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mercredi 28 octobre 2020
Lundi 13 juillet 2020. 20h40.
Par Xavier Houssin le mercredi 28 octobre 2020, 19:47
Cela faisait longtemps que je voulais profiter d’un séjour à Veyrier pour faire un petit pèlerinage Anna de Noailles. A Amphion où elle a passé chaque été de son enfance, et à Publier, là où repose son cœur. J’étais persuadé que cela se trouvait tout près de Veyrier, quelque part sur les rives du lac d’Annecy. En fait, Amphion-Publier (il s’agit maintenant de la même commune) est tout proche d’Evian. Donc sur le Léman, à presque cent kilomètres. Je m’étais trompé de lac. Mais nous avions la voiture cette fois. Ca a été une journée un peu étrange. Où l’émotion s’est mélangée à une bonne part d’amertume. C’est qu’il ne reste plus grand chose là-bas. Je me souvenais bien du poème des Forces éternelles : Étranger qui viendras, lorsque je serai morte,/ Contempler mon lac genevois,/ Laisse que ma ferveur dès à présent t’exhorte/ À bien aimer ce que je vois.// Du bout d’un blanc chemin bordé par des prairies/ S’ouvre mon jardin odorant ;/ Descends parmi les fleurs, visite, je te prie,/ Le beau chalet de mes parents.// (…) Pousse la porte en bois du couvent des Clarisses,/ C’est un balsamique relais,/ La chapelle se baigne aux liquides délices/ De vitraux bleus et violets.// Peut-être a-t-on mis là, comme je le souhaite,/ Mon cœur qui doit tout à ces lieux,/ À ces rives, ces prés, ces azurs qui m’ont faite/ Une humaine pareille aux dieux !// S’il ne repose pas dans la blanche chapelle,/ Il est sur le coteau charmant/ Qu’ombragent les noyers penchants de Nouvecelle,/ Demain montes-y lentement. La villa Bassaraba a été vendue. Mais, tout contre, on peut descendre jusqu’à la berge par le « jardin votif » créé par son fils en 1938, sur une bande étroite prise sur la propriété, et où il a fait élever un cénotaphe en forme de rotonde. Hélas, tout est pour ainsi dire à l’abandon, envahi par une végétation de terrain vague. L’endroit aussi était occupé par un troupeau de baigneurs à la rigolade bruyante, écoutant de musique syncopée en buvant des bières. Et dont les serviettes séchaient sur les grilles du monument. Le cœur d’Anna de Noailles se trouve au cimetière de Publier. Un lieu sans charme aucun. Aride. Les tombes anciennes ont presque toutes été relevées pour laisser place à de vilains monuments de granit poli. Difficile de se recueillir devant le carditaphe. Quand au couvent des clarisses il n’existe plus. On l’a démoli dans les années 1960 pour construire des immeubles. Il ne subsiste de ce temps-là qu’un grand cèdre. Publier est triste et laid. Bétonné, engoudronné. Amphion, bien que plus « résidentiel », n’est guère mieux. Mais il reste le lac. C’est là qu’il faut regarder.
Samedi 11 juillet 2020. 18h00.
Par Xavier Houssin le mercredi 28 octobre 2020, 19:46
Je m’émerveille de mes nièces.
Vendredi 10 juillet 2020. 23h40.
Par Xavier Houssin le mercredi 28 octobre 2020, 19:45
Nous sommes à Veyrier. Nous passons une semaine avec Virginie, Marcus et les filles. Ce sont nos vacances. Hier, j’avais quitté Carolles en Twingo avec une glacière pleine de homards que nous avons dévorés, tout à l'heure, au dîner. Départ de Paris avec Amélie. Cela faisait bien deux ans, je crois, que n’avions pas fait un tel trajet avec notre vieille voiture. Pourvu qu’elle tienne encore longtemps. Plus de mille kilomètres à travers la France. En arrivant, j’avais en tête l’air de Ciboulette, l’opérette de Reynaldo Hahn. Nous avons fait un beau voyage. Oh oui. J’aime ces petites aventures routières. Les haltes, les paysages changeants. Et aussi ce huis clos automobile au long cours qui fait nos conversations douces. Si douces.
vendredi 17 juillet 2020
Vendredi 19 juin 2020. 19h20.
