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mardi 2 avril 2013

Jeudi 21 mars 2013. 23h20.

Wang Siyu, une étudiante chinoise, m’a proposé un singulier papier sur les cerisiers en fleurs de son université de Wuhan. Chaque année, au printemps, une foule de gens (50 000 par jour, dit-elle) envahit le campus pour les admirer. L’histoire est que ces arbres ont été plantés par les envahisseurs japonais en 1939 (a ville a beaucoup souffert pendant la guerre sino-japonaise). Alors, se demande-t-elle, n’aurait-il pas mieux valu arracher tous ces sakuras ? Peut-on considérer que se presser pour les voir est anti-patriotique ? Et aussi : Est-il normal de faire payer des billets d’entrée aux touristes ? A qui profite cet argent ? Etc, etc… En sortant de ma séance , je me suis décidé à aller à la soirée d’inauguration du Salon du livre. J’hésitais. J’avais peur d’être fatigué. Mais tout s’est bien passé. J’ai retrouvé Amélie sur son stand. Traîné dans les allées. Passé un moment chez Stock. Jean-Marc est au plus mal. En fait, il est en train de mourir. Dans les conversations, chacun évitait d’en parler. Faisait comme si. Vu Laurence, Capucine, François. J’ai continué ma balade. Croisé Joseph avec Laurent et Jean-François. Nous parlions de toi justement. Quand se voit-on ? Bavardé avec Florence dont la librairie devrait ouvrir prochainement. Tu viendras à l’inauguration ? Eté embrasser Jeanne Benameur à qui on venait de remettre le prix RTL-Lire. Salué Agnès et Alexis. On s’est promis de se voir vite. J’ai de l’amitié en retard depuis si longtemps. Retrouvé aussi Catherine Zittoun que j’avais rencontrée quand elle était interne, ces années où je travaillais au service de santé mentale du VIIIe. Elle est toujours psychiatre. On s’était entraperçus une fois au moment où elle allait faire paraître un texte de théâtre chez Caractères, La passagère, je crois… Elle a publié plusieurs recueils de poèmes chez Bernard Dumerchez. Au Salon, elle venait proposer un manuscrit chez Liana Levi. J’ai dit que je l'appellerai bientôt.

vendredi 29 mars 2013

Mercredi 20 mars 2013. 18h50.

Mercedes a donné des nouvelles d’Esteban. Il est entré à la Salpétrière hier soir. Sa première intervention (d’une série de trois…) a lieu aujourd’hui. Cherché des textes de reportage pour les étudiants. Beaucoup d’entre eux n’ouvrent jamais la presse. Ils regardent juste les gratuits du métro et les grands titres sur internet. Je ne cesse de leur répéter que c’est en lisant qu’on commence à comprendre comment il faut écrire. J’ai dejeuné avec Karine. Nous ne nous étions pour ainsi dire pas vus depuis la sortie de La fausse porte. C’était elle mon attachée de presse. Aujourd’hui, elle voulait me parler de Waldoka, le prochain roman de Lucia Puenzo qui paraît en mai.

Mardi 19 mars 2013. 20h15.

Maman aurait eu quatre-vingt-quinze ans aujourd’hui. Je tiens le compte des années. Jusque quand ? J’ai regardé une photo sépia d’elle petite fille. Deux longues couettes. Elle pose, en jupe à volants, dans le jardin de sa grand-mère, un cerceau à la main. Et je retrouve ses yeux. Et son sourire. J’ai déjeuné avec Catherine dans une brasserie de la place de l’Alma. En sortant, je suis allé à pieds à mon rendez-vous au Rostand avec Marie-Joséphine. On s’était croisés en février à une soirée au Musée de la chasse et de la nature. Elle voulait me parler de projets sur la comtesse de Ségur dont elle est une grande spécialiste. Un (quasi) inédit, un dictionnaire… Je vais m’en occuper.

