Aujourd'hui m'a glissé des mains comme un carpillon qu'on rejette à l'eau. En me laissant une odeur de rivière et de vase. J'ai rédigé deux notules mexicaines. Relu encore la lettre que j'ai reçue de cette dame de Quiberon qui était en Indochine avec ma mère et que j'avais « retrouvée » parce qu'elle m'avait écrit une première fois en 2006 après la parution de mon papier sur L’eau rouge de Pascale Roze dans Le Monde. Un papier sur l'Indochine, justement, que j'avais terminé à la maison juste après que Maman était morte. Je ne me défais pas de cette coïncidence. Dans son courrier, « Lily » me raconte des bouts de sa vie. Elle me parle du décès de son mari, un officier parachutiste qu'elle avait rencontré là-bas. Il est parti en me tenant la main et ses dernières paroles ont été « N'oublie jamais que je t'aime ». Elle a joint la photocopie d'un cliché de groupe. Une quinzaine de jeunes femmes en uniforme dans un jardin. Ma correspondante est au premier plan, bras croisés. Derrière elle, il y a ma mère.

J'avais rendez-vous avec la direction de Buchet pour faire le point sur « Domaine Public ». J'ai attendu longtemps. Tout le monde était en réunion. On s'est vus rapidement. J'ai parlé de mes projets. Anna de Noailles, Gustave Lerouge. On se reverra plus tard. Avec des chiffres et des éléments concrets. Perspectives et réalités... Pourvu seulement que les réalités ne fassent pas tout sombrer. Je suis rentré à la maison. Notre petit deux-pièces était envahi de linge qui sèche, de livres, de papiers en vrac. J'ai terminé de lire Pétales, le recueil de nouvelles de Guadalupe Nettel au milieu du capharnaum. Amélie rentrait tard à nouveau. Nous nous sommes retrouvés à la pizzeria de la rue du Théâtre. Comment était ta journée ? - Je suis un peu fatiguée...