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vendredi 9 octobre 2009

Mercredi 7 octobre. 23h00.

Amélie est partie tôt vers sa journée. Heureuse. Je la sens pleine d’élan, d’enthousiasme. Pour ses auteurs, pour les livres qu’elle défend, pour les manuscrits qu’elle déniche. J’avais rendez-vous à la Maison de l’Amérique latine. Benjamin François me filmait pour une courte séquence sur l’écrivain colombien Antonio Caballero, invité à l’émission de François Busnel, La grande librairie. J’ai témoigné du mieux que j’ai pu. Caballero, journaliste engagé, caricaturiste m’apparaît avant tout comme un poète. J’ai le sentiment qu’il a construit son roman, Un mal sans remède, un roman picaresque, drôle, absurde, violent, cynique, juste pour y abriter un très très long poème. J’ai retrouvé Jean-Marc Roberts chez Lipp. Cela fait un moment que nous devions déjeuner ensemble. C’est lui mon éditeur, à présent. Mon prochain livre paraîtra chez Stock. Pas chez Buchet. L’arrêt de « Domaine public » a emporté une décision que je repoussais depuis un moment. Je n’arrivais pas à franchir le pas car j’avais l’impression de trahir ceux qui, en 2003, avaient accueilli La ballade de Lola. Mais quand je dis « ceux », en fait, c’est juste Pascale. Je voulais lui parler de tout cela à Grasse. Elle devait être mon témoin à la cérémonie religieuse. J’espérais que le contexte me permettrait d’aborder cette histoire avec elle de manière proche. Des soucis avec sa mère l’ont empêché de venir. Je lui ai alors écrit une lettre. Elle ne l’a jamais reçu. Qu’est-ce donc que j’avais oublié sur l’enveloppe pour que cela n’arrive pas ? Un silence imbécile s’est ainsi mis en place jusqu’à ce qu’elle apprenne par d’autres ce que je croyais qu’elle savait déjà. Sac de nœuds. Mais je ne me sens pas coupable. Pour une fois... J’ai ce texte devant moi, maintenant. Neuf mois pour aller jusqu’au bout. Un café avec Marlyse Pietri pour parler de Tout là-bas avec Capolino de Jean-Marc Lovay. Un fascinant rêve sans fin. Je suis arrivé un peu en avance au J’Go où je devais prendre un verre avec Daniel. Il est pour quelques semaines à Paris. Il loue vers Montmartre un appartement réservé aux écrivains suisses. Amélie est venue nous rejoindre et puis Jérôme aussi. Du coup, nous avons dîné tous ensemble. Je ne le connais pas bien, Daniel. J’ai juste lu les quatre livres qu’il a publié chez Buchet. Il y en a une quinzaine d’autres. Pourtant, je me sens avec lui en connivence. Pourquoi en sommes nous venus à évoquer Louis Pergaud ? J’ai un attachement qui remonte à l’enfance pour cet auteur. Je garde le souvenir très précis d’une dictée de CM2. Il s’agissait du Roman de Miraut, chien de chasse. Une phrase était comme un entrebaillement. J’ai gardé le cahier : Elle avait attendu la pleine obscurité, se contentant, pour vaquer aux menus soins du ménage, de la clarté brasillante qui sortait par les soupiraux du poêle et laissait flotter par toute la pièce un grand mystère paisible et calme où les choses semblaient sommeiller. Pergaud avait habité à deux rues de chez moi dans le XIVe. Daniel s’intéresse à sa mort sur le front en 1915… Nous avons d’autres rencontres en perspective.

jeudi 8 octobre 2009

Mardi 6 octobre. 22h40.