Lundi 18 mars 2013. 21h00

J’ai reçu ce matin les épreuves de Légèrement seul, le récit de Daniel de Roulet sur les six cents et quelques kilomètres à pied qu’il a effectués de Saint-Malo à Soissons au printemps dernier. Un itinéraire un peu « prétexte » sur les traces de moines de la fin du VIe siècle. Il s’agissait de suivre le chemin parcouru par saint Colomban, saint Gall et leurs compagnons d’Irlande jusqu’en Suisse. Partis de Bangor à côté de Belfast, écrit-il, ils ont débarqué en Bretagne, sont passés par Rouen, Soissons, Luxeuil. Parmi eux, Gall a fondé l’abbaye qui porte son nom dans un pays qui ne s’appelait pas encore la Suisse. C’était en l’an 612. Par devoir de mémoire ou goût de l’aventure, quelques amis et moi avons organisé un relais. Les premiers sont partis d’Irlande le mois dernier, je les retrouverai à Saint-Malo. D’autres continueront après moi, de Soissons à Luxeuil, d’autres encore jusqu’à Saint-Gall, pour le mille quatre centième anniversaire. J’attendais ce livre avec beaucoup d’impatience. Nous avions longuement parlé de son projet au Salon du livre de l’an dernier. Daniel nous a fait signe deux mois après, à Avranches, sa première étape. Il logeait à l'hôtel de la Croix d'or. Nous nous étions retrouvés ce soir-là pour dîner à la brasserie Littré. Il nous avait raconté son début de périple en baie du Mont-saint-Michel. Paysages et rencontres. Je lui avais confié à nouveau mon désir de voyager comme lui, un jour, en prenant la mesure du temps. J’ai pourtant toujours été un tantinet traîne-savate. La perspective d’une promenade du dimanche en forêt ou sur les chemins de campagne, ne m’a jamais enthousiasmé. Très peu pour moi des randonnées digestives. Sans parler (mauvais souvenir) des colonies de vacances où l’on s’égosille à chanter que les kilomètres à pied usent les souliers. Non, ce dont je rêvais enfant, c’était de partir. Choisir une destination lointaine et y arriver par moi-même. Par mes propres moyens. Je ne l’ai jamais fait. Dans les premières pages de son livre, Daniel fait un sort à notre rencontre et notre conversation. Lui (il parle de moi...), ne manque pas de me dire qu’il m’envie de pouvoir marcher ainsi, c’est une constante chez les gens que je croise : tous ont la nostalgie d’un grand projet, un peu au-dessus de leurs forces. Tous ont une raison pour ne pas l’entreprendre.

mardi 26 mars 2013

Dimanche 17 mars 2013. 22h35.

J’ai terminé mon papier. Amélie a lu dans la chambre. Journée enfermée…

Samedi 16 mars 2013. 21h30.

J’ai fini de débroussailler mon entretien. Relu le Nina Simone. Jeté les bases du papier. A la fin de la journée, j’en avais plus qu’assez. Comme j’ai abandonné mon bureau, trop petit, sauf pour faire un peu de courrier, je travaille sur la table de la cuisine. En face de moi, par la fenêtre, je ne vois que le mur aveugle de la cour où grimpe un pauvre lierre desséché. Quelque soit le temps, la lumière est toujours crépusculaire. Besoin de prendre l’air. J’ai dit à Amélie : Et pourquoi ne passerions-nous pas chez Marion et Jérôme ? En fait, j’avais envie de voir Gabrielle. J’ai filé acheter un petit livre d’enfant aux Cousins d’Alice et nous avons pris le bus jusqu’à la rue Marmontel. Embrassades. Elle cavale partout maintenant cette gamine. Baragouine un incessant sabir et rit de bon cœur.

lundi 25 mars 2013

Vendredi 15 mars 2013. 16h10.

Nous avons décidé de ne pas aller à Carolles. Il fait encore mauvais temps là-bas et puis j’ai ce portrait de Gilles Leroy à écrire. Nous avons fait le marché place Jacques-Demy. Du jambon persillé, des cailles et le plein de salade : une frisée, de la chicorée verte, des pissenlits, du mesclun. J’ai commencé à décrypter mes bandes. Il faut que je change d’enregistreur. J’attrape un mot sur deux. Une espèce de bruit de fond rend la conversation quasi inaudible. Heureusement, j’ai pris aussi des notes. Mais je ne parviens pas toujours à les déchiffrer.

Jeudi 14 mars 2013. 19h00.

J’avais peu d’étudiants ce matin. Un bonne part de mon groupe était en « visite patrimoine ». On les avait emmenés à la maison de Boris Vian, cité Véron. M’est revenue d’un coup cette phrase de Colin dans L'écume des jours : Le plus clair de mon temps, je le passe à l’obscurcir. J’ai déjeuné avec Amélie. Reste de la journée tout en fatigue...

Mercredi 13 mars 2013. 19h50.

