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lundi 17 août 2009

Mercredi 22 juillet. 22h40

J’ai rédigé un petit papier sur L'été chagrin, le premier roman d’Henri Husetowski chez Buchet et, toujours pour Le Pèlerin, un portrait d’Armel Job, à l’occasion de la sortie en septembre de Tu ne jugeras point. Nous nous étions rencontrés la première fois en 2003 quand je travaillais encore à Point de Vue. J’étais en reportage à Liège sur les traces de Simenon dont on commémorait le centenaire de la naissance. Armel Job venait de publier Le conseiller du roi. Je savais qu’il habitait Bastogne. Je lui avais proposé qu’on se retrouve au soir dans un restaurant liégeois, persuadé que Bastogne était comme un faubourg de la ville. En fait, je liais les deux noms à cause de la course cycliste Liège-Bastogne-Liège. Imbécile. J’avais fait faire au malheureux plus de quatre-vingt-dix kilomètres… Il n’avait rien dit sur le coup. Nous ne nous sommes reparlés de cette histoire que trois ans plus tard à Manosque où nous étions invités tous les deux au Festival des correspondances. J’en gardais, toujours vive, la confusion. J’aime beaucoup Armel Job. Il est un doux, dans le sens de l’Évangile. Un érudit discret et un très bel écrivain. Emmanuel a continué l’installation des éclairages dans le jardin. Il a rectifié une fois encore la position des spots sous les cyprès et les oliviers. Fait courir quelques centaines de mètres supplémentaires de fil électrique. Nous avons attendu la nuit tombée pour les derniers réglages. Ca fonctionne. Ouf… Les essais précédents s’étaient en effet révélés inquiétants. Tout disjonctait d’un coup plongeant le dedans et le dehors dans la même obscurité. Patou est passé avec Betty prendre un long apéritif tardif. Comment ça, tu ne bois plus de pastis ?, m’a-t-il demandé comme il me voyait, perplexe, arroser de Perrier un fond de whisky. - Pas avant un moment, j’ai peur. Je dois faire attention au sucre… Son regard s’est voilé d’une sollicitude inquiète : Mon pauvre, comme ça doit être difficile…

Mardi 21 juillet. 23h10

Nous sommes partis tôt avec Emmanuel. A peine plus d’une heure d’autoroute jusqu’à Vintimille. Il vient y faire des courses de temps en temps. Se réapprovisionner en alcools et en cigarettes, bien moins chers en Italie. Acheter des légumes, des fruits et du poisson au marché couvert surtout. Car de l’autre côté de la frontière, les marchés provençaux sont bien décevants. Quelques tristes étals encerclés par des déballages de nippes voyantes, de sous-vêtements, de quincaillerie, de montres, de savonnettes et de souvenirs africains. Ici tout est à profusion. Nous sommes revenus les paniers pleins d’herbes aromatiques, de poivrons, de piments, de tomates, d’oignons, de melons, de pêches. Avec de minuscules seiches encore suintantes d’encre noire, des anchois et des cigales de mer. Quelques cèpes aussi, les premiers, juste pour fourrer une omelette.

Lundi 20 juillet. 22h20

J’ai écrit le portrait d’André Bucher pour Le Pèlerin. Il publie à la rentrée La cascade aux miroirs chez Denoël. On s’était téléphoné la semaine dernière. Tu es bête, tu devrais venir me voir. Il habite en Drôme provençale, à trente kilomètres à l’ouest de Sisteron. Une bergerie dans un hameau perché au-dessus du village de Montfroc, sur les pentes de la vallée du Jabron. C’est dans cette région où il s’est installé dans les années 1970 qu’il situe à chaque fois les intrigues de ses romans. Il y a largement la place... Landes, montagne sèche. 1000 hectares de bois et maintenant 250 hectares de terres cultivées. Tu devrais venir me voir. Il a raison c’est bête. De Magagnosc, cela fait moins de deux cents kilomètres. Nous n’avons jamais été aussi près…

