Séverine et Gérald ont quitté la maison tôt avec Arnaud. Agathe et Thomas se sont réveillés peu après. Nous les avons occupés doucement pendant la matinée. Agathe voulait faire un gâteau au chocolat. Thomas avait envie que je m’occupe ce qui restait de son bombyx à bagues né en captivité cet été. Je lui ai bricolé un étaloir. Nous avons été chercher des épingles. Mais rien à faire. Le malheureux malacosoma neustrium s’effritait dès qu’on le touchait. Je suis juste parvenu à coller le corps et les vestiges des ailes sur une feuille de papier. Nous avons embarqué les deux au Natural History museum. Gros succès avec la baleine bleue. Nous avons déjeuné (pas terrible) au restaurant du musée. Mais c’était bien de voir cette si petite Agathe boulotter sa pizza avec appétit. Car, Dieu, qu’elle revient de loin. Je me souviens de toutes les opérations qu’elle a subies à Necker en 2009 et du poids qu’elle devait reprendre gramme après gramme. Retour Dewhurst road. Arnaud et ses parents étaient rentrés. L’intervention s’était bien passée et cet étonnant gamin semblait plutôt… en forme. Les enfants m’ont fait souffler des bougies (Ah, c’était pour ça le gâteau…). Gérald m’a offert une bouteille de château-gloria 2008. Allez, on file. On s’est embrassés. J’ai bien envie de revenir. Nous étions finalement en avance à la gare de Saint-Pancras. Nous avons traîné un moment. Sur la grande terrasse, j’ai vu le bar à champagne de Searcys. Hésité un moment. Et puis j’ai dit à Amélie. On pourrait s’offrir du Ruinart, non ? Après tout, il paraît que c’est mon anniversaire.
mercredi 25 septembre 2013
Samedi 21 septembre 2013. 23h50.
Par Xavier Houssin le mercredi 25 septembre 2013, 18:28
Vendredi 20 septembre 2013. 23h00.
Par Xavier Houssin le mercredi 25 septembre 2013, 17:29
Au bas de l’escalier, une tête de gavial enveloppée dans du papier bulle. Et, à l’étage, une hallucinante ménagerie : des flamands roses, des singes, des zèbres, des autruches, des crocodiles. Un tigre, un ours, un lion, un grand boa rampant au sol. Des quantités de trophées des cerfs, de renards. Des poissons de toutes tailles, des coraux, des oiseaux multicolores, des papillons, des coléoptères. Puis des chiens, des chats, des écureuils, des rats. Partout des vitrines, des bocaux, des squelettes. Vous avez fait bon voyage ? , nous a demandé Alexis Turner. Je vais préparer le café. Nous avions pris l’Eurostar tôt. Arrivés à Saint-Pancras à 9h00, heure de Londres. Long trajet en taxi : les « bureaux » de London Taxidermy où il a entassé tout ce bric-à-brac se trouvent à Wandsworth, à l’autre bout de la ville. Taxidermy, c’est le titre du livre qu’Alexis Turner a publié au début de l’année chez Thames & Hudson et dont la traduction française (Taxidermie…) vient de sortir chez Gallimard. Il fait commerce d’animaux empaillés et d’objets d’histoire naturelle depuis une vingtaine d’années, mais s’occupe surtout aujourd’hui de les louer. Pour des films, des publicités, des vitrines de grands magasins. J’avais proposé son portrait dans Next à Françoise-Marie qui avait tout de suite accepté. Restait à s’organiser. L’exercice de ce matin m’était assez tranquille. Amélie faisait la traduction de mes questions. It’s more confortable, ai-je dit à Alexis. Pour moi en tout cas, car mon anglais butte sans arrêt d’un mot sur l’autre. L’enfance, la « vocation », le livre : nous avons échangé presque deux heures. J’espère que la papier sera à la hauteur. Nous étions contents d’être à Londres. Grand soleil. Nous nous sommes baladés au hasard. Un tour à Hyde Park. On s’est perdus un peu dans les rues de Marylebone. Quelques verres dans les pubs. Nous avons récupéré la valise à la gare et nous sommes allés chez Séverine et Gérald à Hammersmith. Ils nous avaient déjà accueilli dans leur maison de Dewhurst road, un peu avant Noël l’an dernier. Arnaud, Thomas et Agathe nous attendaient. J’ai trouvé qu’Arnaud était vraiment un courageux bonhomme. Comme si de rien n’était, il joue, il rit. Raconte des devinettes. Depuis son accident de cet été, il ne voit toujours rien de l'œil droit. Demain, il doit aller à l’hôpital pour qu’on lui enlève les points de suture. Anesthésie générale. Thomas m’a montré les bestioles ramassées au jardin qu’il conserve dans une boîte. Perce-oreilles, petits escargots. Il y avait deux cocons desséchés aussi. Tu penses qu’ils vont éclore ? – Ca me semble assez mal parti, tu sais…
mardi 24 septembre 2013
Jeudi 19 septembre 2013. 22h10.
