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vendredi 24 avril 2009

Lundi 20 avril. 22h00

La journée a filé, molle et ensommeillée à cause de notre réveil aux aurores. Nous avons pris le premier train. Petite panique à cinq heures et quelques dans le jardin : la voiture ne démarrait pas. Je crois qu'il est temps de la porter à la révision pour s'éviter à l'avenir ce genre de frayeurs. Mais, comme j'ai de plus en plus de mal à m'arracher à la maison, je ne peux pas m'empêcher de voir dans les hoquets de la Twingo le prolongement mécanique de mon refus de partir.

lundi 20 avril 2009

Dimanche 19 avril. 22h30

J’ai encore repoussé le départ à demain matin. Juste voir la nuit tomber, ici, sur le jardin. La journée a été calme. Un verre au casino de Jullouville pour réserver le déjeuner du lendemain du mariage. Promenade sur la grève. Amélie a teint des tissus. Mis de l’ordre dans nos affaires. J’ai coupé du bois et rangé le vin dans la resserre.

Samedi 18 avril. 23h00

J’en ai vu des gens... Journée remplie. Carolles le matin : des habitants du village et puis des Parisiens, mes cousins, quelques élus aussi et la presse locale. Les uns parlaient de ma mère, d’autres de l’air du temps, racontaient leurs histoires. La famille, les enfants. Les livres, les coins de pêche, les balades. Cécile avait aperçu un renard en promenant son chien vers le Lude, Madeleine guettait la floraison des genêts sur la falaise, Philippe trouvait des mots simples pour les couchers de soleil. J’étais bien avec eux. Trois fois rien. Et puis tout. Amélie est venue me chercher. Elle avait apporté une bouteille de bourgueil rosé. Nous avons trinqué avec Nellie et Charles. Déjeuner rapide avec Georgette à la maison. Virginie, la tapissière, est passée prendre les mesures pour des rideaux. Enceinte et radieuse. Ce devrait être un garçon... J’étais à Granville vers quinze heures pour la suite des signatures. A L’encre bleue de Bruno Séron, j’ai fait aussi de belles rencontres. Raccrocher doucement le bord de mer, les oiseaux, les étoiles, le nom des plantes des chemins, les pays lointains et la littérature. L’après-midi a passé comme un souffle. J’étais sur le petit nuage de ma célébrité.

Vendredi 17 avril. 23h15

Trajet maussade à travers une campagne envahie de brouillard. A l’arrivée, le ciel était propre et clair. Je suis d’abord passé par le village. Le pain. Deux bifsteacks chez Bisson. Des huîtres, une barquette de garriguettes chez Charuel. Vous avez vu ? m’a dit Jocelyne. - Non, j’arrive juste. Je suis dans le journal. Il y a ma photo dans La Manche libre. Dans Ouest-France aussi. Je signe demain matin à la librairie-journaux de Nellie et Charles Lequertier et l’après-midi chez Bruno Séron à Granville. Pourvu qu’il y ait un peu de passage. A la maison, j’ai retrouvé M. Giffard qui finissait de poser les étagères dans la chambre. Encore des livres ! Il rigole. Il lui reste encore un placard d’angle à finir. Ca va être juste… L’électricien a posé les prises, installé une dernière applique dans la salle de bains. Au jardin, les narcisses plantés pour le mariage ont déjà fané. La clématite rose est en fleurs sur l’arceau. J’ai desherbé, ratissé les allées, enfoui de l’engrais, arrangé les hortensias, attaché les rosiers grimpants. Le frais tombait avec le soir. Je suis passé voir Georgette. Elle rentrait juste. Josette l’avait accompagnée à une consultation chez un spécialiste à Avranches. Plusieurs heures d’attente dans le cabinet. Avec toute la délicatesse dont ces gens-là sont capables, il lui a diagnostiqué une récidive d’un cancer très ancien. Un soi-disant cancer, dit-elle. Mais le médecin a insisté : il faudrait une petite intervention. Des rayons. Elle s’insurge : A mon âge! Et puis je n’ai pas mal. Elle a quand même accepté de faire une échographie. Que veux-tu ? De toutes façons… Je suis parti chercher Amélie à la gare. Nous avons dîné chez Noëlle. Elle aussi avait fait du jardinage toute la journée.