Dimanche 19 juillet. 22h00

J’ai terminé la chronologie, la bibliographie. Revu une dernière fois la préface et l’avant-propos. Ajouté quelques notes. Envoyé l’ensemble à la fabrication. Le volume Anna de Noailles est fini. Il paraîtra en octobre. Normalement… Je ressens douloureusement la fin de cette collection. Cela me paraît injuste et stupide. Tant d’autres titres à publier. Tant d’auteurs surtout à rendre à la lecture. Il me faut encore du temps pour parvenir à vraiment parler de tout cela. Sur la terrasse, les pétunias de Claire se dessèchaient dans leurs jardinières. Une bonne part avait déjà succombé au soleil brûlant des après-midis. En revenant de Saint-Vallier, nous nous sommes arrêtés en acheter de nouveaux. Des blancs auxquels nous avons ajouté des verveines rouges. Mais, été après été, il faut bien admettre que le temps ici n’est pas vraiment propice aux corbeilles anglaises.

Samedi 18 juillet. 20h45

Le vent a hurlé toute la nuit. S’étirant en rafales sèches. Tourbillonnant dans le cul-de sac des collines. Les volets battaient. On entendait les arbres plier jusqu’au craquement. Pas de vrais dégats cependant. En allant chercher le pain, nous avons relevé quelques branches brisées dans le chemin. Rien d’autre. C’était comme s’il ne s’était rien passé… J'ai noté cette phrase d'Anna de Noailles, écrite dans son Journal quand elle avait dix-huit ans : Non, je ne jugerai point, j'ai senti dans mon être trop d'existences se mouvoir, j'ai senti en moi s'agiter des vies trop nombreuses, des créatures toute différentes agir ou penser, triompher, succomber ou souffrir. Tout est là. Et je me sens envahir par cette proximité, certainement trompeuse, que les mots me renvoient. Je sais, au fond, d'où me vient tout cela. Avant de lire, à l'adolescence, Le coeur innombrable, Noailles est resté longtemps pour moi le nom d'un village du pays de Thelle, dans l'Oise, où habitait une demoiselle, collègue de ma mère à l'institution Anne-Marie Javouhey. Mlle Frécot était professeur de lettres ou d’histoire, je ne sais plus. Ses cheveux étaient teints en roux. Eté comme hiver, elle était sanglée dans le même tailleur de gros tweed. Elle me paraissait vieille. Elle devait avoir une cinquantaine d’années. Je l’aimais bien. Elle habitait une grande maison XIXe dont l’arrière s’ouvrait sur un parc touffu. Nous allions la voir, les dimanches, en rentrant du déjeuner à Beauvais chez mon parrain René et ma tante Poulouche. Elle nous attendait à l’heure du thé. Les murs du salon étaient recouverts de boîtes d’insectes. Lépidoptères, coléoptères. Pas un espace de libre. Et les meubles qui faisaient tout le tour de la pièce abritaient aussi d’autres boîtes, dans de longs tiroirs. J’étais fasciné. Tout cela était l’œuvre de son père, le général Frécot, qui avait été pris par la passion de l’entomologie à l’âge de la retraite et qui lui avait légué ses collections. Elle n’avait rien touché depuis sa mort avant-guerre. Avec elle, j’ai commencé mon apprentissage. J’étais attentif et persévérant : j’ai eu ma part d’héritage. Quelques coffrets « museum » à la bordure grenat et au fin liseret vert, des étaloirs, des pinces… Elle me racontait les expéditions de nuit avec les lampes à vapeur de mercure pour capturer les sphinx et les lichenées. On décore le monde des couleurs de son enfance. J’ai fait mon camaïeu avec le noir ciré des élytres et l’ocre duveteux des ailes et des corps trapus. Lorsque bien plus tard, après La mort de la phalène, j’ai lu De la lecture, ce texte de Virginia Woolf paru aux Éditions des femmes, qui s’achève dans un départ étrange à la chasse aux papillons nocturnes, j’ai pleuré, envahi par l’évocation, de nostalgie et de reconnaissance.