Par Xavier Houssin le mardi 24 septembre 2013, 20:32
Réunion de début de semestre pour les ateliers d’écriture à Censier. J’ai réalisé que les cours commençaient la semaine prochaine. Déjà ? Le soir tombait. Fac déserte. Nous n’étions que trois, salle 207. Line Sommant, Laurence et moi (les autres s’étaient « excusés »…). Du coup cela n’a pas duré très longtemps. Quelques informations administratives. Mes horaires ont changé. Ce sera maintenant de 10h00 à 14h00. Et j’ai trente étudiants... J’ai compté, c’est ma sixième rentrée. Amélie m’avait invité à dîner aux Petits plats, un restaurant de la rue des plantes où nous voulions aller depuis longtemps. Sauté de coques et couteaux au chorizo, ravioles, cabillaud et légumes frais pochés dans un bouillon brûlant. Nous avons bu du quincy. C’était bon…
Jeudi 19 septembre 2013. 8h40.
Par Xavier Houssin le mardi 24 septembre 2013, 20:32
J’ai cinquante-huit ans.
Mercredi 18 septembre 2013. 20h20.
Par Xavier Houssin le mardi 24 septembre 2013, 19:49
Valentine est venue à la maison pour me parler de son livre Kinderzimmer. C’était plus simple qu’elle aille rue Danville pour, je crois, des histoires de garde de sa fille. C’est vrai que nous sommes mercredi. Au Monde, ils ont finalement dit oui pour un portrait de dernière page. Et j’en suis ravi. Kinderzimmer est, jusqu’ici, son plus beau texte. Une forme d’aboutissement dans cette obsession qu’elle a des entrailles et des corps. Du langage des corps. Des corps des femmes. Mon premier papier sur elle remonte à 2008. Elle venait de publier, justement, Qui touche à mon corps je le tue. Elle s’est lancée ici dans une aventure d’écriture à haut risque. Il semblait en effet impossible voire presque indécent de parler de cette kinderzimmer, la « crèche » étrangement tolérée en 1944 à Ravensbrück où survivaient à peine des nourrissons faméliques nés dans l’horreur du camp. Un roman là-dessus ? C’était tellement et même trop. Sauf qu’en quelques pages, on se trouve saisi par une étonnante légitimité. Dans le livre de Valentine, il y a une vérité de ton et un infini respect. Le sujet, d’ailleurs, est venu à elle dans des rencontres, des témoignages. Elle n’a rien suscité. Nous avons parlé longtemps. J’ai pris les notes que j’ai pu. J’ai déjeuné avec Pascale au Bistrot d’Henri. Croisé Daniel dans le restaurant. Il était avec Françoise Pertat, la traductrice d’Alex Miller, l’auteur australien dont Phébus vient de faire paraître Autumn Laing. J’ai pensé à Fiona et à Steven à Melbourne. Je ne leur ai pas donné de nouvelles depuis des mois et ils s’inquiètent. Comment se fait-il que je n’arrive pas à leur écrire ?
Mardi 17 septembre 2013. 17h10.
