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dimanche 6 juin 2010

Vendredi 4 juin 2010. 23h45.

Arrivé à Blois pour la journée du prix Emmanuel Roblès. Une dizaine de tables étaient installées sur la terrasse du château pour le déjeuner. Cadre magnifique, désastre dans l’assiette. Cela ressemblait à un plateau-repas d’avion. Mais le chinon, même rare, sauvait l’ensemble et, surtout, j’étais assis près d’André Bucher et d’Armel Job. Nous avons échangé les nouvelles, les projets. J’ai retrouvé aussi Carole, bavardé avec Daniel. Entre la remise du prix (C'est Estelle Nollet qui l’a eu pour On ne boit pas les rats-kangourous…) et les discussions avec les uns et les autres, l’après-midi a passé vite. J’ai animé mon débat, dans une salle de la bibliothèque, sur Roblès avec Louis Gardel et Didier Decoin. Essayé de rappeler la part poétique de son œuvre... J’ai pris le train du retour tout de suite après. Je n’aurai même pas vu la Loire. Je l’ai guettée un moment par la fenêtre du wagon, mais elle était trop loin. On devinait à peine un rideau d’arbres. A Paris, Amélie m’attendait avec Solveig et Nicolas à la terrasse d’un restaurant asiatique près de la rue du Four. La nuit descendait tiède. Nous sommes restés longtemps.

Jeudi 3 juin 2010. 22h20.

C’était mon retour à Jeux d’épreuves. Au moins trois mois sans enregistrer entre le salon du Livre et le séjour prolongé au Mexique. J’avais amené Feu de Régine Vandamme, sorti au début de l’année au Castor Astral. Un récit, heure par heure, de la journée d’un homme dont la vie s’est depuis longtemps déjà consumée. Cigarettes et Ricard. Psychotropes et bière glacée. Dans l’appartement où il vit, replié, étouffé par la canicule de juin, sa mère l’appelle inquiète. Tu as mangé ? Le livre entraîne dans une progression tragique. Il est très sobre, très beau. J’avais découvert Régine Vandamme en 2001 avec son premier roman, Ma mère à boire. Roman ? Avec elle, tout est mêlé, se tresse et se répond. On se trouve, à chaque fois (c’est son quatrième texte), saisi d’une vérité fragile, exigeante. Et troublante, tant chaque phrase se révèle proche. Pour moi, Régine Vandamme est un grand écrivain du chagrin. Elle en tient les comptes précis et lancinants. J’ai mis du cœur à défendre son livre à l’émission. Bah… Nathalie et Josyane m’ont suivi sans vrai enthousiame. Baptiste Liger s’est enfoncé, lui, dans une hallucinante diatribe : Ce livre m’a été une vraie punition, il est misérabiliste, etc, etc… D’ordinaire, cela m’affecte, mais, là, l’attaque m’est apparue tellement à côté de la plaque que je n’ai même pas cherché à y répondre. Nathalie a brillamment parlé de la nouvelle traduction réalisée à partir du manuscrit original de Sur la route de Jack Kerouac. Josyane nous a fait découvrir Crépuscule d’automne, un recueil de textes, essentiellement poétiques, de Julio Cortázar, rassemblés par lui-même et traduits seulement aujourd’hui après avoir été publiés en Espagne l’année de sa mort, en 1984. Et ainsi quoi d’autre que de rester les bras pendants,/ 
le cœur entassé et ce goût de poussière/ 
que fut fleur ou chemin… J’ai rejoint Amélie rue Fondary où nous avons retrouvé Emmanuelle et Dominique. Venus pour la journée à Paris, ils passaient juste chercher pour leur maison d’Agon, un matelas, une table et des bricoles que nous avions gardées pour eux à la cave. Trop fatigués pour rester dîner avec nous. J’ai préparé ma table ronde du lendemain à Blois sur l’œuvre de Roblès. Rallumé mon téléphone portable avant de me coucher. J’avais un message de Delphine : Mon opération s’est bien passée. Tout va bien . Je vous embrasse.

samedi 5 juin 2010

Mercredi 2 juin 2010. 23h00.