Des nouvelles de la neige. Il est tombé à Carolles plus de cinquante centimètres. Tout est recouvert. J’ai eu Jean-Pascal au téléphone. A Coquelonde c’en est fini cette année de ses magniolias. Les fleurs commençaient juste à se former. Sur certains arbres, des branches ont même cassé. Il enrage. J’ai appelé Georgette. Tout va bien, tout va bien. Je ne manque de rien. Préparé mes cours à Censier. Je vois les étudiants encore six ou sept fois avant la fin du semestre. Il est plus que temps de leur parler de leur reportage. J’ai rédigé un petit papier sur Bagages perdus de Jordi Puntí et je suis parti à mon rendez-vous avec Gilles Leroy. Il avait réussi à arriver sans encombre. Chez lui aussi, dans le Perche, ça ressemble au Nord canadien. Un ami l’avait accompagné en voiture. On s’est retrouvés dans son un petit appartement du XIVe, près du métro Pernety. Je suis venu à pied de la maison. Juste l’avenue du Maine à traverser. Nina Simone, roman qu’il vient de publier au Mercure, remonte, à partir des dernières années, pathétiques, de la star, retirée à Carry-le-Rouet dans les Bouches-du-Rhône, l’improbable histoire d’une petite fille noire de Caroline du Nord qui rêvait d’être concertiste classique et à qui le destin réservait une autre célébrité. Plus brillante et bien plus âpre aussi. C’est le portrait d’une femme fragile et pourtant décidée, tragique, douloureuse. Nous avons parlé un bon moment. De ce dernier livre, des autres. Partagé quelques silences. J’avais rencontré Gilles Leroy pour la première fois en 2007, avant qu’on lui décerne le Goncourt pour Alabama song. A l’époque il était toujours flanqué de sa chienne Zazie. Un an après sa mort, il a adopté un autre chien, joyeux : Nino, qui tient de l’épagneul et… d’autre chose.

dimanche 24 mars 2013

Mardi 12 mars 2013. 20h10.

Il a neigé la nuit et ce matin encore. Tout était blanc dans la rue. Chaussée et trottoirs glissants. Pas de bus, le métro aérien ne circulait plus. J’ai fini par trouver un taxi pour aller à l’hôpital. Je suis arrivé juste. Dany m’a appelé, nous devions déjeuner ensemble. Tu veux qu’on se voie un autre jour ? – Penses-tu… Nous nous sommes retrouvés à la Marlotte. L’endroit idéal pour parler du temps qui passe. Nous sommes donnés les nouvelles. Ca faisait un moment. Quel âge a Lou maintenant ? Onze ans, douze ans ? Reçu un message de Florent : Avez-vous lu le nouveau Gilles Leroy, Nina Simone, roman ? J’aimerais beaucoup que nous lui consacrions la dernière page de la semaine prochaine, et je pense que vous seriez le plus à même de le faire bien. Bon… Les affaires reprennent.

samedi 23 mars 2013

Lundi 11 mars 2013. 18h30.

Je continue mon herbier. Cueilli ce matin une minuscule marticaire au pied d’un arbre, place Jean-Delay. Mais sans fleurs, comment vraiment l’identifier ? Matricaire discoïde, matricaire inodore, matricaire camomille ? Avant ou après chacune de mes séances, je quadrille le quartier des Peupliers. Beaucoup de noms de médecins : rue du Docteur-Tuffier, rue de l’Interne-Loëb, rue du Docteur-Leray… Et il y a Jean Delay aussi. Son souvenir est lié à ma première année de travail au service de santé mentale du VIIIe arrondissement en 1980. Gérard à qui je dois toute ma culture psychiatrique m’avait fait lire Les dissolutions de la mémoire. Au hasard de nos promenades chez les libraires d’occasion de la rue de Provence, j’avais découvert ses textes littéraires. La cité grise, sur la Salpétrière, Les reposantes et ses nouvelles, Hommes sans nom. Cela fait bien longtemps que je ne les ai pas rouverts. J’en garde le souvenir d’une attentive humanité. D’un rien de chagrin doux.

mardi 19 mars 2013

Dimanche 10 mars 2013. 22h40.

