Rangé un peu et bouclé les valises. Amélie guettait le taxi boulevard Saint-Germain. Il nous a déposé en avance gare de Lyon. Le chauffeur aussi avait hâte d'être en famille. il téléphonait chez lui : Dis à Maman que j'arrive. Je passe tout de suite chercher Papy et Mamy à Montparnasse. Et à nous : Ca vous embête si je vous laisse juste au dépose-minute du sous-sol? J'avais fait quelques courses. Nous nous sommes improvisés un pique-nique au champagne dans le train bondé des départs de fêtes. Tellement contents de partir. Nous avons lu. Somnolé. Dehors la campagne était envahie de lourdes brumes. Il faisait nuit à l'arrivée à Marseille. Jérôme nous a rejoints pendant le trajet de correspondance. A Cannes, Emmanuel attendait. Une petite demi-heure après nous pouvions embrasser Claire.
vendredi 26 décembre 2008
Jeudi 25 décembre. 1h30
Par Xavier Houssin le vendredi 26 décembre 2008, 15:20
mardi 23 décembre 2008
Mardi 23 décembre. 22h30
Par Xavier Houssin le mardi 23 décembre 2008, 18:15
J'ai rassemblé un paquet de notes éparses. J'ai fait la liste des gens à voir. J'aurai pas mal de journées aussi à passer à Senlis. Sacré programme. Je vais y aller doucement pour ce prochain livre. Il faut déjà que je chasse complètement de ma mémoire ce que j'avais commencé à imaginer et à écrire. Mais je m'y mets, je m'y mets... J'ai passé un peu plus de la matinée à ordonner ce projet qui ressemble encore à une bonne résolution de fin d'année. Je suis allé chez Buchet. J'ai envoyé des cartes de voeux, répondu au courrier. J'ai retrouvé Amélie au Sauvignon. Nous partons demain à Grasse. Comme d'habitude, j'emporte tout un baluchon de travail à faire. Mais j'aimerais aussi aller me balader un peu. Aller voir le musée Chagall à Nice et puis, juste être ensemble. Là où on se sent bien.
Lundi 22 décembre 23h00
Par Xavier Houssin le mardi 23 décembre 2008, 11:53
J'ai déjeuné avec Marie rue Maleville. Elle travaillait ce lundi. Sa galerie fait l'inventaire. Elle aura quelques jours pour elle début janvier. Pas sûr que nous la verrons à Carolles comme prévu. De soirées en retrouvailles, son emploi du temps se complique. Qu'elle ne l'encombre pas avec un voyage supplémentaire, j'aime bien mieux la savoir contente avec ses amis. Le restaurant avait déployé son menu de fêtes. Impossible de l'éviter. Du coup nous nous sommes offert un petit Noël. Au moment du café, Marie m'a demandé quelque chose : elle ne veut plus apparaître dans mon journal. J'ai compris que le peu que j'avais raconté de nos rencontres l'avait mise mal à l'aise, quelquefois, avec certains. Et puis aussi, ça l'embête, voilà tout. Promis? - Promis. Nous sommes juste convenus de rapporter cette « dernière » conversation. Elle a repris son travail un rien en retard. A bientôt ma chérie... J'ai erré à pied autour de Saint-Augustin en la quittant. J'étais assez déboussolé. Je tiens la chronique de mes journées, en ligne, depuis le printemps dernier. Mon éditeur m'avait demandé à l'époque ce que je voulais « faire » sur le site de la maison. Je ne me voyais pas lire de vieux textes. J'ai eu cette idée. Cela faisait des années et des années que je griffonnais des carnets que je finissait toujours par jeter. Des confidences illisibles, inégales, espacées, et souvent exagérément désespérées. Pourquoi ne pas essayer d'y mettre un peu de rigueur. De devoir s'y astreindre. D'y être tenu surtout. L'exercice m'a permis de raccrocher l'écriture au moment où je pensais vraiment l'avoir perdue. Cette écriture des petits faits et des instants qui est la mienne, assurément. Sans le journal, il n'y aurait probablement pas eu ce livre qui sort en février. Raison pourquoi je continue... J'ai remonté le boulevard Malesherbes. Me suis arrêté acheter du thé chez Betjeman & Barton. Toujours le même mélange : 2/3 d'Assam Greenwood, 1/3 de thé aromatisé à l'orange amère. Je l'aime infusé noir avec un fond de lait dans la tasse. Je connais cette boutique depuis 1980, quand je travaillais rue de Lisbonne. Je crois que je n'y retournerai plus. Je me contenterai de leur système de vente sur internet. Depuis la dernière fois que je suis passé, tout a été sottement mis au goût du jour. Peinture grise sur les boiseries de chêne et aluminium finement rayé pour les grandes boites à thé autrefois rouges et vertes. Plus aucun charme. Les imbéciles...