J’ai envoyé, à nouveau, à Libération notre texte sur le statut des auteurs. Ils ne le retrouvaient plus, puis ne parvenaient pas à l’imprimer… Ca a l’air compliqué, là-bas. La parution risque de traîner. Du coup, je l’ai fait parvenir à Alexis pour Marianne. On s’est dit quelques mots au téléphone. Il le publie dans quinze jours. Affaire réglée… Un hebdo, d’ailleurs, c’est bien mieux. J’ai fait part de la bonne nouvelle à Laurence et Renaud. Déjeuner avec Sophie et Marie-Jeanne à la Villa corse. Petit état des livres et des papiers. Le portrait de Richard Price que j’avais rencontré en juin est enfin commandé. Je vais l’écrire cette semaine. Marie-Jeanne parlait des romans « populaires » ou « de terroir » qu’elle avait à défendre. On ne connaît pas bien les gens qui écrivent toute cette littérature. Leur nom est rarement célèbre, on ne parle presque jamais de leurs livres dans la presse. Pourtant ils ont des millions de lecteurs. Vraiment pas de quoi les mépriser.

mardi 6 octobre 2009

Lundi 5 octobre. 23h20.

Journée de départ. Instants flottants. Nous sommes allés jusqu’à Opio acheter un peu de terreau à la jardinerie pour des rempotages. J’ai nettoyé les framboisiers. Ramassé un plein sac de feuilles d’olivier. Nous avons trinqué avec du vin blanc de cassis. Il faut revenir… Claire nous a accompagnés à la gare. Je me suis accroché au paysage depuis la fenêtre du train jusqu’à la nuit complète. Gare de Lyon. Paris. Le taxi en silence. Nous avons retrouvé l’appartement, les piles de livres et le désordre familier.

Lundi 5 octobre. 1h20.

Terminé le poème. Vraiment. Je lui ai donné son nouveau titre : Montée des cendres. Je l’ai dédié à Joseph Noël. Là aussi, il était temps. C’est à lui que je dois d’écrire. Je suis revenu à ma chronologie de Bruno Durocher. Il me manque énormément d’informations pour lui donner un peu de cohérence, mais il faut que j’aille au bout avant de travailler les lacunes. Emmanuel m’a conduit à Mouans-Sartoux en fin d’après-midi. J’ai retrouvé Amélie. Petit tour des stands. J’ai cherché Florence. Dit bonjour à Sorj. Nous avons marché jusqu’au conservatoire des plantes à parfum. Un jardin botanique tout récent où l’on peut librement se promener et toucher les feuillages. Il y avait des rangées impressionnantes de sauge ananas (Salvia rutilans). J’aurais bien chipé quelques boutures, mais je me suis souvenu qu’il est préférable les faire au printemps. Dîner aux Margouillats. Claire et Emmanuel avaient invité Véronique et François, Jean-Paul, Marie et Jacques.

Samedi 3 octobre. 18h20

Nous sommes allés faire un tour à la librairie de Jean-Paul à Pré-du-Lac. Il n'était pas là. Je voulais savoir s'il avait reçu l'exemplaire des Innocentes que je lui avais adressé. Anna de Noailles n'est pas vraiment une célébrité locale mais elle a fait un séjour à Grasse en 1910 et s'est un peu promené dans les environs. Nous avons pris un café. Feuilleté les journaux du matin. Amélie a pris la route pour Mouans-Sartoux. Elle rentre tard aujourd'hui. Dîner avec le maire ou quelque chose comme ça. J'ai avancé doucement dans la chronologie de Bruno Durocher. Un vrai travail de Pénélope. Il faut tout défaire à chaque fois pour comprendre un peu.

Vendredi 2 octobre. 22h20.

