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lundi 23 février 2009

Samedi 21 février 2009. 23h10

Nous sommes allés à Granville commander le parquet pour la nouvelle chambre. Des lattes de chêne clair. Comme la maison change et comme elle a changé. Elle nous ressemble. Nous avons tout décidé ensemble. Tout choisi. Tout agencé. J’espère vraiment que les travaux seront achevés pour le mois de mai. Il y a encore à monter la petite serre du koetsch, le sable de granit à étendre dans la cour. Nous avions rendez-vous en milieu de matinée chez le notaire pour les dernières formalités avant la signature du contrat de mariage. Là aussi le temps se bouscule, il reste tant de détails à régler. Nous étions vers midi chez Georgette avec ses courses. Elle nous attendait. Elle avait sorti le vin blanc et la crème de cassis, les biscuits salés. Avec la tapenade qu’Amélie vient de lui faire découvrir, le cassis est sa nouvelle passion. Jus, liqueur, confitures, pâtes de fruits. Rien que des vitamines, assure-t-elle. Ca me requinque. Après-midi mexicaine. J’ai écrit quelques feuillets pour Le Monde sur Les vies perpendiculaires d’Álvaro Enrigue. Fabien est venu dîner. Amélie avait fait du gratin de bettes. J’ai fait griller les saucisses achetées chez Bisson. Nous avons bu un vieux rasteau. Avant d’aller coucher, j’ai relu mon papier.

Vendredi 20 février. 22h40

Les « nouveaux » travaux de Carolles ont bien avancé. La laine de verre est maintenant installée dans les combles. La porte de douche a été enfin fixée dans la salle de bains et surtout, le menuisier a fini de cloisonner dans le garage ce qui sera bientôt une petite chambre. Je suis passé voir Georgette. Prendre sa liste de courses pour demain. Au village deux vieilles dames sont mortes cette semaine. Sinon, dit-elle, je n’ai vu personne. Façon de parler. Nathalie était là tous les jours et Josette est passée. Nous avons discuté plantes. C’est elle qui a en garde la dernière pousse de l’impatiens dont nous avions ramené du Mexique en 2007. La plante issue de la bouture initiale est morte à Paris, racines étouffées dans un pot à réserve d’eau. A la maison, M. Giffard travaillait silencieusement. Pas besoin de mettre mes bouchons d’oreille. J’ai rédigé le papier sur Les cosmonautes au Paradis de Tom McCarthy que je devais depuis longtemps à Florence pour Le Monde. Fabien a sonné à la porte vers sept heures. Il vient de prendre un nouveau boulot dans la maintenance d’appareils médicaux qui ressemble étrangement à celui qu’il a quitté. Oui, mais la différence c’est que c’est une grosse boîte. J’ai maintenant des RTT, un comité d’entreprise... Je me suis surpris à l’envier. Un travail stable. Des horaires fixes. Un salaire régulier. Quatre ans maintenant que je galère pour trois sous entre les piges aux journaux, les débats littéraires, la fac, les à-valoir de mes livres et de la collection, les demandes de bourses. Je suis fatigué… Amélie arrivait avec le premier train de la soirée. Les jours rallongent. Il faisait encore chien-loup lorsque je suis parti la chercher.

vendredi 20 février 2009

Jeudi 19 février. 23h00

J’ai relu mon portrait de Jean-Claude Carrière. Trois lignes à changer. Je l’ai envoyé au Pèlerin. Claudine m’avait fait parvenir les épreuves de son Dictionnaire amoureux du Mexique au début du mois. J’ai tout de suite aimé ce vagabondage sensible, ces évocations, ces commentaires… Le Mexique, voilà déjà bientôt deux ans que nous y sommes allés pour garder Camille, Victoria et Valentine. Nous n’avions pas fait d’autre tourisme que le marché le matin à Ixtapan et un peu de balade dans Mexico à la fin du séjour. C’était tant mieux d’ailleurs. Pour moi, ce pays restera celui de ces trois petites filles. Quand y retournerons-nous ? J’ai déjeuné avec Jean-Pierre au Bistrot de Paris. Le CNL, ma collection, son dernier manuscrit en quête d’éditeur. Nous avons bu le même gamay de Touraine que celui qui avait tant séduit Steven lors d’un de ses derniers passages à Paris, qu’à la fin d'un repas ici, il avait voulu en acheter je ne sais combien de bouteilles à ramener en Australie. En sortant je suis passé chez Deyrolles. Les insectes capturés l’été dernier et que je n’ai toujours pas étalés commencent à se dessécher. Je cherchais un produit pour leur rendre un peu de souplesse. Du coton et de l’eau, tout simplement, m’a dit le vendeur. Je ne vais quand même pas vous en vendre. Coups de fil chez Buchet. J’ai peut-être (enfin) trouvé un préfacier pour mon volume de Gustave Lerouge. Reste à choisir définitivement le titre à publier. J’hésite encore…

