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jeudi 20 mai 2010

Lundi 17 mai 2010. 9h15.

Le jour s’est levé comme nous arrivions à la gare. Amélie est partie au train de 6h00.

Dimanche 16 mai 2010. 21h00

.J’ai été chercher des huîtres chez Charuel. Georgette venait déjeuner. La veille, elle ne s’était pas fait prier. Pourquoi pas ? Pourquoi pas ? Elle a mangé de bon appétit. Trouvé le rosbif tendre, le ragoût de pommes de terre fondant. Bu du cotes-du-rhône avec plaisir. Il est vraiment bon. Après un deuxième café, elle a voulu nous accompagner aux Fontenelles. Elle a marché à tout petits pas jusqu’au fond du potager. Eté voir ses rosiers de l’Humelière. Son pommier. Les cassis et les framboisiers. Maintenant je dois rentrer. Elle était fatiguée, souffle rare. C’est la marche. Et puis, comme d’habitude : Mais ça va, ça va. Ca va aller.

Samedi 15 mai 2010. 22h20.

Georgette a les bronches prises. Elle tousse, elle s’essouffle. Je sens que ça va quand même. Nous avons été lui chercher du miel au marché de Granville. Ramené des plants de tomates et de salades que nous avons mis en place au potager. Monique et Jean-Marie nous avaient invités à prendre un verre chez eux. Nous avons fait la connaissance de leur fils Yannick et de Elizabeth, sa jeune épouse (ils se sont mariés le 3 avril…). Elle s’occupe, pour la Bibliothèque verte, de la novellisation de la série des Naruto, les mangas de Masashi Kishimoto. Une littérature jeunesse qui m’est, décidemment, bien étrangère. Nous avons parlé du Japon d’où ils revenaient de voyage de noces. J’ai pensé à Jaunay Clan dont les poèmes ont, là-bas, beaucoup de succès et dont je n’ai plus de nouvelles depuis l’automne. Elle préparait un troisième roman après Milosz et Nostoc, 13 h 58. Je l’avais mise en relation avec Florence chez Denoël. Elles avaient commencé à travailler le manuscrit et puis Florence a été licenciée… M. Bénit nous a livré du bois. L’auvent est plein jusqu’au toit.

Vendredi 14 mai 2010. 23h10.

J’ai repris mes notes et mes griffonnages de ces dernières semaines. Pas grand chose qui puisse servir pour le livre. Nous sommes allés à Granville faire les courses pour Georgette. Passés chez l’assureur et le garagiste. Au village, nous avons repris nos habitudes. Le pain, les journaux. Vous êtes enfin rentrés, nous a dit Charles. Nous avons travaillé aux Fontenelles. Un vrai débroussaillage. Tondu l’herbe, retracé les allées, nettoyé les carrés.

Jeudi 13 mai 2010. 21h25.

Nous sommes partis à Carolles. En évitant prudemment l’autoroute. Pas envie de prendre de risques après les dégats qu’avait subis la voiture à Saint-Cloud. Trajet un peu long, du coup... Nous étions à la maison dans la fin d’après midi. Le couvreur avait terminé de poser les nouvelles gouttières. Retrouvé le jardin avec de l’herbe haute, le potager envahi de cruau. Il a fait sec pourtant. Dans la terre poussiéreuse, les légumes ont eu du mal à pousser. Pommes de terre à peine sorties, oignons, ail et échalotte rares, petits pois clairsemés. Quelques fraises à peine roses. Mais sous le tunnel de forcage les laitues étaient magnifiques. Nous sommes allés voir Georgette. Je vous attendais plus tôt…

Mercredi 12 mai 2010. 23h00.

J’ai filé chez Caractères après les cours à Censier. Parlé avec Nicole du festival Lettres d’automne à Montauban, en novembre, dont Alberto Ruy-Sanchez est l’invité principal. Ce serait bien que les livres mexicains de la maison y soient présents. D’autant qu’Elsa Cross vient d’obtenir le prix Roger Caillois pour son recueil Jaguar, traduit par Claude Couffon. Croisé Nathalie dans la rue Monge. Pris le bus ensemble pour deux stations. Nous enregistrons ensemble à Jeux d'Epreuves en juin. Elle y présentera la nouvelle traduction de Sur la route de Kerouac. Moi, j'amène Feu de Régine Vandamme. J’ai retrouvé Amélie au J’Go. Elle revenait de Saint-Cloud où elle était allée chercher la voiture. Nous sommes passés rue Fondary récupérer les affaires que nous emmenons à Carolles. Des livres encore… Une valise pleine de souvenirs du Mexique. Et les plantes que nous avons ramenées aussi. Les cactus se portent bien, mais les deux petites sensitives (Mimosa pudica) achetées au marché d’Ixtapan n’ont pas résisté à la sécheresse de l’appartement.