Par Xavier Houssin le mardi 24 septembre 2013, 18:08
Marion a appelé. Ca tient toujours notre déjeuner ? J’étais en plein dans ma chronique de Next pour Octobre. Ca ne te dérange pas de venir près de chez moi ? Nous nous sommes retrouvés Aux enfants gâtés, rue Danville, à deux numéros de l'appartement. Je me sens bien dans ce tout petit restaurant. Au fond, quand c’est possible, je devrais donner mes rendez-vous là. Marion m’a laissé les épreuves de Ma mère rit de Chantal Ackerman qui paraît au Mercure mi-octobre. Et ta chronique, c’est sur quoi ? Je parle de Robert Marteau. Il y a un colloque de trois jours du 9 au 11 à Pau. Grand écrivain que Robert Marteau. Mort il y a deux ans et toujours tellement ignoré… Champ vallon vient de publier Ecritures, un nouveau tome de son « journal en sonnets ». A la date d’aujourd’hui, en 2002, il écrivait : L’automne roux et fauve approche corrodant/ La fougère et le châtaignier. Dans le bouleau/ Il vient changer en or le feuillage où le vent/ Se complaît. C’est la saison des châteaux de brique/ Dont les toits mouillés, au-dessus de la bruyère,/ Brillent de loin sous la lune ou dès que l’aurore/ Dans l’herbe répand les débris de la rosée./ On entend frapper du bec aux portes ; les cris/ Se répercutent jusqu’aux sommets où s’enroulent/ Les nuages venus de la mer. Les sentiers/ S’ouvrent aux bêtes qui flairent la proie. En teintes/ Les couleurs de l’été consentent à survivre/ Et sur la fleur mauve un papillon bat de l’aile/ Parce que de plus en plus la terre s’incline.
Lundi 16 septembre 2013. 21h50.
Par Xavier Houssin le mardi 24 septembre 2013, 17:30
J’avais rendez-vous avec Manuel Carcassonne chez Stock Alors, ce livre ? J’ai compris (je m’en doutais) qu’il avait dans la tête de le sortir à la rentrée 2014. C’est d’ailleurs ce qui était plus ou moins prévu. J’étais convenu avec Jean-Marc de le rendre en décembre. Nous avons discuté un moment. J’ai expliqué mon retard comme j’ai pu. On l’attend tu sais. Avril ? Allez, je n’ai plus le temps de perdre du temps. Je suis passé voir Dany, à deux pas, aux Belles Lettres. Nous sommes allés déjeuner rue de Rennes. Nous avons parlé des Tueurs de Patrick Reumaux. Reumaux est romancier, poète, traducteur de Dylan Thomas et de plein d'autres. J'avais oublié (est-ce que je le savais vraiment ?) qu'il était aussi un grand mycologue. L’ouvrage qui sort à la fin du mois est consacré aux champignons vénéneux. Magnifiques planches, grandeur nature, réalisées au crayon de couleur par Xavier Carteret, mais surtout un texte, une suite de textes plutôt. Des récits courts. Des narrations rares. Je l’avais proposé à Raphaëlle pour Le Monde la semaine dernière. Pas tout de suite, m’avait-elle répondu. Demandé aussi à Dany des nouvelles du projet de Lionel-Edouard Martin pour lequel elle avait bien voulu faire l’intermédiaire. Il s’agit d’une Petite anthologie subjective de la poésie d’expression latine regroupant une centaine de textes traduits en vers français. Des auteurs de l’Antiquité et de la Renaissance. Pour le peu que j’en ai lu, c’est d’une grâce infinie. J’aurai une réponse bientôt. Promis. Et puis on s’est raconté un peu nos vies. Lou a douze ans maintenant. Et nous, on se connaît depuis quand ? Je suis retourné à la maison en coup de vent. Lu un peu. J’ai retrouvé Marguerite pour un verre en fin d’après-midi à la Crèmerie. Alors, ton livre ? Décidemment la journée était bouclée.
lundi 23 septembre 2013
Dimanche 15 septembre 2013. 23h00.
Par Xavier Houssin le lundi 23 septembre 2013, 17:14
Nous sommes rentrés. Je suis rentré. Il était temps. Cela ne servait à rien que je reste. Pendant ces longues semaines passées à Carolles, je n’ai pas écrit ou si peu que ça ne vaut pas la peine d’en parler. A chaque fois que j’entre dans le livre, j’ai l’impression de le faire par effraction. Et je n’ai pas une âme de cambrioleur. Ce serait plutôt l’inverse. La semaine dernière, j’étais sorti au soleil du jardin après déjeuner. Arraché quelques mauvaises herbes. Coupé des goussons sur les rosiers. Quand j’ai voulu rentrer, la porte était fermée à clé. J’ai cru que j’étais passé par la cour, par le cellier ou par la chambre, mais tout était verrouillé. J’ai fait le tour de la maison, cherché sans succès une fenêtre au moins entrebaillée. Je suis allé prendre le double du trousseau chez Mme Bassard. Rien à faire pour ouvrir. J’ai fini par appeler Thierry Giffard. Je suis enfermé dehors. – Comment avez-vous fait ? Il est arrivé une demi-heure plus tard. Je m’attendais, à ma grande honte, à ce qu’il règle le problème en trois coups de clanche. Mais lui non plus n’arrivait à rien. Il a dû entièrement démonter la porte du cellier. Une heure de travail. Heureusement que vous n’aviez pas mis la barre… Parvenus à la porte, il y avait un tour complet dans la serrure. Thierry Giffard en était tellement troublé qu’il a même appelé : Il y a quelqu’un ? Il y a quelqu’un ? Le mystère me reste entier. Quel fantôme a pu me jouer ce tour ? J’ai pensé à mon père, mort en 1986 dans la pièce qui est maintenant mon bureau et où j’essaie, désespérément, d’écrire mon livre. Non. Ce n’est pas possible…
Dimanche 15 septembre 2013. 16h00.
