Amélie est rentrée transie de notre balade le long de la grève. Le vent coupant emportait ensemble le sable et la pluie fine. Nous nous sommes retrouvés trempés. La maison nous a semblé délicieusement chaude. Il restait de belles braises dans le feu. Nous avons rajouté des bûches. D’un bois de pommier dont M. Jouenne nous avait livré une corde le matin.
vendredi 6 février 2009
Dimanche 1er février 23h50
Par Xavier Houssin le vendredi 6 février 2009, 23:28
Samedi 31 janvier 2009. 22h45
Par Xavier Houssin le vendredi 6 février 2009, 23:28
Le maçon est venu dans la matinée prendre les mesures de la pièce dont il doit monter les cloisons. Coffrage, pose du parquet, il a promis que tout serait terminé en avril. Le ferronnier aussi a fait plein de promesses. La petite serre du koetsch sera finie au début du printemps. Restera l’électricité, la peinture. Après, la maison sera vraiment transformée. Nous sommes passés voir Georgette. Ses douleurs des mois derniers semblent oubliées. Pour son anniversaire, elle s’est offert un fauteuil bourré d’électronique, dont le dossier, les accoudoirs, l’assise sont modulables. Une occasion en or que Jean-Claude lui a déniché sur internet. Nous l’avons surprise sa télécommande à la main en pleine séance de monte et baisse.
Vendredi 30 janvier. 23h00
Par Xavier Houssin le vendredi 6 février 2009, 23:27
Georgette m’a appelé dans le train pour me confier tout un tas de courses d’épicerie au supermarché. J’ai fait le plein pour nous aussi. Les placards et le frigo sont vides. J’ai acheté un gros carrelet, des langoustines… Ciel clair, temps froid. Près des buis les perce-neige que j’ai plantés en novembre sont déjà sortis de terre. Tout le reste du jardin attend. J’ai ouvert le courrier. Déballé les caisses de viognier arrivées dans la semaine. Le maçon a coulé la dalle dans le garage. C’est la première chose que j’ai dite à Amélie en l’accueillant à la gare le soir.
jeudi 5 février 2009
Jeudi 29 janvier. 22h40
Par Xavier Houssin le jeudi 5 février 2009, 19:18
C'était la grève aujourd'hui. Les métros, les bus, tout devait être bloqué. Je devais aller en début d'après-midi quai André Citroën pour l'enregistrement de La grande librairie, l'émission de François Busnel sur France 5. Je suis parti très avant l'heure. En fait, les transports fonctionnaient sans problèmes et je me suis retrouvé sur place vraiment en avance. Je n'étais pas le seul. J'ai pris un café « en coulisses » avec Philippe Djian qui était invité pour Impardonnables chez Gallimard. Pascale, son attachée de presse, était avec lui. Il y avait aussi Simonetta Gregio dont le roman Les mains nues sort chez Stock en février, venue avec son éditrice, Capucine Ruat. Gwenaëlle accompagnait Chloé Delaume qui publie au Seuil Dans ma maison sous terre. Chloé Delaume, je l'avais découverte comme beaucoup en 2001 avec Le cri du sablier, ce livre terrible qui vous arrache l'enfance comme on enlève d'un coup la peau des lapins. J'ai toujours été troublé, à chaque texte, à chaque fois. C'est fascinant. C'est magnifique. Roman après roman, elle tient l'écriture de ses lambeaux, de ses désastres. J'étais vraiment ému de la rencontrer. Sur le plateau, tout s’est bien passé, du moins je crois. Télé, radio, interviews, quand il s’agit de moi, je suis frappé d’amnésie. Impossible de me souvenir des questions qu’on m’a posées. De ce que j’ai répondu. J'ai juste retenu que Joseph, interviewé dans le petit portrait qui m'était consacré, avait dit des choses bien élogieuses. La diffusion est prévue le jeudi 5 février, puis le dimanche suivant. Je regarderai. Je regarderai… Nous avons pris un verre avec l’équipe après le tournage. J’ai essayé de dire merci le moins maladroitement possible. Tous avaient été attentifs, présents, gentils... J’ai échangé quelques mots avec Chloé Delaune. Nous avons décidé de nous revoir. Pour parler de cette littérature de soi qui nous occupe tous les deux tellement. Et tellement différemment. Chez Buchet, les bureaux étaient presque déserts à cause de la grève. Claire m’a fait raconter l’après-midi. Du fond de son bureau Pascale m’a demandé : Ca allait ? - Oui, oui. J’ai fini d’annoter Les Innocentes, ou la Sagesse des femmes d’Anna de Noailles. Amélie a téléphoné. Nous nous sommes retrouvés au Sauvignon et nous avons mélangé nos deux journées.