lundi 22 décembre 2008
Dimanche 21 décembre. 22h30
Par Xavier Houssin le lundi 22 décembre 2008, 11:40
J’ai rabattu les fuschias. Mis en tas les branchages. Passé l'inspection des rosiers. Les Albéric Barbier d'il y a quinze jours ont l'air de se plaire. Les tiges commencent à s'effleurer de minuscules boutons roses. Le problème se situe d'ailleurs là. Après juste quelques jours de froid vif, une grande vague tiède s'est installée comme une folie douce. Tout se croit au début du printemps. Les narcisses, les iris, les rhododendrons. Il ne leur faudrait pas grand chose... Au Placin, il y a même un camélia rose entièrement fleuri. Si la gelée vient, ce sera la catastrophe. Voilà que j'espère le retour d'un froid lent.
J'ai occupé l'après-midi à fouiller dans les vieilles photos. Celles récupérées chez ma grand-mère à Roubaix. Celles des boîtes de mon père aussi. Il en a annoté quelques unes au dos. Mon trisaïeul. Ma tante. Mon cousin Max... Je ne fais pas le lien. Je ne connais pas sa généalogie, sa parentèle, ses fratries. Mais j'ai déniché des cadres et j'ai habillé tout un pan de mur de l'entrée avec une bonne trentaine de ces portraits. Les versants paternel et maternel mêlés. J'ai dit les prénoms à haute voix. Angèle, Joseph, François, Jeanne, Blanche, Marie, Emile, Fernande, Louis, André, Clémence, Agnès. Ce sont des enfants, de très jeunes filles, des hommes dans la force de l'âge, des vieillards fatigués. Ils sont ma famille. Et mon éternité fragile. Nous sommes passés dire revoir à Georgette. Elle était en plein bavardage avec Mlle Verdé. Nous la dérangions un peu. Bon Noël, bon Noël. Elle va être seule cette année le soir du 24. Ca m'est égal, je vous assure. On se revoit dans une semaine. Déchirant imperceptible. Si Dieu le veut, bien sûr. Nous avons dîné avec Fabien. Lui ira chez Emmanuelle et Dominique à Agon. Et peut-être viendront-ils à Carolles avec Iris et Mika aux premiers jours de l'année.
Samedi 20 décembre. 23h00
Par Xavier Houssin le lundi 22 décembre 2008, 11:39
Nous avons dormi, dormi. Une vraie grasse matinée comme il y avait longtemps que nous n’en avions pas faite. Nous avons fait durer le réveil, traîné notre petit déjeuner jusqu’à midi passé. Toute la journée est restée douce et paresseuse. Au chaud de la maison. Nous avons décoré des branches de sapin, fabriqué des couronnes à accrocher aux portes. Georgette est venue fêter Noël avec nous avant l’heure. Un peu de champagne. Quelques huîtres. Oui, elle est mieux, c’est certain.
Samedi 20 décembre. 1h15
Par Xavier Houssin le lundi 22 décembre 2008, 11:38
J’ai arrangé un peu le désordre des haies. Ramassé les dernières feuilles mortes. Rempli les mangeoires des oiseaux. Aux Fontenelles, le potager est envahi d’une friche rase d’hiver. Reste quelques chicorées rouges, de la mâche, des poireaux. Le maçon est passé en fin d’après-midi. Il doit couler une dalle de béton avant que nous commencions les travaux d’aménagement d’une nouvelle chambre. Pas avant mars, et encore… J’ai peur que cela dure à nouveau une éternité. Nous attendons des devis qui n’arrivent pas. Mes coups de téléphone au menuisier, au ferronnier, restent sans effet. Il va falloir mettre en place un vrai plan de bataille si nous voulons que tout soit fini au printemps. J’ai fait un peu de cuisine. Ouvert des coques au beurre pour en jeter une poignée, décortiquées, dans le soupe au potiron. Mis la table. Le train d’Amélie, le dernier, est arrivé très en retard. Moi, j'étais parti très en avance. Je n’en pouvais plus d’attendre.
Vendredi 19 décembre. 12h30
Par Xavier Houssin le lundi 22 décembre 2008, 11:38
J’ai pris le premier train pour Granville. Le jour ne s’est levé qu'un peu après L’Aigle. A partir de là, j’ai passé le trajet le nez collé à la vitre. Il faisait un soleil radieux. Il me semblait que cela faisait une éternité que je n’avais pas traversé le bocage. En arrivant à Carolles, je suis tout de suite passé voir Georgette. Elle va nettement mieux. Elle trottine chez elle. Se risque même dehors pour une minuscule promenade. Je reprends goût aux choses. Elle a lu tous les livres que nous lui avons passé. Comme le murmure d'un ruisseau de François Gantheret, Cœur cousu de Carole Martinez, Le dernier frère de Nathacha Appanah. Celui-là c’est vraiment une merveille... Nathacha s’est envolée jeudi pour Mayotte. J’ai pu l’avoir au téléphone avant son départ. J’ai baragouiné quelques maladresses affectueuses. Je vais lui écrire dès aujourd’hui. Les vœux de nouvelle année feront le prétexte de cette première lettre. Deux courses dans le village, j’ai enfin ouvert la maison.