Marie-Thérèse ne va pas très bien. Elle a fait une mauvaise chute chez elle et refuse de voir le médecin. Elle attend que ça se passe. Du coup, elle n’apporte plus ses précieux œufs au jaune couleur bouton d’or à Georgette. Amélie s’est rabattue sur ceux de Charuel pour lui faire ses pots de crème de la semaine. Enfin, ce n’est plus Charuel depuis une quinzaine de jours. Jocelyne a vendu l’épicerie. Elle la tenait depuis près de quarante ans, à la suite de ses beaux-parents. Elle commençait à en avoir assez. Après le décès de Jean-Claude, son mari, début 2010, elle se coltinait tous les approvisionnements, la vente, la gestion du magasin. C’est une très jeune femme qui la remplace. Elle s’appelle Marion Mancel. Est-ce qu’on dira chez Marion ? Chez Mancel ? J’ai connu pas moins de quatre épiceries dans le bourg. Quatre cafés aussi. Un hôtel-restaurant, trois bouchers, deux boulangers, un poissonnier, un charcutier, un marchand de journaux, un marchand de chaussures… Il ne reste plus grand chose. Jocelyne va ouvrir un commerce de décoration à Granville. Nous irons y faire un tour quand elle sera installée. J’ai fini mon papier sur Gloria de Pascale Kramer. Le soleil est revenu dans le jardin. Pas envie de partir.

Samedi 9 mars 2013. 16h20.

Thierry Giffard est venu installer au plafond du couloir la grande corne de taureau achetée à la fin de l’été dernier à la brocante de l’Hôtel des falaises. Nous étions restés un bon moment à fouiller dans ce drôle de bric à brac. Amélie s’était ramené des serviettes brodées. Moi, en plus de mon trophée, j’avais trouvé un gros album photo à fermoir des dernières années du XIXe. Couverture en cuir avec des motifs Henri II. A l’intérieur, il se trouvait encore une dizaine de photographies sépia. Des portraits d’un autre âge que je n’ai pas eu le cœur de jeter. Qui sont ces gens ? Lorsque je fouille dans les clichés de famille, il y a déjà tellement d’inconnus… Norbert nous a embarqué dans sa remorque le tas de branchages de mon nettoyage d’hier. Il est arrivé avec, pour Amélie, un énorme bouquet de mimosa.

Vendredi 8 mars 2013. 17h40.

Franck est passé réparer la ligne téléphonique. Les techniciens d’Orange n’avaient pas voulu intervenir. Désolé, nous ne montons pas dans les greniers. Lui est allé ramper là-haut. Il raccroché le fil au boitier. Oh, ce n’était pas grand chose… Nous avons bavardé un moment. Nicole, les deux jumeaux, les affaires de Saint-Pierre-Langers. Bon, alors, on le fait quand ce dîner à la maison ?

Vendredi 8 mars 2013. 17h40.

J'ai reçu un message de Corinne. Elle me souhaite du courage, me dit plein de choses gentilles. Cela doit bien faire dix ans qu’on ne s’est pas vus. Elle avait quitté Point de Vue un moment avant que j’en sois flanqué dehors fin 2004. Depuis tout ce temps elle n’a jamais cessé de me donner de ses nouvelles. Sa vie, le travail, les enfants. Et de s’inquiéter de moi. Si notre amitié ne s’est pas dissoute dans l’absence, c’est vraiment grâce à elle. Je laisse tout filer. Englué de paresse triste que je secoue comme un chien trempé. Corinne est maintenant conseillère dans une agence immobilière au Pré-Saint-Gervais, elle habite aux Lilas. Ce n’est quand même pas si loin. Retrouvé le jardin débarrassé des branches qui l’encombraient. M. Toupet a fini. Les coupes sont belles. Les arbres ont l’air tout neufs. J’ai passé l’après-midi à nettoyer le jardin à ramasser les feuilles, les brindilles, à arracher le lierre qui envahit les plates-bandes. Je n’ai pas taillé les rosiers. On annonce du froid pour bientôt.

vendredi 8 mars 2013

Jeudi 7 mars 2013. 20h20.