lundi 2 février 2009
Mercredi 28 janvier. 23h00
Par Xavier Houssin le lundi 2 février 2009, 01:42
Rentrée à Censier aujourd’hui. Les étudiants m’ont manqué. Un mois, haché d’une seule séance début janvier. Je les ai retrouvés bien plus nombreux qu’au précédent semestre. Comment vais-je me débrouiller avec eux ? J’avais prévu de les faire travailler en conférence de rédaction, mais dans mon premier groupe, ils dépassent la trentaine… N’empêche, comment dire ? Je suis assez content. Je leur ai fait rédiger un petit bilan de l'actu 2008 sur le mode de Je me souviens de Georges Perec. Perec? L'écrasante majorité d'entre eux ne savent pas qui il est. Deux, trois ont pu en dire quelque chose. Une seule a évoqué ses livres. W ou le souvenir d'enfance. La disparition... Mais de Je me souviens, pas un mot. Comme à chaque fois que cela m'arrive avec eux, j'ai l'impression de rater une marche. Badaboum. Comment les références, la culture, peuvent-elles bouger à ce point? A qui la faute? Tout le monde s'en fout, je crois. Mais je sens comme de mon devoir de, vite, jeter des ponts au dessus de ces fossés idiots. De réveiller la curiosité qu'on leur a fait laisser de côté. Il est tant et tant de textes qui peuvent enrichir leur imagination, leur émotion... Ce qu'ils m'ont rendu est d'ailleurs touchant et sincère. Sauront-ils se servir de leur sensibilité comme d'un outil? Au delà des techniques et des phrases apprises? Comment leur être utile? Oui, comment les aider? Ribambelle de points d'interrogation. Je reprendrai tout cela doucement la semaine prochaine. Je devais rejoindre Pascal Garnier au Lutétia. J'étais en avance. Gilles et ses barmen m'ont serré la main. Comment ça va M. Houssin? Ils se souviennent de mon nom avec constance. Ca fait plaisir. Il est loin loin pourtant le temps de ma superbe où, d'un rendez-vous à l'autre, je venais ici presque tous les soirs. Nous nous sommes installés, Pascal Garnier et moi, à une petite table à l'abri du bar. Lagavulin sans glace. Un verre d'eau à côté. Je l'ai embêté pas mal sur ses premières années, ses amours, le pourquoi de l'écriture. Quel écheveau embrouillé et quelle belle aventure. Toujours au bord de l'ennui, à réinventer sa vie. Nous nous sommes quittés un peu émus. Lui, de la crainte d'en avoir trop dit. Moi de celle d'avoir mal su l'écouter. J'espère que le portrait sera à la hauteur de la rencontre.