Vendredi 17 juillet. 23h00

Bon, je m'y suis mis. Je dois avoir fini la chronologie et la bibliographie d'Anna de Noailles avant lundi. j'ai relu la très belle biographie que lui a consacré François Broche (Anna de Noailles, un mystère en pleine lumière parue chez Robert Laffont en 1989), repris mes notes. Je croyais avoir avancé davantage, mais je me suis aperçu que je m'étais arrêté aux toutes premières années. A l'enfance de cette petite fille rêveuse et inquiète, que la mort de son père quand elle avait dix ans avait atteinte comme un coup donné à une fine porcelaine. Un fil de rien que le temps va creuser jusqu'à la fêlure. J'y ai passé la journée. Emmanuel travaillait au jardin, tirait des plans pour les éclairages à installer. Marie-Jeanne et Dominique sont venus prendre un verre dans la soirée. Longs bavardages sur la terrasse. Ils seront à Coutainville début août. Vous viendrez nous voir?

Jeudi 16 juillet. 16h00

Je commence à prendre mes marques d'ici. Le ciel bleu avec juste quelques nuages égarés. La fenêtre qui ouvre sur les lavandes en bouquet et les oliviers. Emmanuel a réparé mes étaloirs cassés, ma caissette de naturaliste achetée la semaine dernière chez Deyrolles et dont les soudures avaient déjà lâché. Il a confectionné aussi la petite boîte pour les trois guêpes (vespula germanica) que j’offre à Victoria en souvenir de sa douloureuse piqûre de l’été dernier. Claire nous régale de sa cuisine toute simple et si savoureuse (comment fait-elle d’ailleurs pour que les légumes de sa ratatouille gardent leur saveur propre et , en même temps, s’unissent dans un étonnant bouquet mijoté ?). Nous ne sommes sortis que pour aller acheter du pain. Juste un petit tour. A Chateauneuf nous avons croisé Gideon. Il part dans quelques jours avec Olivia et les enfants pour leur séjour d’été en Angleterre. J’ai fait le tour du jardin. Tout va bien. Je travaillerai demain. Demain, pas aujourd'hui...

Jeudi 16 juillet. 10h15

J’ai reçu un court message de Pascale sur mon téléphone. Trois lignes. Elle est encore à Barcelone. Elle ne viendra pas le 25 juillet. Des soucis avec sa mère qui change de maison de retraite. Elle va m’appeler, écrit-elle. Je vais me sentir un peu seul. Aucun de mes deux témoins ne sera là. Christine aussi est retenue. Elle m’a prévenue fin juin. Son père doit se faire opérer...

vendredi 17 juillet 2009

Mercredi 15 juillet. 23h50

Nous sommes partis au petit matin. L’autoroute, les péages, le plein. A Paris, nous sommes restés à peine une heure à l’appartement, le temps de compléter les bagages. Ne rien oublier : la robe d’Amélie, mon costume, les livres sur lesquels je dois rédiger des papiers, la masse de bricoles cassées qu’Emmanuel va réparer. Panique à Austerlitz où nous devions rendre la camionnette : le service de location avait déménagé. Nous avons passé une éternité à errer dans les parkings. Puis course jusqu’à la gare de Lyon. Peu s’en est fallu que nous manquions le train. Pas une place libre dans le wagon. Le couloir était encombré par le grand chien japonais de nos voisins de siège, un akita qui a fait voler ses poils en s’ébrouant pendant tout le trajet. Emmanuel nous attendait à la gare. Quelques kilomètres de bouchons dans la fournaise pour sortir de Cannes. Nous y sommes. Claire guettait sur la terrasse. Nous avons pris un verre au frais du soir qui descendait sur les collines. J’écoutais parler. Il faisait calme. Nous étions bien.

jeudi 16 juillet 2009

Mardi 14 juillet. 22h45

Marianne arrivait par le train du matin. Je me suis retrouvé une dizaine de minutes en retard à la gare. La route de la côte était encombrée de voitures. La saison est revenue. Et comme chaque année, j’ai été surpris. Les vacanciers surviennent d’un coup. En quelques heures, la plage est envahie, on aperçoit des randonneurs, sac à dos, dans les chemins. Tu veux rire, il n’y a pas tant de monde que ça, m’a dit Marianne. Elle a sans doute raison, mais j’ai du mal à soigner mes accès de misanthopie d’été. Elle va rester à Carolles les deux semaines où nous serons absents. Je suis content qu’elle ait eu envie de venir : la maison lui va bien. Elle va s’occuper du potager, du jardin. Elle ira voir Georgette. Cette dernière l’attendait d’ailleurs avec impatience : Pas d’inquiétude, on va bien se débrouiller toutes les deux !

