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samedi 30 mai 2009

Jeudi 28 mai. 23h00

J’ai fait le tour du jardin ce matin. Enlevé les roses fanées, tuteuré deux pivoines rouges, arraché les rares pissenlits et les prêles qui étaient parvenus à pousser dans la cour. Il faut que je me résolve à couper les fleurs de l’angélique avant qu’elles ne montent en graines. Sinon la plante va mourir. J’ai traîné un peu, je me suis assis à la table sous le sapin. Regardé les pinsons qui voletaient autour de la mangeoire. Amélie m'a rejoint pour boire le café. Je voulais aller sur la tombe de Maman. Le bouquet de genêts que j’y ai déposé doit être tout desséché. C’est la fin des genêts. Ils partent en petites cosses vertes. Je voulais me rendre au cimetière, mais impossible de me mettre en route. je ne sais pas pourquoi. Nous sommes partis faire des courses à Granville. Des amandes de mer, des lançons, deux moussettes. J’ai relu les 21 irréductibles de Raphaël Sorin, pris quelques notes pour le papier que je dois rendre au Monde. Georgette n’était pas chez elle. Elle a repris son « atelier mémoire » à Saint-Jean-le-Thomas.C’est signe qu’elle va mieux. Josette l'a conduite. Elle est la doyenne là-bas. Elle y écrit des nouvelles, de minuscules poèmes qu’elle me fait lire quelquefois. Nous sommes allés chercher Noëlle à l’Atelier pour dîner. Soirée calme, un rien mélancolique, à mettre en commun nos souvenirs et à parler familles. C’était une drôle de journée, ai-je dit à Amélie comme nous allions voir les étoiles. Oui, comme une étrange et douce parenthèse.

jeudi 28 mai 2009

Mercredi 27 mai. 22h00

Réveil au matin tôt. Fatigués. Presque impossible de s'arracher à la tangue profonde et tiède du lit. Nous sommes arrivés pile à la gare. Amélie s'est endormie dans le train. J'ai essayé de lire, mais je me suis aperçu que je recommençais sans cesse les deux mêmes pages de la vieille traduction de Théo Varlet de Trois hommes dans un bateau que je voulais annoter pendant le voyage. - C'est du repos dont nous avons besoin, dit Harris. Une tension du cerveau excessive a entraîné chez nous une dépression générale de l'organisme. Le changement de milieu, la suppression de tout autre souci, rétabliront l'ordre psychique... J'ai de bonnes nouvelles du côté de Jerome K. Jerome. Après les atermoiements, et finalement le refus, de Phébus, j'ai peut-être la possibilité, ailleurs, de diriger une édition qui rassemblerait plusieurs textes en un volume. J'ai demandé à Laurent s'il serait disponible pour les traduire. C'est oui. Pourvu que tout cela marche. Il vient d'achever au Livre de poche une nouvelle traduction d'Alice au Pays des Merveilles et de La traversée du miroir. « Traversée du miroir », justement, à la place de « De l'autre côté ». Le travail qu'il a fait est admirable. Tout est juste et évident. Les deux livres sont comme dépoussiérés et rendus à eux-mêmes. Nous avons passé la journée en bricoles, en rangements. Franck est venu en fin d'après-midi pour une histoire de canalisations. Il est resté boire un verre. Nous avons parlé de son bateau et des îles. Longtemps. L'heure avait filé pour aller voir Georgette.

