La journée est tombée dans un trou noir. Des rendez-vous sans fin et du temps à tuer. J’en ai profité pour relire Juste pour le plaisir, le dernier roman de Mercedes. Livre sombre des années sombres, puisque de la fin de la guerre d’Espagne au procès Barbie, il va, ressassant, sans cesse, une histoire naturelle du Mal. Guère d’espoir. La terre n’est qu’une gigantesque fosse commune où gisent, côte à côte, les victimes et les bourreaux. Nous débattions ensemble au premier étage du Café de la mairie, place Saint-Sulpice. Chacun présentant le livre de l’autre. Mine de rien, nous étions assez émus de l’exercice. Mercedes a dit des choses très touchantes sur La mort de ma mère. Pas grand monde dans l’assistance. A peine une dizaine de personnes. Mais nous avons répondu à beaucoup de questions. Une jeune femme m’a même demandé pourquoi je n’écrivais pas pour le théâtre. Vous pourriez entendre votre voix. Le théâtre? Honnêtement je n’y ai jamais pensé. Je ne pense pas en être capable d’ailleurs. Mais tous ces mots font leur chemin. L’intérêt que ces gens me porte m’étonne à chaque fois. Et à chaque fois me fait du bien.