Mardi 27 janvier. 23h00
Par Xavier Houssin le lundi 2 février 2009, 01:42
J’ai déjeuné avec Sabine à la Marlotte. Je ne suis plus très sûr d’aimer cet endroit. J’étais un habitué au temps où je travaillais à Point de Vue. Nous venions presque tous les jours avec Alain. Lucie, la patronne m’avait pris vraiment en affection. J’y adorais tout. La cuisine abondante et délicieuse : œufs cocotte, petit salé-lentilles, cervelles meunières. Le décor avec les portraits XVIII et XIXemes, les murs envahis de miroirs de toute taille, les banquettes profondes, les nappes un peu saumon. Je me souviens des prénoms des serveuses : Annie, Christelle… Lucie a vendu en 2002, je crois. Un premier repreneur a sinistré l’affaire. L’endroit a été repris par Gilles, le chef de la Bastide Odéon. C’est bien, c’est vraiment bien, mais j’attache ici trop de souvenirs douillets pour que la comparaison tienne. Jamais. C'est tant pis. Je n’ai pas embêté Sabine avec ces vieilles histoires. Nous avons parlé longuement du dernier roman de Serge Rezvani, Le dresseur, dont elle s'occupe au Cherche-Midi. Une histoire de domination trouble. Vraiment en rupture avec son œuvre. Je vais le lire vite. Dès aujourd'hui.
Lundi 26 janvier. 22h30
Par Xavier Houssin le lundi 2 février 2009, 01:30
J’ai passé la journée à relire les romans de Pascal Garnier que m’a fait porter Serge ce matin. L'A26, La solution esquimau, La théorie du panda et le dernier Lune captive dans un oeil mort. Je dois le rencontrer mercredi pour un portrait dans Le Monde. J’ai beaucoup d’affection pour son écriture. Affection, c’est le mot. Je me sens bien dans son univers tendrement noir, désabusé sans secousses. J’ai eu du mal à m’en extirper pour aller à Censier. Mes cours là-bas reprennent mercredi. Il s’y tenait une réunion genre bilan et perspectives pour les ateliers d’écriture. C’était pas mal sérieux, mais ça n’a pas duré trop longtemps. J’ai surtout hâte de retrouver les étudiants.
Dimanche 25 janvier. 22h00
Par Xavier Houssin le lundi 2 février 2009, 01:26
Nous avons passé la journée avec Géraldine, la filleule d’Amélie. Elle va avoir douze ans la semaine prochaine. Nous avions prévu de l’emmener au théâtre, mais elle devait être de retour à Issy-les-Moulineaux en milieu d’après-midi. Des kilos de devoirs. Des maths et du latin et puis d’autres matières. Il faut qu’elle s’avance. Elle est en cinquième. Je ne garde pas un très bon souvenir de cette classe-là. Ni de la sixième d’ailleurs. Ni de la quatrième non plus. Comment dit-on déjà ? Premier cycle du secondaire. Tout ce qu’on vous y fait faire… Elle a beau bonne élève, Géraldine, je crois que ça l’ennuie. Qu’elle s’en ennuie plutôt. Nous avons essayé de faire glisser un peu cette angoisse du dimanche, cette angoisse familière. Amélie lui a donné ses cadeaux, un petit sac confectionné par la couturière de Carolles. Un pull Saint James tout rose et des livres à la pelle. Nous avons déjeuné dans une pizzeria du VIe et faute de théâtre nous avons décidé de faire un tour à la ménagerie du Jardin des plantes. Je n’y avais pas mis les pieds depuis l’enfance de Marie. Plus de lions et plus d’ours. Pas bien vu les girafes. Mais c’est bien les mêmes crocos et les mêmes boas. Les mêmes vautours en cage, le même dromadaire. J’adore les animaux. Géraldine rêve de chats, de chiens, monte à cheval et veut devenir vétérinaire. Brève visite à la Grande galerie de l’évolution. C'est un endroit magique. Je ne m'en lasse pas. Il y aurait là près de sept mille spécimens. Géraldine commençait à craindre d'être en retard. Mais elle était impressionnée par la longue caravane des animaux : les éléphants, les girafes, les gnous, les buffles, les antilopes, les zèbres. Et les lions, les guépards, les panthères. J’ai traîné tout le monde à l’avant dernier étage voir la salle des espèces disparues. Derrière les vitrines on aperçoit d'étranges fantômes d'animaux qui n'existent plus. Je serais resté longtemps, longtemps à regarder l'oeuf d'aepyornis, un gigantesque oiseau, disparu de Madagascar au XVIIIe siècle et dont il ne reste rien d'autre au monde que ce vestige, tellement symbolique. Qui était au commencement ? Vieux débat toujours recommencé. Quatre heures et demie passées. On a pris un taxi pour rentrer. Au revoir. Merci. Elle a foncé à ses devoirs. Oh, que je n’aimerais pas me trouver à sa place.
