C’était mon retour à Jeux d’épreuves. Au moins trois mois sans enregistrer entre le salon du Livre et le séjour prolongé au Mexique. J’avais amené Feu de Régine Vandamme, sorti au début de l’année au Castor Astral. Un récit, heure par heure, de la journée d’un homme dont la vie s’est depuis longtemps déjà consumée. Cigarettes et Ricard. Psychotropes et bière glacée. Dans l’appartement où il vit, replié, étouffé par la canicule de juin, sa mère l’appelle inquiète. Tu as mangé ? Le livre entraîne dans une progression tragique. Il est très sobre, très beau. J’avais découvert Régine Vandamme en 2001 avec son premier roman, Ma mère à boire. Roman ? Avec elle, tout est mêlé, se tresse et se répond. On se trouve, à chaque fois (c’est son quatrième texte), saisi d’une vérité fragile, exigeante. Et troublante, tant chaque phrase se révèle proche. Pour moi, Régine Vandamme est un grand écrivain du chagrin. Elle en tient les comptes précis et lancinants. J’ai mis du cœur à défendre son livre à l’émission. Bah… Nathalie et Josyane m’ont suivi sans vrai enthousiame. Baptiste Liger s’est enfoncé, lui, dans une hallucinante diatribe : Ce livre m’a été une vraie punition, il est misérabiliste, etc, etc… D’ordinaire, cela m’affecte, mais, là, l’attaque m’est apparue tellement à côté de la plaque que je n’ai même pas cherché à y répondre. Nathalie a brillamment parlé de la nouvelle traduction réalisée à partir du manuscrit original de Sur la route de Jack Kerouac. Josyane nous a fait découvrir Crépuscule d’automne, un recueil de textes, essentiellement poétiques, de Julio Cortázar, rassemblés par lui-même et traduits seulement aujourd’hui après avoir été publiés en Espagne l’année de sa mort, en 1984. Et ainsi quoi d’autre que de rester les bras pendants,/ 
le cœur entassé et ce goût de poussière/ 
que fut fleur ou chemin… J’ai rejoint Amélie rue Fondary où nous avons retrouvé Emmanuelle et Dominique. Venus pour la journée à Paris, ils passaient juste chercher pour leur maison d’Agon, un matelas, une table et des bricoles que nous avions gardées pour eux à la cave. Trop fatigués pour rester dîner avec nous. J’ai préparé ma table ronde du lendemain à Blois sur l’œuvre de Roblès. Rallumé mon téléphone portable avant de me coucher. J’avais un message de Delphine : Mon opération s’est bien passée. Tout va bien . Je vous embrasse.