Je me suis occupé de la maison. Du rangement, quelques bricoles à réparer Cueilli pour Georgette, près du frêne, la première rose « Céleste ». Quand reviens-tu ? A Paris, j’ai rejoint Amélie pour la remise du prix Vaudeville. Beaucoup de monde dans cette brasserie de la place de la Bourse. Beaucoup trop de monde. J’ai perdu l’habitude. Champagne et brouhaha. Salué plein de gens. Qu’est-ce que tu deviens ? Luc était là qui prenait des photos. Cinq ans, au moins, que nous nous étions vus la dernière fois. C’était un repas Chez Fernand, je crois. Je l’ai connu à Point de Vue. Nous avons fait pas mal de reportages ensemble. En Australie, en Inde, aux Etats-Unis… Il y a très longtemps qu’il se balade autour du monde. D’une certaine façon, c’est lui qui m’a appris à voyager. Nous sommes allés dîner ensemble dans un restaurant Sarde de la rue Lamartine qu’Amélie connaissait. Bavardé de tout sans nostalgie. Et c’était simple et bien. J’espère que nous ne laisserons pas trop filer de temps avant de nous revoir. Au pire, nous nous ferons signe comme chaque année en septembre. Le 19. Nous avons la même date d’anniversaire…

mardi 1 juin 2010

Mardi 1er juin 2010. 21h20.

J'ai avancé. Envoyé mes premières pages à Laurence. Cela faisait longtemps que je lui avais demandé, mais j'ai mis tellement de mois à arriver enfin à trouver comment je voulais écrire. Je sais qu'elle me dira vraiment ce qu'elle en pense. On se connaît depuis peu, je m'en suis rendu compte. Lorsque nous nous étions rencontrés en septembre dernier à Vendôme pour un salon du Livre, nous n'avions échangé que quelques mots. Comme d'habitude, je ne sais pas parler. Ce n'était pas faute pourtant de me sentir proche de ses textes. L'attente, les arrangements du temps, l'absence, la sculpture du vide : tout m'y est familier. J'attends ce qu'elle dira. J'ai passé un long moment avec Amélie au téléphone. Je ressasse. Tu vas bien ? Que fais-tu ? Je la retrouve demain. J'en ai plus qu'assez de nos semaines hachées.

Lundi 31 mai 2010. 23h00.

J'ai quitté l'appartement comme un voleur pour attraper le premier train à Montparnasse. Retrouvé Carolles sous le gris. Je suis tout de suite allé voir Georgette. Alors, le mariage s'est bien passé ? Je lui ai raconté comme j'ai pu, la cérémonie, les gens, donné des nouvelles des parents d'Amélie, décrit la maison de Willems, la campagne autour qui lui reste familière. Je ne me suis guère attardé sur notre dimanche à Roubaix. Juste dit qu'en remontant la rue de Lannoy, j'avais montré à Amélie l'avenue Cordonnier où elle habitait au début des années soixante. Nous n'avons pas tourné, je ne me rappelais plus du numéro. Il y avait le chiffre 8, je crois... Elle a cherché un moment. C'était au 18. Travaillé. Je n'ai pas pu encore préparer la table ronde que j'anime à Blois sur Emmanuel Roblès vendredi prochain. Les livres se baladent entre Paris et ici. Répondu au courrier. Travaillé. Il a plu jusqu'au soir tombé.

lundi 31 mai 2010

Dimanche 30 mai 2010. 22h10.