jeudi 19 février 2009

Jeudi 19 février. 0h50

La grève, les vacances. J'avais juste une poignée d'étudiants aujourd'hui... Dans le deuxième groupe, ils étaient si peu nombreux que nous sommes allés finir le cours dans un café rue Censier. Réfléchissez à des projets d'articles... Je les retrouve dans quinze jours. Je suis passé voir Nicole chez Caractères. Elle m'a confié ses livres mexicains. Quel travail. Une anthologie, un roman, deux recueils de poésie, un de nouvelles. Je vais essayer d'en glisser dans mes sélections. Les incroyables poèmes de Monica Mansour surtout. Je ne suis seule que si je ne suis pas/ avec moi-même. J'ai pris le bus jusqu'au Select. J'avais rendez-vous avec François Escoube, le président du prix Marguerite Audoux afin qu'il me donne des conseils pour la sortie de Douce Lumière en mars. Il connaît beaucoup de gens dans le Cher. Il faut organiser des rencontres, des réunions. Sans lui, j'ai peur de me retrouver vite seul. Amélie est venue me chercher là-bas en taxi. Nous allions dîner chez Anne-Gaëlle et Laurent. Ils habitent un appartement grand (petit...) comme le nôtre, au premier étage d'un de ces immeubles « industriels » du XIe. Je m'y suis senti tout de suite bien. Une impalpable proximité. Nous avons passé ainsi une soirée en connivences discrètes. Et en reconnaissances.

mardi 17 février 2009

Mardi 17 février. 23h45

J'ai corrigé les travaux des étudiants et me suis remis aux lectures mexicaines. Beaucoup, beaucoup de papiers à écrire. Je m'y mets dès demain, sinon j'aurai du mal à tout rendre à temps. Un quart d'heure de retard déjà à mon rendez-vous. J'ai couru pour retrouver Brigitte au Perron. D'un livre de son programme à l'autre, nous nous sommes aussi remonté le moral. Tout ce qu'on nous raconte, tout ce qu'on nous diffère... Je l'ai raccompagnée rue Jacob. Amélie avait juste terminé son déjeuner avec Nathalie. Je les ai rejointes au Pré au Clercs pour un café au comptoir. Après-midi chez Buchet à imaginer des financements, des aides, pour les prochains volumes de « Domaine Public ». Amélie m'a appelé vers les 20h. Elle sortait juste de son bureau. Nous avons marché vers Sèvres-Babylone. Nous nous sommes arrêtés au Sauvignon pour un verre avec Nadine. On rentre ? - Oui, j'ai hâte d'être à la maison.

