Maureen et Thibaud sont venus passer le week-end avec Gustave (11 ans) et Raphaëlle (9 ans). C’était prévu de longue date. Nous n’avions pas pensé que cela coïnciderait avec les dates du passage du Tour de France à Carolles. Du coup, l’activité de la journée a été toute envahie par l’événement (majeur !). Mais les enfants étaient contents. Ravis même. Au passage de la caravane, ils ont raflé tout un tas de babioles et d’échantillons : casquettes, portes-clés, bonbons… Après le passage du peloton, nous nous sommes retrouvés une centaine dans les jardins de l’auberge avec un orchestre à flonflons. Bonne humeur, ambiance festive. Seule ombre au tableau : le déjeuner. Il avait fallu réserver très à l’avance un « panier repas ». Pourquoi pas… Mais le « repas » en question s’est révélé en fait un détestable pique-nique. Fourrés dans un sac en plastique, on découvrait pêle-mêle, un mauvais sandwich, une petite barquette de salade composée avec du maïs et une part d’un étouffant gâteau au chocolat. Tout cela pour 15 €. Ce n’est pas tant le prix d’ailleurs, mais il faudra qu’on m’explique pourquoi quelqu’un dont le métier est de faire la cuisine et de recevoir des gens n’est pas fichu d’élaborer et de servir un vrai menu pour cent personnes et préfère leur refiler un casse-croûte de colonie de vacances.
lundi 11 juillet 2016
Samedi 2 juillet 2016. 20h00.
Par Xavier Houssin le lundi 11 juillet 2016, 18:15
Mercredi 29 juin 2016. 21h10.
Par Xavier Houssin le lundi 11 juillet 2016, 18:13
J’appréhendais de rester à Paris avec La Harpe. Mais tout s’est bien passé. En quelques mois (sa dernière villégiature dans la capitale datait d’avril), elle a visiblement gagné en sagesse. J’ai travaillé deux jours chez Caractères pour terminer la rédaction de la chronologie de l’abum qui sera le dernier volume des Œuvres complètes de Bruno Durocher. Là-bas, dans l’exiguë arrière-pièce, au milieu des fils des ordinateurs, la chienne se couchait à mes pieds et ne bougeait plus. Tranquille aussi en terrasse, assise sans broncher au restaurant. A peine s’agitait-elle dans la rue quand, de loin, elle apercevait un pigeon. N’empêche, elle était heureuse de retrouver Carolles et les promenades sans laisse. A peine arrivé, je l’ai emmenée courir sur la falaise. Amélie me rejoint demain soir.
Lundi 27 juin 2016. 23h50.
Par Xavier Houssin le lundi 11 juillet 2016, 18:13
C’était la remise du prix Pagnol dans les salons du Fouquet’s. Nous l’avons donné cette année à Astrid Eliard pour Danser au Mercure de France. Depuis six ans que je fais partie du jury, c’est sans doute la fois où je me sens le plus enthousiaste de la décision. Danser est une très délicate histoire d’initiation et de grandir. Celle de Chine, Delphine et Stéphane, qui à treize, quatorze ans, à peine débarbouillés d’enfance, viennent d’être admis à l’internat de l’Ecole de danse de l’Opéra de Paris. Rarement cet âge a été abordé en littérature (l’air de ne pas y toucher…) avec autant de finesse et de proximité. Astrid qui connaît son Pagnol par cœur, ne boudait visiblement pas son plaisir d’être lauréate. Elle viendra aux Rencontres de Carolles cet automme. Nous allions partir quand Nicolas Pagnol nous a invité à dîner à la brasserie avec Lise, son amie et toute une bande d’amis. Petits dégâts au retour à l’appartement. La Harpe n’avait pas supporté notre longue absence et s’est vengée sur un combiné de téléphone dont les pièces gisaient autour de son panier. Elle aurait dû être confiée pour mes quelques jours parisiens à Cathie et Etienne à Saint-Jean-des-Champs (Je m’y perds un peu : Etienne est le frère d’un grand-oncle maternel - par alliance ? - d’Amélie…). Je l’avais d’ailleurs déposée chez eux le matin. Mais une heure avant que je parte prendre le train, j’avais reçu un coup de fil affolé de Cathie (qui va vers ses quatre-vingt ans). Elle avait entrepris d’aller promener la chienne en laisse pour lui montrer les poules. Résultat : dès qu’elle a vu un croupion, La Harpe s’est précipitée, faisant tomber la vieille dame (qui n’a rien eu, ouf…), et prenant le coq en chasse. Lequel y a laissé à peu près toutes ses plumes. S’il n’a pas succombé, il doit ressembler à celui du dessin animé de Tex Avery Cock-a-Doodle Dog. Je suis, bien entendu, allé récupérer ma terreur des basses-cours avec qui j’ai fait le voyage en voiture jusqu’à Paris. Trop juste pour le train…
Dimanche 12 juin 2016. 21h00.