Mardi 26 mai. 23h00

J’avais sollicité un bref entretien auprès de Jean-Manuel chez Buchet. Cette fois, ça a été clairement dit. « Domaine Public » ne continuera pas. Allez, pas de commentaires. J’ai continué de vider le bureau qu’on m’avait octroyé en juin dernier. J’aurai tout enlevé à mon prochain passage à Paris. Rencontre en début d’après-midi, toujours chez Buchet, avec Eustachy Rylski, un auteur polonais de Noir sur Blanc qui vient de publier La condition, un roman très sombre au temps de la Russie des guerres napoléoniennes. L’histoire de deux officiers que tout oppose, déserteurs sur un malentendu, et embarqués dans une amitié qui ne s’exprime qu’en conflits d’honneur, en dérision et en violence . Maryla Laurent, la traductrice du livre nous servait d’interprète. Quelle étrange conversation. Ryslski est un personnage qui refuse d’être écrivain mais qui revendique la littérature. Qui glorifie la mort tout en disant que sa vie est une chance. Qui se protège sans cesse en refus et en dénis... Le papier va être compliqué. J’ai filé à Censier récupérer les copies de mes étudiants qui avaient passé l’examen final. La grève a duré. Je ne les ai plus vu depuis le début du mois d’avril. Ils m’ont vraiment manqué. Je ne sais pas bien si j’ai pu leur être utile. J’ai essayé simplement de les aider à écrire leur monde, c’est tout. Eux, ils m’ont à chaque fois remis dans le chemin. Visite éclair à Nicole chez Caractères, rue de l’Arbalète. Nous avons reparlé de l’édition des œuvres complètes de Bruno Durocher qui est toujours en chantier. Des poèmes que je dois lui rendre aussi. A bientôt, à bientôt. J’ai retrouvé Amélie à la terrasse du Balzar. Assedic, histoires de banque, d’organisation de son prochain travail : elle avait eu une journée compliquée. Je l’ai invitée à dîner chez Moissonnier. En rentrant, nous nous sommes souvenus qu’il fallait, à cause des travaux de chauffage dans l’immeuble, débarasser la cave toutes affaires cessantes. Dernier jour. Nous avons donc remonté les caisses (de livres…) que nous avons empilées dans la cuisine. Dire que l’appartement est encombré est un doux euphémisme. Nous fuyons à Carolles demain matin.

lundi 25 mai 2009

Lundi 25 mai. 23h50

Un orage blanc a éclaté cette nuit. Aveuglant et sonore. La pluie s’est écrasée en grosses gouttes pendant des heures. Au matin tout était détrempé. Avec la chaleur, le jardin fumait de brume poissée et odorante. Nous sommes allés jusqu’à L’Atelier prendre des nouvelles de Noëlle. Sa cheville la fait toujours souffrir. Elle est en arrêt de travail pour trois semaines. Mi-embêtée, mi-ravie. Je reste ici, dit-elle. Il ne faut pas que je bouge trop, paraît-il. À la maison, j’ai préparé mes rendez-vous de demain à Paris. Nous y passons juste la journée, mais nous sommes obligés de rentrer mercredi à cause de la grève. Jean m’a appelé du Monde. Il n’avait pas reçu aussi mes 3500 signes sur Désorceler de Jeanne Favret-Saada. Mystère. Nous avons pris le train du retour avec Caroline et Pierre. L’orage a grondé encore tout le long du trajet. Sous les averses qui cinglaient les fenêtres, Amélie lisait un polar de chez Liana Levi.

Dimanche 24 mai. 22h30

J’ai terminé mon papier pour Raphaëlle à propos du livre de Michèle Lesbre, Sur le sable. Un « Atelier d’écriture » de page trois pour expliquer comment dans ce dernier roman, elle poursuit comme un colin-maillard d’elle-même. Je lui ai lu au téléphone. Je suis toujours inquiet des auteurs. Il suffit d’un mot de trop. De pas assez. D’un rien de maladresse. Amélie avait cuit une quiche. Il faisait nuit, à peine.

Dimanche 24 mai. 15h40

J’ai du mal à remonter la pente. Georgette se plaint doucement. Elle garde depuis son malaise, une impression d’avoir la tête dans le vague. Nous lui avons donné des nouvelles de ses rosiers que nous avions changés de place au moment du labour des Fontenelles en février. Il y en a un qui a ouvert une fleur aux pétales jaunes bordés de mauve. Ah, je ne me souviens plus de son nom. Ça va me revenir. Plus tard. Les autres sont en boutons. Toutes ses fleurs et ses arbustes sont maintenant dispersés entre les Fontenelles, le jardin de Josette et Jean-Claude à Marcey, et le nôtre. Lilas, seringa, pivoines. Œillets, iris, géraniums. Les gens qui ont construit une vaniteuse bâtisse à la place de sa petite villa de L’Humelière n’ont laissé aucun espoir pour une autre verdure qu’une pelouse bien disciplinée. Parquée entre des allées de gravier gris. Ils ont arraché les haies et ils élèvent un mur. Nous sommes rentrés à la maison par des sentiers buissonniers. Herbes hautes. J’ai serré un euro dans ma poche en entendant chanter le coucou.