Jeudi 16 avril. 22h15

J’ai appelé Nadine à l’hôpital. Mardi, elle a fait une chute dans son escalier et s’est fracturé la jambe près de la cheville. Je n’ose même pas imaginer la douleur. Au téléphone pourtant, elle était « comme d’habitude », tonique, râleuse, inquiète pour son travail, pleine d’humour et de générosité. Il faudra venir dîner à la maison, mais c’est vous qui ferez la cuisine ! Les médecins la font déjà sortir demain. Elle en a pour plus d’un mois sans pouvoir poser le pied par terre. Ca ira bien tu sais. – Quand même… - Promis, je te dirai comment tu peux m’aider. Je devais voir Pascale chez Buchet. J’ai dû annuler le rendez-vous : trop de travail en retard. C’était pourtant important. On réimprime le 16 rue d’Avelghem pour la troisième fois. Et elle a accepté le principe d’une couverture illustrée. J’avais déposé sur son bureau hier une enveloppe avec des photos. Joseph et Angèle dans le jardin. Joseph et ses poules. Angèle et son linge. Des groupes posant endimanchés. Des enfants en ribambelle. On s’est envoyé des mails. J’ai rédigé un nouveau texte de quatrième. Tout cela m’a l’air assez bien parti. J’ai préparé Jeux d’Epreuves. L’enregistrement avait lieu un peu plus tard que d’habitude. Joseph enchaînait deux émissions à la suite. Je n’ai pas été très suivi sur La vie amoureuse des fleurs dont on fait les parfums de Jean-Pierre Otte. Seul Baptiste a abondé dans mon sens. Il faut dire qu’il avait été en reportage chez Otte, à Larnagol dans le Lot, il y a quelques années et qu’il était revenu sous le charme du bonhomme. A la décharge de Jean-François, virulent contradicteur, et de Nathalie, un peu plus que réservée, je dois reconnaître que ce titre n’est pas son meilleur. Il est cependant le dernier d’un cycle (L’Amour au naturel) de neuf livres tous aussi réjouissants les uns que les autres, commencé en 1995 avec L’amour au jardin chez Phébus et continué chez Julliard avec L’amour en eaux dormantes, La sexualité d’un plateau de fruits de mer, j’en passe. Tout récemment : Les amours de Sailor le chien. C’est à cette petite somme épicurienne, pleine d’humour et de tendresse que je voulais rendre hommage. J’espère avoir été un peu convaincant. Avec Nathalie et Baptiste, nous avons pris un verre aux Ondes à sortie du studio. Nelly nous a rejoint avant d’enchaîner sur Le Masque et la plume. En les quittant, j’ai traversé le pont de Grenelle à pied. Je me suis arrêté au milieu pour regarder couler la Seine à la pointe de l’île aux Cygnes. Sur la rive droite du fleuve, tout près, j’ai vu l’immeuble du quai Louis-Blériot où une amie de ma mère lui avait prêté un appartement juste après ma naissance. Où était Amélie ? Elle sortait juste de L’Olivier. Je l’ai retrouvée pour faire deux ou trois courses au Monoprix de La Motte-Picquet. Coppa, roquette, artichauts grillés. Puis nous sommes vite rentrés.

