pont-Neuf avec Akli Tadjer. Je dois rendre un petit portrait de lui pour Le Pèlerin à l'occasion de la sortie de son roman Il était une fois, peut-être pas chez Lattès. Nous avons parlé de son enfance dans le quartier des Halles, puis à Gentilly. Des circonstances qu'il a su saisir surtout. On ne lit jamais autant, on n'écrit jamais autant que lorsque l'on a des parents illettrés, a-t-il dit, moitié pour rire. A la table derrière nous, j'ai cru reconnaître, très vieilli, très fatigué, très seul, Robert Cointepas, l'ancien patron du bistrot, un des « pionniers » des bars à vins à Paris. J'espérais qu'il serait toujours là lorsque j'aurais fini ma conversation avec Akli. J'avais envie de lui dire trois mots. Mais il était déjà parti depuis longtemps. Sans bruit.
Mardi 23 septembre. 22h00
Par Xavier Houssin le jeudi 25 septembre 2008, 09:33
J'ai retrouvé Marie-Caroline pour déjeuner dans un petit restaurant de la rue de Citeaux, près du Faubourg Saint-Antoine. Elle avait la toute journée occupée par des rendez-vous dans le quartier. Elle se débat en ce moment dans un roncier de problèmes personnels qu'elle évoque à peine. Nous avons donc parlé de l'édition, des livres de la rentrée, des polars dont elle est une grande spécialiste. Traductions, collections. Petits ragots et échange de nouvelles. J'avoue que je suis impressionné par son mélange de courage, d'humour et d'orgueil. Vraiment. On s'est quittés à l'angle de la rue Saint-Bernard. Christine m'a appelé comme j'allais prendre mon bus pour me commander un tout petit papier sur L'incertain, le deuxième roman de Virginie Ollagnier. Il devient urgent de reprendre toute la liste de propositions que j'ai faite pour Le Monde et de voir ce qui peut encore raisonnablement passer. Le temps file et il y a quelques portraits auxquels je tiens.
Amélie est venue me chercher chez Buchet. Nous avons passé notre deuxième nuit rue Saint-Charles. C'est étonnant comme j'ai du mal à apprivoiser le lieu. Mais nous allons y organiser des dîners. Pour une fois que nous avons de la place...
mercredi 24 septembre 2008
Lundi 22 septembre. 23h30
Par Xavier Houssin le mercredi 24 septembre 2008, 19:41
Nous avons été porter une valise de nos affaires dans l'appartement de Frédéric et Dominique. J'ai quitté tôt Buchet et mon nouveau catalogue de « Domaine public » pour aller faire des courses. Nous avions invité Marie à dîner rue Saint-Charles. Elle est arrivée avec un gros bouquet de roses jaune vif. C'est bizarre d'habiter chez les autres. On ne sait pas où l'on peut trouver un vase. Où sont les assiettes creuses, le poivre en grain, le tire-bouchon... On est vraiment pas le maître des lieux. La soirée a pourtant été légère et gaie. Mais quand Marie est partie, je crois que je serais bien rentré à la maison. Nous nous sommes couchés dans cette chambre étrangère et j'avoue que je n'étais pas très à l'aise. Au mur, contre le lit, était accrochée une lithographie représentant le « Petit Grégory », l'enfant noyé dans la Vologne en 1984. Je me suis relevé et je l'ai enlevée. C'est bête, mais je n'aurais pas pu m'endormir...
Dimanche 21 septembre. 22h00
Par Xavier Houssin le mercredi 24 septembre 2008, 19:18
Nous nous sommes levés tard. Depuis combien de temps n'avions-nous pas fait le marché sous le métro aérien, boulevard de Grenelle ? Nous avons flâné entre les étals. Acheté une salade, un kilo de prunes, tout en nous offusquant des prix comme les deux provinciaux que nous sommes devenus. A la maison, nous avons continué les rangements. Nous avions le projet de nous installer le soir dans l'atelier d'artiste dont Frédéric et Dominique nous ont laissé les clefs près de la place Balard. Mais tout était encore en capharnaüm à huit heures. Demain, nous verrons.
Samedi 20 septembre. 23h50
Par Xavier Houssin le mercredi 24 septembre 2008, 16:38
Toute la journée à ranger l'appartement. A trier les papiers. C'est sans fin. J'ai remis la main sur des photos, des lettres que j'ai enfouies dans de nouvelles cachettes. Jeter. Garder. Oublier. Nous nous sommes épuisés dans le remue-ménage. Jerôme était à Paris ce week-end. Il aidait son amie Marion à déménager. Nous les avons retrouvés dans un café de la place de la Madeleine. Marion vient de louer un grand studio rue du Faubourg-Saint-Honoré, en face de l'ambassade de Grande-Bretagne. Elle a l'air ravie. Je n'ai pas osé lui dire combien ce très chic quartier continue de me laisser une impression bizarre. Façades creuses et lambris dorés. Pour rien au monde je n'y habiterais. J'ai travaillé plus de dix ans au Service de santé mentale du huitième arrondissement. De porche en porche, de balcons en fenêtres, d'étages nobles en escaliers de service, je sais trop quelle riche gangrène pourrit derrière les façades. Et les rues, là-bas sont désertes de vie. Je ne lui ai rien dit : elle a l'air si contente. D'ailleurs, elle n'a rien à faire de cette histoire. Jérôme, lui aussi était radieux. Nous les avons laissés bras dessus, bras dessous sur le boulevard Haussmann. Nous allions à la soirée d'anniversaire (décidemment...) de Caroline dans le XXe. Beaucoup de monde chez elle. Nous sommes restés un moment à parler poésie et cuisine avec des gens que nous ne reverrons probablement jamais. Nous avons pris date avec Caroline et Jean-François pour un dîner. Un vrai.
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