Amélie est partie à Mouans. J’ai installé mes affaires au bureau de la chambre, la fenêtre ouverte sur les collines. Envoyé à Libération la lettre écrite avec Laurence et Renaud. La passeront-ils ? J’ai travaillé à mon long poème. Nicole me demande le texte pour ce mois-ci. Je termine. Je n’ai presque jamais cessé de le reprendre. La première version doit dater des années 1990. Avant, il y avait même eu des ébauches, d’autres narrations… C’est dire à quel point cela me tient au cœur. Il est temps qu’il puisse être publié. Claire m’a montré les petites pousses vertes qui sont apparues en touffes, là où j’ai planté, en août, les griffes de marguerites ramenées des Fontenelles. Je suis gâté ici. Je m’y sens bien. La maison s’est comme poussé pour me faire une place. Claire me concocte une cuisine affectueuse et attentive. Elle passe me demander toutes les heures si j’ai soif, si je ne veux pas un café. Emmanuel confectionne mes boîtes à insectes. On ne peut pas embrasser les gens ou leur dire merci tout le temps. Pourtant…

Jeudi 1er octobre. 23h50.

Nous avons traîné une énorme valise. J’ai tant à faire que j’avais préféré tout emporter. Plus les inévitables objets cassés que nous confions à chaque fois à Emmanuel pour qu’il les répare. Il nous attendait à la gare de Cannes. Nous retrouvions Claire aux Margouillats une demi-heure après.

Jeudi 1er octobre. 11h40.

Valises encore. Amélie doit accompagner plusieurs auteurs au Festival du livre de Mouans-Sartoux. Nous en profitons pour descendre quelques jours, tous les deux, à Magagnosc. Pendant qu’Amélie sera sur place, je travaillerai au calme à la maison.

Mercredi 30 septembre. 23h00.

Laurence m’a adressé quelques remarques à propos du texte sur le statut des écrivains que nous avons commencé à rédiger, Renaud et moi. Je suis vraiment content qu’elle ait accepté de nous rejoindre dans l’exercice. Nous sommes d’accord tous les trois : il faut simplement dire à quel point notre situation est précaire et tenter d’amorcer un débat. On peut rêver. Mais il ne ne passera rien si l’on se tait… J’ai travaillé tout l’après-midi à l’édition de l’œuvre de Bruno Durocher. Ca avance très très doucement. Amélie est venue me chercher. Nous devions rejoindre Elodie et Pierre chez Roberta, le restaurant italien du XIe dont ils nous parlent depuis des mois. Là-bas, nous avons retrouvé Illaria et David. Petits poulpes rôtis, praires et palourdes sautées, aubergines, carpaccio de joue de morue, tripes au parmesan, calamars farcis au pesto. Pas de doute, c’est une magnifique adresse.

Mardi 29 septembre. 22h45.

Je suis allé chez Buchet faire les envois presse du Anna de Noailles. Claire avait préparé la liste, les étiquettes, les enveloppes. Je glissais des petits mots dans les livres. Surtout n’oublier personne. Pourvu que ce dernier volume ait un bel écho. J’ai retrouvé Isabelle au Café de la mairie. On s’était perdus de vue après qu’elle avait quitté le Cherche-Midi, il y a une bonne dizaine d’années et recroisés par hasard il y a un mois dans le quartier Mouffetard, comme je sortais de Caractères. Après pas mal de soucis personnels, elle reprend du service dans l’édition. Elle venait me parler de L’impatiente, un premier « roman » de Céline Lis, chez Lattès. J’étais vraiment très peu emballé par l’histoire (une jeune femme atteinte d’un cancer, mais qui s’en sort avec courage…) Regarde-le, je t’assure, l’écriture vaut la peine. - Promis, promis… Et puis nous avons bavardé. Ravaudé l’un l’autre nos années. J’ai tant oublié. En fait, je ne sais plus bien comment était le temps, avant. J’ai déjeuné avec Florence aux Charpentiers. Pris des nouvelles de Denoël. Parlé de Richard Morgiève (Il les quitte. Je vais l’appeler…), de Véronique Bergen (Elle vient d’achever un nouveau texte), de Jaunay Clan (Son manuscrit avance). Je suis retourné à mes Anna de Noailles. Terminé assez tard. Amélie avait une soirée de lancement d’un livre chez Liana Levi. Je l’ai attendue au Sauvignon. Lu L’impatiente et jeté aux orties mes préjugés. Le texte suscite une profonde émotion, sans pathos, sans larmoiement. Il a beau se perdre au tournant de ses cinquante dernières pages, il n’en reste pas moins beau. Etonnament pur…

Lundi 28 septembre. 22h10.

