J’étais à Valence passé midi. Très largement en avance. J’ai marché au petit bonheur la chance pour échouer au Victor Hugo, une brasserie cossue du centre ville avec aux murs de très grandes reproductions de toiles de Tamara de Lempicka. J’ai déjeuné et fait traîner le temps en trois ou quatre cafés. Une, puis deux demi-bouteilles d’eau de Vals. J’ai arrangé mes notes. Relu Les adolescents troglodytes : Je jouais souvent à mourir quand j’étais petit garçon, je voulais qu’on me pleure. Emmanuelle Pagano est décidemment un auteur qui épingle mes replis. Elle arrivait d’Aubenas où elle enseigne dans un collège. Je l’ai retrouvée chez son fils de dix-sept ou dix-huit ans qui occupe un petit appartement dans le quartier de la gare. Foutoir étudiant et techno hardcore. Tu peux baisser un peu ? Nous nous sommes retranchés porte fermée à l’intérieur d’une pièce où séchait la lessive. Nous y avons bavardé une bonne heure. Elle, assise par terre sur un coussin, moi, installé sur une table basse en pin. Elle m’a raconté ses livres et sa vie dans tout un entrelacs de coïncidences, de failles, d’ombres portées. J’en ai reçu tous les échos. C’est que ce nécessaire étrange, ce tricotage du fortuit m’est vraiment familier. Mais le propos n’était pas là. Je vais essayer de me mettre au papier dès demain. A Carolles…
samedi 6 décembre 2008
Vendredi 5 décembre. 23h00
Par Xavier Houssin le samedi 6 décembre 2008, 17:56
vendredi 5 décembre 2008
Jeudi 4 décembre. 22h15
Par Xavier Houssin le vendredi 5 décembre 2008, 15:59
J’étais invité au Fouquet’s pour la remise du prix littéraire européen Madeleine Zepter à Ian Mc Ewan pour Sur la plage de Chesil. Des journalistes-vedette, des grands éditeurs, des ambassadeurs. Cocktail et déjeuner placé. J’avoue que j’avais peur de l’exercice. Je ne m’y fais toujours pas. Ce n'est plus de la timidité, cela reste de la gêne. Je ne me sens pas à ma place. Heureusement, j’étais à la table de Claudine. Avec autour de nous, Christophe, Marianne, Marie-Christine… On a beau se voir rarement, j’étais quand même en pays de connaissance. Ouf ! J’ai continué l’après-midi mes séances de signature pour les libraires. Retrouvé Christine au Sauvignon. Elle revient du 1er Congrès International des écrivains de la Caraibe en Guadeloupe. Nous avons évidemment parlé du Monde. Des reportages, des projets pour la rentrée de janvier. Demain, je pars à Valence rencontrer Emmanuelle Pagano. Raphaëlle m’a commandé un portrait de dernière page. J’avais déjà chroniqué Le tiroir à cheveux, son troisième livre, en 2005. Les mains gamines qui vient d’obtenir le Wepler est un livre qui me bouleverse. Pourvu que je sois à la hauteur de mon émotion.
Mercredi 3 décembre. 23h20
Par Xavier Houssin le vendredi 5 décembre 2008, 15:35
Mes étudiants n’ont pas du tout avancé dans leurs reportages. J’aurais dû m’en douter. L’année dernière c’était déjà pareil. Il n’y a rien à faire, je n’arrive pas à être exigeant. Les notes sont le cadet de mes soucis et je considère que les travaux que je leur demande sont avant tout des travaux pour eux. Ca ne fait pas très enseignant… Ma vraie satisfaction est qu’ils reviennent, semaine après semaine et qu’ils restent curieux. D’ailleurs, je vois bien ce qui se passe chez certains d’entre eux. Ils agrègent. Ils font leur pelote de bribes de culture, de mots échappés. Ils se dessinent. Peu à peu, ils se reconnaissent. Dans un couloir de la fac, j'ai croisé Alice. Je l’avais eu en cours l’année dernière. Nous avons échangé quelques mots. Elle a changé. Elle est en beauté. Elle est en assurance. Je me suis mordu les lèvres pour ne pas lui dire : Comme vous avez grandi… J’ai retrouvé Amélie en début de soirée. Nous étions invités à prendre un verre chez Nathacha et Bernard rue Oudinot. Nous n’avions pas encore vu Neela depuis sa naissance en septembre. Si joli bébé. Toute petite fille. Elle s’en va avec ses parents pour un bien long voyage dans quelques semaines. Bernard a été nommé à Mayotte. Ils y resteront au moins deux ans. Je sentais monter en moi comme un serrement de gorge que j’ai avalé avec deux verres de champagne. Décidemment, je n’aime pas les départs. Vous viendrez nous voir là-bas, a dit Nathacha. Huit mille kilomètres au moins. J’espère surtout que nous allons nous écrire. Nous sommes passés chez Marie en sortant, histoire de lui apporter ses pots de cancoillotte achetés à Besançon. Au milieu du désordre de son minuscule deux-pièces, Beuys, petite boule de poils roux et blanc faisait ses cabrioles de chaton.