Samedi 23 mai. 22h10

Nous avons fait des courses de jardin à Granville. Des sacs de terreau, du paillis pour les rosiers. Acheté de la ciboulette que j’ai plantée près de la cuisine, à côté du persil. J’ai rempoté le baliveau de frêne aux feuilles dentelées que nous avions ramené de Finlande au printemps 2007, installé dans une jarre le gardénia offert par Geneviève à notre mariage. Et surtout mis à l’eau du tonneau quatre petits poissons rouges. Ils n’ont pas encore de nom.

Noëlle, Caroline et Pierre devaient passer prendre un verre vers midi. Ils sont arrivés très en retard. Noëlle s’est violemment tordu la cheville en faisant un faux-pas au seuil de sa maison. Le généraliste l’a envoyée passer une radio à l’hôpital d’Avranches. Elle s’est fait accompagner là-bas. Ce n’est rien, juste une foulure, lui a dit le radiologue. Il suffit de la maintenir serrée. Vous pouvez conduire votre voiture. Mais on ne voit pas bien comment... Elle ne peut pas poser le pied. Nous les avons gardés tous les trois à déjeuner. Pierre qui finit ses études de cinéma va réaliser un court-métrage à Carolles fin juin. L’histoire d’une disparition et de curieuses retrouvailles de nombreuses années après. Ils seront une dizaine sur le tournage. Pour l’instant, il se bat avec des soucis d’intendance. Vous pourriez éventuellement loger quelqu’un ?

Nous avons fini la journée aux Fontenelles. Tondre les allées, nettoyer les carrés, charrier au compost des brouettes de mauvaises herbes enfoncer des tuteurs, mettre en place de nouveaux plants de légumes. Anne-Marie et Paul qui habitent la maison d’à-côté nous ont invités à trinquer chez eux. C’était la première fois que nous franchissions leur clôture. Ils ont trois enfants. Léonie qui doit avoir huit ans, Angèle, probablement six et Honoré, le dernier. Nous avons repris nos travaux potagers une petite heure. Biner. Arroser. Nous sommes descendus à la plage les mains noires, épuisés. Assis sur le sable nous avons regardé jusqu’au bout le soleil s’enfoncer. Attendu un instant au moment où il fait comme un feu se noyant. Une dernière flaque rougeoyante. C’est maintenant, peut-être. Mais pas de rayon vert. Tu l’as déjà vu vraiment ?

vendredi 22 mai 2009

Vendredi 22 mai. 23h00

Marché à Sartilly. Nous avons encore acheté des poireaux à repiquer pour le potager. Des fraises pour Georgette aussi. Elle n’est pas en grande forme. Elle a fait un malaise chez elle avant-hier. Une chute brutale de tension dûe à un médicament que lui a prescrit sans précautions le généraliste. Nathalie a essayé sans succès de le faire venir. Je fais le pont de l’Ascension. Appelez le 15 ou emmenez-la à l’hôpital. Sans commentaires… Elle a arrêté d’elle-même son traitement. Ca va un peu mieux. J’ai écrit pour Le Monde un papier sur le livre d’Eduardo Lago dont j’avais parlé hier à France Culture. Nous sommes juste allés au bourg. Le ciel était bleu sans un seul nuage. Au jardin, la saison tourne. Les roses continuent de s'ouvrir derrière la maison. Les Etoile de Hollande grimpants ont déjà une dizaine de fleurs. Les rhododendrons sont mauves, les fuschias sont un buisson touffu tout empli de boutons. La vigne vierge court… Près de la cabane à oiseaux, l’angélique a poussé de manière incroyable. Elle fait au moins deux mètres. Une tige puissante et des fleurs en bouquets où butinent des abeilles. Nous avons débouché le champagne : le ferronnier a fini la fermeture du koetsch avec les portes de serre. Il y a mis la dernière main ce soir. Cela ressemble vraiment à ce que nous voulions. Les travaux sont finis. Oui, champagne !