Samedi 24 janvier. 23h45
Par Xavier Houssin le lundi 2 février 2009, 00:56
Carine avait organisé un « petit déjeuner littéraire » à la bibliothèque. Je présentais les auteurs. Mais pas vraiment comme à Chambéry. Presque huit mois avaient passé et je tenais à mettre un très léger bémol à la prestation. Expliquer qu’il s’agissait maintenant de « vieux » premiers romanciers. Et que leur livre pouvait leur paraître bien loin. Nous avons donc parlé projets. J’attends surtout, après Le cœur cousu, le prochain roman de Carole. Je sais qu’elle va prendre son temps. Tant pis pour mon impatience. Pour le repas, Yves et Carine avaient emmené tout le monde dans une ferme-auberge près d’Herseaux. On a ri. Ca sentait le départ et le revenez-y. Carine sera à Paris pour le Salon du livre en mars. On se reverra bientôt.
Le groupe d’auteurs s’est délité au départ de Lille au gré de ses réservations dans le train. Marion et Jérôme venaient dîner à la maison. A l’arrivée, pas vraiment le temps de faire les courses. Amélie est allée commander au Café du commerce une demi-grosse d’huîtres (six douzaines…). Tu n’as pas peur que ça fasse beaucoup. – Mais non, mais non. Jérôme s’est laissé pousser la barbe. Juste pour voir… Il cherche du travail dans l’édition. Il a confiance. On sent Marion un rien inquiète. Sans plus. La soirée a filé très vite loin de tout cela. Avec le touraine blanc, nous sommes même venus à bout des huîtres. Dernier métro. Déjà ? Ils viendront passer le week-end avec nous à Carolles dans quinze jours.
dimanche 1 février 2009
Samedi 24 janvier. 1h40
Par Xavier Houssin le dimanche 1 février 2009, 16:58
J'étais tôt gare du Nord. Fatigué de la veille. Un rien énervé. J'ai fait le trajet du mauvais côté. Siège dans la rangée droite : impossible de voir la flèche de la cathédrale de Senlis. J'ai fini par me lever pour regarder par la portière. Mais il était déjà trop tard, nous étions loin déjà dans le Valois. A Lille, un bénévole de la bibliothèque de Mouscron est venu me chercher. C'était le week-end du partenariat avec le festival du premier roman de Chambéry. Discussions, tables rondes avec les auteurs. J'ai retrouvé Mouscron avec bonheur, malgré le temps gris et glacial. J'ai posé ma valise et je suis allé boire une Chimay à La Paix. Personne ou presque dans cette belle brasserie de la Grand-Place. J'ai passé un coup de fil à Alexandre pour le remercier de son papier dans les avant-premières de Livres Hebdo sur La mort de ma mère. Alexandre vient d'être papa d'une petite Irène. Quand je l'ai appris, j'ai tout de suite pensé à cette dernière pièce de Voltaire, publiée quelques mois avant sa mort en 1778. Il y a de très belles pages de La Harpe sur la venue du vieux philosophe à Paris pour les représentations. J'étais attendu vers midi pour déjeuner dans un restaurant à deux pas. Tout le monde était là : Carine, bien sûr, mais aussi Carole, Wilfried, Jeanne... Et Claude et Jacqueline, venus de Savoie. Nous avons passé un bon moment d’affectueuses retrouvailles. Je n'avais pas vu la plupart d'entre eux depuis mai à Chambéry. On s’est donné des nouvelles. Parlé des prochains textes. Il drachait ferme à la sortie. De grosses gouttes gonflées par le vent. Je me suis réfugié à l'hôtel pour préparer ma « rencontre des jeunes lecteurs », le soir, avec Richard Andrieux, Solenn Colleter et Jennifer D. Richard. Nous avons attendu un moment que le public arrive. Au bout du compte, il n’y avait pas grand monde. Amélie devait arriver vers 20h30. Je n'ai pas cessé de regarder l'heure au milieu des questions et des commentaires. J'attendais. J’attendais. Carine m'a accompagné la chercher en voiture. Après dîner, elle a traîné toute sa petite bande d’auteurs dans un bar de la périphérie de la ville où sa fille Cassandre (dix-huit ou dix-neuf ans) accrochait ses toiles. Verres de bière et... cigarettes. En Belgique, en effet, on peut encore fumer. Décidemment, c’est un bien beau pays.