Mardi 2 décembre. 22h00
Par Xavier Houssin le vendredi 5 décembre 2008, 15:19
J’ai préparé mon questionnaire d’actualité de demain pour les étudiants de Censier. Je ne suis allé chez Buchet qu’en fin de matinée où j’ai continué d’envoyer des exemplaires de mon livre aux libraires. Déjeuner avec Pascale rue Servandoni au Bon saint pourçain. Nous étions à peu près seuls dans la salle. Juste une autre table était occupée. La petite chienne fox-terrier du patron est venue s’installer à nos pieds. Nous ne nous sommes pas dit grand chose, envahis l’un et l’autre d’une espèce de lassitude de fin d’année. D’inquiétude diffuse aussi. Je n’ai pas avec Pascale de problème de silence. Economie des mots. Se taire et se comprendre. Voilà bien un sentiment que je n’avais pas éprouvé depuis l’adolescence. C’est précieux. Pascale m’a appris surtout aujourd'hui quelque chose de troublant. Elle a vu Cookie récemment. Elles ont parlé de mon livre ensemble. Des détails et des lieux du livre. Cookie lui a raconté qu’elle avait eu ma mère comme professeur de mathématiques à Senlis chez les religieuses. Elle garde un souvenir très précis de tout cela. De moi, notamment, occupé à dessiner dans le fond de la classe. Curieusement, cela me conforte. J’y crois tellement à ces hasards messagers.
Lundi 1er décembre. 23h45
Par Xavier Houssin le vendredi 5 décembre 2008, 15:15
J’ai déjeuné avec Joëlle au Pub Saint Germain. Je n’étais pas revenu là depuis les travaux de rénovation d’il y a déjà plusieurs années. Je me souviens des lumières tamisées, des banquettes à recoins, de la carte des cocktails. On y servait des Pim’s dans des grands verres avec de l’eau gazeuse, des tranches d’orange, une cerise au marasquin. C’était mes premières années à Paris. Je trouvais tout cela le comble du chic. Le décor maintenant est colonial ou exotique, comme on veut. Parquet en teck, fauteuils en cuir et bouddhas dorés. Nous étions installés à une petite table dans le fond, fenêtres donnant sur la cour du Commerce-Saint-André. Nous avons échangé les nouvelles. Michel ne va vraiment pas bien. Joëlle le dit sans esquive avec cette manière d’enfant d’inspirer fort par le nez lorsque l’on est saisi par l’émotion. Je me suis senti sot, tout encombré d’une affection impossible à mettre en mots. Je les aime bien tous les deux. Est-ce si difficile à dire ? Je suis resté l’après-midi chez Buchet où j’ai trituré mes projets sans être bien sûr de la destination à leur donner aujourd’hui. J’attends encore un devis de fabrication pour « Domaine Public ». J’aurais fini de rédiger tout mon programme 2009-2010 avant Noël. Je suis dans le flou. Je n’ai pour l’instant que des accords de principe. Je vais devoir revenir à la charge pour obtenir quelques garanties.
Jérôme et Marion sont venus dîner à la maison. Nous avons commencé, comme toujours, par une longue discussion sur les livres. Puis nous avons parlé d’eux. Puis de nous. Puis d’eux encore. C’était doucement intime. Le temps a passé vite. Belle soirée.
