Tant pis pour la pluie. J’ai replacé les lettres de cuivre sur la barrière repeinte de neuf. D A K A O. Le nom qu’avait choisi ma mère pour la maison. Le nom d’un quartier de Saigon où ses souvenirs étaient aussi ceux de mon père. Que s’est-il passé là-bas. Je ne peux qu’imaginer. Jamais je n’ai osé poser la question. C’est trop tard maintenant. J’ai ramassé les feuilles mortes. Je les ai entassées en paillis sur les pivoines, au pied des rhododendrons. J’étais trempé. Nous sommes allés dire au revoir à Georgette. Vous revenez quand ? – Vendredi. Elle se perd un peu dans nos allers et venues. Amélie lui a laissé un ramequin de saint-jacques, un peu de bouillon de bœuf, de la soupe et du gratin de son potiron vert. Nous sommes descendus à la plage. Nous avons marché un moment sur la grève. L’estran était recouvert de galets fins, brillants. Nous nous sommes embrassés dans les rafales mouillées. Oui, tant pis pour la pluie. A Paris le courrier attendait. Un gros sac de livres déposé par la concierge. Nous avons dépiauté les paquets. Parmi eux le Sermon de Saint François d’Assise aux oiseaux et aux fusées de Sébastien Lapaque. Par le rêve et la nuit, le chagrin qu’on oublie : Je vous salue Marie.