Lundi 13 juillet. 21h50

J’avais tout un tas d’analyses à faire tôt au laboratoire. Nous en avons profité pour passer la matinée à Granville. Un café au Pirate, quelques courses, l’épicerie pour Georgette. Doucement, tout doucement... Nous ressentions comme une fatigue heureuse. Après le déjeuner, j’ai commencé à m’occuper de la boîte d’insectes de Victoria. La plupart des guêpes, mal conservées, avaient noirci. Nettoyage au pinceau. Replacement correct des pattes et des antennes sur l’étaloir. Je n’ai réussi qu’à en sauver trois. Juste pour le souvenir. Il faudra qu’Emmanuel leur confectionne un petit coffret sur mesure.

Dimanche 12 juillet. 23h00

Le ciel n’a cessé de courir après l’orage. De bizarres éclaircies traversées de très courtes averses. Nous avons travaillé aux Fontenelles entre les gouttes. Ramassé les échalotes. Vous avez bien fait, a dit Georgette, j’étais passée la semaine dernière et je me disais justement qu’il ne fallait pas tarder.

Samedi 11 juillet. 22h45

Journée de rangements. Franck est passé en début d’après-midi avec Nicole et les jumeaux, Marion et Thomas. Il va nous installer des prises de courant dans la resserre pour le congélateur acheté la semaine dernière. Nous avons fini par en faire l’acquisition afin de faire face à la surproduction saisonnière du potager. Courgettes, aubergines, haricots. Qui aurait cru que nous ferions une si belle récolte ? Les potirons grossissent sous le feuillage. Il y a déjà cinq ou six artichauts. Amélie est allée chercher son chapeau chez la modiste de Carolles. Une grande capeline rouge avec des plumes et des fleurs en tissu. Ca lui va à ravir. Elle est, bien évidemment, superbe. Superbe.

Samedi 11 juillet. 2h10

Nous avons déjeuné au Bistrot de Paris avec l’abbé Dukiel pour fixer les grandes lignes du déroulement de la cérémonie du 25. Nous lui avons montré les textes que nous avions choisis. L’Évangile de la Providence (Matthieu 6, 26-34), un court extrait de L’imitation de Jésus-Christ et une prière des Confessions de saint Augustin… La date approche vraiment. Dans cinq jours, nous serons à Magagnosc. Quitté André Dukiel sur le trottoir de la rue du Bac. Nous avons traversé pour aller chez Deyrolles. J’ai acheté une boîte afin d’installer les guêpes que j’ai naturalisées l'été dernier pour Victoria. Elle l’aura juste pour l’anniversaire de l’attaque furieuse de l’essaim dans le potager où elle avait été piquée (heureusement une seule fois). Nous sommes allés chercher la petite camionette de location, réservée depuis une semaine, que nous avons chargée à ras-bord : la commode de la grand mère d’Amélie, des livres, des disques, de la vaisselle, deux paires d’arrosoirs et tout un tas de berloufes que nous allons essayer de caser à Carolles. Long trajet par la route. Nous étions à la maison très tard. On déchargera tout cela demain.