mardi 2 décembre 2008
Dimanche 30 novembre. 22h45
Par Xavier Houssin le mardi 2 décembre 2008, 15:52
Nous sommes retournés au musée ce matin. J'ai trouvé la toile que je voulais montrer à Amélie. Il s'agit de Deux jeunes phoques sur un rivage de Paul de Vos. Une étonnante composition XVIIème qui mèle peinture animalière, nature morte et paysage. Les deux phoques, énormes, ont une bizzare morphologie. Ils sont trop courts, trop ramassés, posés presque n'importe comment sur un banc de sable où gisent d'improbables coquillages. Il y a notamment un escargot carapaçonné noir et or et qui sort un long corps cornu et luisant. L'arrière-plan est occupé par un village masqué en partie par un rideau de hauts arbres verts. On voit surtout un clocher. J'ignore pourquoi, mais ce tableau me fascine. Il est envahi d'étrange et de douceur. Claire a téléphoné. Elle nous a appris le décès de Beatrix Beck, à quatre-vingt-quatorze ans, pendant son sommeil, à Saint-Clair-sur-Epte. Magnifique écrivain. Adulée. Oubliée. Retrouvée. J'ai passé un coup de fil à Valérie qui la connaissait bien, qui la voyait souvent. Nous avons marché jusqu'au Battant. Déjeuné dans un restaurant où j'étais venu avec Marie il y deux ans. Croûte aux morilles, poulet au vin jaune. La présence de Marie ne m'a pas quitté tous ces jours derniers. Souvenir de Besançon avec elle. Nous avons attrapé le train de justesse. Les valises lourdes et le coeur un peu vague.
Samedi 29 novembre. 23h20
Par Xavier Houssin le mardi 2 décembre 2008, 12:02
Petite balade dans Besançon sous le soleil. Quelques courses aussi : du fromage, de la saucisse de Morteau, du vin blanc du Jura. De la cancoillotte à l'absinthe pour Marie. Nous avons retrouvé les organisateurs du festival dans un restaurant de la rue Rivotte, avec les auteurs qui devaient participer avec moi à la lecture-débat prévue dans l'après-midi au musée des Beaux-Arts. En attendant l'heure, nous avons joué les touristes. Nous sommes montés à la Citadelle, visité la cathédrale Saint-Jean, vu La Vierge aux Saints de Fra Bartolomeo. Les rencontres avaient lieu dans la salle où se trouve une grande toile de Courbet aux allures de chromo : L'Hallali du cerf. Je lui préfère de loin, sur le mur d'en face, La leçon de cathéchisme, une peinture fin XIXème de Jules-Alexis Muenier. Un vieux curé dans son jardin, où poussent éparses des roses trémières, écoute, grave, quelques écolières et écoliers. J'avais tout suite repéré ce tableau la première fois que j'étais venu ici avec Marie en 2006. Quand elle est devenue conférencière au musée pendant ses études, elle m'en avait fait découvrir un autre, pour le coup très différent. Il représente deux phoques sur une grève. Une drôle de scène, si je m'en souviens bien. Il va falloir que je le retrouve. Dominique animait les rencontres. Philippe de la Genardière et moi, pour commencer. Catherine Lovey et Alain Monnier ensuite. Pendant le pot qui a suivi, Alain m'a donné des nouvelles de Catherine de Saint-Phalle qui avait publié il y a quatre ans chez Buchet Nous sommes tous des Carthaginois, un très beau roman sur la solitude et l'enfance. Nous avions sympathisé, échangé des lettres. Elle vit maintenant en Australie. J'ai appris qu'elle venait au printemps en France. J'espère que nous nous verrons. Dîner d'adieu. Nous nous sommes échangé les adresses. Rentrés directement à l'hôtel.Trop fatigués pour aller faire un tour aux Passagers du zinc (le PDZ), un bar de nuit qu'affectionnait particulièrement Marie et où elle m'avait fait promettre d'essayer de passer.
