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lundi 19 septembre 2016

Dimanche 18 septembre 2016. 14h20.

Pendant qu’Amélie partait courir sur la plage (elle devient de plus en plus sportive. Il y avait le longe-côte ici et le Pilates à Paris. Auxquels se sont ajoutés la piscine de la rue de Pontoise le matin tôt et des dizaines de kilomètres de footing chaque fin de semaine), j’ai relu Tropique de la violence, le dernier roman de Nathacha. Olivia de Lamberterie m’a commandé un papier de 1800 signes pour Elle. Il va falloir que je m’en tienne à l’essentiel. Je doute d’arriver à glisser un mot sur son Petit éloge des fantômes qui paraît en même temps chez Folio.

Dimanche 18 septembre 2016. 0h50.

Dîner à Coquelonde. Jean-Pascal m’avait appelé : Alors cette fois-ci, on peut fêter ton anniversaire ? Pour mes soixante ans, en effet, j’avais refusé tout. Obstinément. Au menu, des quasis d’agneau grillés dans la cheminée, servis avec des girolles, de petites tomates séchées, du gratin dauphinois. Le tout arrosé de château-citran 2005. C’était exquis. Nous avons fini la soirée en jouant aux cartes pour le plus grand plaisir d’Agathe. Nous étions en famille.

Samedi 17 septembre 2016. 15h50.

Amélie m’a invité pour mon déjeuner d’anniversaire (c’est lundi) à Genêts. La Pause des genêts (va pour le jeu de mots) est un restaurant face à l’église qui a été repris il y a presque deux ans et qui vient d’avoir les honneurs du guide Gault & Millau. Nous nous devions d’essayer. Pas déçus. C’est sans prétentions et très agréable, mais notre meilleure adresse reste de loin le Comptoir de l’atelier gourmet, près du rond-point du Calvaire à Granville. Là-bas, le chef Michael Fontaine y fait une cuisine juste comme il faut. Nous nous sommes promis de vite y retourner. J’ai eu mon cadeau aussi. Le vieux fauteuil voltaire de ma grand-mère Marie que Maman avait tiré près de la fenêtre et où elle s’installait des heures pour regarder les oiseaux va être tendu d’un beau velours neuf.

Vendredi 16 septembre 2016. 19h30.

Je suis allé chercher Amélie à la gare. La chienne fait des bons dès qu’elle l’aperçoit sur le quai. Elle est comme submergée d’émotion joyeuse. Rien ne semble pouvoir calmer son débordant bonheur. Elle ne s’assagit un peu que lorsque nous montons en voiture. Et je me sens bien peu expansif avec mon seul cœur battant. Marché à Jullouville. J’ai acheté de quoi faire un tartare de dorade, pris des rougets à griller. Amélie a fait le plein de légumes chez Jean-Christophe. Journée douce de retrouvailles.

Jeudi 15 septembre 2016. 18h30.

J’ai repensé à cette petite phrase des Cahiers d’Henry de Régnier, que bien d’autres ont repris depuis. Et que je fais mienne aussi. Tellement. Je n’aime pas écrire, j’aime avoir écrit.

Mercredi 14 septembre 2016. 21h00.

J’ai reçu un petit paquet d’Alain Galan. Il m’a envoyé, niché dans de la paille d’emballage, un volume dépareillé du Cours de Littérature de La Harpe dans l’édition de Garnery de 1822-1823. Le tome 10 (sur dix-huit), consacré au théâtre de Voltaire. La reliure est plutôt fatiguée. Il l’a découvert dans un vide-grenier à Uzerche, à une trentaine de kilomètres de chez lui. Pardonnez-lui, m’écrit-il, sa triste mine et ne lisez que les signes : J.F. La Harpe, Senlis, « Cours de littérature ancienne et moderne »… Alain Galan me connaît particulièrement bien. Pascale qui a publié ses deux derniers textes chez Buchet (A bois perdu en 2014 et Peau-en-poil cette année) nous a fait nous rencontrer en décembre dernier. J’avais découvert ses livres en 1995 avec Le dernier pays avant l’hiver paru chez Pygmalion. J’avais été sous le charme. Je le suis resté. Galan épie sa propre vie dans un fouillis de paysages. Jardins, vergers, talus, friches, lisières, forêts. Celui qui parle fait corps avec l’endroit où il est. Chaque mot est au couvert. Lorsque nous avions fait connaissance en décembre, nous nous sommes sentis étonnemement proches. Et pour m’avoir lu, lui aussi, il sait bien mon curieux et fidèle compagnonnage avec l’auteur de Mélanie. Il connaît également ce lien d’enfance, indissoluble, qui m’attache à Senlis. Je comprends qu’il ait pensé à moi. Mais ce qu’il ignore, c’est que les signes sont plus troublants encore. Au verso de la page de titre figure la mention : Senlis, Imprimerie stéréotype de Tremblay. Franklin Tremblay, issu d’une famille d’imprimeurs (Son père, Denis, était libraire-imprimeur à Senlis, et en devint maire pendant la Révolution. Son oncle Nicolas Joseph imprimait à Paris le journal de Hébert, Le père Duchesne…) se lança au début du XIXe siècle dans un procédé quasi industriel de fabrication. Son imprimerie qui comptait près de quarante presses se trouvait rue du Chat-Haret dans un ancien grenier à sel. C’est à cet emplacement que s’installa vers 1830 le couvent des religieuses de Saint Joseph de Cluny puis le collège créé par Anne-Marie Javouhey. Ma mère y a enseigné de 1956 aux années 1970. Tous les deux, nous avons habité le couvent de longs mois, dans une toute petite chambre, avant que les travaux de notre maison soient finis. J’avais un an.