Vendredi 22 mai. 1h40

Amélie est partie tôt pour Carolles. Je suis resté à Paris la journée. Je devais enregistrer un Jeux d’Epreuves. J’ai préparé l’émission. Rangé un peu. Je présentais Appelle-moi Brooklyn d’Eduardo Lago que j’avais rencontré en avril avec Marie-Claire Gracedieu, son éditrice chez Stock. Fantastique bouquin. Appelle-moi Brooklyn est un premier roman que Lago a mis vingt ans à écrire. Une histoire gigogne qui est le livre d’un lieu, de son histoire et de sa nostalgie. Un livre des origines aussi, de leur complexité et de leurs liens serrés. Un livre qui raconte un amour, une quête. Un livre qui explique, enfin, comment se fait un livre, justement. Ce qu’est un écrivain. J’avais beaucoup aimé la conversation que nous avions eu tous les deux. Eduardo Lago vit à New York. Nous nous étions dit que nous nous donnerions des nouvelles. On verra bien. J’attendais davantage d’enthousiasme pour ce texte. Là encore, ai-je bien su le défendre ? Pas certain. Cécile avait amené Les Morot-Chandonneur de Philippe Jullian et Bernard Minoret, réédité dans les Cahiers rouges de Grasset. Un étonnant recueil de pastiches s’enroulant autour de la saga généalogique d’une famille très bourgeoise du XVIIIe siècle aux années soixante. Sade et Robbe-Grillet. George Sand et Marguerite Duras. Quel art de l’imitation juste et du pas de côté. Nous avions tous envie d’en lire des passages à voix haute. J’ai pris un verre aux Ondes avec Baptiste en sortant du studio. Il est très au fait de la rentrée littéraire. Moi, je commence à peine à m’y intéresser. Quelques titres, des idées. J’étais à la gare en avance. Le train était déjà formé. Voyage long vers le couchant. Amélie m’attendait à l’arrivée.

Mercredi 20 mai. 23h20

J’ai rédigé mon interview de Grimbert pour le site d’Hachette et j’ai rejoint Akli pour un verre à l’autre bout de Paris. Il habite près du parc de la Villette. Nous nous sommes retrouvés à la terrasse au Café de la musique face à la fontaine aux lions de Nubie. L’esplanade était déserte. Nous avons bavardé tranquillement une petite heure. Akli vient de perdre sa mère qu’il est allé enterrer en Algérie. Tu sais ce que c’est… On s’entend bien, mais on se connaît mal. Nous devrions nous voir plus souvent. Il se démène en ce moment pour essayer de passer mon 16 rue d’Avelghem en poche. C’est qu’il est bien ton bouquin. Lui publie un roman en octobre chez Flammarion. Je suis passé dans l’après-midi chez Buchet pour commencer à débarasser mon bureau. J’ai retrouvé Amélie au Rostand et nous sommes allés au MK2 voir Etreintes brisées, le dernier Pedro Almodóvar. Drame, mélo, petite fable sur la création ? J’ai revu les paysages de Lanzarotte, là où se fracasse l’histoire du film. Mais nous sommes ressortis pas vraiment enthousiastes. Tu as aimé ? - Hum, un peu… Nous n’allons plus beaucoup au cinéma. Cela crée une drôle de distance. Une aculturation insidieuse… Nous avons dîné au Bouledogue : tatin de tomates et vin blanc frais.

Mardi 19 mai. 22h15

Je suis arrivé juste chez Buchet pour le déjeuner, prévu de longue date, avec Vera et Pascale. Nous devions parler d’un prochain livre, du rythme de parution des titres de « Domaine Public », de mes projets. C’est d’ailleurs ce que nous avons fait, très agréablement, pendant tout le repas. Sauf qu’il s’est terminé en étrange queue de poisson. Comme oubliant tout ce dont nous avions discuté et ce qu’elle avait, semble-t-il, entendu, Vera m’a annoncé tout à trac au dessus du café que ma collection s’arrêtait. Enfin, elle reprendra peut-être... J’étais abasourdi. Mais Jean-Manuel ne vous a rien dit ? Ah, ça non… Je suis sorti de là un peu flottant. Il ne me reste donc plus qu’un volume à publier. Le Noailles est prévu pour octobre. Il est presque fini. Ce sera le dernier. Je trouve ça navrant. C’est le mot. Mais enfin…