Mardi 11 mai 2010. 22h40.

J’ai déballé les livres. Ils font une impressionnante montagne à l’angle de la pièce. J’avais commencé par ébaucher un classement, mais très vite cela s’est avéré impossible. Je me suis installé un bureau provisoire. Rassemblé mes notes, les textes à lire. Mis en place un semblant d’emploi du temps... Je suis en retard de tout. Je dois préparer des rencontres, rédiger des papiers pour Le Monde. Les élèves de quatrième au Havre m’attendent aussi pour une dernière séance… J’ai préparé mon cours pour Censier. Le questionnaire d’actualité, quelques exercices de titraille. Amélie est rentrée tard. Elle travaille déjà à sa rentrée de septembre. Moi, je n’ai encore rien regardé pour l’instant.

Lundi 10 mai 2010. 22h15.

Ouvert d’autres cartons. Commencé à remplir les grands tiroirs qu’Emmanuel a confectionné pour nos rangements sous le lit. Pour le reste nous ne savons pas vraiment où mettre les choses. Il faut faire des rayonnages, poser des placards dans la cuisine. Le provisoire s’installe, en attendant... J’ai débarrassé un coin de la table pour écrire mon papier sur Régine Detambel. Je devais le rendre à Raphaëlle depuis un bon moment.

Dimanche 9 mai 2010. 23h00.

Nous avons défait une partie des cartons. Tenté de rassembler tant bien que mal les affaires. De ranger. La vaisselle, le linge. Pour les livres, on verra plus tard. Il faut y aller doucement sous peine d’encombrer davantage. Marion et Jérôme sont partager avec nous un dîner un peu acrobatique. Nous avons trinqué à l’appartement. Ca sera bien. Dans quelque temps.

Samedi 8 mai 2010. 21h05.

Nous sommes réveillés tôt. Il n’y a pas encore de rideaux aux fenêtres. Un vrai soleil de printemps, jaune vif, éclairait l’impressionnant désordre. Je suis allé chercher le pain du petit déjeuner rue Daguerre. Un bouquet Monsieur ? Muguet et lilas à la sauvette. Ici, tout m’est familier. Rien n’a changé ou presque depuis cinq ans, dix ans, vingt ans. Et davantage encore. Les mêmes vendeurs à la poissonnerie, chez le marchand de légumes, la même brûlerie à l’angle de l’avenue. Je croise des visages. Un sourire, un signe. Je suis en connaissance. J’ai accroché si longtemps ma vie à ce coin de ville. Je voulais y habiter parce que j’y étais né. Et faire de ce hasard un véritable ancrage. Adolescent à Senlis, je regardais le plan et je rêvais au nom des rues. Je me traçais des chemins d’avenir qui partaient de cette maternité de la rue Ducouédic. Des carrefours et des boucles. Hallé et Tombe-Issoire. Froidevaux. Denfert-Rochereau. Je suis arrivé dans le XIVe en 1978 et je ne l’ai plus quitté. Des années. D’un bord de vie à l’autre. Mon divorce m’en a arraché. Je reviens aujourd’hui. Amélie m’y ramène. Tu sais, depuis que je suis à Paris, j’ai toujours eu envie d’habiter par ici… Il n’y a plus de hasard. Son désir de vivre me rend à moi-même. Chaque jour. Chaque instant. J’ai croisé Olivier, le libraire de la rue Boulard. Alors, de nouveau dans le quartier ? Ca faisait un moment…

Vendredi 7 mai 2010. 23h50.

Un déménagement vaut deux incendies, paraît-il. L’expérience ne nous permet pas, très heureusement, de faire la comparaison, mais il doit y avoir du vrai dans l’adage. La journée a été épouvantable. Les déménageurs se sont montré d’emblée désagréables et mécontents : les cartons n’étaient pas terminés, il y avait bien plus à emmener qu’ils ne pensaient, on ne leur avait pas dit qu’il fallait traverser une cour. Et ils n’étaient que deux, et leur camion était mal garé. L’un avait une hernie discale. Je ne devrais pas travailler. L’autre était déprimé. On n’y arrivera jamais, il faut appeler le patron… L’emballage a duré toute la matinée. Quand l’ensemble a été péniblemement chargé, nos deux bonshommes se sont alors lancés dans une stratégie de surenchère au pourboire. S’en est suivi une discussion de maquignons dont nous étions fatalement les perdants puisque toutes nos affaires se retrouvaient prises en otage. Même mauvaise volonté rue Danville. Il a fallu les aider à monter les meubles et les caisses. Sinon, nous y étions encore à la nuit tombée. A leur départ, nous nous sommes retrouvés au milieu d'un gigantesque foutoir, affalés sur le canapé boiteux (où sont donc passés les autres pieds ?). Ca va maintenant ? Rien avalé d’autre qu’un café depuis le début des opérations. Nous sommes partis manger un morceau chez Péret. On fait le lit avant de partir. Je me demande si je n’ai pas plus sommeil que faim… Coup de fil en chemin. Claire et Emmanuel sont de retour dans leur maison.

mardi 18 mai 2010

Jeudi 6 mai 2010. 23h20.

