Nous n’avons pas eu le courage de pousser jusqu’au Fontenelles. Nous savons trop ce qui nous y attend : une prairie trempée où les bottes s’enfoncent. Cette semaine, je ne serai toujours pas parvenu à travailler au jardin. Je dois pourtant tailler les rosiers, élaguer le figuier et le frêne, diviser les phlox, rabattre les pivoines, et surtout planter les oignons des narcisses blancs pour nos plates-bandes de mai. Avant le déjeuner, Noëlle est passée prendre un verre avec Pierre. Je l’ai sentie très lasse. Plus que deux ans, je compte les jours, a-t-elle laissé échapper. Dans deux ans, elle pourra prendre sa retraite. Peut-être s’installer ici. A Paris, elle est cernée de soucis. Son métier d’institutrice a fini par lui peser. Elle a juste besoin de penser un peu à elle. On s’est dit que nous nous reverrions bientôt. Pourquoi pas à un des derniers dîners de la rue Saint-Charles ? Dominique et Fréderic rentrent le 20 des Etats-Unis…