Jeudi 22 janvier. 23h00
Par Xavier Houssin le dimanche 1 février 2009, 16:56
J'enregistrais en début d'après-midi à France Culture avec Alain Veinstein pour Du jour au lendemain. J'y avais été invité, il y a quatre ans, pour Le premier pas suffit. Il a tout de suite fait la boucle avec La mort de ma mère. M'interrogeant sur cette phrase du livre : J’ai envie de te dire. De remonter les pas. Comme la dernière fois avec lui, j'ai eu l'impression de répondre à côté. De n'être pas à la hauteur. De ne savoir qu'acquiescer. J'ai de l'admiration pour Veinstein. Il m'impressionne. Il comprend tout. Le réalisateur m'a gentiment donné le disque de l'entretien comme je partais. Je ne crois pas que je vais l'écouter. La diffusion est prévue le 5 février, le jour de la sortie du livre. L'émission est diffusée à 23h30. Je serai sans doute couché.
Mercredi 21 janvier. 23h50
Par Xavier Houssin le dimanche 1 février 2009, 16:38
J'ai envoyé le papier sur Bolek à Catherine. Je lui ai proposé de prendre en charge le « dossier » Mexique pour le Salon du livre. Depuis ma rencontre avec Sergio Pitol à Mexico à l'été 2007, j'ai développé mon goût pour la littérature de ce pays. Florence m'a proposé de faire quelques papiers aussi pour Le Monde. Deux, trois rendez-vous dans l'après-midi. Un préfacier compliqué pour un volume de « Domaine Public », une universitaire qui me proposait des textes, toujours pour la collection... Je suis rentré de bonne heure faire un peu de rangement à la maison. Les poussières aussi. Passer l'aspirateur. Nous attendions Marianne à dîner. Amélie était allé acheter le repas chez le traiteur grec de la rue Lecourbe. Mezedes et moussaka avec du retzina. Malheureux vin de plus en plus éventé : on ne goûte plus jamais son étonnant parfum de térébenthine. Nous avons passé une jolie soirée tous les trois. Mais on se cogne aux murs de l'appartement. Je crois que je préfère recevoir les gens à Carolles. Et Marianne y est plus que bienvenue..