Par Xavier Houssin le lundi 23 septembre 2013, 16:16
Décidemment je n’aime pas les départs. Les rangements de dernière minute, les valises. Faire le tour des pièces. Fermer les volets. Vite, vite. Et toujours l’impression d’oublier quelque chose. J’ai voulu changer l’eau du poisson rouge Moïse et clac !, dans l’empressement j’ai cassé son bocal. Je l’ai récupéré dans l’évier et mis (à l’étroit…) dans un vase. Téléphoné à Norbert : Dis-moi, tu as toujours les clés de la maison ? Promis, il ira dès demain acheter un nouvel aquarium.
Dimanche 15 septembre 2013. 14h20.
Par Xavier Houssin le lundi 23 septembre 2013, 16:15
En fin de matinée, l’herbe était encore trempée au potager. Les éclaircies ne trouent pas le ciel longtemps. J’ai pensé : Pourvu que Gabrielle ne prenne pas froid. Elle nous a aidé vaillamment à cueillir les haricots verts. Les derniers. Nous avons arraché les pieds. Annick et Norbert qui passaient par les Fontenelles sont venus nous donner un coup de main. Nous avons partagé la récolte à la maison autour d’un verre.
Samedi 14 septembre 2013. 19h50.
Par Xavier Houssin le lundi 23 septembre 2013, 16:15
Pas de saint-pierre, pas de colin. Au marché de Granville, Jérôme était un peu déçu. C’est qu’il avait des idées précises de recettes. Qu’est-ce qu’on fait ? – Si on essayait une belle côte de bœuf ? Encore une journée grise. Humide surtout. Nous avons allumé du feu. L’après-midi, nous sommes allés à Avranches. C’était la fête des Trois Quartiers. Baraques et manèges sur la place Valhubert. Jérôme y a emmené Gabrielle pendant que nous rendions visite à Georgette à l’hôpital. Amélie l’a trouvée très fatiguée. Moi, je finis par m’habituer, sans doute. Elle m’a même paru mieux. Nous avons posé trois petits pots de crème sur sa table de lit. J’essaierai ! s’est-elle forcé à dire. Elle n’a plus aucun goût à manger et n’arrive pas à avaler plus de quelques bouchées. C’est le gros problème, car les suites de sa fracture se passent bien, semble-t-il. Je n’ai pas mal du tout, assure-t-elle. Au moment des au revoir, elle a attiré Amélie vers elle. Pense à moi, lui a-t-elle soufflé. Nous avons retrouvé Jérôme et Gabrielle au pied d’un manège. Allez ! Un dernier tour et c’est fini…
mardi 17 septembre 2013
Vendredi 13 septembre 2013. 21h40.
Par Xavier Houssin le mardi 17 septembre 2013, 19:13
Temps gris. La terrasse était jonchée de feuilles mortes et de figues pourries bourdonnantes de guêpes. Je l’ai nettoyée au Kärscher. Gabrielle s’est réveillée tard. Mme Bassard est venue prendre des nouvelles de Georgette. Ah, il ne faudrait pas vieillir… Quel âge a-t-elle, elle, maintenant ? Quatre-vingt-sept ? Quatre-vingt-huit ? L’autre jour, je l’ai croisée à Jullouville. Elle était descendue à la pharmacie en vélo. J’aurais pu vous emmener ! – Pensez-vous, ça va tout seul. Ca ne fait pas si longtemps qu’elle met pied à terre dans la côte de la falaise. Au village tout le monde s’inquiète pour Georgette. Le soir, à l’hôpital, je lui ai raconté que je me fais aborder par des gens que je ne connais que de vue. Comment va votre tante ? Elle sourit. Est-ce que tu manges un peu ? - J’aimerais bien qu’Amélie me fasse ses crèmes aux œufs. Je suis allé chercher Jérôme au train de 20h30. Gabrielle dormait quand il est arrivé à la maison.
lundi 16 septembre 2013
Jeudi 12 septembre 2013. 23h50.
