J'ai accumulé un retard insensé sur les papiers à rendre. J'ai terminé pour Le Monde le portrait de Ying Chen à l'occasion de la sortie d'Un enfant à ma porte au Seuil. Son dixième livre. Je l'avais rencontrée il y a trois semaines déjà. Elle est chinoise, exilée depuis vingt ans au Canada dont elle a maintenant la nationalité. Elle écrit directement en français avec une étonnante aisance. Il faut écrire dans la langue de ce que l’on vit, dit-elle. Ce dernier roman raconte comment une femme trouve un jour, comme dans les contes, endormi sur son seuil, un petit bonhomme de cinq ou six ans qu’elle adopte instantanément, sans questions. Il a probablement fui le tremblement de terre qui a détruit la ville voisine. Mais peu importe. Voilà l’occasion d’assouvir malgré le trop tard un désir maternel qui la taraude et de se conformer à une foule d’attentes sociales. Dès le début du texte, on sait que l’histoire ne durera pas. La protagoniste du texte est récurrente dans l'oeuvre de Ying Chen. Elle l'appelle « La femme de A. ». Etrange personnage, embarqué dans les mémoires mêlées de plusieurs vies. C'est très inquiétant et très beau. Amélie a travaillé aux Fontenelles. Elle a désherbé des heures durant les planches envahies de véronique, de pissenlit, de trèfle et d'orties. Je l'ai rejointe pour arroser. Et prendre la mesure du désastre miniature de nos plantations. La moitié rescapée de ce que nous avions repiqué a complètement disparu en terre. Les potirons, les concombres, les courgettes. Plusieurs salades ont flétri sur place. Trop chaud, trop froid, trop soif.... Le reste tient encore bon. J'ai bichonné les tomates, gratté sous le tunnel au pied des melons qui poussent timidement de petites fleurs jaunes. Nous ferons de nouvelles tentatives après les saints de glace. 11, 12 et 13 mai : saint Mamert, saint Pancrace et saint Servais. Franck et Nicole nous avaient invités pour l'apéritif dans leur maison de Saint-Pierre-Langers. Nicole nous a montré son coin potager. Un vrai jardin école. J'avoue que ça agace.