Vous avez besoin d’un coup de main ? Emmanuelle a appelé. Elle était pour deux jours à Paris. Des papiers à rendre. Un documentaire pour France Culture à boucler. Et toujours ses recherches sur Jean Patou… Nous en avions assez de remplir les cartons. Nous nous sommes retrouvés rue Danville. Amélie et elle ont fixé dans l’armoire les tablettes, les tringles, les paniers. J’ai aménagé la salle de bains. Nous sommes descendus à l’épicerie du coin acheter du champagne. Claire et Emmanuelle étaient à Lyon. Ils avaient fait bon voyage. Une bouteille ? Allez, deux.

Jeudi 6 mai 2010. 15h10.

Les cartons pour déménagement sont enfin arrivés. Pas de problèmes, pas de problèmes. On vous aidera à les finir. Rue Fondary, nous avons démonté la la bibliothèque et nous l’avons chargée sur le toit du Berlingo. Marcus et Virginie la récupèrent pour leur maison de Veyrier. Elle va transiter par Magagnosc, le temps qu’Emmanuel « l’arrange » dans son atelier (deux, trois bricoles. Rien, dit-il…). Banquette arrière repliée, la voiture était pleine à ras-bord. Il restera bien un peu de place. Il en faut. Après une halte chez des cousins du côté de Lyon, ils ont décidé d’aller chercher le côtes-du-rhône pour le mariage de Marion et Jérôme. Cubitainers et bouteilles. Ca tiendra… Nous avons déjeuné ensemble rapidement à la terrasse de la pizzeria de la rue du Théâtre. Nous nous sommes dit au revoir. Appelez-nous quand vous arrivez.

Mercredi 5 mai 2010. 23h40.

J’ai inscrit au tableau, comme maintenant, à chaque fois, rituellement, une des Nouvelles en trois lignes de Félix Fénéon. Un homme d’une trentaine d’années s’est suicidé dans un hôtel de Mâcon. « Ne cherchez pas mon nom » a-t-il écrit. Je leur ai appellé ça « l’art de la brève » ou comment les mots ouvrent les faits à la compréhension et à l’imaginaire. A Censier, les étudiants m’ont rendu leurs portraits, leurs interviews. J’ai jeté un coup d’œil rapide. Du bon travail a priori. L’impression qu’ils se sentaient maintenant à l’aise dans les genres, qu’ils commençaient jouer avec la forme. J’ai hâte de les lire vraiment. Nous avons parlé des notes, de leurs examens. J’ai réalisé que les cours vont finir bientôt. Avec eux, cette année encore, je n’aurai pas vu le temps passer. A la semaine prochaine. A l'angle de la rue de Santeuil, les marronniers roses embaumaient. Je suis revenu à notre nouvel appartement comme l’inspecteur des travaux finis. Emmanuel rangeait tout son attirail. Claire nettoyait les traces de peinture. Nous avons dîné chez Péret. Ils repartent demain. Je ne sais pas ce que nous aurions fait sans eux.

lundi 17 mai 2010

Mardi 4 mai 2010. 22h00.

Il faut se séparer d’une partie des livres. Impossible de tout emmener. Ca ne tiendra d’autant pas que, sans parler des étagères posées un peu partout, la bibliothèque qui occupe le pan de mur de notre chambre ne loge pas là-bas. A Carolles, les rayonnages sont pleins. Nous avons préparé des sacs à descendre à la cave. En attendant de trouver vite à qui les donner ou les vendre. Il y a une foule de textes dont on se dit qu’on va enfin les lire, les relire, un jour. Nous nous y sommes mis au petit matin. Celui-ci, tu n’en veux vraiment plus ? Chacun à notre tour nos avons arraché des titres à la pile de l’autre. Mais ces poches, tu les a déjà en grand format… Biographies, récits d’aventures, contes pour enfants. Nous ne nous sentions pas très fiers de l’opération. A l’heure de l’iPad et du livre électronique, nous sommes, Amélie et moi, si terriblement attachés au papier... J’ai préparé mes cours pour Censier au milieu du foutoir. Lorsque je suis arrivé rue Danville, Emmanuel avait achevé de peindre le plancher en gris acier. Séchage rapide. Nous avons commencé le montage de l’armoire pour nous apercevoir que deux portes n’étaient pas à la bonne dimension. Ikea faisait nocturne. Claire et Amélie sont parties les échanger.