Par Xavier Houssin le lundi 11 juillet 2016, 18:12
Amélie a repris le train en début d’après-midi avec Gabrielle et Antoine. Elle était arrivée jeudi soir avec eux. Un bien court séjour dans lequel Gabrielle aurait voulu condenser tout ce qu’elle appelle les bons souvenirs d’ici. Construire des chateaux de sable sur la plage, faire des tours de manège, manger des homards, cuire des gâteaux, installer le théâtre de marionnettes, jouer au jeu des sept familles, écouter des histoires, promener La Harpe… Laquelle la suivait partout d’ailleurs, lui reconnaissant ainsi un statut incontestable de « petite maîtresse ». Antoine, lui, était un peu plus réservé avec elle. Dès que la chienne l’approchait, il poussait de petits cris : A peur, a peur. Ce qui ne l’empêchait pas d’essayer de lui refiler en douce, depuis sa chaise haute, tout ce qui ne l’intéressait pas dans son assiette (pas mal au total)... Nous avons passé de jolis moments avec tous les deux. Mais j’ai trouvé les enfants fatigués, un rien grognon. La faute peut-être aux incessantes disputes de leurs parents. Depuis des années maintenant, Marion et Jérôme s’épuisent en vaines et empoisonnées querelles. J’ai essayé plusieurs fois de les aider comme je pouvais. Je crains que ma bonne volonté les ennuie plus qu’autre chose. Mais si seulement ils pouvaient comprendre, chacun, qu’ils n’ont qu’une vie et que ce n’est pas en gâchant celle de l’autre, ni en troublant celles de ceux qui les aiment qu’ils l’accompliront…
Samedi 11 juin 2016. 22h45.
Par Xavier Houssin le lundi 11 juillet 2016, 18:11
J’ai signé L’herbier des rayons au marché de la Poésie, place Saint-Sulpice. Le volume est sorti de chez l’imprimeur hier. Jusqu’au bout je serai resté inquiet qu’il ne paraisse pas. Perdu dans une espèce de superstition, je n’osais pas en parler, à peine y penser. Nicole m’a permis d’avancer le projet jusqu’au bout au moment où je n’y croyais plus. Le rachat de Belin et puis ce camouflet chez Actes Sud. Qu’étais-je allé me perdre dans ces eaux-là ? Caractères, c’est ma maison, celle de mes dix-sept ans, lorsque j’étais venu porter le vrac de mes poèmes à Bruno Durocher. Allez... En tout cas, le livre est très beau. Philippe, le graphiste a scanné les planches avec une hallucinante attention du détail. Pas une coquille dans le texte non plus. Le recueil est un bijou. Je devais venir en train à Paris, mais les grèves m’ont fait prendre la voiture. Drôle d’aller-retour. Je ne suis resté là-bas que trois heures. Mais j’ai vu plein de gens et me suis laissé porter de retrouvailles en rencontres. C’était bien. J’ai emporté une petite pile d’exemplaires pour faire mon service presse. J’étais de retour à Carolles pour le dîner.
jeudi 16 juin 2016
Mardi 26 avril 2016. 15h00.