Samedi 29 novembre. 0h45
Par Xavier Houssin le mardi 2 décembre 2008, 11:54
J’ai grillé une cigarette sur le trottoir de la rue Moncey en attendant l’arrivée de Pascaline qui doit m’accompagner pour une intervention auprès des élèves d’un lycée de Haute-Saône. Il était à peine 8h30 et ce n’était pas la première. Je fume comme un sapeur depuis que je suis arrivé à Besançon. Déjà trois paquets de Gold leaf. Sans doute une manière d’embrumer les intervalles ou les entre-deux. Brouillard et petite pluie fine. Nous sommes arrivés à Gray vingt minutes en avance. Juste le temps de prendre un café. Le lycée est installé dans une ancienne caserne. Un régiment de cavalerie puis des gendarmes. Maintenant, on forme des garagistes, des conducteurs de poids lourds... J’ai raconté mes livres face à une classe de seconde qui suit des cours de mécanique moto. Une vingtaine de garçons et une seule fille. J’ai retenu son prénom, Mégane. Et une question qu’elle m’a posé aussi : A quoi ça vous sert d’écrire ? Pas moyen d’éluder. D’ailleurs à ces « Petites fugues » je suis partout tenu de m’expliquer. En tout cas, depuis deux jours, je m’y efforce. A quelques mois de la sortie de La mort de ma mère, l’invitation à ce festival tombe plutôt bien. Ca me remet en place. Moi et mes vieilles idées… Nous sommes rentrés à Besançon. Je voulais travailler, mais je me suis laissé envahir par la torpeur. J’ai allumé la télévision dans la chambre d’hôtel. Regardé Persepolis le dessin animé de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud. J’ai pleuré vers la fin. Je dois être fatigué. Au soir Pascaline est venue me chercher à nouveau. J’étais attendu dans une compagnie théâtrale de Lons-le-Saunier. Là encore long trajet, nuit tombée. Une rue à droite après l’usine de la Vache qui rit, toute illuminée. A gauche. Et encore à droite. L’Atelier de l’exil occupe un pavillon des anciens abattoirs. Pas mal de monde avait pris place dans la salle autour de petits guéridons. Face à des spectateurs attentifs, Françoise, la comédienne a lu de longs extraits de mes textes. Nous avons bavardé ensuite. J’ai signé quelques exemplaires. Nous étions conviés ensuite au dîner que Françoise avait préparé pour une dizaine de « proches ». Soupe au potiron, profusion de petits plats délicieux et conversation animée. Seule ombre à cette soirée, j'ai perdu mes lunettes. Les neuves. Du coup j'ai envahi toute la conversation du retour en voiture avec cette histoire. Pascaline m'a écouté plus d'une heure avec une angélique patience parler des lutins voleurs et de saint Antoine-de-Padoue. Amélie m'attendait à l'hôtel. Demain, c'est grasse matinée.
vendredi 28 novembre 2008
Jeudi 27 novembre. 23h05
Par Xavier Houssin le vendredi 28 novembre 2008, 00:03
J'étais levé tôt ce matin. J'ai fait un tour dans les rues. Je me suis installé au café du Commerce, sous les dorures et les grands lustres, pour faire un peu de courrier. Je suis rentré sans me hâter. Dominique m'attendait dans le hall de l'hôtel. Direction Montbéliard où je rencontrais deux classes d'un lycée professionnel. Trajet sous le soleil, ciel tout bleu. La ville était envahie par les préparatifs des fêtes de fin d'année. Une patinoire, des sapins, de gigantesques décorations, des cahutes en bois pour le marché de Noël. Ca ne me réjouit vraiment plus. Drôle de saison. Nous avons déjeuné dans un restaurant du centre. Dominique avait commandé une bouteille de poulsard, ce vin du Jura couleur de cuivre rouge. Il en restait deux, du même, à Carolles. Nous les avons bues l'an dernier. Le débat avec les élèves (je ne sais vraiment pas ce qu'ils retiennent de cela), quelques mots avec les enseignants, un gobelet de café brûlant. Nous avons filé. Route à la nuit tombée jusqu'à Pont-de-Roide. Michèle, la bibliothécaire m'avait envoyé un petit mot chez Buchet : On vous attend. Et, de fait, on m'attendait. J'ai dû beaucoup (trop) parler, mais je m'y sentais incité, en confiance et en connivence. Ce qui m'a touché, troublé, ému, c'est ce que ces gens que je ne connaissais pas ont dit, m'ont dit, sur Le premier pas suffit. Ce livre m'est en effet le plus proche, le plus intime. J'ai senti qu'ils l'avaient compris. Il faut y croire, non? J'ai noté quelques adresses. Il en est certains là-bas à qui il faut que je dise merci.