Courte nuit. C'était aujourd'hui la couse Paris-Roubaix « espoirs » et l'hôtel se trouvait rempli de familles de cyclistes en herbe. Les gamins, vêtus de maillots publicitaires bariolés, dès 6h00 du matin, cavalaient dans les coursives en poussant des cris, s'interpellaient d'un étage à l'autre, pressés de monter sur leurs vélos. La salle du petit déjeuner était comble. Plus une goutte de café, plus un morceau de pain... Nous nous sommes échappés. Partis à Roubaix. C'était un pèlerinage. Je voulais me rendre au cimetière sur la tombe de mes grands parents. Nous sommes arrivés en voiture par le boulevard de Baurepaire. J'ai eu vraiment l'impression d'entrer dans une ville détruite. Les bulldozers sont passés un peu partout du Pile à l'Entrepont. Je ne reconnaissais plus rien. Encore moins que les fois dernières où je me repérais encore d'un pâté de maison l'autre. De la rue d'Avelghem, il ne reste que quelques pans de murs, des façades murées. La chaussée est en train d'être transformée en voie rapide. Quelle désolation, j'étais étreint. En sortant du cimetière, nous avons remonté la Grande-rue. Déserte, sans un commerce. Entrés un moment chez Joséphine, la brasserie de la place de la Liberté, là où partait le Mongy autrefois. Nous étions les seuls clients. J'ai pensé alors que j'avais vraiment bien fait d'écrire ce 16 rue d'Avelghem, paru en 2004. De toute cette vie, de toutes ces vies, il reste au moins un livre. Retour à Willems avec soulagement. Déjeuner en famille. Marion et Jérôme déballaient leurs cadeaux. Jacques nous a raccompagné à la gare dans l'après-midi.

Dimanche 30 mai 2010. 1h20.

Nous nous sommes arrachés tôt à nos retrouvailles. Un autre train. Pour Lille cette fois, et le mariage de Marion et Jérôme. Claire et Emmanuel nous attendaient à la gare. Jérôme les avait accompagnés, laissant Marion aux derniers préparatifs, dans la maison de ses parents. il habitent à Willems, un bourg de ce qu’il reste de campagne dans la vallée de la Marque, tout contre la frontière belge. Nous avons fait un tour dans le vieux Lille. Mangé un morceau chez André, la brasserie de la rue de Béthunes que Jérôme avait très envie de nous faire découvrir. C’est là, je crois, qu’il avait dîné la première fois avec ses futurs beaux-parents. Il nouait ainsi une minuscule boucle. Comment, tu ne connais pas ? J’ai bien vu que je le décevais. Le Nord est censé m’être familier. Mais cette ville me reste étrangère. J’y ai juste quelques repères, finalement récents. Enfant, venir ici, du Roubaix de chez mes grands parents, ressemblait à une expédition. C’était surtout un autre monde… Notre marié a bien failli arriver en retard à la cérémonie. Pas moyen de retrouver le chemin de l’hôtel où nous devions nous changer. A gauche, non à droite, non tout droit. Demi-tour. La tension commençait à monter. Nous sommes arrivés juste. Salué Véronique et Jacques, les parents de Marion. A peine eu le temps de l’embrasser, elle, ravissante dans une petite robe blanche très simple. Vite, à la mairie. Consentez-vous ? Oui. Oui… La pluie a célébré l’événement. Un drache drue, épaisse et froide est tombée alors que chacun s’apprêtait à sortir. Elle n’a pas duré et le temps a tenu. Dans le grand jardin, le traiteur avait installé des tables et des tentes. L’après-midi a été envahie de famille, d’amis et d’une nuée d’enfants. Souri, écouté, parlé un peu. J’ai fait la connaissance des frères de Marion et de sa sœur, Juliette, qu’Amélie avait déjà rencontrée. Nous avons passé de longs moments avec Edouard et Maximin, les cousins et témoins de Jérôme aujourd’hui et leurs amies Annaïk et Aude. Eux aussi se marient bientôt... Vu Armelle et Tanguy. Après, je ne sais plus. Je craignais le pire de cette réception tant il devait y avoir de monde, mais je commence à comprendre le plaisir qu’il y a à se rencontrer, à se retrouver. Je deviens sociable… Et nous sommes restés encore. Quelques derniers pour le dîner.