Par Xavier Houssin le vendredi 17 juillet 2020, 09:17
Rédigé un petite note sur le dernier recueil de nouvelles de Marie Sizun, Ne quittez pas ! J’ai aussi une commande ferme sur la parution chez Poésie/Gallimard et au Dilettante de deux recueils de Paul Valet. Le premier, La parole qui me porte, reprend les poèmes édités entre 1955 et 1968. Le second, Que pourrais-je vous donner de plus grand que mon gouffre ?, réunit ceux publiés dans les années 1980. Ce sont ces derniers textes que j’avais lus à l’époque. J’avais été profondément impressionné par cette parole heurtée, hurlante, grinçante. J’avais écrit un papier dans Synapse, un autre dans Nervure, correspondu un moment avec Guy Benoit, poète et éditeur de la revue Mai Hors-Saison, qui avait arraché Valet à l’oubli. Je suis content de remettre le fer au feu.
Jeudi 18 juin 2020. 10h50.
Par Xavier Houssin le vendredi 17 juillet 2020, 09:16
J’ai reçu un petit mot de Lucien Suel pour me remercier du papier sur La justification. Il me raconte entre autres que son père est né à Bacilly (à 15 km de Carolles) à la fin de la guerre de 1914, sa famille ayant fui Tourcoing, zone occupée par les Allemands. Des réfugiés comme l’avaient été Angèle et ses enfants à Chassignolles.
Mercredi 17 juin 2020. 18h00.
Par Xavier Houssin le vendredi 17 juillet 2020, 09:15
Je vais m’occuper de la poésie au Monde des Livres. Cela faisait un moment que j’en avais envie, sans oser le proposer. J’en avais finalement parlé à Raphaëlle au début du mois. Macha qui gère les pages « Mélange des genres » (on y parle aussi polars, jeunesse ou photographie) m’a demandé des propositions pour la rentrée et commandé un papier pour le numéro du 2 juillet. J’ai choisi le dernier recueil de William Cliff, Le temps, à la Table Ronde.
Mardi 16 juin 2020. 21h00.
Par Xavier Houssin le vendredi 17 juillet 2020, 09:14
Une masse de courrier en retard. J’ai écrit à mes oncles René et Georges. Quatre-vingt-dix et quatre-vingt-neuf ans. Ils sont les derniers de la grande fratrie. Je leur ai demandé d’essayer de rassembler leurs souvenirs sur Chassignolles. Pas les leurs directement, ils sont nés bien après la fin de la Grande Guerre, mais je suis certain qu’ils en ont beaucoup, beaucoup, entendu parler. Dans la famille, le village de naissance de ma mère était en effet devenu un lieu quasi légendaire. Et un vrai lointain aussi, car ses treize frères et sœurs ont tous vu le jour à Roubaix. Sans compter qu’il s’agit du seul vrai voyage de ma grand-mère Angèle. J’espère qu’ils pourront me rapporter des riens, des bouts de phrases, des morceaux d’anecdotes. Des impressions. J’aimerais aussi qu’ils puissent retrouver un peu de ce que l’on disait de leurs grands-parents maternels, d’Houplines. De leur tante Clémence, de leur cousine Suzanne. De la guerre en général et de leurs oncles morts au combat. De leur demi-soeur Jeanne décédée en 1913. Car, c’est décidé, tout cela sera la trame de mon prochain livre.
Lundi 15 juin 2020. 15h40.