mardi 19 mai 2009

Lundi 18 mai. 22h40

J’ai fait une interview téléphonique de Philippe Grimbert pour le site d’Hachette à l’occasion de la sortie de son roman La mauvaise rencontre chez Grasset. Depuis La petite robe de Paul, Grimbert écrit ce que l’on pourrait appeler des « thrillers psychanalytiques ». Des suspenses intimes, des enquêtes intérieures. On s’était croisés à Caen hier. Je rédigerai demain. Nous sommes allés aux Fontenelles. Amélie a continué son défrichage. J’ai planté les salades, les potirons, les poivrons, les cardons, les tétragones qu’elle avait achetés samedi au marché de Granville. J’arrosais quand Nathacha a appelé sur le portable. Je lui avais laissé un message la semaine dernière quand elle était venue en France pour une rencontre littéraire. Elle est déjà de retour à Mayotte. Je ne l’aurai pas vue… Avec Bernard et leur Neela qui a huit mois maintenant, elle vit là-bas depuis décembre et j’ai cru comprendre que le quotidien n’y était pas facile. Fait d’ennui, d’inquiétude. Et de désillusions… Je ne lui ai toujours pas écrit. J’ai un mal de chien à tracer deux mots en ce moment. Le courrier, les papiers, le travail d’édition. Tout m’est difficile. Franck et Nicole sont venus prendre un verre à la maison avec Marion et Thomas. Les petits couraient dans notre jardin de poche. L’air du soir portait le parfum des toutes premières roses. Quand je pense que nous rentrons à Paris demain.

Dimanche 17 mai. 23h10

Nous étions à Caen vers midi. Je crois que je n'étais jamais vraiment entré dans le centre. Il faut franchir un incompréhensible maillage de rocades, traverser longtemps des zones « péri-urbaines », mais une fois ce trajet accompli, on se retrouve à l'intérieur d'une jolie ville de province hérissée de clochers, avec des statues équestres trônant sur de petites places aux maisons de pierre blanche. Roses, vigne vierge et clématite. Il y a le château, bien sûr. Celui de Guillaume le conquérant. Gigantesque. C'est derrière ses remparts que se tenait le salon du livre. Déjeuner en contrebas dans un réfectoire de couvent ou une ancienne église. Retrouvé Marie Lagouanelle, Belinda Canonne. Dit aussi bonjour à des auteurs dont je n'arrivais plus à me souvenir du nom. Mais comment s’appelle-t-il celui-là déjà ? Amélie me soufflait. Ah, mais oui… Sur le stand de la librairie du Calvados, on m’a installé derrière ma pile de livres. J’en ai même signé quelques uns. J’étais assis à droite de Fabrice Humbert dont je connaissais le roman, L’origine de la violence, que Sabine avait chroniqué pour un Jeux d’Epreuves en février. Je participais d’ailleurs à un des débats de la journée avec lui et Nata Minor. Pascal y faisait le modérateur. En fait, j’étais venu, nous étions venus, surtout pour le revoir. Amélie le connaît bien. Moi, je l’avais rencontré dans les années quatre-vingt-dix. Il était attaché de presse chez Actes Sud. Il a fait beaucoup de choses ensuite. Journaliste, agent littéraire… On ne s’est jamais perdu de vue, mais on ne s’aperçoit que de loin en loin. La dernière fois c’était en octobre au festival de Mouans-Sartoux où il animait des tables rondes. Il habite Marseille où nous n’allons jamais. Quoi que, ce pourrait être justement l’occasion…

samedi 16 mai 2009

Dimanche 17 mai. 1h05

Journée ferroviaire. Paris-Lille et retour et puis Paris-Granville. J’étais invité par la librairie Majuscule à Armentières. Nicole, la libraire m’attendait à Lille-Flandres. Une demi-heure de route. J’ai un cadeau pour vous. Marie, la responsable du rayon papeterie, m’a tendu un flacon d’encre noire Parker. Vous vous souvenez ? Lorsque j’étais venu en 2004 pour le 16 rue d’Avelghem, mon stylo était tombé en panne sèche. Petit prélude délicat à une rencontre très émouvante. C’était en effet la première fois qu’on me demandait de lire des extraits de La mort de ma mère. Signatures, discussion avec les lecteurs. Tout a passé très vite. Juste eu le temps d’entendre le carillon du beffroi au moment où nous sortions pour reprendre la voiture qui me raccompagnait à la gare. La-Ma-de-lon-vient-nous-ser-vir-à-boi-re… « Armentières, pauvre et fière. » C'était la ville de la cousine Florentine. A deux pas d’Houplines. Là où était née Angèle, ma grand-mère. Paris à nouveau... J’ai pu prendre le dernier train (bondé) pour Granville. Amélie était venue me chercher. Elle revenait de chez Emmanuelle à Agon. Elle avait des brassées de nouvelles à raconter. A la maison, le ferronnier avait placé le cadre de la petite serre du koetsch. Comme quoi il ne faut jamais désespérer.

