Nous avons fermé la maison, porte à porte, volet à volet. J'ai coupé les fleurs fanées des pivoines arbustives. Les roses aux pétales confits de pluie. Les derniers bouquets brunis des camélias. J'ai arrangé dehors dans un vase le bouquet offert par Jocelyne Charuel, le dernier qui nous reste et qui tient solidement en verdure et en épines. Palmes, chardons, ronces. Quel accrochant souvenir. J'ai dit au revoir au frêne. Nous avons pris le train à Granville comme depuis longtemps. Un vrai retour vers autre chose. Je n'en suis pas ravi. Amélie avait un rendez-vous pour le déjeuner. Moi, je retrouvais Lionel Destremau au Seuil pour croiser nos corrections sur les épreuves du Jean Cayrol. J'ai filé chez Buchet lire l'avant-propos que Josyane m'avait envoyé pour Les innocentes d'Anna de Noailles. J'attends toujours la préface. A chaque fois, le volume est un peu plus long à terminer. Je sortais juste quand a éclaté un gigantesque orage. Près d'une heure de ciel noir et de gouttes battantes. De rafales et de grêlons. Je suis resté sous un porche en attendant que la pluie cesse. J'ai retrouvé Amélie, en retard, à trois rues de là. Nous avions prévu de dîner chez Nadine. Depuis son accident, elle vit cloîtrée dans son appartement, se déplaçant à grand peine. Ca me ferait plaisir... Nous avions amené un carré d'agneau de chez Bisson, une salade du jardin, des rattes. Les photos du mariage aussi. Le chat est monté sur la table pour se faire caresser. C'était une belle soirée.