Mardi 17 février. 0h40

J'ai passé une journée lancinante de fatigue et de mal de tête discret. J'ai continué à regarder les livres des auteurs mexicains du Salon. J'ai pris le petit conte à deux récits de Mario Bellatin, Jeux de dames. J'ai continué avec le Enrique Serna, Quand je serai roi que j'ai abandonné dans une bizarre lassitude qui n'avait pourtant rien à voir avec ce que je lisais. J'ai ouvert au hasard le Pléiade d'Octavio Paz : En fermant les yeux/ Je les ouvre dans tes yeux. J'ai fini par sortir en fin de journée. Je suis allé à mon rendez-vous avec Anne aux Editeurs. En l'écoutant parler (elle défendait avec conviction un texte de l'auteur australien Sonia Hartnett paru au Serpent à plumes) je me disais qu'il faudrait que j'appelle Steven à Melbourne pour lui demander ce qu'il en pensait vraiment, lui. Chez Buchet, il n'y avait plus que la dame du ménage (Bon courage, bon courage...) et Jean-François qui téléphonait porte fermée dans son bureau. Je suis parti tout de suite. Alexandre venait dîner à la maison. Amélie avait fait les courses. J'ai arrangé des pâtes aux fruits de mer. Coulis de tomates, ail en copeaux, thym et coriandre fraîche. Nous avons passé un repas très agréablement amical plutôt drôle et aussi littéraire. Alexandre est étonnant dans les arrière-plans qu'il ouvre sans cesse à ses lectures. Moi, j'ai toujours le sentiment qu'un gouffre d'oubli s'ouvre à chaque page tournée. Nous discutions. Et j'ai commencé à étrangement entendre les voix en écho. Coup de barre. Rien à faire. Quelle pitié... Qu'est-ce donc qui m'est arrivé aujourd'hui?

lundi 16 février 2009

Dimanche 15 février. 23h50

Jardinage... J'ai débarrassé la commode. Recouvert le marbre de torchons pliés en plusieurs épaisseurs. Nous avons passé la matinée à remplir de terreau des petits godets en plastique et à semer les graines qui doivent germer au chaud. Si tout prend et se met à grandir, cela risque de devenir impressionnant. Courge verte d'Alger, concombre Rawa, potimarron Kuri, potiron Atlantic géant, potiron Buttercup, aubergine de Florence, aubergine Mirabelle, tomate noire de Crimée, tomate Coeur de boeuf, tomate Zebra, tomate Marmande, tomate Crovanese, tomate Liberty bell, poivron Cherry, piment Fish et j'en passe. Il était midi quand nous nous sommes aperçus que nous n'avions même une salade pour le déjeuner. Nous avons fait le marché sous le métro aérien. Revenus cabas plein. Quand donc viendra le temps de nos pleines récoltes?

Samedi 14 février. 23h15

Ciel bleu et froid de glace. Je suis allé chercher des croissants. Je m'étais réveillé un peu terne. Le passage au dehors a tout revigoré. C'était Saint-Valentin. Une jeune fille au carrefour Commerce distribuait les prospectus des offres spéciales d'un magasin de lingerie. J'ai trouvé une botte de phlox blancs chez le fleuriste chinois de la rue Frémicourt. Je m'y étais pris trop tard pour passer une annonce dans le cahier spécial de Libération. Nous étions invités par Gilles à découvrir son banc d'huîtres de La Marlotte, rue du Cherche-Midi. Je vais finir par me faire à nouveau à l'endroit et mettre de côté tout son passé de palais de Dame Tartine. Les huîtres étaient superbes, le menetou parfait et Gilles charmant. Pas traîné cependant. Nous avions aujourd'hui un repas de famille. Jean-Pie, mon cousin (le fils d'Armand, frère de mon grand-père Joseph) et sa femme Brigitte nous recevaient chez eux près des Arts et Métiers. Il y avait aussi leur fils Jean-Baptiste qui a je ne sais jamais quel poste à l'université de Poitiers. Jean-Pie était éditeur au Seuil, Brigitte enseignait la philosophie. Je les avais rencontrés pour la première fois au moment de la sortie du 16 rue d'Avelghem. Le livre remuait alors quelques vieilles histoires. Nous avions déjeuné très plaisamment ensemble. Ne nous étions pas revus depuis. Leur appartement est au dernier étage d'un immeuble Eiffel, traversé d'un hallucinant escalier à volées multiples. Leurs fenêtres donnent sur les toits et le clocher de Saint-Nicolas-des-Champs. Nous avons passé un moment lent et agréable. Réapprentissage des nouvelles et de la relation. Au dessert, nous avons regardé de vieilles photos. Cherché des noms. Parlé de tirages à refaire... Nous sommes restés dans le quartier l'après-midi. Flâné longtemps vers Beaubourg et Saint-Eustache. Amélie voulait voir des laines à La Droguerie, pour un pull que Noëlle avait promis de lui tricoter. J'ai acheté un gros sac de terreau pour les semis potagers à faire à Paris. Nous sommes allés retrouver Mercedes qui signait son livre, elle aussi, chez Colette. Après la fermeture du magasin, comme la veille, ou presque, nous sommes partis avec la libraire dîner rue Vieille-du Temple, chez Anne, une amie de Mercedes. Je traînais mon terreau. Nous avons bu du champagne. Dans l'appartement trônait un énorme chartreux qui se pavanait d'aisance