Pas le temps de prendre un café ensemble à la sortie du train. Amélie filait à un rendez-vous. J’ai hésité un instant à en avaler un au comptoir de la Petite Bretagne. Non, pas tout seul… Je suis rentré à l’appartement. Déjeuner avec Philippe Rey et Marie-Laure, son attachée de presse, dans un restaurant libanais de la rue de la banque. Houmous, brochettes et taboulé vert. Nous avons parlé de la rentrée de janvier (déjà !) et aussi des poèmes de Jean Fanchette dont je ne me souviens que d'un vers (lu où?) : Les tresses se dénouant dans l'or fin des regards. J’ai découvert à la fin du repas que Marie-Laure avait passé des vacances d’enfance à Carolles. C’est si beau là-bas, m’a-t-elle dit. Je me suis senti tout envahi d’une fierté chauvine. Travaillé dans l’après-midi à la chronologie de Bruno Durocher pour l’édition de ses œuvres complètes. J’avais rendez-vous le soir au deuxième sous-sol d’une clinique sinistre du XVe pour de nouveaux examens. Amélie m’accompagnait. Tout est normal, semble-t-il. Nous sommes rentrés à pied. Doucement.

Dimanche 27 septembre. 22h30.

Terminé le papier dans la matinée. J’ai appelé Jean-Yves pour vérifier quelques bricoles. Pour me sentir un peu conforté aussi. En écrivant, j’étais sans cesse inquiet de ne pas sonner juste. Il est à Paris, de retour d’un salon du livre à Béziers qui semble s’être assez moyennement passé. Il râle. Je sens bien qu’il a envie de rentrer chez lui. Chez lui, maintenant, c’est Berlin. Venez si vous voulez. J’aimerais bien je crois. Au printemps ? Nous avons passé l’après-midi aux Fontenelles. Désherber, râtisser. Nous avons encore ramassé un plein panier de tomates cerises. Il en reste. Nous en trouverons à nouveau à notre retour. Dix jours. Nous pourrons récolter les premières chicorées. Planter l’ail. Nous sommes passés dire au revoir à Georgette. Je la sens épuisée. Elle nous a accompagnés jusqu’à son seuil. Bredouillé un au-revoir. Essayé sans y parvenir de casser une tige fanée de géranium à un des pots de son jardin miniature. A bientôt. Je suis revenu sur mes pas pour l’embrasser.

Samedi 26 septembre. 21h40.

Je n’ai pas dû assez faire cuire la confiture de mûres. Je l’ai laissée pourtant bien dix minutes à petite ébullition. En pots, elle reste un peu liquide. Redonner un bouillon ? Il faut attendre quelques jours avant de prendre une décision… J’ai repris mon papier sur Cendrey. J’y avance ligne à ligne.

Vendredi 25 septembre. 22h45.

Il n’y a plus que quelques rares étals au marché de Sartilly. L’essentiel. Le charcutier, le mareyeur, le maraîcher. Mais nous sommes revenus sans avoir pu faire les courses de Georgette. Pas de fromage. Pas de fraises. J’irai chez Charuel… Elle se recroqueville. Elle est fatiguée. Ca va, ça va. Quand même… L’après-midi, nous avons ramassé des mûres dans les bois de Saint-Michel-des-Loups. Deux bons kilos. Les mains égratignées. Violettes de jus.

Vendredi 25 septembre. 1h20.

Ciel gris à Carolles. Pas sorti de la journée. A peine le tour du jardin. J’ai travaillé à mon portrait de Cendrey. Amélie est arrivée au train du soir.

Mercredi 23 septembre. 22h40.