Vendredi 28 mai 2010. 23h45.

Je suis passé dire au revoir à Georgette. Poussé jusqu’aux Fontenelles. J’ai arrosé les tomates, les petits pois, les salades. Cueilli une scarole et quelques oignons blancs. J’ai hésité à y passer la matinée pour nettoyer ne serait-ce qu’un carré. Tout disparaît sous les herbes. Mais je n’ai pas le temps. Pas le temps. Je suis rentré travailler. J’ai fermé la maison à la dernière minute. Le train jusqu’à Paris. Amélie m’attendait au bout du quai à Montparnasse. Toute l’absence s’est effacée d’un coup.

vendredi 28 mai 2010

Jeudi 27 mai 2010. 22h15.

Les rosiers ont commencé à fleurir à l’arrière de la maison. Etoile de Hollande et Pierre de Ronsard. Les deux Veilchenblau plantés début janvier sont couverts de boutons. Je devrais m’occuper du jardin... Dégager les hortensias, tuteurer les pivoines rouges, enlever les fleurs fanées des camélias, tailler la haie de lierre et de chèvrefeuille. Les herbes ont poussé partout dans les plates-bandes. Je ne parle même pas du potager. Il faudrait seulement que je sache organiser mes journées. Un peu. J’aimerais bien. Mais je travaille avec une lenteur désespérante. Un fossé entre chaque mot. Cela fait un dédale où je m’égare. Je m’embrouille. Le temps passe. Prends garde seulement à la rêverie, écrivait Flaubert dans une lettre à Maxime du Camp. C’est un bien vilain monstre qui attire et qui m’a déjà mangé bien des choses. C’est la sirène des âmes ; elle chante, elle appelle ; on y va et l’on n’en revient plus…

jeudi 27 mai 2010

Mercredi 26 mai 2010. 23h50.

J'ai reçu des courriels d'étudiants. Je leur avais promis leurs notes... Mais ils entouraient ça de témoignages de reconnaissance, de remerciements pour mes cours. Je m'en suis senti touché et content. Je dois vieillir vraiment pour ressentir autant de satisfaction à l'idée que j'ai pu, un peu, leur être utile. Ce serait bien si je pouvais continuer à Censier l'an prochain. Un orage a éclaté cette nuit. Le temps est resté gris toute la journée. J'ai travaillé. Je suis à nouveau dedans. Amélie, à Paris, s'est occupée de l'appartement. Le téléphone et internet fonctionnent, rue Danville. On nous a livré le frigo et le vaisselier. Et Frédéric est passé prendre les mesures pour les rayonnages.

mercredi 26 mai 2010

Mardi 25 mai 2010. 22h25.

Nous avions laissé à Georgette, la semaine dernière, quelques pousses d'une succulente, plutôt invasive, qui colonisait les pots des cactus ramenés du Mexique. Des feuilles accrochées à un épi, petites, creuses et pointues, portant au bout de minuscules dents des plantules rondes qui s'enracinent très vite lorsqu'elles tombent en terre. L'ensemble est vert-de-gris, le dessous veiné de pourpre. Un végétal étrange, inquiétant même, presque reptilien. Aucune idée du nom ou même de la famille. Je ne connais vraiment rien en plantes grasses. Je vais voir ce que je peux trouver, m'avait dit Georgette. Lorsque je suis passé chez elle ce soir, elle m'attendait triomphante. Après plusieurs échanges avec Mlle Verdé, elle est enfin parvenue à l'identifier. Il s'agit d'un Bryophyllum daigremontianum ou Kalanchoe daigremontiana. On lui donne une foule de noms anglais : Alligator plant, Mother of thousands ou... Mexican hat plant. Ce qui ne l'empêche pas d'ailleurs d'être plutôt Malgache que Mexicaine. A l'origine en tout cas. Et gare : elle est violemment toxique. Tout comme la rose du désert (Adenium obesum) que nous avons rapportée aussi de là-bas...