Samedi 14 février. 1h45

J'étais invité vers midi par Claudine Castelnau à Fréquence Protestante, une radio installée dans le XVIIe près de la place saint-Ferdinand. Studio en sous-sol et ambiance bon enfant. Nous sommes restés à l'antenne presque une heure. L'émission était en direct. J'ai raconté à nouveau cette étrange coïncidence du livre de Pascale Roze, L'eau rouge que j'avais fini de lire pour Le Monde dans le train qui m'emmenait vers la mort de Maman. De cette époque et de ce décor communs. Du papier que j'avais écrit dans la nuit qui avait suivi. Et du courrier de cette lectrice du journal qui s'était révélée avoir été sous les ordres de ma mère en Indochine. Chronique des hasards nécessaires. J'ai rejoint Amélie qui déjeunait au J'go avec Géraldine. C'était bien de se retrouver ainsi du jour au lendemain. Je ne suis pas resté longtemps chez Buchet : je signais mon livre en fin d'après-midi, rue Rambuteau, aux Cahiers de Colette, la librairie de Colette Kerber. J'y étais arrivé un peu à l'avance et je discutais avec elle quand presque brusquement est entré un monde fou. J'ai reconnu des amis, des gens, des connaissances. Combien, Mon Dieu? J'ai oublié des prénoms au moment des dédicaces. J'étais ému. Je bafouillais. Amélie passait d'un groupe à l'autre. Ca parlait, ça riait. Le trottoir, devant la boutique, était encombré de fumeurs. Mon quart d'heure de célébrité a duré jusqu'à 21h30. Il ne restait plus rien à vendre. Nuit froide du dehors. Nous avons cherché un restaurant. Tout était complet dans le quartier. Joëlle et Bernard nous ont emmené dîner chez eux à La Chapelle. Il y avait Delphine de juste retour de Dehli, Marion et Jérôme. Nous avons bu du brouilly. Très bon. Vraiment très bon. J'ai regardé Amélie, en face de moi à table. J'étais content et soulagé.

Jeudi 12 février. 23h20

J'ai déjeuné avec Géraldine au Perron. Nous avons bavardé longtemps. De ses livres, bien sûr. Le développement des lignes d'Alain Veinstein que je vais proposer à Raphaëlle pour un papier au Monde si personne ne s'en est encore emparé, mais surtout de La solitude des nombres premiers, roman d'un italien que je connais pas et qu'elle a évoqué avec beaucoup d'émotion et de troublant enthousiasme. C'est une histoire d'enfance, d'adolescence et d'effrayante solitude. J'ai comme le sentiment que cela va me toucher... Nous avons parlé de Carolles, du mariage en mai, des travaux dans la maison et de la prochaine fois qu'ils y viendraient en famille. Géraldine et Vincent étaient les premiers à qui je l'avais prêtée l'été 2006. Leur fils Alexandre a cinq ans maintenant. Je pense souvent à lui, petit garçon qui récite des poèmes et qui a hâte d'écrire, remplissant des cahiers de lignes régulières que personne pour l'instant, à part lui, ne parvient à comprendre. Amélie est venue me chercher chez Buchet où j'avais continué l'après-midi mes investigations sur Gustave Lerouge. Nous étions invités à Issy-les-Moulineaux chez Anne-Laure et Damien, les parents de Géraldine (encore), la filleule d'Amélie. A douze ans, elle est l'aînée de quatre filles : Eugénie (10), Mathilde (6) et Justine (3). J'étais passé chez Chantelivres acheter des cadeaux. Nous avons passé un bon moment avec un album de la série Où est Charlie ? de Martin Handford. Rien à faire, je suis vraiment le dernier à apercevoir dans la foule le drôle de bonhomme en chandail rayé rouge et blanc. Moi, ce serait plutôt : Où sont mes lunettes ?