Jeudi 9 juillet. 23h00

J’ai enregistré deux Jeux d’Épreuves. Un bilan de l’année avec Josyane, Alexis, Clara, Baptiste et, avec les mêmes, la première émission de rentrée où je présentais Honecker 21 de Jean-Yves Cendrey. Quand il s’est agi de donner son coup de cœur 2008-2009, je n’ai pas hésité : Jérôme de Jean-Pierre Martinet. C’est Raphaël Sorin qui m’a mis dans les mains cet épais roman paru la première fois en 1978 au Sagittaire et réédité au mois d’octobre 2008 chez Finitude. Je crois que je n’ai jamais rien lu d’aussi noir, d’aussi désespérément triste et sans espoir. Et tout cela se déploie dans un festival cynique et grotesque. Magnifique. Y-a-t-il des livres que vous avez « moins » aimés ?, m’a demandé Joseph. Je ne suis pas à l'aise dans l’exercice. Juste laché quelques mots sur D’autres vies que la mienne d’Emmanuel Carrère que j’ai vraiment trouvé le contraire d’un livre sincère. Mais, à quoi sert finalement ce genre de commentaire ? Mieux vaut ne rien en dire. Ne pas en parler. J’ai été faire un peu de courrier au Rostand. Amélie m’y a rejoint après son travail. Elle est maintenant en vacances. Nous sommes allés dîner à deux pas à la Bastide, chez Gilles. Pressé de sardines marinées, gaspacho de fèves à la chair de crabe. Notre été peut commencer.

Mercredi 8 juillet. 22h30

J’ai mis en place mon travail pour la rentrée. Un portrait de Jean-Yves Cendrey, un autre d’Antonio Caballero. Des papiers sur deux premiers romans (Terre des affranchis de Liliana Lazar chez Gaïa, La peine du menuisier de Marie Le Gall chez Phébus) et aussi Efina de Noëlle Revaz, Ce n’est qu’un début de Christophe Bouquerel, Un amour exclusif de Johanna Adorjàn. A suivre Richard Price, Wendy Guerra, Marie Sizun, Hélène Gaudy, Lucien Suel. Et j’espère vraiment Raymond Dumay dont Stock réédite Mort de la littérature paru dans les années cinquante. J’avais lu son Guide du vin, à la fin des années soixante-dix, quand je me piquais, jeune homme, de m’y connaître en appelations, en vignobles et en bonnes bouteilles. J’ai beaucoup appris en le lisant et j’ai surtout découvert, au fil de ses autres livres, un auteur avec lequel je me suis senti très vite en harmonie. Dumay est un humaniste, un « honnête homme » comme on disait dans les siècles passés. Et il est sensible proche, intelligent… J’avais rendez-vous avec Dany au Select pour prendre un verre avant les vacances. Nous avons bavardé un long moment en terrasse. Lou a commencé son traitement. La petite semble prendre avec cette grande confiance des enfants la longue sucession d’injections d’hormone de croissance qui l'attend. Et, maintenant qu’elle a pris la décision, Dany est plus détendue, enfin, moins inquiète. François Escoube passait sur le boulevard. Il m’a demandé des nouvelles de Douce Lumière, le dernier volume paru de « Domaine public ». Comme président du jury du prix Marguerite Audoux, je l’avais naturellement sollicité comme pour m’aider à promouvoir le livre. Nous avions débattu d’une foule de projets : une soirée, des signatures avec Benoîte Groult qui avait rédigé l’avant-propos, des conférences… Organiser une soirée à La Coupole. Alors, où en sommes-nous ? Comment lui expliquer que tout cela n’avait pas rencontré beaucoup d’enthousiasme ? Je vous raconterai…

mercredi 8 juillet 2009

Mardi 7 juillet. 22h50

Déjeuner au Perron avec Brigitte. J’ai mangé mes premières figues de l’année, avec de fines tranches de speck. Les mêmes qu’à Carolles, blanches, charnues. J’espère que j’en récolterai cette année. L’été dernier, les étourneaux avaient nettoyé l’arbre en à peine plus d’une journée. Brigitte m’a reparlé de Passage des larmes d’Abdourahman Waberi. J’ai juste commencé à le lire et je suis assez enthousiaste. Belle histoire sur l’exil et le passé. Comme un retour entre parenthèses, porté par une écriture sobrement poétique. Je suis passé chez Gallimard déposer La ballade de Lola et Le premier pas suffit pour Guy Goffette. Zigzagué sous la pluie d’orage, de porches en stores de boutiques, avant de retrouver Renaud au Café de la mairie. Nous avons bavardé plus d’une heure. De tout. De rien. De nos livres, de la littérature, de nos amis. De nos projets aussi. Renaud vient de terminer un manuscrit qui s’appelle L'enfant du milieu. Un texte bouleversant, sur les longs lambeaux de l'enfance, la crainte du grandir et la peur de la perte. J’espère qu’il va trouver l’éditeur qu’il mérite. J’ai été chercher Amélie à son travail. Ou plutôt, je l’ai attendue dans le petit square Paul-Painlevé, sur un banc, au pied de la statue de Puvis de Chavannes. Jérôme nous a rejoint à la maison. Il dînait avec Marion chez des amis dans le quartier. Un semaine qu’il a commencé son nouveau boulot de représentant chez Dargaud. Il est enthousiaste à un point que ça fait bonheur à voir.