jeudi 27 novembre 2008
Mercredi 26 novembre. 23h50
Par Xavier Houssin le jeudi 27 novembre 2008, 01:32
Le TGV jusqu'à Dijon, un vieux tortillard ensuite jusqu'à Besançon. J'étais attendu à la gare. L'hôtel, rue Moncey, puis une heure de battement. J'en ai profité pour acheter des affaires de toilette. Je m'étais aperçu en déballant la valise que j'avais oublié ma trousse en partant. Ca m'a fait tout drôle d'être ici. Je n'y étais pas revenu depuis que Marie était rentrée habiter Paris. Elle a passé deux ans à Besançon. J'ai remonté la rue des Granges jusqu'à l'immeuble où elle avait sa maisonnette de fond de cour. Deux pièces perchées en haut d'un escalier étroit. Impossible d'entrer : le code avait changé. Je me suis baladé dans le quartier. Attrapé quelques souvenirs au vol. Mais pas assez pour être nostalgique. Corine, mon accompagnatrice m'avait donné rendez-vous pour une première intervention à la médiathèque de Delle, une petite ville du Territoire de Belfort. Nous avons roulé une bonne heure en voiture. Juste le temps de faire connaissance et de se trouver, en éclats biographiques, quelques points communs. Le travail social, Senlis, les oiseaux, le goût de l'archive. Le débat, animé par Anne-Claude et Christelle, les deux bibliothécaires a été intime. Bienveillant. Très bienveillant. J'appréhendais vraiment de reparler de mes livres. et puis c'est venu, tout doucement. J'ai toute une poche de chagrin à crever en racontant autre chose. Le comment j'ai écrit, les lieux et les moments. Elles m'ont demandé de lire des passages. J'ai senti que ma voix se cassait un peu sur la Rue d'Avelghem. Peut-être parce que j'avais reçu trois minutes avant de commencer un coup de fil étonnamment à propos. La mairie de Roubaix m'appelait au sujet du certificat de décès de ma tante Agnès. Pourquoi demandez-vous ce document ? J'ai expliqué à l'employé que ma tante détenait la concession de mes grands-parents, Angèle et Joseph, au cimetière et que je voulais la reprendre. A mon nom. Oui, j'ai senti que j'éraillais, un peu, en disant devant les gens : Tant que je serai vivant, personne ne touchera à leur tombe.
mercredi 26 novembre 2008
Mardi 25 novembre. 23h00
Par Xavier Houssin le mercredi 26 novembre 2008, 10:30
Mes projets chez Buchet patinent. C'est la crise... J'avoue que je suis un peu découragé. J'en ai plus qu'assez d'être dispersé en petits morceaux de ressources et d'activités. Peur de ne plus avoir l'énergie pour me garder à flot. Juste pour me garder à flot. Ca va passer. Je dois rendre ma liste de propositions à Raphaëlle pour la rentrée de janvier. J'ai quelques papiers à écrire et à tenter d'imposer. Je vais surtout m'occuper de mon livre et tenter de réfléchir au suivant. Demain, je pars à Besançon pour les rencontres littéraires des Petites fugues. Quatre jours où je suis attendu pour parler de mes textes. J'aimerais bien que cela me conforte, me rende un peu de confiance pour continuer. Pascale en revient. Nous avons pris un verre Marché Saint-Germain. Elle traîne de lourds soucis avec sa mère, vieillissante, égarée. Partout, sans cesse, quelque chose se brise. Se fane, se dessèche, pourrit. Nous sommes des orphelins en quête de sursis. J'ai retrouvé Amélie au Sauvignon. Nous nous sommes attablés avec Nadine et Frédérique. Malgré le froid humide qui tombait sur la terrasse (il faut grelotter pour pouvoir fumer...) nous sommes restés un moment. En rentrant au chaud de la maison, je me suis senti apaisé.
mardi 25 novembre 2008
Lundi 24 novembre. 22h30
Par Xavier Houssin le mardi 25 novembre 2008, 11:50
Après deux jours d’averses et de ciel gris, la matinée s’est trouée de bleu. Juste le temps de passer aux Fontenelles ramasser de minuscules carottes, de la roquette, des pousses de betterave, quelques rosettes de mâche. Un tour à la plage. Puis le temps est parti en pente douce. Comme souvent, nous nous sommes retrouvés un peu les bras ballants dans les heures qui précédaient le départ. Une étrange gaucherie. Nous avons dit au revoir à Georgette, installée, percluse, devant la télévision. Je vais lui écrire. Je ne trouve pas sur le moment les mots à lui dire. Il y en a trop. De trop loin. Nous sommes là dans quinze jours. Courage. Banalités... Nous avons chargé les valises. A Granville, la gare était déserte. Le train était annulé pour cause de grève. Chacun a passé ses coups de fil pour les rendez-vous du lendemain matin. Nous sommes rentrés à Carolles tous les trois, moitié agacés, moitié contents. Au fond, c’est une soirée de gagnée.