Mercredi 15 avril. 23h20

J’ai enfin reçu la préface des Innocentes. Enfin, une esquisse plutôt que j’ai passé une partie de la matinée à travailler. N’empêche, je suis soulagé. Cela commençait vraiment à traîner. J’ai appelé Josyane pour lui demander si elle accepterait de signer l’avant-propos. Comment n’avais-je pas pensé plus tôt à elle ? Je crois que je me suis pas mal pris les pieds dans la construction de ce volume. Mais il faut dire que je suis resté dans le flou bien longtemps et que l’avenir de la collection continue à se jouer titre à titre. J’avais rendez-vous au Seuil avec Ying Chen, venue du Canada pour quelques jours. Elle publie son dixième livre, Un enfant à ma porte. Nouveau texte d’un cycle de maintenant cinq titres, commencé en 1998 avec Immobile, et qu’habite un étrange personnage, « la femme de A. » , figure folle d’un temps qui passe et qui revient en boucles et en noeuds. Pas facile de dénouer l’écheveau. Le soir, nous dînions chez Brigitte et Jean-Luc, rue Rambuteau. Nous y avons retrouvé Alix et Jean-François, leur fille Marine, son ami Olivier. Photos, voyages, littérature, médecine chinoise et spiritisme. Nous n’avons pas vu le temps passer. Brigitte et Jean-Luc ont un bobtail de trois mois, un chiot tout gentil et pataud avec qui j’aurais bien joué. Mais il paraît qu’il faut qu’il apprenne à être sage.

mercredi 15 avril 2009

Mercredi 15 avril. 1h15

Le réveil a sonné à quatre heures et demie du matin. Je me suis levé étonnement en forme. Pied de nez à ma déprime d'hier sans doute. Dans le train, Amélie s'est emberlificotée dans les manteaux et les écharpes et s'est endormie profondément aux premiers tours de roue. Elle a filé à L'Olivier dès l'arrivée à Vaugirard. J'ai retrouvé l'appartement encombré des paquets que la concierge avait déposés pendant le week-end. J'ai déballé les livres. Commencé à lire ceux reçus pour l'enregistrement de Jeux d'Epreuves jeudi. Le remède et le poison de Dirk Wittenborn dont parlera Nathalie, Résidence des étoiles d'Angelo Rinaldi. J'avais déjà les épreuves des Onze, un très beau texte de Pierre Michon sur ce que l’histoire donne à voir, sur ce qu’on imagine... Je déjeunais avec Francine du côté de la Bourse. Elle est rédactrice à Challenge et a été une de mes enseignantes en journalisme au CPJ à la fin des années 1980. Elle m'a appris beaucoup. Je lui dois le peu de rigueur que j'ai. Nous nous sommes raconté nos histoires de boulot, nos histoires de famille. Avec la sincérité de ceux qui se ne voient pas souvent. Cela faisait au moins trois ans. A quand la prochaine fois d’ailleurs ? J'ai remonté jusqu'aux Grands boulevards par les passages. La galerie Feydeau, la galerie des Variétés, les Panoramas. Dans le métro, j'ai croisé Sabine. Elle revenait du Figaro et était montée dans le même wagon que moi. Nous avons fait un bout de souterrain ensemble. A la maison, j'ai continué mes lectures puis je suis parti un peu avant 19h00 retrouver Amélie à L'Olivier. On y fêtait son départ. Elle s’en va en effet à la fin de la semaine prochaine : la personne qu’elle remplaçait reprend son poste. Je sais qu’elle a le cœur gros. Quelques coupes de champagne à la maison d’édition, puis Olivier Cohen a emmené dîner une petite troupe de fidèles marché Saint-Germain. Geneviève, Camille, Pierre, Alix, Violaine, Laurence. Nathalie et Nathalie... Il y avait ceux que je connaissais bien, ceux que je connaissais moins et ceux dont j’avais juste entendu parler. Le repas a été affectueux, drôle, très simple et doucement nâvré. Amélie a reçu plein de cadeaux. Une fois de plus, dans tout ce que les uns et les autres manifestaient, j’ai vu, à quel point elle était rare et précieuse. Une fois de plus, j’ai mesuré ma chance et je me suis senti sottement fier. Infiniment reconnaissant.