Jeudi 18 décembre. 22h45
Par Xavier Houssin le lundi 22 décembre 2008, 11:37
Dernier enregistrement de Jeux d’épreuves de l’année. Il sera diffusé le 10 janvier, je crois. Nathalie défendait Ramon, le livre que Dominique Fernandez a écrit sur son père. J’étais très jeune lorsque j’ai découvert L’arbre jusqu’aux racines. Pas tout à fait dix-sept ans. J'étais bien loin d'avoir tout compris à cet essai vers lequel j'étais allé à cause du titre. Mais j'y avais trouvé comme un assentiment, une confortation à mon introspections permanentes, à l'épluchage inquiet de mes origines. Fernandez depuis ne m’a plus quitté. Avec des engouements divers suivant les textes, mais à chaque fois, quand même, j'étais séduit par ses allers-retours, sa manière de rouvrir sans cesse les cicatrices. La vivacité contenue en éclatante sourdine. Avec ce Ramon qu'il publie à presque quatre-vingts ans, je retrouve tout, ensemble. Tout ce qui le gêne, le libère et le blesse. Et je comprends vraiment, j'allais dire : enfin, ce qui a fait de lui un écrivain. C'est peut être naïf ou ridicule, mais j'ai eu le sentiment d'être confronté à une intensité inouïe de cette vérité, absolue, personnelle, qui fait et qui fonde, pour moi la littérature. Les pères sont des traîtres à qui il faut pardonner. Je vois poindre le moment où il me faudra me pencher sur la biographie du mien. D'une manière ou d'une autre. Jusqu'ici, j’ai éludé sa vie, n’en gardant que les moments qui ne me dérangeaient pas. Juste un gué d’existence pour parvenir à franchir son absence. Je n’ai pas posé de questions non plus pendant les douze ans où je l’avais retrouvé. Aurait-il répondu d’ailleurs ?
A cette émission, j’avais amené une autre histoire de filiation, plus foldingue celle-là. Cheval de Richard Morgiève raconte les exubérantes aventures d’un père et son fils, forains et ferrailleurs dans les années soixante. Des affreux et des sales. Surtout pas des méchants. Ecriture de latex et de fil de fer souple. Ca se tord en tous sens, juste parce que c'est tendre. J’ai rencontré Richard en septembre 2005. Un portrait pour Le Monde. Depuis, on s’est revus. Nous sommes allés plusieurs fois dîner avec Alice et lui dans leur drôle de maison du XIe. Ce qui nous rapproche c’est qu’on écrit finalement chacun des livres de petits garçons. Je suis passé prendre Amélie pour le pot de fin d’année de chez Robert Laffont. Embrassé. Serré des mains. Bu du champagne. Cette soirée est, à chaque fois, très amicale, très bon enfant. Nous avons revu plein de gens. Parlé projets aussi. Le temps s’en va devant...