samedi 31 janvier 2009
Mardi 20 janvier. 22h30
Par Xavier Houssin le samedi 31 janvier 2009, 20:57
J’ai pris un verre Marché Saint-Germain avec Pascale. Pas eu le temps de se dire grand chose, elle filait à un rendez-vous. Je la sens emberlificotée dans ses histoires de famille pas drôles. Je me trouve inutile. Ne trouve pas grand chose à faire pour l’aider. D’autant que je ne trouve pas les mots justes en ce moment. Pire, ils m’échappent. Je tiens à peine l'écrit. Je l’ai vérifié encore, après qu'elle soit partie. Amélie m'avait rejoint avec Delphine. Elle ne va pas trop bien. Marie-Sophie et elle ont rompu. Comment, pourquoi, quelle importance... Mais elle était si désemparée dans son courage crâne. Narines pincées et douceur triste. Je sais bien, il fallait répondre, pourtant je n'y arrivais pas. J'avais envie de la serrer dans mes bras et de lui murmurer des Ne t'en fais pas. Ca ira, je te jure. La petite litanie consolante des moments d'abandon. Amélie a parlé pour nous... Delphine part bientôt en Inde. Ce suspend lui fera du bien. Je vais lui envoyer une lettre avant. Avec ces vers de Liliane Wouters : Tu restes toi, je reste moi./ Sauf que, parfois./ Parfois. Je tiens un peu de sa peine dans ma main comme un rien de sel fin. Tout se dissipe. Nous n'avions pas envie de rentrer à la maison. Nous sommes allés dîner au Perron.
Mardi 20 janvier. 15h30
Par Xavier Houssin le samedi 31 janvier 2009, 20:39
Tout va mieux. Tout va bien. C’est incroyable et même inquiétant qu’une petite pilule ait autant d’efficacité en si peu de temps. Beatriz qui tient le standard chez Buchet m’avait vu partir hier soir clopin clopant. Elle m’a regardé avec étonnement. Eh oui, je marche, je trotte. J’ai fait avec Nadine, chez Claude Saintlouis, mon déjeuner de miraculé. Amélie est venue nous rejoindre pour le café. Elle voulait me montrer dans une boutique de la rue Bonaparte un ensemble rouge qu’elle avait envie de porter pour le 2 mai. Il restait juste un modèle à sa taille. Nous l’avons emporté après l’essayage. Elle était trop jolie.
jeudi 29 janvier 2009
Lundi 19 Janvier. 22h30
Par Xavier Houssin le jeudi 29 janvier 2009, 14:22
Je me suis réveillé avec un mal de chien au pied. Pas moyen de le poser par terre. C’était comme une entorse incompréhensible. J'ai entortillé ma cheville dans une bande, serré fort mes chaussures montantes, avalé une aspirine et tenté d’apprivoiser cette fichue douleur. J'avais rendez-vous à midi chez Savy, rue Bayard pour un portrait au Pèlerin de Bolek, le kiosquier-peintre, à l’occasion de la sortie de Je voulais pas crever, le récit de sa vie en dents de scie. Il était invité à RTL. Laurent et Joëlle l’accompagnaient. Je suis arrivé quelques minutes en retard à cause de ma patte folle. Drôle de repas. Notre artiste était pas mal euphorique, un peu confus. J’ai laissé mes questions de côté. On a causé comme on a pu. Trinqué au bordeaux. Quelle belle journée, répétait-il. Il a demandé du rab de frites, un café liégeois avec plein de chantilly. J'ai griffonné trois notes. Tout a passé vite. Nous sommes allés prendre un café ensuite Laurent et moi. Ce livre, c’est lui qui l'a sorti, tout seul, seul d'une gangue de logorrhée lasse et d'anecdotes brisées. Sans lui, qu’en serait-il resté ? Beau travail d’écrivain. J’ai encore en mémoire Cathar 6 qu’il avait publié fin 1990 au Fleuve Noir. Est-ce qu'il a écrit d'autres bouquins ? Je ne sais pas... Je vais essayer de les retrouver.
J'ai fini par aller chez le médecin. J’avais trop mal. Trois quarts d’heures à feuilleter avec ennui de vieux Paris-Match dans la salle d’attente d’un généraliste de l'avenue Emile Zola qu’Amélie était allé consulter l’automne dernier. Un bonhomme sympathique et foutraque. Une espèce de Cosinus jeune tenant cabinet au milieu d’un épouvantable désordre. Des piles de revues. Des monceaux de papier. Ca ne vous effraie pas ? A vrai dire, ce foutoir aurait plutôt tendance à me rassurer. Rien de grave, m’a-t-il dit d’ailleurs. C'est la gaine des muscles. Je n’ai pas vraiment compris, ni écouté. Je suis reparti avec une ordonnance d’anti-inflammatoires. Je me suis traîné jusque chez Buchet. Répondu au courrier. Envoyé quelques exemplaires de mon livre. Amélie est passé me chercher. Nous avons pris un taxi pour rentrer. Je marchais comme un vieillard.