Par Xavier Houssin le jeudi 16 juin 2016, 22:15
Je laisse encore une lacune. Une vraie. Un temps blanc. Un temps mort plutôt. Je pensais à cette phrase de Mme de Sévigné dans une lettre à son cousin Bussy-Rabutin : … en ne faisant rien les jours se passent, et l’on vieillit, et l’on meurt. Que m’est-il advenu ces deux derniers mois ? J’ai fini L’herbier. Réglé les dernières identifications des plantes. Toutes les planches ont été à nouveau scannées. La maquette est prête. Pas sûr que le recueil soit pour autant publié. Cette incertitude me ronge. Me freine. M’empêche. Je ne sais pas quand je pourrai me remettre à mon roman. J’ai continué à travailler sur le dernier tome des Œuvres de Durocher. Nicole s’y épuise. Elle exhume sans cesse de nouveaux documents, rectifie les dates. Hésite, reprend. C’est sans fin. J’ai rencontré Georges-Emmanuel Clancier pour Le Monde. 101 ans. 102 en mai. Un vieillard tout tassé dans un fauteuil immense. Perdu dans un appartement encombré de livres poussiéreux. Pages, des pages, des mots, des mots,/ Chaque page est un journal,/ Chaque mot un instant. Il a écrit ça dans Terres de mémoire. Il y a bien 50 ans… Vu aussi Isabelle Spaak, toujours pour Le Monde. Son dernier livre, Une allure folle, fait une suite à ses deux romans familiaux dont l’origine est dans le drame qui a fracassé ses vingt ans, quand sa mère, dévorée de jalousie, avait abattu son père d’un coup de fusil de chasse avant de se donner la mort en s’électrocutant dans la baignoire. Quelle abomination. Elle écrit en funambule, Isabelle Spaak, sur le fil. Très haut au-dessus des enfers. J’admire sa fausse désinvolture, sa légèreté, sa discrétion. Rédigé aussi un papier sur la réédition de la biographie de Jean de Tinan par Jean-Paul Goujon. Tout cela occupe. J’avais embarqué La Harpe à Paris le temps de ces jours de rendez-vous. Cela n’a pas été très simple. Paris n’est pas vraiment dog friendly. Impossible de prendre les transports en commun avec la chienne. Les taxis non plus. J’ai donc tout fait à pied avec elle, sachant que traverser le moindre square est interdit. Les patrons des magasins, des cafés, des restaurants, tordent du nez, quand ils ne sont pas franchement hostiles. Pas moyen d’entrer dans un bureau de poste. Et puis (je ne pensais pas que ce serait à ce point sinistre), il y a ce rituel de « la promenade » du matin tôt et du soir tard dans les rues désertes, à croiser d’autres déprimés, accrochés à la laisse de leur animal, avec à la main le sac plastique pour ramasser les crottes sur le trottoir. En plus il faisait froid. Il pleuvait. J’étais soulagé (La Harpe aussi, je crois…) de rentrer à Carolles. Je l’ai confiée à Annick et Norbert pour le séjour d’après : le jury du prix de Printemps (content qu’on soit tombés d’accord sur Appelez-moi Lorca Horowitz d’Anne Plantagenet) et le Salon du Livre. Fichu Salon, triste, vide, sans âme. Comme tout cela a changé. Comme tout cela change. On pourrait paraphraser Rosemonde Gérard : Pire qu’hier, mieux que demain… La Harpe est encore restée à Carolles avec ses maîtres de substitution (Annick et Norbert l’ont pour le coup vraiment adoptée. Et réciproquement…) quand nous sommes allés à Magagnosc fêter les soixante-dix ans de Claire. Un anniversaire « surprise » (Mon Dieu, qu’on ne me fasse jamais ce genre d’embuscade !) puisque tout le monde, sans la prévenir, avait fait le déplacement. Marcus, Virginie et les quatre filles depuis Mexico. Et Jérôme et Marion avec leurs petits. Il y a eu un déjeuner dans un restaurant à Théoule et une soirée aux Margouillats avec la famille et les amis. Une bonne centaine d’invités. Claire était ravie et émue comme je l’ai rarement vue. Moi, j’étais content au milieu de tout ce remue-ménage. Enchanté aussi d’avoir vu Camille et ses quinze ans tout neufs, Victoria, Valentine. Et Apolline, ma filleule, à qui j’avais apporté un diablotin en peluche qui me faisait penser au Gentil petit diable de Gripari : Il était une fois un joli petit diable, tout rouge, avec deux cornes noires et deux ailes de chauve-souris... Elle aura cinq ans en novembre. J’espère que nous irons au Mexique. J’aimerais bien lui lire l’histoire.
mercredi 2 mars 2016
Dimanche 21 février 2016. 22h50.