vendredi 19 décembre 2008
Mercredi 17 décembre. 23h30
Par Xavier Houssin le vendredi 19 décembre 2008, 22:29
C'était cocktail de Noël chez Buchet. Je n'ai pas pu y aller, j'étais à Censier pour mon dernier cours du semestre. Enfin, pas tout à fait le dernier. Il y a encore une séance début janvier. On y fera le bilan et j'essaierai de les embarquer vers autre chose. Cela m'apparaît nécessaire. Voilà fait un moment qu'ils ont la tête ailleurs. Ils passent des partiels, s'inquiètent pour leurs notes. Petite comptabilité étudiante. Je comprends qu'ils en soient préoccupés. Pourtant ce n'est vraiment pas ça qui m'intéresse avec eux. Ca tient à trois fois rien en ce qui me concerne. Deux mots. Un nom d'auteur. Une attention au monde. Le reste... Vivement qu'ils en aient fini. Je suis revenu rue des Canettes comme le traiteur remballait ses affaires. Pris rendez-vous pour la rentrée de janvier pour savoir si je peux avancer dans les changements que j'ai prévus pour « Domaine Public ». J'ai rejoint Amélie au Sauvignon où elle prenait un verre avec Olivier et Pierre. Nous avons bavardé en terrasse, coincés entre le froid de la rue et les grille-pains du chauffage extérieur. Conversation semi fredo sur les dernières parutions. Olivier ne partage pas mon enthousiasme à propos du Jérôme de Martinet. Trop noir? J'avoue ne pas avoir bien compris ce qui l'arrête. Nous sommes tombés assez d'accord sur la suite. Parlé du Monde aussi, de Sud-Ouest... Nadine est arrivée avec Frédérique et Nickie. Jérôme est venu nous rejoindre... Nous étions invités à dîner avec lui chez Dominique et Frédérique rue Saint-Charles. Nous y avons retrouvé Marianne et puis de drôles de gens dont je ne me souviens plus du nom. Petites histoires en aparté autour de la table. Marianne attend une réponse pour un boulot. Elle m'a offert les Lettres inédites à Mabel Amy Burton & à ses parents de Lewis Carroll chez Michel de Maule. J'ai pour Carroll depuis l'adolescence toujours la même vénération. Elle ne pouvait pas me faire plus plaisir. La soirée s'est déroulée bizarre. Dominique et Frédérique ne parlaient pas vraiment de leur voyage de trois mois aux Etats-Unis. Chacun racontait, à côté, des histoires sans importance. Il est des moments où l'on se trouve étonnamment séparés et où tout fait maladresses. Mais ce doit être moi. Pas grave. Nous avons pris le dernier métro avec Jérôme. On s'est embrassés dans la rame. Il rentre à Hyères la semaine prochaine. On se verra pour Noël à Grasse. Chez Claire et Emmanuel.
Mardi 16 décembre. 22h45
Par Xavier Houssin le vendredi 19 décembre 2008, 22:17
J'ai déjeuné avec Béatrice dans un petit restaurant italien de la rue de Nevers. Nous y sommes : j'essaie de parler de mon livre aux libraires. Mais je ne sais pas très bien quoi en dire, si ce n'est de répéter cette absolue conviction que si je ne l'avais pas écrit c'en aurait été fini pour moi de la littérature. Bon... Ca a beau être vrai, je trouve que cela sonne faux. C'est toujours ce pas de côté, cet encore à côté, ce manque de confiance. Incapable d'aller au-delà, de répondre aux questions. J'ai vite jeté le gant avec Béatrice, glissant tout doucement vers d'autres sujets. La rentrée de janvier, les épreuves que j'ai lues, les nouvelles des uns et des autres. Je m'en sors. J'en sors. Tant pis. J'ai renouvelé l'exercice avec Karine, le soir devant un verre dans un café bruyant de la rue de Bretagne. Pas beaucoup mieux...
Lundi 15 décembre. 22h30
Par Xavier Houssin le vendredi 19 décembre 2008, 19:37
Un café dans un gobelet de carton à un vague comptoir, sur le quai, gare de l’Est. Tout a changé ici encore. La salle des pas perdus est devenue un hall de boutiques, de vêtements, d'épicerie fine, de gadgets. Je ne reconnais rien. Nous allions à Metz, au grand séminaire pour voir l'abbé Dukiel qui doit nous bénir cet été. Nous avions parlé avec lui en juillet dans l'après-midi de la fête des dix ans de mariage de Marcus et Virginie au château de Menton. Il gelait à pierre fendre dans la cour où il est venu nous chercher. De longs corridors, des portes, du parquet ciré, du silence. Il nous a reçu dans son appartement tout au bout d'une aile du vieux bâtiment. Depuis combien de temps n'étais-je pas allé voir un prêtre chez lui? Ca m'est revenu en vagues. Des souvenirs de collège. Cette atmosphère close et douce. J'ai retrouvé d'un coup l'abandon, la confiance. Quel temps ai-je à rattraper? Nous avons parlé de nous, chacun et puis ensemble. Evoquer les coïncidences, les signes. Reconnaître la Grâce. Ceux qui veillent sur moi au delà des années. Nous avons déjeuné dans une petite salle à manger aux murs tendus de jaune. Rapide tour en ville. André Dukiel nous a emmené visiter la cathédrale Saint-Etienne. Fascinant. C'est, nous a-t-il expliqué, le sanctuaire qui possède les plus hautes verrières gothique d'Europe. Des vitraux du XIIe, du XVIe et puis ceux de Chagall, de Villon, de Bissière... J'ai pensé à ces vers de Jean Cayrol : Je sens déjà sur moi l'éclatante rosée/ une sorte de nacre se dépose sur nos joues/ Ecoutez, c'est le vent qui va nous délivrer./ Nous passons le détroit et puis après c'est Vous/ Mon Dieu... Dans le train du retour où Amélie dormait, paisible et épuisée, ils me revenaient comme une ritournelle. Nous avons dîné avec Jérôme et Marion. Elle habite un grand studio rue du Faubourg-saint-Honoré. Curieux quartier, tout en façades et en idées qu'on s'en fait. J'y ai travaillé vingt ans presque. Assistant social dans le service de psychiatrie de secteur d'abord, puis à Point de Vue, les premières années, avant que le journal déménage rue du Bac. Visites à domicile dans les loges de concierge et les sixièmes étages. Rendez-vous policés avec ceux de la Haute. Marion est juste en face du Cercle Interalliée. Vous n'avez pas de cravate Monsieur? On peut vous en prêter... Nous avons passé une jolie soirée. Après le choc de sa mise à pied, il souffle juste un peu. Il se sent en vacances. Et Marion est charmante.
