J’ai passé une demi-heure au téléphone avec Erik Orsenna. Une courte interview pour le site d’Hachette. J’ai rédigé le papier dans la foulée et je l’ai envoyé. La remise du Médicis avait lieu à 13h00 à l’hôtel Lutétia. J’y suis parti un peu à reculons. La perspective d’avoir à écrire en deux heures un pseudo portrait du lauréat attendu ne m’enchantait pas vraiment. J’étais encore dans le métro quand Amélie a appelé : Je viens de l’apprendre… Le prix va à Blas de Roblès. J’ai été envahi par une belle bouffée de contentement où se mêlaient la satisfaction que ce fantastique bouquin auquel Laure Leroy et Serge Safran ont cru avec tant d’enthousiasme soit à nouveau distingué (il a déjà obtenu le prix Fnac, le prix Giono, il reste sur la dernière liste du Goncourt). Celle aussi que le travail qu’ils accomplissent chez Zulma soit ainsi reconnu et salué. Celle enfin de n’avoir pas à faire mon pensum sur le livre de l’auteur « concurrent ». En plus, comme Isabelle avait déjà rencontré Blas de Roblès, c’est elle allait se charger de l’article. J’allais avoir ainsi un après-midi plutôt tranquille. Dans les salons du Lutétia, peu savaient déjà. J’ai passé discrètement un coup de fil à Christine, au Monde, pour l’avertir et savouré ensuite un peu sournoisement le privilège d’être de ceux qui avaient la primeur du résultat. Rien que quelques minutes avant, mais avant les autres… Anne Wiazemski a dévoilé le palmarès. Là où les tigres sont chez eux n’est passé qu’au quatrième tour et grâce à sa double voix de présidente. Le Médicis récompense aussi Cécile Guilbert pour son essai Warhol spirit. Je suis allé l’embrasser. A la sortie, Géraldine et Marie Lagouanelle m’ont gentiment agrégé à leur déjeuner. Nous sommes allés chez Enzo, un italien de la rue du Dragon. Les pâtes y étaient relevées, piquantes. Mais j’en voulais davantage. Il fallait que ça arrache. J’ai pensé à cette phrase de Ferré : Le piment, le vrai, c’est celui qu’on rajoute. Et c’est ce que j’ai fait.