mardi 14 avril 2009

Lundi 13 avril 2009. 21h00

Fabien est venu prendre un café avec nous ce matin. Il partait à une brocante à Sartilly. Vous venez ? Pas le temps. Je voulais profiter de cette journée pour nettoyer le jardin, attacher les rosiers, planter les derniers hortensias. Il fallait aussi débarrasser le koetsch pour que ferronnier pose les portes et les châssis de la serre. Nous avons déjeuné sur la terrasse. Sommes retournés aux Fontenelles encore arracher un peu de cruau et passer la tondeuse dans l'allée. Comme il faisait beau. Dans le milieu de l'après-midi, l'heure du train approchant et les valises à faire, tout s'est assombri d'un coup malgré le ciel bleu et j'ai ressenti, venue de très loin, une angoisse de fin de dimanche et de retour à la pension. Je me suis assis sur le banc près du frêne, les yeux un peu perdus dans la haie. Pas envie de bouger. Pas envie du tout. Amélie s'est approchée. Ne t'inquiète pas, m'a-t-elle dit. Tu sais, on peut rentrer demain.

Dimanche 12 avril. 22h10

Enfin un peu de soleil. Nous avons retrouvé Georgette à la sortie de la messe de Pâques. Tiens, justement, je ne vous ai pas donné vos œufs. Les poules de Marie-Thérèse pondent à nouveau. Elles s’étaient arrêtées presque tout l’hiver. Un verre de vin blanc avec du cassis ? Juste un alors. Noëlle va passer à la maison prendre l’apéritif avant d’aller déjeuner chez des cousins. Elle est à Carolles depuis une semaine et y reste jusqu’à la fin des vacances. Elle range, elle jardine, part de balader le long du sentier des douaniers. Nous avons, chacun de notre côté, des activités qui se ressemblent. Les journées sont si simples ici. Nous avons passé l’après-midi aux Fontenelles. C’est le printemps aussi pour les plantes adventices. La terre labourée fin février s’est déjà recouverte de pousses serrées de chiendent (elytrigia repens), de plantain (plantain major), de véronique (veronica persica), de trèfle (trifolium repens) et d'orties (urtica dioica et urtica urens). Au diable la botanique. Passer le croc, le rateau, le racloir. Arracher les grosses touffes à la main. Saleté d'orties. En quatre heures, nous ne sommes parvenus à nettoyer qu’un tiers du potager. On s'est regardés. Je n’en peux plus. J’ai fait mes plantations. Amélie a cueilli des salades et nous sommes rentrés couverts de terre et fatigués.

Samedi 11 avril. 22h50

Marché tôt à Granville. Sale temps. Les rues étaient humides et glacées comme en novembre. Froid aux mains, froid aux pieds. Nous sommes passés voir Bruno Séron à L’Encre bleue. Je signe mon livre chez lui la semaine prochaine. J'espère qu'un peu de monde viendra et qu'il ne sera pas déçu. Un café au Pirate. Nous avons acheté des praires, deux petits saint-pierre, des pieds de cheval. Un gros bouquet de fleurs de jardin pour offrir aussi. Nous étions invités à déjeuner chez Jean-Manuel et Hélène Bourgois. Enfin pas exactement chez eux. Des amis leur avaient prêté une grosse maison dix-sept ou dix-huitième du côté de Saint-Lô. Granit et vieilles poutres. Nous avons fait ensemble un repas quasi familial, car Amélie leur est liée par un jeu subtil d’alliances du côté de son grand-père. C’était plutôt gai. Il y avait là Eve, leur fille qui attend un bébé, Cesare, son compagnon, les deux fils des propriétaires des lieux, arrivant juste des Etats-Unis, la sœur d'Hélène… En repassant par Granville, nous avons acheté un lit pour la nouvelle chambre, des flûtes à champagne pour le mariage, du rosé de loire pour l’été, des groseillers, des artichauts et des salades pour le potager.