Vendredi 15 mai. 23h00

J'ai écrit un petit papier pour Le Pèlerin sur Les élixirs des monastères. Un « beau livre » édité chez Amyris, une maison d'édition belge, et que j’avais trouvé en mars à la Foire de Bruxelles. L'auteur y raconte l'histoire de la Jouvence de l’Abbé Soury, du Contre-coup de l’Abbé Perdrigeon, de l'Alexion de l’abbaye d’Aiguebelle, du Kario-Kylon… Toutes ces préparations, comme autant d'eaux bénites, m'ont rappelé l'armoire à pharmacie de la rue d'Avelghem. Ma mère était restée fidèle à ces panacées. Et Georgette garde toujours une bouteille de Kario dans son buffet. J’avais rendez-vous avec Sophie à L’Avant-goût, rue Bobillot. Nous avons regardé son programme de rentrée… Je m’étais souvenu, il n’y a pas si longtemps, qu’à la fin des années quatre-vingt, elle avait été la première attachée de presse à m’inviter à déjeuner. Aux Bouquinistes, le restaurant de Guy Savoy quai des Grands-Augustins. Elle travaillait pour Aubier-Flammarion, je m’occupais des livres à Nervure. J’étais très impressionné. Plutôt rougissant et crispé. C’était ce moment où ma vie professionnelle avait commencé à basculer. Le service social, le journalisme, la littérature. J’ai fait du chemin. Mais, honnêtement, je ne me sens pas beaucoup plus à l’aise aujourd’hui. J’ai le sentiment d’éternellement débuter. Bah. Et si c’était juste une façon de vivre avec l’inquiétude ? Je suis passé au Monde relever mon courrier. J’y ai croisé Robert à l’angle d’un couloir. Dit bonjour à Philippe. Je suis reparti avec dans les bras un carton plein de livres. Chez Buchet, j’avais reçu la nouvelle version de la préface de Marie-Joséphine Strich. J’ai enfin pu envoyer le projet de volume complet au CNL. Amélie m’a rejoint pour aller chez Martin et Catherine, rue Rambuteau. Catherine attend un bébé pour la mois prochain. Une petite fille qui devrait s’appeler Valentine. En attendant, leur Simon a maintenant deux ans et demi. Il cavale dans l’appartement, de sa chambre au salon, ramène des petites autos, des bouts de jeux de construction, pose une foule de questions et rafle au passage les chips et les olives de l’apéritif. En sortant de chez eux, nous sommes allés manger un morceau vite fait au Bouledogue. A deux tables de la nôtre, Marie-Rose dînait avec un ami. Embrassades. Paris aussi est tout petit.

vendredi 15 mai 2009

Jeudi 14 mai. 23h50

J'ai rencontré Adriana Lisboa pour son livre Des roses rouge vif paru chez Métailié. Elle est brésilienne, elle vit aux Etats-Unis. Nous nous sommes retrouvés à la Cité des arts, là où logeait Steven quand il venait seul à Paris. Des roses rouge vif est très beau texte sur les sensations d'enfance, les peurs, ce que l'on cache aussi. La peinture des fenêtres s'écaillait peu à peu, tout vieillissait et devenait jour après jour de plus en plus secret. De plus en plus douloureux. J'ai eté chez Buchet continuer d'écrire l'interminable chronologie d'Anna de Noailles. Bavardé avec Raphaël, pris un verre avec Pascale. Amélie est venue me chercher au bar de La Perle. Nous avons passé la soirée avec Marion et Jérôme au J'Go. Dîner en terrasse. Il avait plu encore et l'air était comme empli de petites bulles d'odeurs en train de doucement s'éteindre.

