Amélie a traîné une espèce de lent vague au cœur. Elle est restée au lit une bonne partie de la journée. Pas trop en forme. J’ai feuilleté quelques livres pour les papiers de rentrée. Rêvassé. Le vent qu’on avait entendu fort pendant la nuit s’était doucement essoufflé. Je suis sorti voir le citronnier que nous avions ramené de la cour de l’immeuble pour le planter ici il y a deux ans. Le parigocitrus, comme l’appelle Emmanuel. C’est maintenant un bel arbuste qui feuille tant qu’il peut. Autre réunion de famille au soir. Chez Milène, une des sœurs d’Emmanuel et son mari Xavier. La maison, une bastide profonde, enfouie sous la verdure s’appelle Malbosc. Nous y avons retrouvé certains de ceux que nous avions croisé hier. Et d’autres aussi. Revu Laure et Benoît, leur petite fille Noémi, seize mois déjà, que nous avions découverte tout bébé en août à leur retour d’Anjouan. Florian, le mari d’Anne-Sophie, la sœur de Laure, est photographe. Il s’est attelé, depuis 2006, à un travail considérable. Extrêmement émouvant surtout. Il s’agit de numériser, d’ordonner, de mettre en relation et en perspective plusieurs milliers de plaques photographiques réalisées au tournant des XIXe et du XXe siècles par Antoine Maure, un (très) arrière-arrière-grand-oncle. Le tout était encore, il y a peu, oublié dans un grenier. Ce sont des portraits intimes, de petits reportages locaux, des clichés exotiques de voyages lointains. Quel gigantesque puzzle sensible. Cela me fascine parce qu’une foule de visages reviennent de l’oubli avec, souvent, leur nom. Et parce qu'enfin cette galerie épouse très tendrement l’époque. La rendant accessible. Proche. Vivante. Oui, vivante.