mercredi 14 septembre 2016

Mardi 13 septembre 2016. 22h15.

Le ciel bleu a été haché par des giboulées soudaines qui ont fait tomber en paquets les feuilles du figuier. Le peuplier d’en face commence à jaunir. Et moi, je ne suis toujours pas très en forme. J’ai fait du courrier, repoussant à plus tard les messages que je dois envoyer à Eric Loret au Monde, à Olivia de Lamberterie à Elle. Je garde l’orgueil un peu sot de ne pas vouloir me plaindre, de ne pas demander. Pourtant, je n’ai plus de commandes de papiers depuis un moment. Et cela devient difficile. Il faudrait aussi que je me préoccupe de « régler mes comptes » avec Libération. Next s’est arrêté en mars. Plus de chronique, plus d’argent. Je devrais quand même avoir droit à quelque chose. Mon livre ne démarre pas bien. J’ai à nouveau peur de ne pas y arriver. De ne plus y arriver.

lundi 12 septembre 2016

Lundi 12 septembre 2016. 21h00.

Je me suis traîné toute la journée. Mal fichu. Une sorte de grippe larvée. Je me suis forcé à faire un tour avec la chienne. Le chemin des corvées, la falaise, la route de la Croix-Paquerey. Je suis rentré épuisé.

Dimanche 11 septembre 2016. 20h40.

J’ai rencontré Cathie à la messe de l’abbaye de la Lucerne. Nous ne nous étions pas revus depuis l’épisode de son coq déplumé par La Harpe en juin dernier. Elle était accompagnée de deux cousines venues de Belgique et de Mme Coupart, la dernière fermière de Chausey que j’avais vue lors de la fête des quatre-vingt ans d’Etienne. La dame, elle, a passé les quatre-vingt dix... Bon pied, bon œil, toute de rose vêtue, avec un chapeau à voilette. Viens déjeuner avec nous, a insisté Cathie. Le repas dominical a été plutôt gai. Etienne était visiblement très content de me voir. J’avais attaché la chienne à un arbre. La pauvre. A quelques mètres d’elle passaient poules et coqs. Un vrai supplice de Tantale.

Samedi 10 septembre 2016. 21h30.

Quelques courses à Granville. Je retrouve la maison. La Harpe aussi. Elle furète partout dans le jardin et a déjà les pattes noires de terre à creuser dans l’épaisseur du compost. Tout est sec, l’herbe couleur de rouille. J’ai arrosé les rhododendrons, les camélias et les rosiers dont les feuilles flétrissaient. En moins d’une heure, j’ai vidé le puits. Le petit érable sycomore de Jerome K. Jerome a grillé. Je sais pas s’il repartira. Mais j’ai planté la menthe sauvage…

Vendredi 9 septembre 2016. 23h00.

Je voulais éviter l’autoroute pour rentrer. Surtout pour m’arrêter un moment à l’église de La Lande-Patry, dans l’Orne. J’y suis allé peu de fois, mais l’endroit est troublant de beauté étrange. Il s’agit d’une église fin XIXe, construite sur un très ancien édifice. Le choeur roman du XIème a été conservé et les soubassements de la nouvelle nef reposent sur de vieilles dalles funèbres. On y trouve des statues polychromes de saints guérisseurs (Armel, Laurent, Marguerite) et de l’Assomption de la Vierge. Dehors, deux ifs millénaires et quelques tombeaux du premier cimetière. Le charme est étonnant malgré les aménagements un peu proprets qu’a réalisés la municipalité. J’ai voulu couper par Sourdeval, mais je me suis égaré à cause de travaux sur la route. De fait, je ne suis arrivé à Carolles qu’en soirée. Filé tout de suite chez Noëlle qui m’attendait pour dîner. Fatigué. En arrivant à la maison, j’avais un message de Marie. Son chat est retrouvé.

