Je continue mon herbier. Cueilli ce matin une minuscule marticaire au pied d’un arbre, place Jean-Delay. Mais sans fleurs, comment vraiment l’identifier ? Matricaire discoïde, matricaire inodore, matricaire camomille ? Avant ou après chacune de mes séances, je quadrille le quartier des Peupliers. Beaucoup de noms de médecins : rue du Docteur-Tuffier, rue de l’Interne-Loëb, rue du Docteur-Leray… Et il y a Jean Delay aussi. Son souvenir est lié à ma première année de travail au service de santé mentale du VIIIe arrondissement en 1980. Gérard à qui je dois toute ma culture psychiatrique m’avait fait lire Les dissolutions de la mémoire. Au hasard de nos promenades chez les libraires d’occasion de la rue de Provence, j’avais découvert ses textes littéraires. La cité grise, sur la Salpétrière, Les reposantes et ses nouvelles, Hommes sans nom. Cela fait bien longtemps que je ne les ai pas rouverts. J’en garde le souvenir d’une attentive humanité. D’un rien de chagrin doux.