Mercredi 11 février. 23h00

Les cours à Censier. Chez Buchet, les premières esquisses de choix pour le Gustave Lerouge à paraître à l'automne. Dans le courrier, il y avait la lettre d'une dame, sans timbre, déposée à l'accueil. Cher Monsieur, permettez-moi, cher Xavier... Elle était écrite par une ancienne élève de ma mère. Une de ces jeunes adolescentes en uniforme (avec béret s'il vous plaît!), précisait-elle. Le temps remonte encore. Je dois y aller et je dois raconter. Quand commencer? Bientôt. J'ai retrouvé Amélie dans le Marais où elle accompagnait un auteur pour une signature. Jérôme l'avait rejointe. Nous avons bu un verre dans un bistrot à vins de la rue François-Miron. Il avait apporté son CV. Nous l'avons regardé ensemble. Ce serait bien qu'il retrouve vite un boulot.

vendredi 13 février 2009

Mardi 10 février. 22h20

Journée à Lille. Rencontres avec des journalistes, signature au Furet du Nord. Je suis arrivé à midi pile sous une vraie drache. J'ai dû attendre à l'abri que cela se calme pour patauger jusqu'à la place de la Déesse. J'aime Lillle parce que beaucoup de mes émotions s'y entassent, s'y rassemblent. Les souvenirs y font des strates que mon enfance traverse. Lors de mes vacances d'été à Roubaix, on m'emmenait peu ici. Mais à chaque fois, quelles sorties... Ma mère et moi prenions tôt le Mongy, place de la Liberté. Trajet en cliquetis électriques le long du Nouveau-Boulevard bordé de grandes propriétes, de hauts arbres, de verdure. A peine arrivés, nous commencions la visite. La bourse, le palais Rihour, l'hospice Comtesse, les Beaux-Arts où j'ai vu mes premiers Goya. Les jeunes et Les vieilles. Je ne suis pas revenu dans ce musée depuis une éternité. Je garde en mémoire une toile dont je ne saurai dire qui l'a peinte. c'est un paysage de campagne mangé de ciel avec un grand champ mûr bordant un chemin crayeux. Il y a un personnage de dos, déjà loin, qui tient en laisse un chien. Peinture XVIIe, XVIIIe? J'étais fasciné, enfant, par ce tableau. Sans doute voyais-je là mon décor de Senlis et l'orée vers Halatte. Je confonds les deux, en tout cas, à présent. Je suis allé déjeuner dans la rue Le Pelletier. Un potjevlech et un verre de bière brune. J'ai enchaîné quelques rendez-vous. Une vingtaine de personnes m'attendait au Furet à 17h00. Michel Paquot animait le débat. Il y a eu pas mal d'échanges avec les gens qui étaient là. Je suis certain maintenant que l'intime se partage. J'ai dédicacé quelques livres. José, cette incroyable lectrice que je connais du festival de Chambéry 2004 et qui suit partout les auteurs qu'elle aime était venue en voisine de Neuville-en Ferrain. Il y avait aussi Tanguy qui s'était arraché à son travail pour l'occasion. Je suis rentré nuit tombée sous une petite pluie fine. J'ai attrapé le train de justesse. Gare du Nord, Amélie m'avait fait la surprise. Elle m'attendait au bout du quai.

Lundi 9 février. 23h00

M. Lequertier, le marchand de journaux n'a pas reçu mes livres. Il râle gentiment. Ca n'est pas tous les jours! Il a réclamé des affiches et ma photo aussi pour accrocher dans son magasin. J'ai appelé chez Buchet. Tout arrivera demain. Nous avons traîné une journée mi studieuse, mi molle. Promenade à la plage. Le vent commence à souffler au sol, chassant le sable en raz bruissant. On attend une tempête. Nous avons accroché soigneusement les volets. Mme Bassard ira les rouvrir dès le retour du calme. J'ai regardé le vieux peuplier en face de la maison. Pourvu qu'il tienne le coup. Les branches des sapins s'agitaient déjà fort quand nous avons fermé la barrière.