mercredi 17 décembre 2008
Dimanche 14 décembre. 22h15
Par Xavier Houssin le mercredi 17 décembre 2008, 17:23
J'ai rédigé le portrait d'Emmauelle Pagano pour Le Monde. Décrypter les notes, relire encore les textes. Se souvenir tout simplement. J'aime assez ce temps de la reprise, de la remise en face, même si cela prend bien des heures. Je suis lent. Si lent. Amélie faisait des rangements dans l'appartement. Ces tas de choses toujours remises au lendemain. Elle est juste sortie pour aller chez l'écailler vers midi acheter des huîtres. Elle est revenue rose de froid avec un plateau gigantesque. Elles viennent de Bréville, a-t-elle dit. Nous étions là dans ce dimanche un peu flottant, au milieu des papiers épars et des livres ouverts. Petite musique de soi. Je me suis remis au travail. J'ai fini tard. Je n'ai pas vu tout ce jour passer. D'un seul coup, il avait fait nuit.
mardi 16 décembre 2008
Samedi 13 décembre. 23h00
Par Xavier Houssin le mardi 16 décembre 2008, 21:15
Deux ans ou plus que nous n’avions pas revu Maureen et Thibaud. La dernière fois, c’était à Roubaix, dans cette grande brasserie de la place de la Liberté, L'impératrice Eugénie. Nous avions mangé des croquettes, du potchevlech. J’avais montré la ville à Amélie. Drôle de balade. La rue d’Avelghem, la tombe de mes grands-parents au cimetière, le canal, l'abattoir, la Grande-rue. J’avais du mal à reconnaître. Il fallait tout réinventer. Déjà, quand j’y étais venu pour des signatures en librairie, l’itinéraire était difficile. Maureen et Thibaud sont de là-bas. Ca avait facilité cette première rencontre. Maureen est une amie d’Amélie. Elles se sont connues à Abidjan au collège et ne se sont jamais perdues de vue. C'est une de ces amitiés adolescentes que j’ai égarées, moi, faute de les cultiver dans la peur de ne plus (ou, au contraire, de trop) s'y reconnaître. Elle a maintenant trois enfants. J’avais juste vu les deux derniers à l'époque. Raphaëlle était une minuscule petite fille qui pleurait dans sa poussette. Gustave, un coquin de trois ans dévorant ses frites avec de la mayonnaise. Nous avons passé la journée avec eux en Touraine. Maureen est venue nous chercher à la gare de Saint-Pierre-des-Corps en fin de matinée. Ils habitent dans une des dépendances d'une ferme isolée, près d'un étang à Souvigné, pas très loin de Château-la-Vallière. Ciel bas et pluie fine. Après déjeuner, nous sommes restés à l'intérieur à faire des jeux de société avec les enfants. Amélie s'est embarquée dans plusieurs parties de Scrabble avec Gabrielle, l'aînée, pas encore quatorze ans. Déclinaison du calme. A la première éclaircie, nous sommes allés faire une promenade en forêt. Cent mètres de chemin jusqu'à l'orée. Nous avons marché un long moment dans les allées cavalières recouvertes des feuilles des chênes et des châtaigniers. Il faisait hiver. Nous sommes rentrés à chien-loup. Une tasse de thé près de la cheminée avant de repartir à Paris. Tout cela était très simple, très clos, très douillet. Si bien.
