Chaque semaine je rentre dans un jardin d’après déluge. L’ornière de l’entrée se creuse un peu plus à chaque fois. L’herbe est trempée. Les feuilles tombées font une drôle de tisane dans le tonneau de récupération d’eau. Plein à ras bord. J’attendais le ferronnier qui doit prendre les mesures du cadre qui soutiendra les grandes portes de serre que François nous a données l’an dernier et qu’Emmanuel a réussi, non sans mal, à nous faire parvenir cet l’été. Il a fait deux trois croquis. J’attends le devis. Je n’avais pas appelé Georgette à cause du rendez-vous. Je lui ai téléphoné en fin de journée. Pas réponse. J’ai réessayé à la nuit tombée. Ca continuait de sonner dans le vide. Je suis passé tout de suite, vaguement inquiet. Elle ne va pas bien du tout ma vieille marraine. Elle peut à peine bouger. Son dos est bloqué. Le moindre mouvement la fait gémir. Le médecin est passé hier. Il pense qu’il s’agit d’une vertèbre déplacée. Il a donné des calmants. Ca passera, ça passera, répète-t-elle. Elle m’avait préparé toute une liste de courses. Je t’attendais pour aller coucher, m’a-t-elle dit. Je lui ai installé une planche sous son matelas. Je dormirai mieux sur du dur. Ne t’inquiète pas, ça va aller. Je l’ai quittée plutôt inquiet. Elle est si fragile. Comme prête à casser. Les traits tirés de fatigue et de douleur. Je suis parti chercher Amélie à la gare. Elle sera bien là demain ?, m’avait demandé Georgette. Dîner rapide. Dehors le vent sifflait dans les branches du figuier.