mardi 10 février 2009

Dimanche 8 février. 22h15

Amélie, Jérôme et Marion ont insisté pour regarder la rediffusion du dimanche matin de La grande librairie sur France 5. J’ai essayé d’esquiver un peu. Mais difficile de se rater sur l’écran. Tu étais bien, non ? Mon image, mes gestes, mes mots. Pas certain. Hum, vraiment pas. Mais à quoi bon se défendre. L’important est ce qu’en voient les autres. Et je les crois. D’ailleurs cela tisse un étrange réseau. Après l’émission d’Alain Veinstein, quelqu’un m’a envoyé un message de Chine. J’ai eu un mot aussi d’un ancien condisciple de Senlis. Et d’autres encore. Ca me touche bien plus que je ne m’en dérobe. Je vais répondre. Bientôt.... Nous avons pris la voiture pour aller à Genêts. Je voulais montrer le Mont-Saint-Michel à Marion. Ce si près-si lointain qu’on lui découvre depuis le bec d’Andaine. Nous avons marché un peu en baie. Le luisant, les rivières. Le sable fin ridé, les bordures grises de la tangue et cette immensité. C’est mon paysage, j’y suis bien. J’ai raconté comment la mer gonfle les cours d'eau jusqu'à les déborder. Le danger de la brume. Les pêcheuses de coques englouties sous Tombelaine. Mon père aimait aussi faire le guide. Regardez, regardez disait-il en montrant le lointain, du sentier des douaniers qui borde la falaise. Affaire d'horizon et d'amers remarquables. Nous avons déjeuné tard. Gigot de pré-salé un rien avant saison. Jérôme et Marion ont pris le train du soir. Ca ne vous embête pas de dire au-revoir à Georgette ? Déjà ?, leur a-t-elle fait, dans ce serrement de coeur des petites visites. A la maison, nous nous sommes retrouvés dans un drôle de silence.

Samedi 7 février. 23h50

Pari presque gagné. Du ciel lavé et du soleil, mais aussi des rafales et des giboulées. Au marché de Granville, je me suis laissé prendre à ce presque printemps. D’autant que le potager vient d’être enfin labouré. J’ai acheté au maraîcher une quarantaine de plants de feuille de chêne et d’oignons blancs à repiquer. Sous abri, bien sûr, a-t-il lâché. Bien sûr, ai-je répliqué. Tu parles. J’ai filé à la jardinerie acheter un tunnel de forçage. Une bâche en plastique jaune à monter sur des piquets flexibles. L’après-midi, j’ai traîné tout le monde aux Fontenelles. Vous êtes sûrs de ne pas vouloir vous promener au bord de mer ? Il fallait remettre en place les rosiers déterrés et mis en jauge par les jardiniers, planter les groseilliers qui végétaient à l’ombre des bambous à la maison, installer définitivement le petit ginko, décapité par les garnements de l’été dernier et écrasé par la remorque de M. Jouenne à chaque livraison de bois. Pendant que je m’attelais à ces sauvetages, Jérôme passait la tondeuse dans les graminées sèches pour dégager le genêt, rabattait les framboisiers. Amélie et Marion se battaient avec le mode d’emploi de la serre à salades. A cinq heures, c’était fini. Georgette à qui nous racontions nos travaux n’a pas été avare de ses encouragements. Les jardins lui manquent. Elle nous a donné un calendrier de semis et de plantations pour les mois à venir. Ca tombe bien. La commande que nous avions faite chez Baumaux est arrivée. Un énorme carton de semences et de tubercules. Il faut commencer par les pommes de terre dans quinze jours ! Et les pois aussi ! Gare si l’on rate. Elle va être déçue. J’aimerais tant lui offrir un été envahi de légumes et de fleurs.