lundi 15 décembre 2008
Vendredi 12 décembre. 23h50
Par Xavier Houssin le lundi 15 décembre 2008, 01:00
J'ai toussé toute la matinée. J'ai bu du Pulmosérum à pleines lampées. Je ne connais pas de sirop aussi répugnant à avaler. C'est mauvais, mais c'est efficace. J'étais transi aussi. Je me suis recouché tout habillé pour relire Jérôme de Jean-Pierre Martinet avant Jeux d'épreuves. Je dois à Sorin d'avoir découvert il y a quelques mois ce livre noir, si noir, désespérant comme jamais. L'histoire d'une errance épouvantablement triste. Ca commence mal. Ca finit mal. Le livre enroule le dégoût en écoeurant plaisir. Quelle incroyable expérience de lecture. Il a été publié la première fois en 1978. Martinet est mort à quarante-neuf ans en 1993. Je ne connais rien de cette époque qui ait cette force lourde, ce poids absolu. Avant? C'est une autre histoire... Pas de bus place Charles-Michel. Je me suis traîné à pieds jusqu'à Radio France dans un froid glacé. Retrouvé Nathalie aux Ondes quelques minutes avant le début de l'émission. A peine le temps de se réchauffer avec un café. Mais dans le studio, j'ai savouré le bonheur d'apporter un grand texte. Chacun était vraiment impressionné. Oh, ce sentiment de faire oeuvre utile. Quel dommage qu'au Monde personne ne semble décidé de me laisser publier le papier. En sortant, je suis passé à la quincaillerie acheter une mèche à métaux pour la perceuse de Marie. Je lui avais promis de régler son compte à la serrure de boîte aux lettres dont elle n'avait pas la clé. Depuis plusieurs mois, elle tentait de d'occuper celle de son voisin. Sans succès. Son nom était arraché tous les deux jours et le courrier repartait « Inconnu à l'adresse ». Elle m'attendait derrière son porche avec tout un attirail de cambrioleur au petit pied. Le petit verrou n'a pas résisté longtemps. Je lui ai installé une étiquette neuve, bricolé un peu la fermeture. Elle va enfin pouvoir recevoir ses lettres.
vendredi 12 décembre 2008
Jeudi 11 décembre. 22h00
Par Xavier Houssin le vendredi 12 décembre 2008, 15:57
Chez Buchet aussi, ça sent la fin de l'année. J'ai l'impression d'imperceptibles agacements. Poil à gratter de décembre. Marguerite, la petite assistante d'édition, s'en va. Elle part chez Grasset. Elle a l'âge de Marie ou à peine plus. C'est dommage qu'elle parte. Qu'il n'y ait rien eu à faire pour la garder. Intuition, intelligence. Elle fera, sans aucun doute, un très beau chemin. J'ai déjeuné avec Aurélie. Elle, s'obstine à continuer de travailler pour rien. Pas un sou pour ses longs papiers à la revue Europe, pour ses recherches, ses préfaces. Je n'ai rien à dire. J'en fais autant pour pas mal de choses. C'est une sottise. J'ai essayé de lui expliquer. Mais je ferais bien mieux de me donner ces leçons à moi-même. J'ai envoyé les derniers exemplaires de mon livre aux mensuels et je suis rentré doucement à la maison. J'avais presque oublié que j'allais me retrouver tout seul dans l'appartement. Amélie était à Lyon. Elle accompagnait Alan Furst à la Villa Gillet. J'ai senti une grande fatigue me tomber sur les épaules. Pas le courage de travailler. Pas du tout. Je me suis couché très vite. Dans le pressentiment d'une nuit hachée.
Mercredi 10 décembre. 23h30
Par Xavier Houssin le vendredi 12 décembre 2008, 15:34
J'ai envoyé les étudiants faire un micro trottoir dans le quartier de la fac, histoire de mettre en pratique ce que je leur ai dit sur les techniques d'interview. Mais ça sent la fin de l'année. Les partiels et les vacances. Vivement le second semestre pour recommencer autre chose. Je suis juste repassé chez Buchet avant d'aller à la réunion des représentants. Cela se passait place Saint-Germain à la Société d'encouragement pour l'industrie nationale. Drôle d'endroit. Délabré. En travaux. De ces travaux dont on sent qu'ils durent et qu'ils vont durer. La salle était sinistre, poussiéreuse, Une estrade, des chaises en plastique et sur les murs, tout autour, vestige d'une splendeur académique passée, les portraits rigides de sociétaires encostumés et décorés. J'ai présenté mon Marguerite Audoux : Douce Lumière, son dernier roman, tout chargé d'émotion triste. Cinq minutes pour convaincre. J'espère que j'y suis arrivé. Amélie est passée me prendre. Nous sommes allés à une remise de prix à la Société des gens de lettres. Je voulais surtout voir Mathias qui avait obtenu quelque chose pour Zone, mais il était au fond de son lit. Les maladies d'hiver arrivent. Pourvu que je passe au travers. Discours, cocktail. Nous ne sommes pas restés longtemps. Amélie avait réservé une table à El Fogon. C'est là que nous nous étions rencontrés il y a dix ans pour l'anniversaire de Catherine. Enfin pas tout à fait puisque le restaurant a déménagé de la rue Saint-Julien-le-Pauvre au quai des Grands-Augustins. A l'époque nous ne nous étions pas beaucoup parlé. Il aura fallu bien des années. N'empêche, cela donne de l'antériorité à notre histoire. Et comme une très douce légitimité.
jeudi 11 décembre 2008
Mardi 9 décembre. 22h20
Par Xavier Houssin le jeudi 11 décembre 2008, 22:10
J'ai fait de la correspondance au Rostand. Les sièges d'osier, la cheminée, le portrait du dramaturge... J'y ai retrouvé un peu de cette étrange quiétude qui me plaît bien ici. Un café. Jeter un coup d'oeil rapide sur la lettre qu'on vient d'écrire. Corriger une ligne. Cacheter. Retrouver les timbres au fond du porte-monnaie. Je vous dois combien ? J'ai mis le courrier à la poste en face du Sénat.