Par Xavier Houssin le lundi 16 septembre 2013, 16:11
On croirait que Gabrielle vient ici chaque fin de semaine depuis une éternité. Elle rit sur le quai, dit bonsoir au chef de gare. Où est garée la voiture blanche ? Tout à l’heure, on va à la plage ? Nous l’avons couchée après son chocolat au lait et son yaourt. Elle s’est endormie tout de suite. Et Georgette ?, m’a demandé Amélie comme je mettais la table. – Sincèrement, je crois que c’est mieux maintenant.
Jeudi 12 septembre 2013. 21h30.
Par Xavier Houssin le lundi 16 septembre 2013, 16:09
La maison était tout en désordre. J’ai rangé. Ce soir Amélie arrive avec Gabrielle. J’ai fait le marché à Saint-Pair. Préparé un veau marengo. A l’hôpital, j’ai amené à Georgette son châle de laine blanche. Elle a froid le matin, m’avait dit Josette.
Mercredi 11 septembre 2013. 19h40.
Par Xavier Houssin le lundi 16 septembre 2013, 15:45
J’ai été récupérer Moïse, le poisson rouge, chez Georgette. Un gros carassius auratus queue de voile qu’on lui avait confié il y a bien deux ans, seul survivant d’un hiver rude dans le tonneau du jardin. Sauvé des eaux en quelque sorte. Je le prends pour vous rendre service ! Mais elle s’en occupait avec soin. Veillant à ne pas trop lui donner à manger, changeant le décor de l’aquarium. Un jour des galets ronds, un autre une poignée de gravier blanc ramassée lors d’une promenade. Fanny m’a téléphoné dans l’après-midi. Georgette venait d’être opérée. Tout s’était bien passé. Pas eu besoin d’anesthésie générale. Elle était donc parfaitement consciente lorsque je suis passé. Pâle, les traits tirés. Elle disparaissait toute menue, fragile, dans le lit d’hôpital. Ca va aller mieux. Ca va aller mieux. Dans la voiture, sur le parking de l’hôpital, j’ai appelé mon oncle Georges à Lille, mon parrain René à Uzès. Ses deux frères. Je leur téléphone des nouvelles tous les soirs. Tenant pour eux le bulletin de santé de Georgette. Je me veux confiant. Je parviens à être même optimiste. Il y a d’ailleurs de quoi. Elle résiste bien. A la douleur, à la fatigue. Elle est pleine de volonté. Surtout, je me garde de leur laisser aller mon inquiétude. Elle m’est si personnelle. Si intime. Remontent ces souvenirs enfouis des derniers moments de ma mère. Elle aussi avait fait une chute la nuit en se levant. Impossible de se remettre debout, même en s’accrochant aux meubles. Elle était restée couchée là, sur le carrelage froid de la salle à manger, jusqu’à ce qu’Isabelle vienne pour le ménage vers dix heures du matin. Une semaine après, dans une chambre blanche de l’hôpital de Granville, elle mourrait dans mes bras. J’ai retrouvé mes tristes sentiments, mon infini chagrin. D’avoir vu Georgette allongée sur le sol, d’avoir suivi le fourgon des pompiers. Et puis les urgences. L’attente, le silence. Après revenir dans la maison vide. Ouvrir les tiroirs. Chercher les papiers. De l’air. Je chasse les pensées sombres. Elle ne va pas si mal que cela, Georgette, après sa nuit d’angoisse et son fémur cassé à quatre-vingt-douze ans. Elle va s’en remettre. Et elle verra en fleurs les rosiers anglais qu’elle m’a offert. Au printemps prochain.
dimanche 15 septembre 2013
Mardi 10 septembre 2013. 22h50.
Par Xavier Houssin le dimanche 15 septembre 2013, 22:08
Jérôme a appelé Amélie. Marion a passé son échographie. Ce devrait être un garçon.
Mardi 10 septembre 2013. 21h20.
Par Xavier Houssin le dimanche 15 septembre 2013, 22:08
Josette rentrait du nord de la France. Je l’ai retrouvée au chevet de Georgette. Perfusions. Oxygène. Elle ne sera opérée que demain. Josette s’efforçait de lui faire avaler une bouillie rosâtre. Je n’ai pas faim. Je lui avais apporté une grappe de raisin. Elle a soupiré. Je vais essayer d’en manger un grain.
