Les rosiers ont commencé à fleurir à l’arrière de la maison. Etoile de Hollande et Pierre de Ronsard. Les deux Veilchenblau plantés début janvier sont couverts de boutons. Je devrais m’occuper du jardin... Dégager les hortensias, tuteurer les pivoines rouges, enlever les fleurs fanées des camélias, tailler la haie de lierre et de chèvrefeuille. Les herbes ont poussé partout dans les plates-bandes. Je ne parle même pas du potager. Il faudrait seulement que je sache organiser mes journées. Un peu. J’aimerais bien. Mais je travaille avec une lenteur désespérante. Un fossé entre chaque mot. Cela fait un dédale où je m’égare. Je m’embrouille. Le temps passe. Prends garde seulement à la rêverie, écrivait Flaubert dans une lettre à Maxime du Camp. C’est un bien vilain monstre qui attire et qui m’a déjà mangé bien des choses. C’est la sirène des âmes ; elle chante, elle appelle ; on y va et l’on n’en revient plus…