J'ai repris mes notes pour Jeux d'épreuves. Déjeuné à la va-vite. Répondu au courrier. Renvoyé, un peu plus étoffée, la liste de propositions en littérature française pour Le Monde que Raphaëlle n'avait pas eu le temps de regarder. Je lui ai surtout redemandé s'il était possible que je prenne en charge la poésie, laissée « vacante » dans le journal depuis le départ de Patrick. Pourvu que ça marche. Je me débats pour repousser les bords de la peau de chagrin de mon travail... C'est de ne jamais avoir de vraies commandes, de vrais projets, qui me met en retard sur tout et me perd dans d'incessants tricotages de temps perdu. A l'émission je défendais Cartouche de Nellie Campobello paru chez Caractères, une suite « d'histoires vraies » de la révolution mexicaine écrites à hauteur d'enfant. Nellie Campobello était une petite fille pendant ces années de confusion et de violence. Les textes sont des moments rassemblés au fil des réminiscences. Cela donne des séquences terribles et en même temps très tendres. Je ne connaissais pas Nellie Campobello. J'ai appris qu'elle était une des grandes figures des « années d'or » de la culture mexicaine entre 1930 et 1950, poète, écrivain, danseuse, chorégraphe. Elle avait été l'amie de Frida Kahlo, de Diego Rivera, de José Clemente Orozco... Cartouche est le premier de ses livres traduit en français. L'enregistrement a fini beaucoup plus tard que prévu. Je me suis dépêché de rejoindre Amélie. Nous avions rendez-vous avec Camille et Dorothée, aux Trois Baudets pour un concert du groupe Mendelson. Nous ne sommes pas restés bien longtemps dans la salle. La sono était tellement épouvantable que nous avons dû fuir. Quel gâchis. Nous nous sommes retrouvés tous les quatre sur le trottoir du boulevard de Clichy pas mal dépités. Qu'est-ce qu'on fait? Une ou deux cigarettes. Nous avons marché un peu. Et nous avons fini par nous venger de la soirée (côtes-de-bourg et pommes aillées) dans un restaurant du Sud-Ouest de la rue des Abesses.