Lundi 6 juillet. 23h50

Le train de 6h00 attrapé tout juste. J’étais lent ce matin. Nous avons pris un café gare Montparnasse. Amélie a filé à son travail. J’ai traînaillé dans l’appartement. Pas fait grand chose. J’ai pris un café avec Béatrice pour parler des livres de rentrée chez Gaïa. Il s'y trouve le premier roman d’une jeune femme, Terre des affranchis, qui semble vraiment intéressant. Une histoire sombre dans la Roumanie de Ceausescu où le surnaturel s’enroule à la vie âpre. J’avais rendez-vous chez l’ophtalmo. Il me faut maintenant, en plus, des lunettes pour voir de loin. Pas besoin de les mettre tout le temps!, m’a-t-il fait bonhomme. Je m’en vais en morceaux. J’ai l’impression d’être un vieux chien fatigué. J’ai retrouvé Amélie. Quand elle est là, je revis. Nous sommes allés rue Bonaparte chercher la robe qu’elle mettra le 25. Très simple, courte, en lin blanc. Oui, elle sera vraiment magnifique, Amélie. Nous étions invités à dîner chez Elodie et Pierre, boulevard Voltaire. Je ne suis pas le meilleur convive qui soit en ce moment. Mais tout était bien. Chaleureux, amical. Je dirais : reposant…

Dimanche 5 juillet. 23h30

Marianne a perdu sa grand-mère. Quatre-vingt-dix-huit ans. La vieille dame vivait depuis quelques années dans une maison de retraite. Je me souviens du moment où il avait fallu débarrasser son appartement. Marianne avait entassé chez elle tout un fourniment de meubles, de bibelots, d’objets divers. Elle nous avait donné une table sur laquelle je travaille maintenant à Paris. Elle doit être très triste. L’âge ne fait rien au chagrin. Tout cela ne se raisonne pas. J’ai beaucoup d’admiration pour le courage de Marianne. Depuis qu’elle a été flanquée à la porte du Bateau livre, avec Amélie et Martin, elle vivote de lectures et de corrections de manuscrits. Une tâche ingrate. Indispensable mais jamais reconnue. Dernière péripétie en date, elle a fait un énorme travail d’éditrice pour le prochain polar de Jean-Christophe Grangé, La forêt des mânes, à paraître en septembre. Une fois tout terminé, Albin Michel lui a proposé royalement 500 €. Elle en a arraché 750 après une âpre discussion. Ca fait 10 € de l’heure. Quel mépris. Quelle honte… Elle viendra à Carolles « garder » la maison en juillet quand nous serons dans le Sud. Nous passerons un moment avec elle avant. J’ai terminé mon portrait de Guy Goffette. Juste à temps pour que nous puissions aller à la plage. Il y avait de très grosses vagues. Nous sommes restés dans l’eau une bonne demi-heure. Allez, on rentre. Il faut ranger un peu.

Samedi 4 juillet. 23h00

Amélie est partie au marché à Granville. Je suis resté à la maison écrire mes papiers. Nous nous sommes échappés dans l’après-midi pour aller voir Georgette. Elle a à nouveau bon moral depuis qu’elle a refusé qu’on aille plus avant dans les examens médicaux pour sa mâchoire. Ils voulaient faire une biopsie. Tu te rends compte… Passé chez Ciboulette, la modiste du village, pour passer commande du chapeau d’Amélie pour la cérémonie à Antibes. Quelque chose de grand, de rouge, de fleuri. Elle aura fini dans une semaine. Amélie sera magnifique.

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