Le brouillard n’a pour ainsi dire pas quitté la journée. Des fils de brume étaient entortillés jusque dans les haies du jardin. Aux Fontenelles, on ne voyait pas le bout du terrain. Le tunnel à salades que Marion et Amélie avaient installé au début du mois a tenu le coup. Sous le voile de protection les petites pousses commencent à bien se développer. Nous avons apporté de la lecture à Georgette (Je n’ai plus rien. J’ai même relu les Fables de La Fontaine…) : La Nouvelle traduction par Bernard Hoepffner des Aventures de Tom Sawyer et des Aventures de Huckleberry Finn de Mark Twain, Une enfance lingère de Guy Goffette et les Chers Italiens de mon si cher Jean Noli, disparu il y aura neuf ans en mai. J’avais connu Jean quand Point de Vue l’avait fait travailler comme rewriter, en 1996 ou 1997. Il avait été (vrai) grand reporter à Match et faisait le nègre en écrivant les récits de voyages de la plupart des navigateurs solitaires. Il habitait près du Champ-de-Mars dans un appartement à faire rêver les touristes japonais tant toutes le fenêtres donnaient sur la Tour-Eiffel. Mais il y vivait peu, partant dès qu’il pouvait pour Hoëdic, l’île bretonne où il avait une maison. On s’entendait bien tous les deux. Il est mort à soixante-douze ans. A la fin, il réclamait sans cesse des livres pas difficiles. Le dernier ? Harry Potter à l’école des sorciers. C’est vraiment bien, tu sais. J’ai fait un papier sur A l’angle du renard de Fabienne Juhel, toujours pour Le Monde. J’ai mis à jour mes notes sur Pascal Garnier. J’attends que Raphaëlle me donne une date, un calibrage. Annabelle est venue dire bonjour, en fin de journée, avec Thierry, son père. Nous avons parlé de ses études, du stage qu'elle a effectué à La Voix du Nord, de son désir, toujours tenace d’être journaliste. De mon livre aussi. Elle avait voulu venir à Lille pour ma signature au Furet. Malheureusement dans le petit mot que je lui avais envoyé je m’étais trompé de date. Le 11 à la place du 10. La pauvre s’était cassé le nez.