Des nouvelles de la neige. Il est tombé à Carolles plus de cinquante centimètres. Tout est recouvert. J’ai eu Jean-Pascal au téléphone. A Coquelonde c’en est fini cette année de ses magniolias. Les fleurs commençaient juste à se former. Sur certains arbres, des branches ont même cassé. Il enrage. J’ai appelé Georgette. Tout va bien, tout va bien. Je ne manque de rien. Préparé mes cours à Censier. Je vois les étudiants encore six ou sept fois avant la fin du semestre. Il est plus que temps de leur parler de leur reportage. J’ai rédigé un petit papier sur Bagages perdus de Jordi Puntí et je suis parti à mon rendez-vous avec Gilles Leroy. Il avait réussi à arriver sans encombre. Chez lui aussi, dans le Perche, ça ressemble au Nord canadien. Un ami l’avait accompagné en voiture. On s’est retrouvés dans son un petit appartement du XIVe, près du métro Pernety. Je suis venu à pied de la maison. Juste l’avenue du Maine à traverser. Nina Simone, roman qu’il vient de publier au Mercure, remonte, à partir des dernières années, pathétiques, de la star, retirée à Carry-le-Rouet dans les Bouches-du-Rhône, l’improbable histoire d’une petite fille noire de Caroline du Nord qui rêvait d’être concertiste classique et à qui le destin réservait une autre célébrité. Plus brillante et bien plus âpre aussi. C’est le portrait d’une femme fragile et pourtant décidée, tragique, douloureuse. Nous avons parlé un bon moment. De ce dernier livre, des autres. Partagé quelques silences. J’avais rencontré Gilles Leroy pour la première fois en 2007, avant qu’on lui décerne le Goncourt pour Alabama song. A l’époque il était toujours flanqué de sa chienne Zazie. Un an après sa mort, il a adopté un autre chien, joyeux : Nino, qui tient de l’épagneul et… d’autre chose.