Et si nous allions à Senlis ? a proposé Amélie. J’y avais pensé (pour une fois que j’avais la voiture), je n’avais pas osé lui en parler. C’était sans doute trop tard pour les marronniers en fleurs sur le Cours, mais j’avais très envie de retourner là-bas. La dernière fois remontait bien à cinq ans, une fin novembre. Et ce dimanche était si ensoleillé, le ciel si bleu, pur comme l’azur des blasons royaux. Nous sommes arrivés vers midi. Déjeuner rue Bellon dans un restaurant installé en lieu et place du Bazar de la licorne, le magasin aux trésors où j’achetais mes lignes de pêche et mes appâts, les lance-pierres, les pétards, les filets à papillons. Nous avons flâné dans les rues. J’appréhendais un peu, mais sans effort tout m’est redevenu familier. Je me trouvais très doucement accueilli. J’étais chez moi. Je rentrais à la maison. La maison, justement. Je suis bien sûr allé la voir. J’ai aperçu du linge qui séchait dans la courette. Contre le mur grimpait un rosier fleuri. Ca m’a fait sourire. Le présent faisait une jolie boucle avec mes souvenirs. Je me suis rendu compte que nous étions le jour de la fête des mères. J’ai pris la main d’Amélie.