Vendredi 10 avril. 23h00

Le temps s’est gâté passé L’Aigle. Les gros nuages noirs qui accompagnaient le train ont fini par crever sur le bocage. Sur les vitres, avec la vitesse, les goutellettes faisaient une course de petits serpents transparents. Se poursuivant, s’avalant, grossissant jusqu’à disparaître. A Granville, il tombait un crachin portuaire et trempé. La voiture n’a pas démarré. Plus de batterie. Les gens de chez Avis m’ont dépanné. J’ai pu ainsi aller jusqu’au garage pour la faire remplacer. J’avais perdu ma matinée. A la maison, la peintre passait une dernière couche à la porte du garage. En quelques semaines, comme tout a changé... Le couvreur a terminé le toit du garage, le parquet est posé dans la nouvelle chambre, les étagères fixées. Le ferronnier a même embarqué les portes de serre pour les décaper. Au jardin, M. Mitaillé a taillé les haies, tondu la pelouse, installé un arceau pour la glycine, étalé partout au sol du sable de granit. Les narcisses sont en fleurs. La plate-bande est toute blanche. Quelle pitié qu’il pleuve. Je suis allé voir Georgette. Elle m’attendait. Quinze jours que nous n’étions pas venus. Comme elle me donnait des nouvelles des uns et des autres, elle a pris brusquement un air grave. Il faut que je te dise… La dernière pousse de l’impatiens ramenée du Mexique en 2007 est très mal en point. De minuscules insectes ont colonisé les feuilles qui grisent et se désèchent. J’ai mis du produit, mais je crois que c’était trop tard. La plante n’a pas très belle allure en effet. Elle l’a installée dans sa chambre, à mi-ombre. Je la soigne, dit-elle. Il faut garder espoir. Quelques courses. Je me suis dépéché de rentrer. J’attendais un journaliste de Tendance Ouest, une station de radio locale, qui devait m’interviewer. Nous avons passé un long moment ensemble. Après l’enregistrement, nous avons bavardé. Jean-luc Lefrançois a, comme il dit, une autre casquette. Il est prêtre à Donville... J’ai rangé, trié interminablement les vieux papiers. La pluie avait cessé. Parfum de terre mouillée. J’ai ouvert les huîtres achetées chez Charuel et j’ai été chercher Amélie à la gare.

lundi 13 avril 2009

Jeudi 9 avril. 23h40

En un rien tout est allé très vite. Au début de la semaine, les bourgeons des marronniers étaient juste distendus, laissant échapper au sommet une minuscule pointe verte. Je n'ai pas vu passer les jours. Aujourd'hui, une éclosion de petites feuilles a partout envahi les branches. J'ai fait le tour de la place Saint-Sulpice nez en l'air et je suis remonté par la rue Férou jusqu'au Luxembourg pour continuer à me laisser envahir de premières ramures. Amélie est rentrée de bonne heure. Nous avons rangé l'appartement toute la soirée. Préparé des sacs, des paquets. Demain, je pars à Carolles. Chargé comme un baudet.

Mercredi 8 avril. 22h00

Toujours pas de cours à Censier. Les prochaines semaines, ce seront les vacances. Je ne reverrai les étudiants que fin avril. J'en ai profité pour terminer le dossier de subvention du CNL pour mon Anna de Noailles. Il faut que je trouve encore un préfacier. Je cherche aussi quelqu'un pour rédiger un court avant-propos. Un point de vue de lecteur. J'ai téléphoné à Annie Ernaux. Dans Les années, elle avait cité deux vers de L'offrande à la nature, un des poèmes du Coeur innombrable : Je me suis appuyée à la beauté du monde / Et j'ai tenu l'odeur des saisons dans mes mains. Pas sûr qu'elle accepte. Je crois que je ne suis pas très sensible à ses textes en prose... Je lui ai quand même adressé une copie des Innocentes. J'ai déjeuné chez Fernand avec Pascale et Christine. Mes deux témoins pour le mariage... Au soir, j'ai retrouvé Jaunay au Sauvignon. Après Milosz et Nostoc, 13 h 58, elle est en pleine écriture de son troisième roman. Les premiers sont parus chez L'Harmattan, ce serait bien qu'elle trouve un autre éditeur. Nous avons bavardé d'un verre à l'autre. Amélie nous a rejoint. Et la nuit nous a ramenés tous les deux à la maison.