J’ai eu finalement une réponse de Florent ce matin. Il me commande un papier de tête sur Gloria de Pascale Kramer pour le prochain numéro. Mais pour le reste, rien n’est vraiment retenu. Mes propositions de janvier finiront (et pas toutes…) en quatre lignes de « Sans oublier ». Et celles de mars sont sérieusement amputées. Bleus Horizons de Jérôme Garcin sera traité en interne. 
 Le texte de Quiriny sur Henri de Régnier est déjà en mains et Alain Rémond (Tout ce qui reste de nos vies) ne soulève aucun enthousiasme au journal. Je garde un petit espoir pour le Violaine Schwartz (Le vent dans la bouche sur Fréhel). Le tout est de ne pas se décourager. Et puis j’ai encore un peu de travail dans le domaine étranger. J’ai avancé dans mon courrier. Appelé Dany et Brigitte qui s’inquiétaient de mes nouvelles. Reçu aussi un message de Séverine accusant réception du remboursement de la somme qu’elle m’avait avancé pour Anita, ma filleule de Bombay. En janvier dernier comme elle partait en Inde réaliser un projet de photos d’enfants, je lui avais en effet laissé les coordonnées de Pierre Péan. Grâce à lui elle avait pu faire pas mal de clichés au bidonville de Malad. C’est là qu’habite toujours ma « filleule » Anita, chez ses parents. Quatorze, quinze, seize ans ? Elle ne va plus à l’école. Pierre Péan utilisera l’argent pour lui acheter des vêtements et lui adoucir un peu la vie. J’espère. Je n’ai pas vu Séverine depuis son retour d’Inde. Il faut quand même que tu saches, dit-elle aussi, la réaction d'Agathe, lorsque je racontais aux enfants que tu allais en ce moment très (trop) régulièrement à l'hôpital : Il a pas de zance Xavier... je ferai une petite prière pour lui ce soir ! Cette prière d'Agathe, du haut de ses quatre ans, elle qui est allée à l'hôpital bien plus qu'à son tour, opérée, ré-opérée et encore et encore, me touche. Infiniment.

jeudi 7 mars 2013

Mercredi 6 mars 2013. 19h30.

L’an dernier, nous revenions de l’Isle-de-Noé, où j’étais aller mendier à ma belle-sœur Noëlle, après la mort de mon frère Jean, les documents, les carnets, les journaux de mon père. Nous avions passé une journée idiote là-bas. J’étais revenu sans rien ou presque. Je ne vois pas de quoi tu veux parler. Mon livre, si étrangement difficile à mettre en place, s’était enlisé une nouvelle fois. Je n’ai pas réussi à faire le deuil de ces papiers, mais il faut bien pourtant que je m’en passe. Au fond, ce livre n’est qu’une façon de remplir une effrayante absence. Je ne creuse pas, je comble. Je me suis promis de le rendre avant la fin décembre. Avant serait mieux d’ailleurs. Déjeuné avec Amélie chez Pasta e fagioli. Une poignée de mozzarellines au thon et aux câpres, une pizza au speck. Je suis allé à pieds à mon rendez-vous chez le coiffeur rue de Sèvres. Longé l’affreux chantier de l’ancien hôpital Laennec. Les travaux avancent. Quel saccage. D’énormes cubes de béton ont poussé tout autour de la chapelle. C’est épouvantable de laideur et de prétention. J’ai pensé à Nathacha qui habite tout près. Neela aura cinq ans à l’automne. On ne se voit plus. Je ne fais plus signe à personne depuis tellement longtemps.

mercredi 6 mars 2013

Mardi 5 mars 2013. 15h40.

Toujours pas de réponse aux messages que j’ai envoyés à Florent au Monde avec mes propositions de papiers. Trois semaines au moins. Je ne sais pas trop quoi faire. C’est la première fois que je me heurte à un si long silence. Pour rentrer de mes séances, je prends un tout petit bus qui s’appelle la Traverse et qui fait un itinéraire biscornu entre la place de l’abbé-Hénocque et le carrefour Alésia. Quand il quitte le XIIIe, le bus s’engage dans l’avenue Reille, longe le parc Montsouris et le réservoir de la Vanne et s’enfonce, passé la Tombe-Issoire, dans un maillage de rues tout au bord de mon ancien quartier. Je n’étais pas passé par là depuis des années. Un petit signe aux fantômes. Drôle de voyage dans le temps.

mardi 5 mars 2013

Lundi 4 mars 2013. 22h10.

J’ai envoyé mon dossier de renouvellement à la Commission de la carte de presse. Fait le décompte de mes piges : Le Monde, Libération, le Magazine littéraire… Mon Dieu, que je gagne peu.

Dimanche 3 mars 2013. 21h50.

Cette semaine, nous nous étions payé le luxe de voyager en première. On ne peut pas dire que nous ayions vraiment profité. A l’aller nous sommes tombés dans une voiture de seconde retapée (en fait, juste un morceau de tissu en bavolet sur l’appui-tête, mais pour le reste pas de sièges plus larges, pas de place, pas de confort) et, au retour, une petite troupe composée de journalistes « connus » et de leurs compagnes s’est installée un rang avant nous. Ils étaient samedi à Argentan, invités à l’université populaire de Michel Onfray et avaient passé le reste du week-end à Granville. Pas vraiment discrets… Tu as des boules Quiès ?

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