Dimanche 23 novembre. 23h10
Par Xavier Houssin le mardi 25 novembre 2008, 11:46
Marianne a ramassé les feuilles au jardin (on n’en voit décidemment pas la fin), Amélie a rangé les placards. J’ai fini les plantations de narcisses. J’ai mis presque trois cents oignons en terre dans la plate-bande. Des Totus albus, des Poéticus actea. S’ils veulent bien pousser ensemble, nous aurons un printemps tout fleuri de blanc. Nous avions rendez-vous vers midi à Jullouville pour payer le loyer annuel des Fontenelles. Politesses, biscuits salés et verre de Byhrr avec les propriétaires. Amélie a laissé entendre que nous serions intéressés à acheter le terrain. Les autres n’ont pas opposé de fin de non recevoir. Quand nous vendrons, nous vous le proposerons en priorité. Nous avons une petite chance que cela se fasse. Ils viennent de se défaire d’une maison à Carolles. Pourquoi pas du potager ? Cela dit, je n’ai pas la moindre idée du prix qu’ils peuvent demander. Mais ce serait bien. Si bien.
Samedi 22 novembre. 23h30
Par Xavier Houssin le mardi 25 novembre 2008, 11:44
Nous nous sommes attaqués au garage de bonne heure. Il était rempli du sol au plafond. Les malles, les cartons, les sacs. Les petits meubles envahis de boîtes ficelées, les tiroirs débordants. Et les conserves, le vin, les légumes, les pommes dans les clayettes. Les outils du jardin, la tondeuse électrique, la débroussailleuse. Marianne nous a aidé à jeter tout un nouveau fatras d’inutile. Couvertures trouées, vieilles armatures, ustensiles rouillés. Tu veux vraiment garder ça ? Besoin que quelqu’un d’autre décide. Nous avons déjà tellement trié, trié. Amélie a fait trois voyages en voiture jusqu’à la décharge de Montviron. Nous avons empilé le reste dans la remise des Fontenelles en d’incessants allers et retours. La pluie nous a heureusement à peu près laissés tranquilles. En fin d’après-midi tout était terminé. Place nette. Il ne reste plus qu’à mettre de l’ordre dans la maison. Surtout dans les placards invraisemblablement encombrés. Visite à Georgette. Elle toujours aussi dolente et fatiguée. Elle ne sait plus quoi dire entre se plaindre et rassurer. Elle réclame à lire, mais ne trouve pas son bonheur dans ce que nous lui rapportons. Clavel est Démodé et trop triste, Claudie Gallay Pas si bien écrit que ça. Je vais lui passer Le cœur cousu de Carole Martinez. Nous sommes allés dîner chez François à Genêts. Un restaurant discret dans une ruelle du village. Dans la nuit un peu brumeuse, j’ai eu du mal à retrouver l’endroit. Tout ici est simple et chaleureux. Nous avons dignement fêté au cheverny notre grand débarras. Le patron fait ses grillades dans la cheminée, porc, bœuf, agneau, et parle littérature culinaire avec un enthousiasme intarissable. Amélie a pris date avec lui pour mai. C’est que nous allons avoir quelques belles tablées pour le mariage.
Samedi 22 novembre. 1h50
Par Xavier Houssin le mardi 25 novembre 2008, 11:42
Le train de 10h30 est encore parti avec du retard. Cette fois-ci, c’était les feux de la motrice qui ne fonctionnaient plus. Tout le monde se tassait sur le quai de départ. Les employés de la gare étaient simplement odieux. J’allais dire, question d’habitude. Fichue ligne Paris-Granville. Il y a toujours quelque chose qui ne va pas… Marianne faisait le voyage avec moi. Amélie l’avait « embauchée » pour nous aider à débarrasser tout le garage. Le maçon doit y couler une chape de béton avant que nous n’en utilisions une partie pour faire une chambre. C’est qu’on s’agrandit. Nous avons fait les courses ensemble à l’arrivée. Du bar, des tourteaux, des saint-jacques, des coquillages, de grosses huîtres pied-de-cheval. Georgette m’avait réclamé au téléphone quelques commissions que nous lui avons portées avant même d’ouvrir la maison. Elle a les traits tirés de fatigue et de douleur. Ca ne va pas, ça ne va pas, ça ne va pas. Rien ne la soulage. Quand arrive Amélie ? – Ce soir, comme d’habitude. Là, le train était à l’heure. Amélie a découvert le fauteuil club refait à neuf en toile rouge, les nouveaux rideaux aux fenêtres. La tapissière avait tout installé samedi dernier. Nous avons soupé tous les trois jusque tard. La pluie battait violemment aux carreaux. Pourvu que demain la journée nous garde quelques éclaircies.