Vendredi 6 février 23h20

Marion et Jérôme sont venus à Carolles ce week-end. Je suis parti au premier train du matin avec Jérôme. Amélie et Marion nous ont rejoint avec celui de la fin d'après-midi. Jérôme était resté ici quatre jours en novembre 2007. La maison était alors éventrée de travaux. Les chambres envahies de cartons pas déballés. Le soir de son arrivée, deux canalisations d’eau s’étaient même rompues dans le chantier de la salle de bains. Il avait fallu appeler le plombier à minuit. Mais c’est à peine s’il s’en souvenait. Dans les parenthèses de notre voyage un peu somnolent, il m’a raconté son séjour comme une succession de balades ensoleillées et de plateaux de fruits de mer. Moi j’en gardais en mémoire un temps pluvieux et des nuits glacées. Chauffage indigent et draps humides. Comme quoi… Après deux grands cafés au Pirate nous sommes allés faire les courses. Tu vois qu’il fait beau ! Irréductible optimiste… Le ciel nuageux laissait au loin une minuscule bande d’éclaircie. J’ai fait le tour du jardin. Tout a beau être encore brûlé d’hiver, au sol, marron de feuilles, les premières jonquilles pointent sous le frêne. Le camélia est déjà en boutons. J’avais envie de dire merci. Nous avons déjeuné de quelques praires sautées et d’un petit bar au four. Au soir, côté météo, rien ne s’était dégagé. Le coucher de soleil s’est empâté de gris sombre. A quatre, près du feu, nous avons parié sur demain autour d’une poelée de saint-jacques aux pleurotes. Allez, on y croit. Ce sera froid sec et grand bleu…

lundi 9 février 2009

Jeudi 5 février. 23h10

J'ai enregistré avec Jean-Claude une courte rencontre autour de La mort de ma mère pour le site de Buchet. J'ai eu encore l'impression de ressasser. Je me répète sans cesse. Encore quelque chose que je n'écouterai pas. Ca a duré un quart d'heure. Nous sommes allés déjeuner ensemble ensuite. Jean-Claude voulait absolument aller chez Positano, rue Guisarde. Il en garde d'émouvants souvenirs des pizzas. Bah. Nous nous sommes retrouvés au coude à coude avec les tables d'à côté. Cliquetis de fourchettes et conversations énervées. Côté assiette, rien d'exceptionnel. Mais lui, ne tarissait pas d'éloges sur sa quatre-saisons dégoulinante de fromage. J'ai chipoté dans la parme et roquette. Deux cafés, l'addition. Je suis parti directement à l'enregistrement de Jeux d'Epreuves. J'avais amené Les cosmonautes au paradis de Tom McCarthy. Une aventure assez folle, à Prague, dans les années suivant la révolution de velours. Je n'aurais jamais lu cet auteur anglais si le site d'Hachette ne m'avait pas commandé une interview de lui le mois dernier. McCarthy a écrit une Tangled tale à la Lewis Carroll. C'est brillant, cultivé, drôle. Je vais faire un papier dans Le Monde. Dans le studio, j'étais avec Sabine, Alexis et Sébastien. Bonne compagnie. Nous nous sommes très courtoisement écoutés. A quelques détails près, nous étions d'accord. Retour chez Buchet. Amélie est passé me prendre pour aller au cocktail des 100 ans de La NRF. Beaucoup de beau linge littéraire rue Sébastien-Bottin. Beaucoup de gens connus, de connaissances et d'amis. Et beaucoup d'embrassades. Nous nous sommes échappés tôt. Amélie m'invitait à dîner pour la sortie en librairie de mon livre. J'avais choisi Le grand Venise, rue de la Convention. Un restaurant aux hauts rideaux toujours tirés, Mystérieux, intriguant, et où j'avais toujours eu envie d'aller depuis les années soixante-dix. Immenses bouquets de fleurs, décoration surchargée, personnel obséquieux. La clientèle était moyen-orientale et ostensiblement richissime. Etoles de vison, chevalières et grosses montres dorées. Des Mercedes noires avec chauffeur attendaient à l'extérieur. Que faisaient tous ces gens dans ce coin perdu du XVe? Nous avons passé une soirée surréaliste et drôle, toute en chuchotis et en coups de coude. Nous sommes rentrés à pied, égrenant les (jeunes) souvenirs de nos années ensemble et devant la mairie, nous nous sommes embrassés.