vendredi 23 janvier 2009
Dimanche 18 janvier. 23h50
Par Xavier Houssin le vendredi 23 janvier 2009, 17:39
Nous étions invités à déjeuner par Josette et Jean-Claude à Marcey-les-Grèves, avec Georgette. Pour son anniversaire. Nous n'étions jamais allés chez eux depuis leur déménagement de Champeaux. Ils habitent un pavillon dans un lotissement des années soixante-dix, près de la route de la baie. On voit le lycée d'Avranches à flanc de coteau et, en bas les herbus à perte de vue. La Sélune coule tout près. Le paysage est beau. Un rien triste. On sent qu'ils ont fait un achat raisonnable. Jean-Claude le dit d'ailleurs. On vieillit, il faut l'admettre. Nous avions besoin d'une maison confortable. Il nous a emmené voir son potager près de la rivière. Rangées de poireaux. Rangs de choux de Bruxelles. C'est la morne saison. Petit tour à son atelier installé au sous-sol. Il y répare ses trouvailles de brocantes. Il dérouille, dégrippe, recolle, réassemble et revend ses bricoles dans les vide-greniers ou par petites annonces. Josette avait fait du lapin à la bière. Fanny devait passer avec ses filles. Nous avons attendu un moment. Amélie avait des livres pour les petites. Nous ne nous sommes décidés à partir qu'en fin d'après midi. Pour ne pas rater le train.
Samedi 17 janvier. 23h40
Par Xavier Houssin le vendredi 23 janvier 2009, 16:40
Nous avons été studieux. J'ai écrit mon papier pour Le Monde. Amélie a lu des épreuves, préparé des listes de presse. Le feu ronflait. Dehors, le redoux d'hiver tombait en rideau de pluie froide. Je suis sorti en hâte refaire la provision de bois sous l'auvent. Le tas est déjà très entamé. Il faut commander une nouvelle corde. J'allais téléphoner quand M. Jouenne qui nous fournit en bûches a sonné à la porte. Il avait dû faire un saut à sa maison de Saint-Pair pour je ne sais quelle histoire de toiture. Il était accompagné de sa femme. Nous avons pris le café. Ca ne faisait pas un grand détour de voir si vous étiez là. Je m'étais dit qu'avec le froid passé vous aviez peut-être beaucoup brûlé. J'aime bien ces petits hasards. Nous serons livrés la semaine prochaine. Le maçon aussi s'est manifesté. La dalle du garage sera coulée avant la fin du mois. Il l'a promis en tout cas.
mercredi 21 janvier 2009
Vendredi 16 janvier 22h30
Par Xavier Houssin le mercredi 21 janvier 2009, 10:04
Je suis passé voir Georgette en arrivant à Carolles. J'avais acheté près de la gare un petit bouquet de roses. C'était son anniversaire. Quatre-vingt huit ans. L'âge de ma mère quand elle est partie. Elle est désormais l'aînée de cette famille où il y avait quinze enfants. Elle était née la quatrième après les deux premiers de l'autre mariage de mon grand-père Joseph. Restent avec elle maintenant mon oncle Henri, quatre-vingt six ans bientôt, et qui ne va pas très bien. Mon oncle René, mon parrain, qui aura ses quatre-vingt ans fin 2009. Georges enfin, mon oncle prêtre qui aura célébré les enterrements de beaucoup de ses frères et soeurs et qui va très bientôt sur ses soixante-dix-huit ans. Ici la terre est molle de dégel. Les ornières se creusent. J'ai nettoyé un peu le jardin. Fait du feu. Téléphoné longuement à Richard Morgiève pour le papier que je dois rendre sur son roman ce week-end au Monde. Amélie est arrivée par le train de neuf heures moins le quart. Je garde toujours une inquiétude diffuse avant de la voir apparaître sur le quai. Mais elle était parmi les premiers à descendre.