jeudi 14 mai 2009

Jeudi 14 mai. 0h30

Nous avons fermé la maison, porte à porte, volet à volet. J'ai coupé les fleurs fanées des pivoines arbustives. Les roses aux pétales confits de pluie. Les derniers bouquets brunis des camélias. J'ai arrangé dehors dans un vase le bouquet offert par Jocelyne Charuel, le dernier qui nous reste et qui tient solidement en verdure et en épines. Palmes, chardons, ronces. Quel accrochant souvenir. J'ai dit au revoir au frêne. Nous avons pris le train à Granville comme depuis longtemps. Un vrai retour vers autre chose. Je n'en suis pas ravi. Amélie avait un rendez-vous pour le déjeuner. Moi, je retrouvais Lionel Destremau au Seuil pour croiser nos corrections sur les épreuves du Jean Cayrol. J'ai filé chez Buchet lire l'avant-propos que Josyane m'avait envoyé pour Les innocentes d'Anna de Noailles. J'attends toujours la préface. A chaque fois, le volume est un peu plus long à terminer. Je sortais juste quand a éclaté un gigantesque orage. Près d'une heure de ciel noir et de gouttes battantes. De rafales et de grêlons. Je suis resté sous un porche en attendant que la pluie cesse. J'ai retrouvé Amélie, en retard, à trois rues de là. Nous avions prévu de dîner chez Nadine. Depuis son accident, elle vit cloîtrée dans son appartement, se déplaçant à grand peine. Ca me ferait plaisir... Nous avions amené un carré d'agneau de chez Bisson, une salade du jardin, des rattes. Les photos du mariage aussi. Le chat est monté sur la table pour se faire caresser. C'était une belle soirée.

mercredi 13 mai 2009

Mardi 12 mai. 23h00

J’ai regardé à nouveau les épreuves de l’anthologie poétique de Jean Cayrol. Fait quelques corrections supplémentaires. Le volume va s’appeler Chacun vient avec son silence. Il balaye, dans l’ordre chronologique, l’ensemble de ses recueils, de 1935 aux dernières années où, il dictait, épuisé, ses textes à son épouse Jeanne. Il sortira en septembre. J’ai hâte d’avoir le livre en main. Il me sera une manière de dire merci. De témoigner, un peu, de ce que Cayrol m’a apporté. J’avais découvert Je vivrai l’amour des autres à l’adolescence. Puis sa poésie. Elle ne m’a plus quitté. Cayrol m’est proche dans ses élans mystiques, dans sa fidélité enthousiaste à l’esprit de la Création. Bestiaire, flore et cosmos. Il porte son attention au plus petit murmure, au moindre frissonnement parcourant le silence. Il est d’ici, comme d’un jardin sans limites. Du plus près et des heures qui s’écoulent. Images arrêtées. L’immobile est vivant.

Nous sommes passés dire au revoir à Georgette. Nous ne serons de retour que samedi. Elle va bien, rassérénée, depuis que l’échographe, la semaine dernière, lui a assuré qu’elle n’avait rien à la mâchoire. Pas de cancer, donc… Qu’est-ce qu’il m’avait raconté ce soi-disant spécialiste, ce stomatologue, fulmine-t-elle. Encore un qui se fiche des gens. Hier, Josette l’a conduite chez l’ophtalmo à Avranches. Des douleurs à l’œil droit. Je ne vois rien, je ne vois rien, répétait le médecin. Il vaut mieux en rire… J’ai rédigé les questions que Guy Walter me réclamait depuis une semaine pour la table ronde que j’anime à la villa Gillet fin mai et j’ai rejoint Amélie aux Fontenelles où elle continuait son danaïde désherbage. Au fur et à mesure qu’elle progresse, le cruau repousse. Nous allons planter la semaine prochaine. Histoire de vraiment occuper le terrain.

lundi 11 mai 2009

lundi 11 mai. 23h50

Il me vient quelquefois comme une angoisse lourde qui me réveille en m'étouffant au matin. Qui s'épaissit encore. Et qui reste. La journée s'est passée à faire bonne figure. A avaler mon air en grosses tartines sèches. Le temps était pourtant léger et au fond du jardin, la première rose des deux grimpants Etoile de Hollande a éclot. Les pétales rouge noir. Parfumée. Enivrante.

Dimanche 10 mai. 22h15

Promenade au matin à la cabane Vauban. Marée haute. Il faisait très beau. Le Mont se détachait à peine dans la brume bleue. Amélie a reconduit Elodie et Pierre au train. Dans leur sac, quelques douzaines d'huîtres achetées chez Charuel. Comme on se rencontre parfois. je cherchais la fin de ces vers de Louis Brauquier : Et la saveur de l'amitié/qui nous roulait comme une vague...

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