Mardi 25 mai 2010. 16h40.

Je peine. Je ne sais pas tracer la page. Je m'arrête à chaque instant. J'avance un peu, je reviens en arrière. Je me lève du bureau et je vais faire le tour du jardin.

mardi 25 mai 2010

Lundi 24 mai 2010. 22h50.

J'ai écrit à Fiona, nous nous étions promis de commencer avant fin mai notre correspondance bilingue. Passé le reste de la matinée en paperasses : la déclaration d'impôts, les factures, le courrier obligé. Et puis j'ai travaillé. Les fenêtres de mon bureau donnent sur le buisson de rhododendrons, derrière le figuier. Les premières fleurs mauves ont commencé d'éclore. J'ai levé si souvent les yeux de mes pages que j'avais l'impression de les regarder pousser.

lundi 24 mai 2010

Dimanche 23 mai 2010. 23h20.

La pivoine arbustive blanche (je ne me rappelle plus du nom de la variété...) a commencé à perdre ses grands pétales. La semaine dernière, elle avait fait cinq fleurs, magnifiques. Une corolle simple et large. Un coeur d'étamines dorées. J'ai fini un petit papier sur Feu de Régine Vandamme et j'ai passé l'après-midi à travailler au livre. Je m'y remets. J'avance. Je me fous du temps.

dimanche 23 mai 2010

Samedi 22 mai 2010. 23h05.

Je ne l’ai vu que ce matin. Pour installer les gouttières et les descentes d’eau sans se compliquer la tâche, le couvreur a sectionné toutes les branches de la vigne vierge à la tourne de la maison. Un pan de mur entier sera bientôt désseché. Il avait mis plus de dix ans à se couvrir. Je vais devoir remplanter cet automne et attendre. Longtemps. J’ai fait du courrier. Rédigé aussi deux courts papiers sur Le labyrinthe du traducteur d’Olivier Balazuc et sur Evangile (selon moi) de Jean Rouaud. J’ai relu plusieurs fois ce dernier texte, paru aux éditions des Busclats. C’est une sorte de pèlerinage aux sources. De la reconnaissance de l’importance de l’inspiration chrétienne dans notre imaginaire. Petit catéchisme de la vocation d’écriture. Je m’y suis étonnament retrouvé. Visite quotidienne à Georgette. J’avais cueilli pour elle la première fleur des pivoines herbacées rouges replantées à la maison de son jardin de l’Humelière. L’ai aidée à débrancher-rebrancher les tuyaux de l’appareil respiratoire pour sa série de d’inhalations. En allant poster mes lettres, j’ai croisé Françoise dans le village. Et Philippe. Bavardé un moment avec Nelly et Charles. Et Amélie, où est-elle ?

samedi 22 mai 2010

Vendredi 21 mai 2010. 21h25.

J'ai tourné en rond. Et commencé en même temps tant de choses que je ne savais plus, au bout du compte, ce que je faisais vraiment. Je suis allé me calmer au potager. Dégagé les rangs de pommes de terre envahis de mouron, de crépides et de bourses à pasteur. J'ai relu mon manuscrit en rentrant. Téléphoné à Amélie. Elle était juste de retour à Paris. Pour une nuit simplement. Après Vienne et Grenoble, elle part demain matin tôt pour trois jours au festival de Saint-Malo. A moins de cent kilomètres d'ici. De l'autre côté de la baie.

vendredi 21 mai 2010

Jeudi 20 mai 2010. 22h20.

Tu as besoin de quelque chose ? En allant faire les courses pour la semaine, j'ai pris celles de Georgette. Elle va mieux. C'est le retour de la chaleur, dit-elle.

Mercredi 19 mai 2010. 23h50.