Mercredi 4 février. 22h20

Encore plus d'étudiants dans mon premier groupe. Je suis en retard pour le corrigé de leurs travaux. Allez, ça ira. Je dois juste m'organiser un peu. Fin d'après-midi chez Buchet. Quelques envois. J'ai commencé à travailler à la chronologie d'Anna de Noailles. La semaine prochaine je vais commencer à m'occuper de Gustave Lerouge. Je sens l'année tourner. Le temps passe vite à partir de février. J'ai retrouvé Nadine, Ariane et Frédérique au Sauvignon. Amélie nous a rejoint. Les bavardages se sont envahis de fatigue. Changement de saison. Dommage. Nous aurions bien fait durer la soirée.

Mercredi 4 février. 0h45

J'ai préparé rapidement mes cours pour les étudiants. Questionnaire d'actualité avec Libération, correction des travaux. J'en ai un impressionnant paquet à leur rendre. J'avais rendez-vous place Saint-Sulpice avec M. Martin, le conseiller bancaire qui s'occupe du peu d'argent que j'ai pu placer de mes indemnités de licenciement de Point de Vue en 2005. Je crois qu'il voulait que je transforme une partie de la somme en plan d'épargne retraite ou quelque chose du genre. Mon seul souci est de garder ces trois sous disponibles. Je ne sais tellement pas de quoi l'avenir proche sera fait... Il a eu beau s'efforcer d'être le plus pédagogue possible, comme d'habitude, je n'ai rien compris à ce qu'il m'a raconté. Je crois que je le sidère d'être si obtus. Bon, je lui fait confiance. Il va m'envoyer des papiers à signer. Comment vont les livres?, m'a-t-il dit. Chez Buchet, j'ai refait une nouvelle fois ma liste de préfaciers pour le Anna de Noailles. Je devais retrouver Marguerite au Sauvignon. C'était la première fois que je la revoyais depuis son départ pour Grasset. Au moment où elle avait quitté son poste d'assistante d'édition j'avais réalisé quel était son nom de famille (de Bengy). Je m'étais alors souvenu que j'étais avec un de Bengy au collège Saint-Vincent. Comme j'essaie en ce moment de me remettre au livre que j'avais abandonné à la mort de ma mère et qui évoque en partie ces années-là, j'avais plein de questions à lui poser. Nous avons aussi parlé d'autres choses. En fait, elle m'a surtout écouté. Amélie est passée me chercher. Nous étions invités à l'anniversaire de Jean-Claude. Petit groupe d'amis, beau paysage de nuit du haut de son pigeonnier aux Halles. Au fait, quel âge a-t-il?

vendredi 6 février 2009

Lundi 2 février. 21h45

Il a neigé sur Paris. Au réveil, la grande cour entre les immeubles était entièrement blanche. Les jardinières des fenêtres recouvertes. Dans la rue froide, la chaussée était déjà transformée en bouillasse glissante. Piétons piétinants dans le sorbet gris des trottoirs. J'avais rendez-vous avec Serge chez Zulma pour reparler un peu de mon portrait de Pascal Garnier et me mettre sur les rangs pour la venue prochaine à Paris de David Toscana. Je vais m'occuper en effet d'une partie des papiers Mexique au Monde. D'une double page au Pèlerin aussi. J'ai fait pas mal de propositions aux uns et aux autres, mais El ultimo lector, le roman de Toscana, auteur traduit pour la première fois en France, est un texte très à part, très étrange et magnifique sur les lisières des lectures. Je suis repassé par chez Buchet. J'ai envoyé mon livre à ceux qui y étaient cités. Par ordre d'entrée en scène... A Carolles : Mme Bassard, Mlle Verdé, M. Beltoise. A Granville : Isabelle, M. Guérin... Et puis à Georgette, à Anne-Christine et Francis, à Georges, à Annabelle. Reste René, mon parrain et Henri. Je vais devoir racheter à nouveau des exemplaires. Je n'en ai plus, ayant utilisé la grande part de ceux qui m'avaient été octroyés à des envois de politesse et de proximité, oh combien nécessaires. J'ai retrouvé Amélie tôt à la maison. Nous avons fait une dînette d'oeufs à la coque et nous nous sommes couchés tout épuisés d'hiver.

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