Par Xavier Houssin le mercredi 2 mars 2016, 22:37
Le ciel est resté blanc toute la journée. Nous avons guetté l’éclaircie en vain avant de nous décider pour une promenade. Nous avons pris l’ancienne voie ferrée, suivi le bord de mer bien au-delà du Crapeux. Après avoir traîné un peu entre les villas, nous sommes remontés par le chemin ombragé. La chienne cavale devant, zigzague, s’essaye à tous les détours. Elle furette dans les dunes. Sur la plage elle se jette sur les savonnettes de mer (les grappes blanches d’œufs de bulots), attrape entre ses dents les longs stipes des laminaires et se pavane avec. Et puis elle revient vers nous, bondissante, joyeuse. Difficile de résister à un tel enthousiasme. J’ai accompagné Amélie à la gare. J’attends toujours que le train parte, qu’il disparaisse dans la courbe vers le chemin du Canet. Retour à la maison, un peu lent, un peu triste. Je me suis versé un verre et j’ai pensé à Camille. Elle a quinze ans aujourd’hui, ma jolie nièce. Elle quitte son enfance et ne le sait pas encore, tout à la joie de son présent. Je ressens comme un grand privilège de l’avoir vu grandir. Une grâce qui m’a été donnée. Elle était une petite fille de cinq ans quand je l’ai vue la première fois. Et je me souviens de tout. Je lui ai envoyé un message sur son téléphone. C’est l’après-midi là-bas au Mexique. Il doit faire bien beau…
Samedi 20 février 2016. 23h00.
Par Xavier Houssin le mercredi 2 mars 2016, 15:19
Nous sommes allés chercher Judith Perrignon à la gare de Granville. Puis déjeuner chez Edouard et Catherine dans le quartier Saint-Paul. Judith et lui ont partagé plusieurs années à Libération. Ils étaient contents de se retrouver. Nous avons bavardé gentiment. Sourires et semblants de connivences autour des huîtres et du vin blanc. On ne se connaît pas vraiment en fait. Nous nous voyons guère qu’au hasard. Nous avons laissé Judith chez eux pour l’après-midi. J’ai mis la dernière main à mes questions pour la rencontre et je suis allé confier La Harpe à Annick et Norbert le temps de la soirée. Il y avait foule. Plus de 100 personnes. Judith Perrignon a été sobre, efficace. Professionnelle en un mot. Lachant juste ce qu’il fallait d’intime pour que ses auditeurs la suivent. Pas de quoi être déçu d’ailleurs. Son livre tient le minutieux journal de ce grand deuil français qu’a été la mort de Hugo. Elle raconte les hésitations, les confrontations, les peurs et les récupérations politiques. Elle restitue aussi la disparition de l’écrivain dans la proximité du chagrin de ses proches. Son texte est parfait de justesse. De fidélité. Il tisse de minuscules et troublantes correspondances, entre les idéaux, les sentiments, et une foule d’émotions. De ce temps jusqu’au nôtre.
Vendredi 19 février 2016. 21h10.
Par Xavier Houssin le mercredi 2 mars 2016, 15:14
J’ai eu une longue conversation avec Nicole au téléphone. Je venais de lui adresser un court portrait de Durocher pour le site du Printemps des poètes. Nous avons reparlé de la chronologie. Elle la voudrait plus enrobée, plus « littéraire ». Je défends au contraire une certaine sécheresse de l’exercice. Pour moi, la part sensible tient plutôt dans le choix de l’iconographie, dans les textes d’illustration (lettres, témoignages…). C’est en feuilletant l’album que l’émotion survient. Au détour d’un visage, d’un document… La chronologie se doit juste de renseigner sur le temps qui passe. Ce n’est pas facile de travailler ensemble en étant éloignés. Je reviens à Paris dans une quinzaine. Il faut absolument que je passe chez Caractères. J’ai relu Victor Hugo vient de mourir de Judith Perrignon. Elle est l’invitée de nos Rencontres littéraires de demain soir.
mardi 1 mars 2016
Jeudi 18 février 2016. 22h00.
Par Xavier Houssin le mardi 1 mars 2016, 22:52
Pour m’aider dans les soucis botaniques de mon Herbier des rayons, j’ai appelé au secours Anne, la fille d’Annick et Norbert. Elle est pour quelques jours à Carolles avec sa fille Julia. J’avais déjà parlé avec elle de mon projet. Elle enseigne au lycée horticole et agricole d’Angers-le-Fresne et possède toutes les connaissances techniques que je balbutie. Elle m’a bien débrouillé l’affaire. Il y avait cinq plantes sur lesquelles je butais. Tout de suite, elle a reconnu une matricaire odorante (matricaria discoidea) et m’a conforté pour mes identifications d’un plant de bette sauvage (beta vulgaris ssp. maritima) et d’un vélaret (sisymbrium irio). En ce qui concerne les deux autres, c’est plus compliqué. Pour l’une je penche pour une armoise citronnelle (artemisia vulgaris), alors qu’elle suggère plutôt une vergerette (erigeron karvinskianus). Quant à la dernière, elle ne voit pas et moi non plus… Elle va réfléchir. Moi aussi. Le problème est que ma cueillette a maintenant trois ans et que j’ai récolté ces plantes en février ou au début mars, donc à peine développées et surtout sans fleurs. Rangé la maison. Je suis allé chercher Amélie au train de 20h00. Avec La Harpe...