Mardi 10 septembre 2013. 14h15
Par Xavier Houssin le dimanche 15 septembre 2013, 22:07
Je suis passé chez Georgette. Débarrasser le frigo. Faire le reste de vaisselle. Jeter les poubelles. Vider l’eau des vases. Comme je quittais l’appartement, Bruno et Christelle sont sortis de leur charcuterie. Alors, comment va-t-elle ? J’avais à la main le bouquet de reines-marguerites que nous lui avions rapporté du marché dimanche. J’ai dit à Christelle : Vous voulez les fleurs ?
Lundi 9 septembre 2013. 23h20.
Par Xavier Houssin le dimanche 15 septembre 2013, 22:06
Norbert et Annick m’ont invité à dîner. Amélie leur avait appris la nouvelle. Passe donc à la maison, m’a dit Norbert. J’ai autant besoin que toi de me changer les idées. Lui aussi revenait d’Avranches. Il était allé rendre visite à un ami proche, hospitalisé à la polyclinique. Un gaillard, une force de la nature. Maintenant, il pèse quarante kilos.
Lundi 9 septembre 2013. 20h00.
Par Xavier Houssin le dimanche 15 septembre 2013, 22:05
Il pleuvait. Le quai de la gare était luisant comme une laque chinoise. Mon Tee-shirt était trempé. Je me suis recouché une heure après avoir conduit Amélie au train du matin. J’ai traîné un peu après mon second réveil. Le téléphone a sonné. C’était Josette qui appelait de Valenciennes. Tu es à Carolles ? Ecoute, l’aide-ménagère est à la porte de chez Tante Georgette. Elle ne répond pas. Tu peux y aller ? J’ai foncé. Retrouvé la dame sur le pas de la porte. Elle avait déjà appelé les pompiers. J’ai ouvert. Georgette était étendue au sol de sa salle à manger. Ca va ? Ca va ? – Je suis tombée. J’ai mal. - Quand est-ce arrivé ? Elle avait fait une chute la veille. Probablement perdu connaissance. Passé toute la nuit sur le carrelage, au froid, au dur, au noir. Où est-ce que je suis ? J’ai soif. Je lui ai glissé un coussin sous la tête. L’ai relevée un peu. Oh, j’ai mal. Tenté de lui faire boire. Au verre, à la bouteille. Cherché des pailles. Pas trouvé. Les pompiers sont arrivés. L’un d’eux s’acharnait. Vous souffrez où précisemment ? De un à dix, à combien évaluez-vous votre douleur ? - Je ne comprends pas, disait-elle faiblement. Ils l’ont enveloppée dans une coque, mise sur un brancard, chargée dans le camion. Vous l’emmenez où ? – A Avranches. J’ai suivi en voiture. Trajet par Sartilly. Il pleuvait toujours. Une pluie fine, collante. Aux urgences, ils l’ont emportée dans une salle de consultation. Vous, restez dans la salle d’attente. Des chaises recouvertes de skaï lie de vin, une table basse encombrée de vieilles revues. La longue fenêtre étroite donnait sur la quatre-voies de Caen. J’y suis resté longtemps. J’allais dans le couloir. S’il vous plaît où en est-on ? Cette impression de toujours déranger. Le médecin de garde a fini par passer. Vous avez eu les résultats de la radio. Non ? C’est une fracture du col du fémur. On la transfère tout à l’heure dans le service d’orthopédie. Fanny qui travaille à l’hôpital était venue au nouvelles. Nous sommes allés ensemble réconforter Georgette qu’on avait laissée seule dans son box d’examen. Je suis fatiguée, fatiguée. Elle avait de plus en plus soif. On peut lui donner à boire ? - Non. S’ils décident de l’opérer, il faut qu’elle soit à jeun. Cela faisait seize ou dix-sept heures qu’elle n’avait pas avalé une goutte d’eau. Vraiment rien ? - Non, vraiment rien. Georgette s’était endormie. Je suis allé déjeuner en ville. Fin de service. Là aussi, je dérangeais. Il ne reste que l’entrecôte. – Ce sera très bien. Je suis revenu dans l’après-midi. Elle était installée dans une chambre double. Comment te sens-tu ? - Je suis épuisée.
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