mardi 20 janvier 2009
Vendredi 16 janvier 1h10
Par Xavier Houssin le mardi 20 janvier 2009, 22:52
J’ai pris le train de 7h30 pour Paris. Je n'aurai rien vu de Nantes. Je serais bien allé faire un tour au passage Pommeraye, d'autant que Claire et Emmanuel m'ont offert à Noël l'intégrale des films de Jacques Demy. Le passage, je l'avais juste traversé en coup de vent il y a maintenant six ans quand j'avais été invité dans la région par Catherine Graal, la fille du poète, pour parler du 16 rue d'Avelghem. Je reviendrai. J’ai passé le trajet à relire les livres pour Jeux d’Epreuves. J’ai continué dans l’après-midi jusqu’à l’heure de l’émission. Il y avait Josyane, Nathalie et Frédéric. C’était lui qui était censé défendre le dernier Paul Auster, Seul dans le noir, chez Actes Sud. Il s’y est essayé sans grand enthousiasme. A sa décharge, il faut dire qu’il n’y avait vraiment pas grand chose à en dire. J'avais amené En voie de disparition de Daniel Depland chez Denoël, un troublant exercice d’outre-tombe (le narrateur est censé être mort), poétique, entêtant. Josyane m’a raccompagné à la maison en voiture. Il me restait juste deux heures pour écrire le texte que je devais lire à la fête organisée autour du dernier roman de Richard Morgiève. Nous devions être une quinzaine d’auteurs à décliner le titre : Cheval. J'ai pensé à mes heures d’équitation au manège de la caserne à Senlis. Pas vraiment des bons souvenirs. Je les ai livrés en vrac. Peut-être un peu trop bruyamment. Enervé sans aucun doute. La soirée avait lieu dans un théâtre, rue Rochechouart. Nous étions pas mal de monde. Retrouvé Marie-Rose, Florence. Nicolas, Régis, Christelle. Une valse de gens. Richard était content. Alice aussi, je crois. Amélie et moi avons filé au milieu du champagne. Trop fatigués. Surtout moi. Pardon.
lundi 19 janvier 2009
Mercredi 14 janvier 23h50
Par Xavier Houssin le lundi 19 janvier 2009, 00:43
J’étais à Nantes en fin d’après-midi. Thérèse est venue me chercher à la gare. Nous avons retrouvé Régine Detambel à l’hôtel et nous sommes partis tout de suite rejoindre « le lieu unique », l’ancienne biscuiterie LU devenue centre culturel et scène nationale depuis 2000. Ambiance grand loft là-bas. Béton gris et poutrelles. J’avais une heure et demie de rencontre prévue avec elle et je dois dire que j’appréhendais un peu. On se parle depuis trop longtemps sans trop bien se connaître. Une interview au téléphone, une conversation dans un café. On s’était même vus une fois chez elle à Juvignac il y a une dizaine d’années. J’étais à Point de Vue alors. J’avais arraché un portrait… Elle est un écrivain qui me correspond. Difficile de le dire autrement. J’approche dans ses livres le plus petit commun multiple de mes préoccupations. De mes émotions essentielles. J’ai compris, je crois, où cela s’accrochait. Dans l’enfance, dans la peur. La lucidité douce. Et dans les mots bien sûr en ce qu’ils refont la vie. Son œuvre a croisé tant de moments précis. Je me sens avec elle comme en correspondances. Voilà ce que je ne voulais pas rater ce soir. L’échange a duré un peu plus longtemps que prévu et tout s’est bien passé, du moins je le crois. Pas mal de questions du public. On s’est quittés après dîner. Chacun de son Merci, à très bientôt... Et je lui ai donné mon livre.
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