lundi 24 novembre 2008
Samedi 22 novembre. 1h50
Par Xavier Houssin le lundi 24 novembre 2008, 21:23
Le train de 10h30 est encore parti avec du retard. Cette fois-ci, c’était les feux de la motrice qui ne fonctionnaient plus. Tout le monde se tassait sur le quai de départ. Les employés de la gare étaient simplement odieux. J’allais dire, question d’habitude. Fichue ligne Paris-Granville. Il y a toujours quelque chose qui ne va pas… Marianne faisait le voyage avec moi. Amélie l’avait « embauchée » pour nous aider à débarrasser tout le garage. Le maçon doit y couler une chape de béton avant que nous n’en utilisions une partie pour faire une chambre. C’est qu’on s’agrandit. Nous avons fait les courses ensemble à l’arrivée. Du bar, des tourteaux, des saint-jacques, des coquillages, de grosses huîtres pied-de-cheval. Georgette m’avait réclamé au téléphone quelques commissions que nous lui avons portées avant même d’ouvrir la maison. Elle a les traits tirés de fatigue et de douleur. Ca ne va pas, ça ne va pas, ça ne va pas. Rien ne la soulage. Quand arrive Amélie ? – Ce soir, comme d’habitude. Là, le train est arrivé à l’heure. Amélie a découvert le fauteuil club refait à neuf en toile rouge, les nouveaux rideaux aux fenêtres. La tapissière avait tout installé samedi dernier. Nous avons soupé tous les trois jusque tard. La pluie battait violemment aux carreaux. Pourvu que demain la journée nous garde quelques éclaircies.
Jeudi 20 novembre. 22h50
Par Xavier Houssin le lundi 24 novembre 2008, 20:28
J’ai signé des exemplaires pour les libraires une bonne partie de la journée. Cela fait étrange d’adresser les livres si tôt. Je n’ai pas pu m’empêcher de l’écrire d’ailleurs dans la dédicace. Un peu plus de deux mois et demi avant… J’espère que cela ne fait pas trop prétentieux. C’est un drôle d’exercice que ces envois en garde. Jusqu’ici, ça va, je connais ceux pour qui je trace deux ou trois phrases. Juste dédier ce petit texte de chagrin. Déjeuner avec Nadine chez Claude Saintlouis. Deux bonnes semaines qu’on ne s’était vus. Elle me manque vite Nadine. J’avais l’impression que cela faisait une éternité. Les programmes de rentrée de Denoël (il y a un deuxième roman de Sophie Bassignac), les histoires des uns et des autres. Nous avons trempé nos lèvres dans le beaujolais nouveau histoire de goûter. Je crois que je n’aime plus vraiment ça, mais je reste attaché à cette « tradition » qui rassemble encore les gens. Lorsque j’étais à Point de Vue, nous organisions des pots homériques avec Alain. Nous nous entendions bien tous les deux. Toujours ensemble à se raconter le monde tel qu’il pourrait être. Des discussions presque adolescentes. En tout cas, à n’en plus finir. Alain a été flanqué à la porte en 2002, je crois. Il a pris sa retraite à Concarneau. J'ai été viré deux ans après. Nous nous sommes éloignés à cause d’un livre de souvenirs qu’il avait écrit et sur lequel je n’ai pas su dire sans doute ce qu’il fallait. Je m’en suis souvenu de tout cela en prenant le chemin du retour vers chez Buchet, et, du coup, j’ai acheté deux bouteilles pour offrir un coup à boire là-bas. Quand je les ai sorties en fin de journée, nous n’étions plus très nombreux pour trinquer. Suffisamment quand même… J’ai retrouvé Amélie. Elle avait réservé deux places au Vieux colombier pour Le voyage de M. Perrichon avec Pierre Vial et Madeleine Marion. Que l'homme est petit quand on le contemple du haut de la mère de Glace ! Bon, la mise en scène était, pour mon goût, un peu trop « intelligente » Mais je n’ai pas boudé mon plaisir du tout. J’avais une dizaine d’années quand j’ai découvert Embrassons-nous Folleville!. Et si on allait revoir du Labiche ?
