J’ai relu mon papier avant de l’envoyer à Raphaëlle. Pourvu qu’il soit à la hauteur. J’ai toujours peur de ne pas bien partager mes émotions. J’ai été très touché par ce dernier livre d’Emmanuelle Pagano. Nouons-nous est formé de très courts récits (plus de deux cent soixante-dix) glanés dans le champ amoureux et écrits à la première personne. Elle y explore des histoires d’attachement et de peau. Elle raconte au quotidien les traces, les griffures, les caresses, les rougeurs. Les odeurs, les moiteurs. Tout ce qui nous rassure. Tout ce qui nous éloigne. Ce qui nous touche. Nous fait battre le cœur. Et puis pas. Et puis plus. J’ai retrouvé le sentiment de connivence qui m’avait saisi à la lecture de Fragments d’un discours amoureux de Barthes à la fin des années 1970. Sauf que dans l’exercice d’exploration, Pagano se tient uniquement sur le versant de la sensation. Nous avons bouclé les valises. Le train est à 20h00, gare de Lyon. Il y a deux ans que nous devions faire ce voyage. J’ai hâte de tout à partir de maintenant.