Café au comptoir. Comme le nez qui picote… On s’est quittés pour dix jours avec Amélie, ce matin. Je vais rester à Carolles pour travailler. Elle sera en salons, en rencontres en province, avec des auteurs presque tout le temps. Je l’ai regardé tourner le coin de la rue. J’ai pris mon bus. Dernier cours avec les étudiants. Ceux de cette année m’ont été particulièrement précieux. J’ai essayé de leur expliquer. Nous avons avancé ensemble dans une vraie émotion d’écrire. Enfin, il me semble. C’est ce que j’en retiens. Je rends leurs notes la semaine prochaine. Passé chez Caractères. Nicole n’était pas là. Elle se reposait chez elle d’une longue fatigue, d’une foule d’inquiétudes. Quel avenir pour sa maison ? Embrassé Adèle, envoyé quelques livres pour le festival de Montauban. Gare Montparnasse, le train était plein. En arrivant à Granville, j’étais seul dans le wagon.

Mardi 18 mai 2010. 23h00.

J’étais à Paris à midi. Déposé mes affaires rue Danville. Pris le courrier qui commence à arriver à la nouvelle adresse. Avalé une tartine en vitesse chez Péret. J’étais attendu, avec les autres membres du jury, pour les délibérations du prix Marcel Pagnol, du côté de l’avenue Foch, dans l’hôtel particulier où Pagnol, justement, avait habité de 1956 à sa mort en 1974, et où vit toujours son épouse Jacqueline. J’étais très ému de me retrouver là. Je savais que c’était justement dans cette maison qu’il avait écrit ses Souvenirs d’enfance. Des textes qui me restent toujours si importants. Que je relis souvent. Grande demeure bourgeoise. Hauts plafonds, tapisseries d’Aubusson, colonnes corinthiennes. Le tout usé de temps récent. Un rien en parenthèses. Nicolas son petit-fils, m’a montré son bureau… Lorsque j’avais douze ans, je lui avais écrit. Cher Marcel Pagnol… Je ne sais plus très bien ce qu’il y avait dans la lettre. C’était, comme j’avais pu, toute mon admiration, toute mon émotion, l’envie d’être écrivain à cause de ses livres. Jamais eu de réponse. Mon pauvre mot avait dû, par ici, finir à la corbeille. J’avais rendez-vous avec Delphine au J’Go. Elle se fait opérer dans quelques semaines d’un on ne sait pas encore, à l’hôpital Tenon. Je dois lui écrire vite que je n’ai pas su lui dire combien je pense à elle… Amélie nous a rejoint. Nous sommes allés récupérer ce qui restait dans l’appartement de la rue Fondary. Quelques bibelots fragiles que nous n’avions pas voulu confier aux cartons des déménageurs. Je suis resté un instant seul dans le deux-pièces vide. Et j’ai dit à haute voix sans peur du ridicule (mais il n’y avait personne…), m’adressant au lutin invisible, caché, qui vivait avec nous : Viens avec moi. N’aie pas peur. Nous avons maintenant une nouvelle maison.

jeudi 20 mai 2010

Lundi 17 mai 2010. 23h15.

J’ai repris mon manuscrit. Décidé de ne plus penser aux échéances. Au délai. N’empêche... A la fin de la journée, je me suis aperçu que j’avais moins écrit que je n’avais enlevé. Encore supprimé des pages. Je dois arrêter d’urgence ce travail de Pénélope. Avancer pour de bon. J’ai été voir Georgette. Lui apporter de la lecture. Je lui avais retrouvé Le dimanche des réparations de Sophie Chérer qu’elle voulait relire une nouvelle fois. Pas en forme. Nathalie avait fait venir le médecin. Elle l’avait trouvée sans forces ce matin. Sa bronchite l’avait tenue éveillée pendant toute la nuit. Antibiotiques, cortisone. Toute frêle dans sa robe de chambre bleue. Je dois remonter la pente. Ne t’inquiète pas. Bien sûr que si je m’inquiète. Mais qu’est-ce qu’il faudrait faire ? Qu’est ce qu’il y a à faire ? Je reviens mercredi. Surtout soigne-toi bien.

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