Chez Buchet, tout tourne en ce moment, pour moi, autour des premiers envois de mon livre. J'ai adressé des exemplaires aux libraires, à quelques journalistes de mensuels. A midi, je déjeunais au Marco Polo avec Stéphanie. Dans ses programmes, nous avons surtout évoqué Eros mélancolique d'Anne Garréta et Jacques Roubaud à paraître mi-janvier. J'attends les épreuves. Nous avons passé un moment aussi à parler du circuit automobile de Montlhéry. L'endroit est depuis longtemps fermé au grand public. Des professionnels y perfectionnent leurs cascades. Des firmes font tourner des automobiles sur l'anneau de vitesse. Stéphanie s'enroule toute une histoire là-bas. Elle est parvenue à y entrer. A s'y faire admettre. Et la manière dont elle parle de ce lieu est bouleversante. Il reste là-bas des stèles oubliées dans la friche et qui portent les noms de coureurs, de pilotes d'essai... Tu fais quand ton prochain roman? Route royale, qu'elle avait publié l'an dernier était un texte doucement dérangeant... Du courrier encore. Des manuscrits à lire. J'ai fini la journée avec Marc au Chais de l'abbaye. Nous nous connaissons peu. Nous nous sommes pourtant fait d'étranges confidences. Ce ne sera pas simple de continuer la conversation. Mon téléphone a sonné. C'était Marie. J'ai cru comprendre qu'elle s'ennuyait un peu. Nous nous sommes retrouvés peu de temps après avec Amélie. Au Sauvignon, il y avait Nadine, Frédérique. Philippe aussi. Nous ne sommes pas restés longtemps. Après quelques verres, nous sommes allés dîner tous les trois au Récamier. Gérard, le patron, était assez en verve. Je le connais depuis son restaurant, rue Chomel, dans les années 1990. Evocation du bon vieux temps et déclinaison de la crise. Marie m'avait apporté un double des clés de son appartement. Je vais aller vendredi continuer à y mettre de l'ordre. Et aussi réparer sa boîte aux lettres.
mercredi 10 décembre 2008
Lundi 8 décembre. 23h45
Par Xavier Houssin le mercredi 10 décembre 2008, 19:46
J'ai enfin pu déjeuner avec Anny. Cela faisait au moins quatre ou cinq fois que nous remettions nos rendez-vous. Nous nous sommes retrouvés à l'Alcazar, restaurant un peu glacé de la rue Mazarine qui a pris la place de ce cabaret pailleté des années 1970. Dans ce drôle de décor, nous avons causé enfances, racines, origines. Savoir d'où l'on vient... Je ne suis pas comme elle de cette paysannerie, de cette terre. Chez moi tout se dilue. Il faut réinventer. Pas de lignée et trop de lieux. La Baie me convient bien, allez. C'est le point de rencontre des histoires. Le désert mouillé. Les changeants paysages. J'ai passé l'après-midi à préparer la soirée que je devais animer autour de l'oeuvre de Véronique Bergen à Beaubourg. Griffoner des fiches. Relire. Choisir les extraits des textes. C'est lyrique, Bergen. Ce n'est vraiment pas à la mode, mais ça embarque. Il suffit de se laisser aller. Pas mal de monde était rassemblé dans la petite salle où se passait la rencontre. J'ai senti une vraie attention. Un profond silence quand elle parlait. Francine, l'organisatrice du cycle à la BPI avait l'air contente. Du coup moi aussi. Enfin, plutôt, je me sentais soulagé. Amélie s'était installée discrètement au dernier rang. Dès la fin, nous avons filé tous les deux. Un baiser à Véronique. Quelques poignées de main. A peine dit au revoir. C'est que nous étions attendus au Lucernaire pour la soirée des auteurs Buchet. Nous sommes arrivés bien après les lectures des Lettres d'amour et d'affaires de la marquise de Balbian que Pascale avait édité en octobre. Plus grand chose à grignoter non plus, mais il restait un peu à boire et plein de gens à voir. Je crois que je suis bien dans cette maison d'édition. Et j'avoue : j'étais comme en famille. Il y avait Mercedes, Bernard, Fabienne, Daniel, Joël, Caroline. J'ai parlé de Besançon avec Daniel, de demi-mots avec Marie-Hélène et de ma mère avec Cookie. Je crois que nous avons beaucoup à nous souvenir et à nous raconter tous les deux. Moi, en tout cas, j'en ai besoin.
