Nous avions rendez-vous avec Clémence à la terrasse de chez Péret. Elle a été vite rejointe (c’était prévu) par Louise. Et Louise, cela faisait bien un an que je ne l’avais pas vue. La faute à mes trop brefs séjours à Paris. J’étais ravi des retrouvailles. Elle a changé évidemment. Elle va avoir dix-sept ans dans quelques semaines et se dépêtre avec tout un tas de préoccupations dont je ne comprends pas grand chose. Mais je suis sous le charme. Elle est jolie, vive. Elle rit, et déborde d’un enthousiasme communicatif. De retour à l’appartement, je me suis occupé des plantes que j’avais rapportées de Senlis. Mis en godet la pousse toute chétive, toute malingre, trouvée au pied de « mon chêne » en forêt d’Halatte. Et celle aussi d’un des grands marronniers du Cours, juste en face de la maison. Elles rejoindront mon petit arboretum sentimental à Carolles. Pourvu qu’elles s’enracinent. Ca a été une belle journée. Jusqu’ici, mes rapides allers retours à Senlis étaient toujours envahis de mélancolique tristesse. Mais cette fois, dans la douceur de cet après-midi de printemps, j’ai compris, que je n’avais rien perdu là-bas. Qu’en fait je n’étais jamais parti. Que tout était resté si vivant dans mon cœur que j’appartenais encore à cette terre-là, à cette ville qui m’avait vu grandir. Qui m’avait fait grandir. Et que j’étais, à jamais, de mon enfance. Nous reviendrons, n’est-ce pas ?, m’a dit Amélie.