Jeudi 8 septembre 2016. 22h50.

Je suis retourné à Vauboyen pour une dernière balade. Ramassé sur la berge de la Bièvre un pied de menthe sauvage (mentha suavolens), je le repiquerai à Carolles. Cette manie de se composer un jardin de souvenirs. C’est Rousseau, je crois, qui écrivait dans une de ses lettres J’amuse une vieille enfance à faire une petite collection de plantes et de graines... J’avais rendez-vous avec Pascale pour le déjeuner, toujours en terrasse chez Augustin (nous y étions encore la veille au soir avec Iain Levison qui voulait absolument faire connaissance avec la chienne). Je l’ai raccompagnée jusque chez Buchet. Je suis heureux de conduire ma voiture dans Paris. Je me sens doucement libre. Un crochet jusqu’à Caractères pour embrasser Nicole, puis je suis allé récupérer Amélie place Paul-Painlevé. Nous étions invités chez Marion et Jérôme. Les petits voulaient voir La Harpe. Mais que c’est loin Saint-Cloud…

Mercredi 7 septembre 2016. 23h20.

J’ai laissé La Harpe à l’appartement. Pas question de l’emmener à la remise du prix littéraire du Monde. Amélie m’avait poussé par derrière, tiré par devant, pour que je m’y rende. Il faut te montrer ! L’événement avait lieu en début de soirée à la Fondation Jérôme-Seydoux, cette grosse coquille de verre imaginée par Renzo Piano (l’architecte du Centre Pompidou) dans cet ancien Théâtre des Gobelins dont il ne reste plus que la façade sculptée par Rodin (elle a été heureusement classée). Je me suis « montré » comme j’ai pu. Poignées de mains, embrassades. Mais je me sens loin aujourd’hui de ces convenances avec lesquelles je m’accomodais si bien pourtant. C’est sans doute que je vis trop à l’écart, que je me suis ensauvagé. Plus de conversation, plus de répartie. Je me suis assez ennuyé. Et j’ai bien peur que cela ne soit pas passé inaperçu. Le moment drôle pourtant a été quand Alice d’Andigné, l’éditrice de chez Stock, et Luc Lang sont venus me remercier chaleureusement pour mon papier sur Au commencement du septième jour. Sauf que ce n’était pas moi qui l’avait écrit, mais Florent Georgesco. J’ai été tenté un très bref instant de faire durer le quiproquo. Ce n’aurait pas été gentil… Le prix a été remis à Ivan Jablonka pour Laëtitia, au Seuil. Je suis passé récupérer la chienne. Aucun dégât à la maison. Décidemment, elle devient sage.

Mercredi 7 septembre 2016. 16h10.

Le stationnement à Paris tient du rackett. La dernière fois, en juin, mes journées chez Caractères m’avaient coûté une fortune en parcmètres. Du coup, j’ai pris la voiture et roulé pour trouver un peu de campagne. Je me souvenais de m’être souvent promené, il y a vraiment très longtemps, quand je n’en pouvais plus de la ville, du côté de Jouy-en-Josas, sur les bords de la Bièvre. J’ai retrouvé l’endroit, c’est le moulin de Vauboyen. Rien n’a changé ou presque : un vrai miracle. On peut marcher un moment le long de l’eau, au milieu des herbes folles, dans un paysage de pâtures. En arrière-plan, les arbres de la forêt de Monteclin. Alentour, des propriétés cernées de hauts murs. Et surtout personne. Une vraie parenthèse. Déjeuner avec Amélie au Petit Lutétia. Nous étions en terrasse à cause de la chienne, laquelle semble prendre son parti du séjour parisien et reste calme, sauf quand passe un pigeon. J’ai une foule de souvenirs au Petit Lutétia. Christian, le parrain de Marie aimait beaucoup cet endroit, avec son décor 1900, resté dans son jus, les nappes et les serviettes monogrammées rouges et blanches et la belle cuisine de brasserie. Amélie et moi y sommes allés souvent. Nous n’y étions pas revenus depuis que le restaurant a été racheté par Costes (en 2014 ?). On dira que le charme n’est pas tout à fait rompu. Ou alors que le passé a la vie dure…

Mardi 6 septembre 2016. 22h40.