Par Xavier Houssin le vendredi 17 juillet 2020, 09:13
Cela fait bientôt quatre mois que je correspond avec Laurence. Un minuscule message tous les jours. Le 17 mars, elle apprenait, après des semaines d’incertitude, que son fils était atteint d’une leucémie aigüe. Il n’a pour ainsi dire pas quitté l’hôpital depuis cette date. Les traitements jusqu’ici ont échoué et il va falloir tenter une greffe de moëlle. Je n’ai jamais vu ce bonhomme qui a eu juste cinq ans il y a deux mois. A sa naissance, j’avais envoyé un petit lapin en peluche, blond, tout doux. J’avais reçu une photo, sur laquelle, avec cet air préoccupé, profond, qu’on parfois les bébés, il tenait l’animal par l’oreille. Mon Dieu, qu’il la tienne fermement cette fichue oreille, qu’il s’accroche à son lapin. Qu’il tienne bon ce tout petit.
Dimanche 14 juin 2020. 22h30.
Par Xavier Houssin le vendredi 17 juillet 2020, 09:13
Panique. Panne d’Internet au moment d’envoyer mon papier. Amélie s’est chargée de l’affaire et a téléphoné à l’opérateur (je suis dramatiquement obtus en la matière). Un élément étranger bloque votre connexion. Lequel ? Mystère. Heureusement en fin de journée, tout était rétabli.
Samedi 13 juin 2020. 23h40.
Par Xavier Houssin le vendredi 17 juillet 2020, 09:12
J’ai écrit mon papier sur La justification de l’abbé Lemire, le long poème de Lucien Suel que vient de rééditer Faï fioc, vingt ans après sa première publication. J’avais découvert ce texte par hasard sur Poezibao il y a quelques années en faisant des recherches à propos d’Houplines, la petite ville où ma grand-mère Angèle est née en 1889. Une suite de recoupements m’avaient amené jusqu’à l’abbé Lemire (1853-1928), curé de Hazebrouck et député du Nord qui a voué toute sa vie à la défense des intérêts des plus pauvres. On lui doit les premières avancées du droit du travail, l’aide aux familles, et dans cet esprit, la création des jardins ouvriers. Lucien Suel, lui, dit volontiers que le jardinage est comme une métaphore de l’écriture. Très attaché à sa terre des Flandres, il est, à sa manière, aussi un homme de foi. Le destin de Lemire ne pouvait que le toucher. La forme de son livre saisit d’emblée. La mise en page évoque les carrés d’un jardin potager, ou encore les bancs rangés dans la nef d’une église, et même les sépultures alignées d’un cimetière militaire. Le poème est en effet graphiquement composé sur ses quarante-deux stations de deux colonnes de douze tercets. Chaque vers comporte exactement vingt-deux signes, espaces compris. Et l’écriture est justifiée. D’où le titre qui ainsi rassemble le cadre typographique et l’argument biographique. Rien de rebutant pourtant dans tout cet ensemble. Bien au contraire. Le texte qui se déplie est d’une émotion sobre, profonde. Il parle d’enfance, de foi, de courage, de fragilité. De ce pays du Nord, du bord de l’eau, des terrils miniers, des champs et des sillons. C’est bouleversant. J’ai retrouvée intacte l’émotion de ma première lecture. Et j’y trouve aujourd’hui comme un étrange encouragement pour ma propre écriture.
Vendredi 12 juin 2020. 20h00.
Par Xavier Houssin le vendredi 17 juillet 2020, 09:10
Journée cerises. Cueillette chez Mme Bassard, chez Fabien, chez Yann et Brigitte. Des bigarreaux Napoléon. Les arbres ployant sous les fruits et nous revenant paniers pleins.
Jeudi 11 juin 2020. 21h00.
Par Xavier Houssin le vendredi 17 juillet 2020, 09:09
J’ai pris un café avec Sarah au Bouquet, à l’angle de la rue Boulard. De toutes les amies de l’adolescence de Marie, elle est la seule que je croise de temps en temps. Simplement parce qu’elle a continué d’habiter le XIVe. Au fil irrégulier de nos rencontres, je me suis un peu attaché à sa vie, j’ai vu grandir son fils Noé. Nous avons bavardé un bon moment. Je l’aime bien cette gamine. Enfin, gamine, elle a quand même trente-cinq ans, mais je la vois toujours à ses douze ou treize, à la fois réfléchie et effrontée. Marie et elle ne se voient plus beaucoup. Aujourd’hui, je ne connais plus les amis de ma fille. Cela fait bien longtemps d’ailleurs que je ne sais plus rien d’intime la concernant. Retour en Normandie par le train de 16h00.
