J’ai regardé à nouveau les livres. Choisi les extraits. Revu les questions. J’animais une rencontre à Beaubourg avec Catherine Cusset. Une commande si l’on veut. Contrairement à Véronique Bergen ou Alberto Ruy-Sanchez, que j’avais proposés les fois précédentes, c’est Francine qui avait choisi l’auteur pour le débat. Je devrais dire l’auteure, d’ailleurs, car l’idée était de parler, dans la soirée, de « Elles@centrepompidou », l’accrochage, au féminin des collections du musée et d’aborder aussi, bien évidemment, l’ecriture au féminin. Tout cela m’inquiétait un peu. Toujours cette crainte de ne pas être à la hauteur. De Catherine Cusset, je n’avais lu, avant, que La haine de la famille, Jouir, et son dernier texte, Journal d'un cycle, paru au Mercure en mars dans la collection « Traits et portraits ». Mais, pour l'occasion, j’avais rattrapé mes lacunes. J’ai tenté d’avancer à rebours dans son œuvre. Récit à roman. De mettre en miroir un certain nombre ses textes universitaires (elle est en effet spécialiste de Sade et des écrivains libertins du XVIIIe siècle) avec son travail littéraire. Le public était très attentif. Problématique féminine ? Elle est une femme qui écrit, ses sentiments, ses sensations, son rapport aux hommes, sa sexualité, son désir d’enfant. Nous avons dépassé l’horaire... Amélie était dans la salle avec Jérôme. Marion nous a rejoints à la sortie. Nous sommes allés manger un morceau au Taxi jaune, là où nous avait emmené, en octobre, le directeur du Centre Wallonie-Bruxelles après une table ronde sur la nouvelle. Bizarre repas. Il a été interrompu de manière tonitruante par l’arrivée de deux ivrognes dans le restaurant presque vide. Les types, franchement agressifs, se sont attablés avec les clients d’à-coté, buvant dans leurs verres, réclamant de l’argent, des cigarettes…. Le patron, courageusement, s’est enfermé sans rien dire, dans sa cuisine, laissant la salle sous la garde de son barman, un jeune homme un peu frêle et timide qui devait pas avoir beaucoup plus de dix-huit ans. Les deux abrutis ont fini par partir, un bon moment après, grâce au sang-froid du couple qui était aux prises avec eux. Leur dîner était gaché. Le notre aussi d’ailleurs. D’impuissance, d’énervement contenu. Le restaurateur est réapparu, disant qu’il avait appelé la police. En effet, vingt bonnes minutes plus tard, une impressionnante escouade de carabiniers d’Offenbach en uniforme, blousons bleus, caquettes et rangers, se lançait dans une chasse à l’homme à travers le quartier.