J’ai fait l’aller-retour à Paris. Toujours mes histoires de bague. Peu avant notre départ au Mexique, j’avais finalement trouvé la « remplaçante » de celle que j’avais perdue en novembre. Une intaille XIXe en cornaline représentant un profil de Junon, montée très sobrement. Je m’y étais apprivoisé. Je l’ai perdue aussi. Ou plutôt, il ne m’est resté que l’anneau. Le chaton s’est arraché. Un faux mouvement, un choc. Les soudures n’ont pas tenu. Je m’en suis aperçu un soir alors que je lisais Une étude en rouge à Gabrielle et Antoine. Nous les avions à Carolles pour une semaine. J’en étais à : Gregson avait à sa disposition une civière et quatre hommes. Ceux-ci arrivèrent à son appel ; ils soulevèrent le cadavre et l’emportèrent. Au moment où on l’enlevait, une bague tomba avec un son clair et roula sur le parquet. Instinctivement, j’avais alors regardé mon petit doigt. L’intaille n’y était plus. Nous avons cherché partout. Le lendemain, nous sommes revenus à l’aérodrome de Bréville où Yann avait fait faire un baptême de l’air aux enfants dans son bel avion tout neuf. Nous avons exploré, ratissé. Peine perdue. Le hasard a voulu que je tombe les jours suivants sur une vente d’intailles antiques à Drouot. Il y en avait une particulièrement jolie. Ronde, d’un peu moins d’un centimètre de diamètre. Sur la calcédoine blanche était gravé un petit genius romain ailé, portant une offrande. Un ange passait avant l’heure. J’ai eu la chance d’emporter l’enchère. C’est cette minuscule pierre que je suis allé chercher à Paris aujourd’hui. Comme faisions la première étape des vacances à Veyrier, l’idée était de le confier à Marcus afin qu’il la fasse monter en bague dans l’atelier de sa bijouterie de Mexico. Manière de refermer (pour de bon ?) cette sorte de boucle bizarre. Sauf qu’entretemps, Amélie a retrouvé le chaton disparu dans un improbable recoin de la maison.