Mercredi 17 février 2016. 23h10.
Par Xavier Houssin le mardi 1 mars 2016, 21:57
J’ai travaillé toute la journée sur la chronologie de Bruno Durocher, le tome « Album » de l’Œuvre complète. Remonter ses années de vie est un parcours d’embûches, de fausses pistes, de chausse-trapes. Les cartes ont été battues, les dés pipés, pour faire de sa naissance et de toute son existence une absolue fiction que le tragique et l'horreur des camps vont faire entrer brutalement dans le réel. Je suis né le 4 mai 1919 à Cracovie de Selma Kraszecka et de Bronisław Kamiński qui n’ont jamais existé, écrit-il. Grâce à Jagoda Bodzinska, une jeune universitaire polonaise nous avons pu débrouiller l’aventure de ses origines. Il est bien né à Cracovie, à l’hôpital de la rue Kopernika. Et baptisé Bronisław (comme son père imaginaire) à la paroisse Saint-Nicolas le 11 mai 1919. Sur l’acte de baptême, rédigé en latin, apparaissent les noms du père et de la mère mais aussi ceux des parents du père (Jozef Kamiński et Waleria Rogowska) et ceux des parents de la mère (Jan Kraszecka et Maria Rogosz). Les parrain et marraine s’appellent Franciskek Lauer (on précise qu’il est conducteur de trains) et Helena Włodarska. Mais aucune recherche dans les archives de Cracovie ne permet de retrouver les traces de quiconque. Il s’agit d’une complète invention. L’Etat-civil recopiera pourtant tel quel le certificat de baptême fabriquant ainsi une identité de fiction. Grâce à ses relations, sa mère, qui se nomme en fait Zelma Glückstein, est parvenue à imposer ce subterfuge. Kamiński est un nom connu et respecté en Pologne. Le but est de soustraire l’enfant à sa famille paternelle (son véritable père, dont il ne connaîtra jamais qu’un portrait, pourrait être un officier de la noblesse autrichienne tué aux derniers jours de la Grande Guerre) et de le protéger aussi et surtout de l’antisémitisme qui règne dans le pays. Selma/Zelma est juive. Elle est la fille de Joachim Glückstein, veuf, minotier, né à Zarnoviec en 1850. Elle a été élevée dans un judaïsme très ouvert et ne pratique pas du tout. Elle est médecin, comme son frère aîné Arnold et sa sœur Róza. La mère et l’enfant habitent, en famille, au 7 Marii Konapwickiej, à la lisière du quartier juif tout près de la Vistule et en face du château de Wawel. Bruno Durocher restera ignorant des détails de la fable inventée par sa mère. Il n'en apprendra les premières bribes que vers l’âge de 13 ans par sa tante Róza. Toute sa famille ayant disparu dans la Shoah, le mystère de ses origines le hantera toute sa vie. Il se refusera à faire des recherches sur son véritable père. J’ai trop peur, dira-t-il, de trouver des nazis chez ces gens-là... Nicole espérait pouvoir déposer la demande de subvention pour le volume à la prochaine commission du CNL. Mais j’ai peur que ce soit très difficile. Le dossier doit être bouclé pour le 20 février. Elle a encore à faire tout un choix de photographies, de lettres, de documents divers, et ma chronologie me semble encore bien approximative pour certaines années d’après-guerre. Elle veut aussi présenter mon recueil L’herbier des rayons à cette commission. Là, la maquette est faite. Certes, il faut de nouvelles photos pour les planches et j’ai encore deux ou trois doutes à lever pour l’identification des plantes. Mais c’est une autre histoire…
lundi 29 février 2016
Mardi 15 février 2016. 21h00.