Mercredi 10 novembre. 23h00
Par Xavier Houssin le lundi 24 novembre 2008, 16:00
Les étudiants ont tiré au sort leurs sujets de reportage. Une boutique, un café, un bout de rue, un pan de quartier près de Censier. La semaine prochaine ils partent « sur le terrain ». Dans l’après-midi, j’ai continué à envoyer mon livre aux libraires. Pour une histoire d’adresse dont je n’étais pas sûr, j’ai appelé Annabelle à L’Arbre à lettres. Nous ne nous étions pas parlé depuis bientôt deux ans. Elle m’a appris que Virginie avait démissionné de Page et qu’elle travaillait à présent à la Maison des écrivains. Je lui ai téléphoné tout de suite pour la féliciter. Heureuse est elle de s’être sauvée de ce guêpier. Là aussi, cela faisait combien de temps qu'on ne s'était vus ? Je l’ai retrouvée le soir avec Claire pour un verre rue Monsieur-le-Prince. L'heure, et largement plus, a filé vite avec elles. Il faut vraiment cultiver les affections, l’amitié. Amélie m’attendait plus tard à La bastide Odéon. Un dîner décidé à la dernière minute pour fêter encore un jour ensemble. Gilles avait cuisiné son lièvre à la royale. La fameuse recette du sénateur Couteaux, où tout finit en compotée exquise. Après des heures et des heures de cuisson.
Mardi 18 novembre. 22h30
Par Xavier Houssin le lundi 24 novembre 2008, 15:54
J’ai déjeuné aux Editeurs avec Hélène. Je ne me sens pas vraiment à l’aise dans cet endroit. Une espèce de décor qui n’est que du décor. Je repense toujours à la taverne alsacienne qu’il y avait ici avant. Des brasseries alsaciennes, d’ailleurs, il n’y en a plus guère à Paris, en tout cas plus du tout entre Montparnasse et quartier latin. L’Alsace à Paris avec ses serveurs et ses serveuses en costume a cédé place début 1980 à un prétentieux restaurant de chaîne. Chez Hansi au bout de la rue de Rennes est devenu une monstrueuse boutique de vêtements. Qu’ont-ils fait des fresques qui décoraient la salle ? Hélène voulait me parler du Dictionnaire des papes, pour Le Pèlerin. Notre conversation a glissé assez vite sur le pape d’aujourd’hui, puis sur la morale et la foi. Terrain difficile. J’ai du mal, de plus en plus, à entendre les morales et je me sens en même temps porté par la foi. Comme je peux. Comme je suis. Je connais Hélène depuis longtemps. Elle possède une rare délicatesse d’âme qui me fait tout lui céder. Alors, nous avons glissé sur nos (lourdes) divergences…
Lundi 17 novembre 2008. 23h40
Par Xavier Houssin le lundi 24 novembre 2008, 11:59
J’ai lu, une fois encore, La domination d’Anna de Noailles. Je pense qu’il va être difficile de republier ce texte. Le titre sonnait trop prometteur. Nous sommes ici dans la curiosité littéraire, bien plus que dans la littérature. Il me reste pour la collection, un recueil de nouvelles, pour le coup toujours accessibles. Et encore pleines de surprises, de nouveauté. Je vais regarder également La nouvelle espérance. Si je me fiais au titre là aussi… J’ai déjeuné avec Paul. Nous avons regardé ensemble les premières listes d'envoi aux libraires pour La mort de ma mère. J’ai téléphoné l’après-midi à Senlis à la librairie Henri IV, celle que tenait Madame Fiévet quand j’étais petit. J’ai parlé d’elle avec la nouvelle propriétaire. Je la revois, tirée à quatre épingles, avec ses cols claudine, son rang de perles au cou. Dans sa boutique, il flottait une odeur de papier, de bois ciré, de colle. D’encre neuve. De plastique d’intercalaires et de protège-cahiers. Quelque chose de fade, relevé, en recoins, de vagues d’âcre et d’acide. Je m’y sentais chez moi, un peu. Vraiment. Madame Fiévet doit être âgée maintenant. Irais-je à Senlis au moment de la sortie du livre ? J’ai peur de m’y engloutir dans les souvenirs insidieux et la nostalgie. On verra. Marie est venue dîner à la maison au soir. Elle avait laissé Beuys chez elle. Beuys, c’est son chat. Un tout jeune matou au pelage blanc et roux qu’un ami lui a apporté la semaine dernière. Elle est ravie. Souvenir de ses années aux Beaux-Arts, elle lui a donné le nom de ce plasticien allemand dont une part de l’œuvre a consisté dans des enveloppements de feutre. Aviateur abattu pendant la seconde guerre mondiale, gravement brûlé, il avait été, nous a-t-elle raconté (je n’en savais rien), sauvé par des nomades qui l’avaient enduit de graisse avant de le rouler dans des couvertures… de feutre.
« billets précédents - page 122 de 135 - billets suivants »