Mardi 7 avril. 16h00

Le dentiste a fait la moue. Visite de contrôle. Tout va bien. Pas de caries, mes quelques plombages tiennent bon mais mes dents sont usées à force de serrer, de grincer, de mâchouiller les stylos. Elles ont de l'avance sur vous... Drôle de perspective. Je suis sorti du cabinet un peu bizarre. J'ai inauguré mon détartrage en déjeunant avec Hélène à la Boissonerie.

dimanche 12 avril 2009

Lundi 6 avril. 23h00

J'étais encore dans le métro, en route pour Censier. Annie m'a appelé. Il y a encore des problèmes à la fac. Pour l'instant les portes sont fermées. Mais je te ferai entrer. Je devais participer à une réunion d'information professionnelle avec les étudiants. Raconter sa vie, son travail. Les appariteurs m'ont laissé franchir les portes. Qu'est-ce qu'on fait ? Très vite, j'ai compris qu'il n'y avait aucune chance pour que les salles soient accessibles. Je rentrais un peu agacé du temps perdu quand j'ai reçu un coup de fil d'une étudiante. Nous sommes cinq, vous voulez bien qu'on se voie un peu ? Et me voilà un quart d'heure après installé à la terrasse d'un café à parler formation et filières. Vocation et désir. Ce que l'on veut vraiment, vous savez, je suis certain qu'on peut l'obtenir. Méthode Coué ? Pas tant que cela. Mais le problème est de « vouloir vraiment » ...

Dimanche 5 avril. 23h00

Nous sommes allés à la messe des Rameaux à Saint-Jean-Baptiste de Grenelle. L'église était pleine d'enfants. Et cela faisait au coeur un incroyable printemps. Il y avait bien longtemps que nous n'avions pas passé un dimanche à Paris. Nous avons fait le marché rue de la Convention. Acheté des petites seiches encore toutes noires d'encre. Pris un verre de vin blanc en terrasse au soleil avant de rentrer, panier chargé, à la maison. Au soir, j'ai terminé mon papier pour Le Monde sur le dernier roman de Rafael Chirbes. Amélie lisait, la fenêtre ouverte. Ecoute... Dans le noir de la cour, du côté des arbustes, une trille et une autre, et encore et encore. Pas de doute possible, c'était un rossignol.