Je passe deux ou trois jours à Paris. Amelie est coincée le week-end prochain au Festival America à Vincennes. Nous n’avions pas envie d’être dix jours sans nous voir. Et puis j’étais invité à la remise du prix littéraire du Monde, et puis je devais faire le tri dans les livres arrivés rue Danville, et puis je devais passer chez Caractères… J’ai fait la route en voiture, avec ma Twingo à la porte défoncée. La chienne a dormi pendant tout le voyage, allongée sur la banquette arrière, dans un abandon et une confiance qui ne cessent de m’étonner. J’avais rendez-vous avec Marie en début de soirée. Toujours très affectée par le perte de son chat. La Harpe lui a fait la fête. Ça l’a un peu consolée. Nous sommes allés dîner chez Augustin, rue Daguerre. Amélie nous a rejoints.

lundi 5 septembre 2016

Lundi 5 septembre 2016. 17h00.

Beuys, le chat de Marie à disparu. Il était en garde depuis le milieu de l’été, à Dieppe, chez Fabienne, son amie du Cours Sévigné. Impossible de savoir quand et comment il a filé. Un porte ouverte sur le jardin, un trou dans la haie. Il n’était pourtant pas du genre aventureux. Quatre jours déjà. Il ne reviendra probablement pas. Marie retenait ses sanglots au téléphone. Je sais que c’est bête, je sais que c’est bête… Pas sûr que j’aie pu trouver les mots pour la consoler. Cela faisait huit ou neuf ans qu’elle avait été le chercher en Belgique. Un genre de persan écaille de tortue. Je me suis rappelé de cette phrase de Loti écrivant à propos d’une petite chatte qu’il avait recueillie : Notre intimité, faite de nos deux isolements, se resserrait toujours… Et j’ai ressenti combien Marie était triste. Il bruine depuis hier soir. Un semblant de pluie, une vapeur un peu froide. Le ciel a tourné au gris perle comme je revenais d’accompagner Amélie à la gare. Nous entrons en automne. En arrière-saison. J’ai au cœur comme un pincement de rentrée des classes. C’est décidé, je reprends mon roman. J’ai passé presque un mois à tourner autour, fouillant à nouveau dans les souvenirs épars, les photos, les lettres. Mais cette fois-ci je suis allé plus avant. Nous nous parlions si peu mon père et moi. Et j’ignore tout de sa famille, de ses parents, de ses grands-parents. A partir de quelques actes d’état-civil (je n’imaginais pas comment cela pouvait s’enchaîner si vite), je suis parvenu à remonter toute une généalogie. De Carolles à Sainte-Pience, petit village à moins de vingt kilomètres dans les terres, j’ai retrouvé des générations de marins, de charpentiers, de sabotiers, de laboureurs. Le premier (le dernier si l’on veut) est un certain Richard né aux alentours de 1626 et décédé le 13 août 1706. Avant, cela se perd dans l’oubli des pauvres gens. Comprendre d’où l’on vient. Je crois enfin que, pour de bon, j’ai fait le premier pas.

(…)

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lundi 11 juillet 2016

Mardi 5 juillet 2016. 10h40.

J’ai rendu mon papier à Raphaëlle dans la nuit. Ca a été laborieux, mais au bout du compte, il n’est pas trop mal réussi.

Dimanche 3 juillet 2016. 22h20.

Maureen, Thibaud et les enfants sont repartis chez eux en Touraine comme j’étais encore à la gendarmerie à Granville. L’assurance, le garage, et tout cela un dimanche. Il en faut bien moins pour me déstabiliser : j’ai ruminé toute la journée. Et pas avancé dans le papier que je devais rendre au Monde sur la belle anthologie d’Alberto Manguel, Voyages imaginaires. Raphaëlle à qui j’avais envoyé un message (déconfit) hier m’avait heureusement accordé un délai. Ouf ! C’est Martine qui a emmené Amélie à la gare. Son train sera à Paris vers 22h00. Je n’aime pas quand elle arrive tard. Il n’y a plus d’autobus ou bien elle n’a pas la patience d’attendre. Elle rentre à pied à la maison. Vingt minutes de marche, chargée. La place de Catalogne, la rue Vercingétorix, l’avenue du Maine. Sinistre…

Samedi 2 juillet 2016. 23h10.

Le Tour de France n’attire pas que des populations de spectateurs enthousiastes et bon enfant. Entre vendredi soir et aujourd’hui, mes deux (vieilles) voitures ont été fracturées sur le parking au bout du chemin. Portière pliée pour la Twingo, vitre forcée pour la 4L. Les tableaux de bord ont été arrachés, les neimans cassés. Les types qui ont fait ça voulaient visiblement voler les voitures « pour faire un tour ». J’ai eu finalement de la chance qu’ils n’y soient pas arrivés. Ce genre d’individus, quand ils ont fini de faire joujou, flanquent généralement le feu aux véhicules…

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