L’an dernier, nous revenions de l’Isle-de-Noé, où j’étais aller mendier à ma belle-sœur Noëlle, après la mort de mon frère Jean, les documents, les carnets, les journaux de mon père. Nous avions passé une journée idiote là-bas. J’étais revenu sans rien ou presque. Je ne vois pas de quoi tu veux parler. Mon livre, si étrangement difficile à mettre en place, s’était enlisé une nouvelle fois. Je n’ai pas réussi à faire le deuil de ces papiers, mais il faut bien pourtant que je m’en passe. Au fond, ce livre n’est qu’une façon de remplir une effrayante absence. Je ne creuse pas, je comble. Je me suis promis de le rendre avant la fin décembre. Avant serait mieux d’ailleurs. Déjeuné avec Amélie chez Pasta e fagioli. Une poignée de mozzarellines au thon et aux câpres, une pizza au speck. Je suis allé à pieds à mon rendez-vous chez le coiffeur rue de Sèvres. Longé l’affreux chantier de l’ancien hôpital Laennec. Les travaux avancent. Quel saccage. D’énormes cubes de béton ont poussé tout autour de la chapelle. C’est épouvantable de laideur et de prétention. J’ai pensé à Nathacha qui habite tout près. Neela aura cinq ans à l’automne. On ne se voit plus. Je ne fais plus signe à personne depuis tellement longtemps.