J’avais rendez-vous au Café de la mairie avec Laure, la fille de Patrick, mon ancien directeur de la rédaction à Point de Vue. Elle m’avait appelé la semaine dernière. Nous ne nous étions pas vus depuis des années. Avec son amie Cécile Blaize, elle a monté une petite agence de production. Reportages, interviews. Elles sont à la recherche d’un éditeur pour un travail sur le tatouage qu’elles ont réalisé avec un photographe. L’angle est particulier, le résultat déroutant. Ce sont les portraits d’une institutrice, d’un pédégé, d’une infirmière, d’un flic, dont on découvre qu’ils sont, bien sûr … invraisemblablement tatoués. Mais au-delà de la curiosité et de l’anecdote du dévoilement, cela ouvre un territoire incroyable de beauté et de trouble. Vous pensez vraiment que c’est bien ? Je les ai adressées dans un premier temps à Raphaël qui pourra les guider. Je leur ai donné les coordonnées d’Alain aussi qui saurait leur écrire une belle préface. Plus même… Un verre (plusieurs…) en fin de journée avec Jean-Pierre au comptoir du Bar Bac. Comment en sommes-nous venus à parler de Ferré ? Et l’avions-nous jamais évoqué ensemble avant ? Je me suis senti accompagné, d’un coup. Retrouvé Amélie au Bistrot de Paris. J’avais réservé la 43, la table près du bar où nous avons fait tant et tant de dîners.

Mercredi 23 septembre. 14h50.

Dans le train du retour, j’ai lu Le livre des nuages, le premier roman de Chloe Aridjis, une « américano-mexicaine », paru au Mercure. Tout un détortillement de sentiments d’étrangeté dans le Berlin d’aujourd’hui. Berlin. J’ai pensé à mon papier, toujours pas commencé sur Honecker 21 de Cendrey. Ma voisine avait envahi la tablette de son siège de cahiers , de stylos. Elle griffonait une foule de notes sur Les nuits blanches de Dostoïevski. Sur la pile des livres arrivés depuis hier à l’appartement, Amélie m’avait laissé un petit mot. Je me doutais qu’elle n’était pas libre pour déjeuner…

Mardi 22 septembre. 23h50.

« Romans fous, romans louches ». J’ai préparé mes fiches pour le débat dans le train. Un taxi m’attendait à Lyon. J’ai posé mon bagage à l’hôtel. Je suis logé, à nouveau, au Collège Hôtel. Photos d’école dans l’ascenseur, grandes cartes murales Vidal Lablache, chaise de classe et pupitre dans la chambre. Je ne suis pas certain de m’y sentir très à l’aise. Ecrit quelques cartes postales en buvant un verre de mâcon à la terrasse de La Cave des voyageurs, un bar à vins de la place Saint-Paul. Quelques pas le long des quais de Saône avant l’heure du rendez-vous. J’ai fait le trajet jusqu’à la Villa Gillet avec Martine qui accompagnait Vincent Message. Là-bas, nous avons retrouvé François Beaune, Guy aussi, Marion qui remplace Adélaïde pendant son congé maternité, et toute l’équipe de la Villa. Beaucoup de monde dans la salle, comme la dernière fois où j’étais venu ici, en mars. J’ai commencé avec ce court passage du deuxième chapitre d’Alice que je connais par cœur. « Mon Dieu ! Mon Dieu ! Comme tout est bizarre aujourd’hui ! Pourtant, hier, les choses se passaient normalement. Je me demande si on m’a changée pendant la nuit ? Voyons, réfléchissons : est-ce que j’étais bien la même quand je me suis levée ce matin ? Je crois me rappeler que je me suis sentie un peu différente. Mais, si je ne suis pas la même, la question qui se pose est la suivante : Qui diable puis-je bien être ? Ah, c’est là le grand problème ! ». Comment aborder autrement ces deux premiers romans du rêve et de la folie ? En fait j’ai essayé de jongler avec. Animer un débat est toujours une petite mise en scène de l’à peu près. L’important est ce que diront les auteurs. Ce sont eux que le public vient écouter. J’ai trouvé François Beaune particulièrement généreux dans l’échange. Son livre, où se ramassent les carnets intimes d’un psychotique est tout compliqué d’émotion. Un sac de nerfs du tendre, de l’attendri soucieux. A la fin de l’échange, parmi les gens qui attendaient pour lui faire signer un exemplaire, une dame est venue vers moi. Vous savez je lis régulièrement votre journal. Et quand il n’est pas à jour, c’est bête, je m’impatiente… On s’est souri. C’est moi qui me sentais bête. - Vous savez, j’ai bien failli arrêter cet été. J’ai, en effet, laissé filer la chronique en juillet-août, prenant juste quelques notes. Après, je rattraperai. Après, on verra. A quoi bon, en effet, ce retour d’agenda sur moi-même ? Mais cette petite ritournelle des faits s’est tellement embobinée dans mes mots et mes projets que je ne parviens plus à l’abandonner. Cette dame a raison. Je dois me mettre à jour. Parce qu’il s’agit de la seule discipline pour parer à mes effrayants à-coups d’écriture. Dîner à une petite dizaine chez Albert, aux Terreaux. Je me suis lancé dans un débat compliqué entre chronique et critique littéraire (J’ai de plus en plus de mal à m’affirmer critique. Qui le peut vraiment d’ailleurs ? Il me semble que le mot n’est plus contemporain…). Il était temps que la soirée s’achève.