vendredi 10 avril 2009

Samedi 4 avril. 23h50

Ariane m’avait prêté sa voiture. Nous sommes allés la chercher au parking Saint-Germain. Un grand break Peugeot bleu aux portières défoncées. Sans elle, cela aurait été bien compliqué. Aller à Senlis par les transports en commun est une petite expédition. Le train gare du Nord jusqu'à Chantilly. Le car ensuite. Des horaires capricieux et un trajet interminable pour seulement cinquante kilomètres. Je signais mon livre en début d'après-midi dans une « nouvelle » librairie de la place Henri IV. Je dis juste « nouvelle », parce qu'elle n'existait pas autrefois. Enfin, du temps où j'habitais là-bas. J'aurais mieux aimé être dans la librairie que tenait Mme Fiévet, là où sont tous mes souvenirs de lectures d'enfance, mais pour tout un tas de raisons, ce n'était pas possible. Je n'ai pas perdu au change. Christian Sohier, le « nouveau » libraire a été charmant, attentif. Il avait fait toute une vitrine où l'on ne voyait que mon livre et j'ai vu bien des gens. Nous nous étions promenés avant. Je n'ai pas voulu aller jusqu'à la maison, mais nous avons marché. La rue aux Flageards, la place de la Halle, la rue du Châtel. Mon ancienne école de la rue Saint-Péravi. La Fausse-Porte. La rue du Puits-Tiphaine. Je connais par coeur les pavés, les façades. Je pourrais me promener ici avec les yeux bandés. J'ai senti qu'Amélie épousait tout cela et mon émotion s'est rassemblée en elle. Mme Fiévet était là la première et on s'est embrassés. C'est à elle que je dois ce goût que j'ai des livres. Je passais des après-midis dans sa boutique. Le tourniquet des poches, les étagères basses, les rayons, les casiers. Mon monde est né chez elle. Petit monde de papier. Et puis sont arrivées d'anciens élèves de ma mère, celles d'Anne-Marie Javouhey et ceux de Saint-Vincent, des Senlisiens aussi que j'avais oubliés. Mme Rallon, Mme Werhlé, M. Sochalas, le père de Blandine. C'est drôle comme se retissent les liens comme en hier. Fabienne m'avait envoyée une amie. Patrick m'avait dépêché son fils. Je reviendrai à Senlis, j'y ai mon prochain livre. Il est là en entier, juste passé l'écran du trop de nostalgie. J'ai repris la voiture pour rentrer à Paris. Bouchons sur l'autoroute. Je me suis perdu dans la Plaine Saint-Denis. Nous sommes arrivés en retard pour le dîner chez Evelyn, rue Coquillère. Il y avait Christine, Marianne. Nathalie, qui avait retardé son départ en vacances juste pour qu'on se voie. Champagne.

Samedi 4 avril. 2h10

J’ai bu un café avec Renaud au Sauvignon sur le coup des neuf heures. Il est comédien, scénariste, écrivain. Nous nous étions rencontrés à Chambéry en 2004. Il venait de publier Les deux morts d'Hannah K. Nous nous sommes suivis de loin en loin. Un verre. Une soirée. Un petit mot de fin d’année. J’ai lu ses livres. Room service, Tabloïds... Nous sommes restés deux heures ensemble à dérouler nos histoires. Je lui ai raconté mon prochain texte. Il va m’envoyer le manuscrit qu’il vient de terminer. En le quittant, je suis allé chez Buchet avancer un peu la chronologie d’Anna de Noailles. J’y ai passé l’après-midi. C’est loin d’être fini. J’ai été chercher Amélie rue Jacob. Nous étions invités chez Cookie, dans son nouvel appartement, à deux pas du Musée de la vie romantique. Une soirée d’auteurs, de peintres, de photographes. Que du beau monde. Buffet froid et vin rouge. Conversations et apartés. J’ai bavardé avec Caroline et Jean-François. Avec Marie-Hélène. Avec Philippe, qui m’a semblé si fatigué, si las. Nous ne sommes pas restés très longtemps. J’étais attendu sur le plateau de Café littéraire, l’émission de Daniel Picouly sur France 2. Le tournage avait lieu à deux pas, au Moulin rouge. Et comme d’habitude, j’allais dire, cela s’est fermé comme une parenthèse hermétique. Aucun souvenir de ce qui s’est passé. Il y avait là Sophie Davant. Patrick Souchon qui venait d’écrire La chanson de Nell, un livre sur sa mère et avec lequel, en lisant, je m’étais senti pris dans des boucles de hasards, de coïncidences de lieux et de correspondances. Ca a été ? Amélie et Claire m’attendaient dans la loge. Très bien. Vraiment très bien. Nous avons pris le même taxi avec Claire. Elle aussi habite le XVe. Je serais bien allé prendre un verre quelque part. Mais c’était bien trop tard pour le quartier.