Par Xavier Houssin le lundi 29 février 2016, 22:35
Finalement je n’ai rendu que ce matin mes papiers pour Next. Une chronique sur l’enfance, une brève sur Giratoire de Dominique Paravel, une autre sur Blonde à forte poitrine de Camille de Peretti et le « Top 5 » d’Astrid Eliard… Hier, j’avais un autre courriel d’Isabelle. Mon Xavier, tu nous fait du « joyeux » pour le der des der ? En fait, Sabrina Champenois, la rédactrice en chef, avait trouvé mes textes du mois dernier un peu down. A chacun son vocabulaire, mais je crois qu’elle a raison. Je suis rarement on a up. On ne se refait pas.
Dimanche 14 février 2016. 20h50.
Par Xavier Houssin le lundi 29 février 2016, 22:34
Le vent a emporté le reste du week-end. Il a soufflé en tempête. J’ai raccompagné Amélie au train.
Vendredi 12 février 2016. 16h30.
Par Xavier Houssin le lundi 29 février 2016, 22:33
J’ai reçu un courriel laconique d’Isabelle : Tu peux m’appeler stp ? J’ai pensé qu’elle voulait me demander de rendre mes papiers pour Next dans la journée (j’avais « négocié » jusqu'à lundi. Elle avait cédé, disant quand même Tu sais, le mois de février est vraiment court, court, court…). Mais ce n’était pas cela. J’ai une mauvaise nouvelle : Next s’arrête. Nous faisons le dernier numéro. Je n’ai rien pu répondre. Françoise-Marie m’avait demandé d’y écrire à l’automne 2010. Je perds la moitié de mes pauvres revenus. La peau de chagrin tient dans ma main. Je n’ai plus beaucoup de courage.
Jeudi 11 février 2016. 23h50.
Par Xavier Houssin le lundi 29 février 2016, 22:32
Cela ne s’est pas très bien passé avec La Harpe chez Jean-Pascal. La petite chienne n’a pas été simple à garder. Il y avait la cohabitation difficile avec les trois chats, et surtout, elle s’oubliait à moindre émotion. Quelle pisseuse ! Il a beau l’avoir dit en riant, à chaque fois que je l’avais au téléphone, j’ai bien senti qu’il en avait son compte. Nous devions la lui laisser encore cette nuit, mais nous sommes passés la chercher dès notre arrivée à Carolles. Il faisait un froid de glace. A Villedieu, quand nous avons repris la voiture, elle était entièrement recouverte d’une fine couche de givre.
Jeudi 11 février 2016. 17h40.
Par Xavier Houssin le lundi 29 février 2016, 22:30
C’était les Cendres hier. Memento quia pulvis es… Je ne suis pas allé à la messe. J’ai juste passé un court moment à la chapelle des Lazaristes de la rue de Sèvres. Je ne sais pas quoi faire de ce Carême. Des années durant, j’ai eu l’impression que les privations que je m’imposais tenaient plus de la cure détox que d’un vrai jeûne. Et ce d’autant que mes soucis de santé m’amenaient déjà à une discipline alimentaire à laquelle je parvenais assez bien à m’accomoder. S’accomoder au Carême ? Je sais bien que cela est un contraire absurde. J’avais rendez-vous ce matin avec Raphaëlle pour faire le point sur mes propositions pour Le Monde. Elle a presque tout retenu. Frédérique Clémençon, Alain Galan, Isabelle Spaak, Astrid Eliard, un portrait d’Emmanuel Clancier et une belle poignée de courts papiers. Pour un peu, je lui aurais sauté au cou de reconnaissance. Il me reste à m’organiser. J’avais rendez-vous pour déjeuner au Tournon avec Brigitte et Amélie. Brigitte est grand-mère depuis quelques jours. Hélène, sa fille, a mis au monde une petite Andréa. Un beau bébé, avec de grands yeux et des cheveux bruns. Nous avons regardé les photos. Bavardé de mille choses. C’est étrange comme je me sens encore déphasé dans ce Paris que j’ai pourtant quitté à peine. J’ai raccompagné Amélie jusqu'au square Paul-Painlevé. On se retrouve à la gare tout à l’heure. Rentré doucement par le Luxembourg. J’ai pensé au M. Bergeret d’Anatole France, assis sur la terrasse, au pied de la statue de Marguerite d’Angoulème. Au couchant, le ciel, dur et splendide, se revêtait comme une armure, d’un réseau de nuages pareils à des lames de cuivre rouge.
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