Je suis resté hanté par les lambeaux d’un rêve que j’ai fait cette nuit. Enfin, un rêve… Une vision plutôt. Et c’est loin d’être la première fois qu’elle m’advient. Je me suis retrouvé à Senlis dans la propriété de Mme Bouvier. Quand ma mère travaillait, elle me confiait à Mr et Mme Descroix, les concierges de cette grosse maison XVIIIe. J’étais très petit… Cela a duré de nombreuses années. Il y avait d’autres enfants parfois. Mais le plus souvent j’étais tout seul. Au perron de la maison, s’ouvrait une cour pavée, puis un jardin à la française. A l’arrière, un grand parc avec en contrebas un potager. J’ai passé là-bas pas mal d’années d’enfance à m’y balader. Le parc avait une grande pelouse avec au centre un cèdre, le reste était occupé par un bois que traversaient quelques chemins. En lisière, se dressait une espèce de bosquet surélevé, où se trouvait, il me semble, un piédestal de statue ou une balustrade. Un banc, en bas, permettait plus ou moins d’y grimper. C’est à cet endroit précis que se situe mon songe. Il n’y a pas d’histoire. Et rien à raconter. Juste un sentiment d’angoisse et de malaise. Je suis sûr qu’il s’est passé là un événement terrible. Qu’au propre, comme au figuré, quelque chose y est enterré. Dans une semi veille, j’essaie de réfléchir, de rappeler des souvenirs. Rien à faire. La seule certitude est que le lieu est abominable. Voilà… J’en ai été enveloppé toute la journée. Mais qu’est-ce que cela veut dire ? C’était Jeux d’Epreuves en fin d’après-midi. Et le dernier roman de Fabienne Juhel, A l’angle du renard, au Rouergue, le livre dont je parlais justement, n’est que secrets enfouis et cadavres cachés. Drôle de coïncidence. Amélie rentrait tard. Un auteur à accompagner encore. Je suis passé à la mairie du IXe où était organisée une exposition des œuvres de Bolek à l’occasion de la sortie de son livre, Je voulais pas crever. Il s'agit du récit du parcours de galère de ce marginal dont la peinture a transformé la vie. Je ne suis pas très lecteur de ce genre d’histoires. Pourtant tout cela tient. C’est que le texte de ce témoignage a été entièrement écrit par Laurent qui est parvenu à y faire passer une belle émotion et une grande humanité… Nous ne nous étions pas vus depuis le mois de novembre quand il était venu dîner avec Anne-Gaëlle à l’appartement de la rue Saint-Charles. Beaucoup de monde. Nous avons juste pu nous serrer la main. Bu un verre avec Marianne. Embrassé Anne-Gaëlle. J’ai filé. A la maison, Amélie venait de rentrer.