Jeudi 2 avril. 22h00

J’ai préparé Jeux d’Epreuves. Lu surtout Le journal volubile d’Enrique Vila-Matas que présentait Cécile. Un texte qu’on croirait évacué d’intime, tant son auteur semble y oublier sa part personnelle. Mais c’est paradoxalement dans cet effacement qu’il se révèle et qu’il s’apprivoise. J’ai déjeuné très tard aux Ondes, juste avant l’émission. Tartare « italien ». J’avais commandé la même chose la dernière fois que j’étais venu. C’est simplissime et vraiment bon. Je me suis raconté tout seul la recette. Saler et poivrer abondamment la viande hachée à grosse grille. Ajouter du basilic ciselé, des copeaux de parmesan. Lier le tout avec une huile d’olive plutôt fruitée. Voilà. On peut rajouter aussi quelques pignons écrasés… Je suis arrivé le premier dans le studio. J’ai relu mes notes. Je défendais La solitude des nombres premiers de Paolo Giordano au Seuil. Un premier roman vraiment poignant sur l’adolescence, l’isolement, la difficulté à grandir que m’avait fait découvrir Géraldine. Je m’étais enthousiasmé, mais j’avais aussi un peu peur d’avoir été séduit par le ressassement de mes propres histoires, jamais finies, jamais réglées. Tous ont aimé. Cécile, Nelly, Clara, Joseph. Quand cela se passe comme ça, je me sens tellement conforté.

jeudi 9 avril 2009

Mercredi 1er avril. 23h10

La fac est encore bloquée. La grève dure. J'ai adressé un questionnaire d'actualité aux étudiants. Ils en feront ce qu'ils voudront. Je devrais peut-être imaginer de faire cours hors les murs. Dans un café, au jardin des plantes. Je ne sais pas. Quelque chose comme ça. Au courrier, j'ai reçu une enveloppe de mon cousin Jean-Pie. C'était les photos dont nous avions parlé lorsque nous avions déjeuné ensemble en février, rue Rambuteau. Des clichés anciens de famille où il fallait retrouver qui était qui. J'y ai découvert deux visages. Celui de mon arrière-grand-père Louis Lapierre, tout jeune homme moustachu, en garçon de café, au studio du photographe, torchon sur l'épaule et plateau à la main. Celui aussi de mon grand-oncle, Georges Lapierre, en uniforme de fantassin, au repos à l'arrière des lignes, peu de temps avant qu'il tombe en juin 1915 à Notre-Dame-de-Lorette. J'ai vu aussi mon arrière-grand-mère Marie, avec dans les bras sa chatte blanche dont je sais, grâce à ma mère, qu'elle s'appelait Polaire. Je l'ai retrouvée plus loin, posant assise dans le fauteuil de son salon. Derrière elle, le petit tableau pieux des Sept douleurs de la Vierge, qui était accroché à l'étage rue d'Avelghem, que ma mère avait installé dans sa chambre, et qui est maintenant au mur de mon bureau... Je vais montrer tout cela à Georgette. Il est tant de personnages que je ne connais pas. Pourtant, ce sont les Miens. Bref passage chez Buchet. Amélie est passée me chercher. Nous avions rendez-vous avec Sophie au Nemours avant d'aller au Théâtre français voir ensemble La grande magie, d'Eduardo De Filippo. Je ne connaissais pas du tout. La pièce raconte l'histoire d'un magicien un peu filou qui présente un spectacle miteux devant les clients d'un grand hôtel de bord de mer. Parmi eux, un mari jaloux et sa femme qui va profiter du numéro pour disparaître pour de bon dans le sarcophage égyptien et rejoindre son amant. Mais le vaudeville déborde vite. A quoi sert l'illusion ? Comment rêve-t-on sa vie ? Tant de questions que je me pose. Sans cesse. Mais nous avons surtout ri. De très bon coeur.

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