Amélie est partie tôt pour Carolles. Je suis resté à Paris la journée. Je devais enregistrer un Jeux d’Epreuves. J’ai préparé l’émission. Rangé un peu. Je présentais Appelle-moi Brooklyn d’Eduardo Lago que j’avais rencontré en avril avec Marie-Claire Gracedieu, son éditrice chez Stock. Fantastique bouquin. Appelle-moi Brooklyn est un premier roman que Lago a mis vingt ans à écrire. Une histoire gigogne qui est le livre d’un lieu, de son histoire et de sa nostalgie. Un livre des origines aussi, de leur complexité et de leurs liens serrés. Un livre qui raconte un amour, une quête. Un livre qui explique, enfin, comment se fait un livre, justement. Ce qu’est un écrivain. J’avais beaucoup aimé la conversation que nous avions eu tous les deux. Eduardo Lago vit à New York. Nous nous étions dit que nous nous donnerions des nouvelles. On verra bien. J’attendais davantage d’enthousiasme pour ce texte. Là encore, ai-je bien su le défendre ? Pas certain. Cécile avait amené Les Morot-Chandonneur de Philippe Jullian et Bernard Minoret, réédité dans les Cahiers rouges de Grasset. Un étonnant recueil de pastiches s’enroulant autour de la saga généalogique d’une famille très bourgeoise du XVIIIe siècle aux années soixante. Sade et Robbe-Grillet. George Sand et Marguerite Duras. Quel art de l’imitation juste et du pas de côté. Nous avions tous envie d’en lire des passages à voix haute. J’ai pris un verre aux Ondes avec Baptiste en sortant du studio. Il est très au fait de la rentrée littéraire. Moi, je commence à peine à m’y intéresser. Quelques titres, des idées. J’étais à la gare en avance. Le train était déjà formé. Voyage long vers le couchant. Amélie m’attendait à l’arrivée.