Lundi 21 septembre. 23h45

4h30… Réveil tôt des lundis. J’ai rêvé de Nathacha cette nuit. Neuf mois qu’elle est partie à Mayotte, avec Bernard et Neela. Cela ressemblait davantage à une apparition qu’à un rêve. Une histoire sans paroles ou presque. J’en ai été envahi toute la journée. D’habitude, les images se dissipent à mesure qu’elle s’avance, mais là, un sentiment bizarre de présence m’accompagnait. J’étais poursuivi d’inquiétude diffuse. Je vais lui écrire. D’ailleurs, il est plus que temps. Déjeuner avec Anny à la Villa Corse. Nous avons longuement parlé du livre de Fabrice Lardreau, Nord absolu. J’ai beau me sentir très loin cette anticipation politique, il y a dans ce texte quelque chose qui m’attrape. « Caressons la peur et le désarroi, creusons la haine, continuons lentement, méthodiquement, et voyons où elles nous mènent. » Je vais essayer de proposer un petit papier à Raphaëlle pour Le Monde. Sauf que j’ai déjà pas mal de retard… Relu Les veilleurs de Vincent Message et Un homme louche de Patrick Beaune. Pris des notes pour le débat de demain à Lyon. Amélie est rentrée tard. Elle accompagnait un auteur à une soirée. Nous avons déballé un peu de saumon fumé et ouvert la première des bouteilles de bourgogne blanc offertes par Antonie et Vincent pour le mariage.

lundi 21 septembre 2009

Dimanche 20 septembre. 22h50.

Nous avons cueilli les derniers haricots verts, les dernières tomates du potager. La fin des récoltes est pour bientôt. Restent les potirons, les courges. Après il y aura l’ail à planter et puis retourner la terre. Encore un peu de temps... Longue balade sur la falaise, retour vers le bourg par les chemins. Nous avons ramassé des pommes de pins pour les prochaines flambées. Entre deux pierres, j’ai trouvé une salamandre, morte depuis peu. Je l’ai ramassée. Précautionneusement nettoyée à la maison et conservée dans l’alcool pour mon petit musée zoologique. Après-midi tranquille. Trop tranquille. Je n’arrive à rien faire. Tout se mélange et s’enchevêtre. Des nouvelles, au soir, de Toinon, une des tantes d’Amélie qui avait fait une attaque vendredi. Aujourd’hui elle semble bien sortie d’affaire.

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