Mercredi 10 juin 2020. 19h40.
Par Xavier Houssin le vendredi 17 juillet 2020, 09:08
Je suis allé à la messe à Saint-Médard. La première depuis le « confinement ». Cérémonie sobre, pas trop abîmée par les fameuses règles sanitaires. J’aime beaucoup cette paroisse. Je m’y rendais souvent pendant les années où je donnais des cours à Censier. Je suis sorti avec la lecture du psaume en tête. Garde-moi mon Dieu, j’ai fait de toi mon refuge. Retrouvé Amélie pour déjeuner dans le quartier. Je suis passé voir Nicole chez Caractères. Toujours en butte aux mêmes soucis. Et fatiguée, si fatiguée. Je sais que tu dois me donner un recueil. Mais si tu peux attendre un peu. J’ai l’été pour terminer Afin que nul n’ignore.
Mardi 9 juin 2020. 18h00.
Par Xavier Houssin le vendredi 17 juillet 2020, 09:07
Long déjeuner au Marco Polo avec Claudine et Josette Pratte que je n’avais pas vue depuis très longtemps (largement plus de dix ans). Nous avons eu une conversation toute hachée de souvenirs. Parlé de livres et des gens qu’on aime. De la vie qui va, doucement. C’était peut-être à cause de l’orvietto, mais nous avons eu plusieurs fois les yeux un peu mouillés d’émotion.
Lundi 8 juin 2020. 23h50.
Par Xavier Houssin le vendredi 17 juillet 2020, 09:06
J’ai retrouvé Amélie à la terrasse d’une brasserie, rue des Morillons, près du parc Georges-Brassens. Antonie et Vincent nous avaient invités pour un dîner chez eux avec Alice Déon. Pas revu Louise qui s’était envolée pour je ne sais quelle soirée, mais Basile et Suzanne qui, après Les malheurs de Sophie, avait englouti Les petites filles modèles. Je lui ai promis de lui offrir Les vacances, la prochaine fois.
Lundi 8 juin 2020. 16h40.
Par Xavier Houssin le vendredi 17 juillet 2020, 09:05
J’ai déjeuné avec Louise. Elle aura seize ans dans quelques semaines. On s’est retrouvés au Rostand et je l’ai emmenée chez Luisa Maria, le restaurant italien de la rue Monsieur-le-Prince. Je l’écoute me raconter ses histoires de lycée, ses enthousiasmes et ses énervements. Tu vois, tu vois… Pas certain que je me repère parfaitement dans tout, mais je suis heureux d’être, un instant, son confident. Elle rit, elle picore dans sa pizza, trempe ses lèvres dans son verre de rosé. Rit encore. Je l’avais vue en coup de vent en janvier. Comme elle a changé. Elle ne ressemble plus à une gamine qui a poussé, elle est maintenant une jeune fille qui commence, je crois, à comprendre qu’elle est belle. Quelle métamorphose. On s’est quittés au Luxembourg. Elle avait mille choses à faire. J’ai traversé le jardin tout empli de son printemps.
Dimanche 7 juin 2020. 23h00.
Par Xavier Houssin le vendredi 17 juillet 2020, 09:04
Pris le train pour Paris à nouveau. Nous avons déposé La Harpe chez Séverine sur le chemin de la gare.
Samedi 6 juin 2020. 22h50.
Par Xavier Houssin le vendredi 17 juillet 2020, 09:04
Dîner à la maison avec Claudine et Patrick. Ils nous prêtent gentiment leur cabine de plage. Noëlle ne nous louait plus la sienne depuis l’automne.
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