dimanche 7 décembre 2008
Dimanche 7 décembre. 23h00
Par Xavier Houssin le dimanche 7 décembre 2008, 22:36
J’ai installé les rosiers de l’autre côté de l’arceau. Enterré deux poignées d’oignons de perce-neige près des buis. Enfoui aussi sous une bonne épaisseur de terreau quelques narcisses qui commençaient à germer comme à l’orée du printemps. Qu’est-ce qui leur arrive à ceux-là ? Il a beau faire soleil, le froid s’est déjà enraciné. La terre commence à devenir dure. Les toits d’ardoise sont tout couverts de givre. Nous avions Joêle et Philippe à déjeuner. Repas tout simple. De la salade de mâche avec des betteraves, du poulet rôti, une tarte aux pommes. Carolles a été le principal sujet de conversation bien sûr. Depuis qu’il est entré au conseil municipal, Philippe se démène pour la culture dans notre petit village. Cinéma une fois par semaine dans la salle des fêtes, expositions, constitution d’un fonds historique et documentaire… Il voudrait aussi organiser des rencontres avec des écrivains. Je l’aide quand il veut. S’il le veut… Nous reparlerons de tout cela, j’espère. Il restait peu de temps avant le train du retour. J’ai passé un coup de fil à Marie. Elle est en plein rangement dans son appartement. Difficile exercice. Elle est comme moi, elle accumule, elle ne sait pas jeter. Nous avons fermé la maison. Court séjour. A Paris, la concierge avait monté une masse de livres. Nous avons ouvert les paquets. Il y avait dans le lot A l'angle du renard, le dernier roman de Fabienne Juhel à paraître en janvier au Rouergue. J'ai hâte de la lire. Tu as faim ? Je voulais faire une omelette aux champignons. Avec les six coulemelles ramassées juste avant de partir au pied du grand sapin. Coulemelles? J'ai vérifié par acquis de conscience. Bien m'en a pris. En fait de délicieuses lepiota procera, il s'agissait plutôt de lepiota cristata (vénéneuses) ou de lepiota helveola (mortelles). Ca coupe l'appétit.
Samedi 6 décembre 22h20
Par Xavier Houssin le dimanche 7 décembre 2008, 22:36
Le temps d’aller du train jusqu’au marché de Granville, c’était déjà la fin. Les vendeurs commençaient à remballer leurs étals. Morte saison. Nous avons fait les courses au pas de charge. Poissonnier, volailler, maraîcher, crémier. Comme nous remontions vers la voiture, paniers chargés, rue Saint-Sauveur, Bruno Séron, le libraire de L’encre bleue, nous a arrêtés. Nous avons bavardé sur le pas de sa porte. Echangé quelques commentaires. Les parutions, les prix, ses coups de cœur, les nôtres aussi. Nous lui achetons un livre de temps en temps. Pas assez souvent… Sur le trajet vers Carolles, deux gendarmes à moto étaient dissimulés près d’un rond-point. J’avais oublié de boucler ma ceinture. Quatre-vingt-dix euros d’amende. Trois points de moins sur le permis. En dehors du fait que j’ai vraiment du mal à comprendre en quoi le fait de ne pas se ligoter derrière son volant peut être répréhensible, je me suis senti humilié. Il y a, à chaque fois, cette condescendance arrogante de ceux qui détiennent l’autorité et ce plaisir manifeste qu’ils éprouvent à l’affirmer. Bon après-midi, monsieur. Bonne route. C’est ça, c’est ça… Nous avons juste déposé les affaires à la maison et nous sommes allés voir Georgette. Elle s’est calé toute une pile de coussins dans son fauteuil pour se maintenir assise sans trop souffrir. Ses douleurs ne passent pas. Elle a encore maigri. Soulever une bouteille d’eau lui arrache une grimace. Cela fait un mois maintenant. Je n’ai plus goût à manger, dit-elle. Nous rentrions juste quand Mme Bassard a frappé à la porte. On nous a livré les deux rosiers que j’avais commandés. Ils sont arrivés d’Angleterre la semaine dernière. Elle les a déballés et mis en jauge. Je les planterai demain. Ce sont des Albéric Barbier. Je les avais choisis justement pour Georgette. Nous parlions jardinage, comme souvent, il y a quelques mois. Elle s’était souvenu d’une pergola envahie de bouquets crème chez sa grand-mère Marie. Ca sentait si bon… Elle avait retenu le nom : Albéric Barbier justement. J’aimerais bien lui faire retrouver aux printemps prochains les nouvelles premières fleurs de son émotion d’enfance.
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