Lundi 3 mai 2010. 21h50.

Le déménageur n’a toujours pas livré les cartons. Ne vous inquiétez pas. Vous les aurez demain au plus tard. Et puis, on s’arrangera… N’empêche, la date approche. Je suis allé à Saint-Cloud voir l’état de la voiture. Je l’ai trouvée moins abîmée que je ne le pensais. Les portières ferment encore, c’est l’essentiel. On nous a volé des bricoles : une paire de lunettes, une trousse à outils... A l’appartement, Séverine était seule avec Agathe. Fatiguée. Mais la petite va mieux. On pourrait même dire qu’elle va bien après tout ce qu’elle a subi depuis l’automne dernier. Elle ouvre de grands yeux bleus, fait des sourires, gazouille, mais hurle aussi dès qu’elle quitte les bras de sa mère. J’ai été déposer plainte pour l’assurance au commissariat de police. Retour rue Danville. Tout est blanc. Partout. Même le sol est recouvert d’une très fine brume. Emmanuel a peint au pistolet du matin au soir. J’ai fini les boiseries avec Claire.

Dimanche 2 mai 2010. 22h40.

Expédition Ikea avec Claire et Amélie. Il n’y a aucun placard dans l’appartement. Nous avons donc acheté une immense armoire en kit. Sept à huit lourds colis de montants, de portes, de tablettes que nous avons hissé péniblement sur le toit du Berlingo. Et il a fallu se procurer de nouvelles sangles pour les y arrimer solidement. Déchargé le tout dans un coin de la cuisine. Emmanuel avait terminé une première couche de peinture. A sa suite, Marion et Jérôme s’étaient attaqués aux finitions.

Samedi 1er mai 2010. 22h15.

Poncé… Jérôme et Marion sont venus aider toute la journée. Nous avons commencé à décaper le plancher. Peinture des étagères. Les travaux se sont poursuivis tard. Nous nous sommes fait livrer des pizzas. Cela fait longtemps que j’en avais envie, a confié Claire. Ce n’est pas si mauvais en fin de compte…

Vendredi 30 avril 2010. 23h40.

Je me suis réveillé oppressé. Les bronches prises, la respiration sifflante. J’ai compris que ce n’était pas la poussière de plâtre. Hier, dans l’agitation de cette première journée de travaux, j’ai oublié le triste anniversaire du tournant d’avril. Cela fait quatre ans que Maman est morte. Et chaque fois, comme elle sur son lit d’hôpital, j’étouffe. Envahi de retour de chagrin…

Poncé, poncé, poncé. Les deux pièces sont prêtes à peindre. Restent l’entrée, la cuisine, la salle de bains. En fin de journée, les marches de l’escalier étaient couvertes des traces de pas blanches de nos allers-retours au petit magasin de bricolage de la rue Daguerre. Il manque toujours quelque chose… Claire et Amélie étaient en banlieue acheter une cuisinière électrique. Nous avons mis l’engin en place. Dîner chez Marion et Jérôme. Nous sommes rentrés de chez eux par le chemin des écoliers. Le Grand-Palais, la Concorde, le boulevard Saint-Germain, puis les quais, de Notre-Dame aux Invalides. Emmanuel m'a confié les clés de sa voiture. Je préfère me laisser conduire et regarder. C’est magnifique Paris, non ? Il a raison. Chaque jour, au hasard des trajets, je reste saisi par la beauté de la ville. Une façade. Une découpe de toit dans le ciel. Depuis des années, je l’habite comme un provincial émerveillé.

Jeudi 29 avril 2010. 22h15.

J’ai débarrassé mon bureau. Il servira de table là-bas. Nous avons entassé dans le Berlingo, des chaises, de la vaisselle, d’autres outils. Passé chercher Claire et Emmanuel. Déposé Amélie au métro. Fait l’état des lieux, rue Danville. Les murs et les plafonds sont sillonnés de fissures. Au travail… Claire a tout lessivé. Nous avons gratté, enduit, poncé. Enduit encore, poncé encore. Amélie nous a apporté le déjeuner. Pique nique dans la poussière blanche avant de continuer à poncer... J’avais réservé une table chez Moissonnier pour le dîner. Nous étions affamés. Chariot de hors d’œuvres, œufs en meurette, escargots et mâcon blanc. Emmanuel a été déçu par le tablier de sapeur. Et moi, déçu qu’il le soit. Vraiment.

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