J'ai déjeuné avec Marie-Françoise chez Moissonnier. Elle revient de Saint-Nazaire. Intarissable sur le port, les plages. Elle éprouve une passion littorale de la mer du Nord à l'Atlantique. Je me souviens encore de son retour de Gdansk, enfin de Dantzig, la ville de Günter Grass. Elle racontait ses balades sur la grève, le long de la Baltique, à chercher des galets d'ambre rejetés par la mer. Elle portait justement aujourd'hui un collier d'ambre bizarrement tressé qu'elle avait acheté là-bas, il me semble. Nous avons parlé du livre de Sylvie Weil qui va sortir chez Buchet, évocation intime d'André son père et de Simone, sa tante. J'avais noté en garde d'un carnet cette phrase tranchante extraite d'une de ses dernières correspondances : Je suis prête à mourir pour l'Eglise plutôt qu'à y entrer. Car mourir ne comporte aucun mensonge... Deux tables derrière nous, Pascal Quignard était installé, en famille. Je n'ai pas voulu le déranger, mais j'ai éprouvé de la satisfaction à le croiser ici. J'aime décidément beaucoup ce restaurant. Il me plaît, il me rassure, il m'enveloppe de confort lointain. Nous sommes rentrés ensemble rue des Canettes. J'ai passé l'après-midi à imaginer des montages financiers, titre à titre, pour « Domaine Public ». Ah, si tout ça pouvait fonctionner... Amélie est venue me chercher pour aller à la remise du prix du meilleur roman étranger dans un hôtel du boulevard Malesherbes. C'est Melnitz de Charles Lewinsky chez Grasset qui l'a obtenu. A peine vu Nathalie qui faisait partie du jury. Entr'aperçu Diane qui doit penser que je lui fais la tête tant je réponds pas à ses messages. Salué les uns, les autres. Bu un peu de champagne, ouvert des parenthèses. Nous avons marché jusqu'au métro Concorde. Dans la rue Royale, toutes les boutiques de luxe étaient déjà décorées pour Noël. C'était indécent jusqu'au malaise.