J’ai déjeuné avec Sabine à la Marlotte. Je ne suis plus très sûr d’aimer cet endroit. J’étais un habitué au temps où je travaillais à Point de Vue. Nous venions presque tous les jours avec Alain. Lucie, la patronne m’avait pris vraiment en affection. J’y adorais tout. La cuisine abondante et délicieuse : œufs cocotte, petit salé-lentilles, cervelles meunières. Le décor avec les portraits XVIII et XIXemes, les murs envahis de miroirs de toute taille, les banquettes profondes, les nappes un peu saumon. Je me souviens des prénoms des serveuses : Annie, Christelle… Lucie a vendu en 2002, je crois. Un premier repreneur a sinistré l’affaire. L’endroit a été repris par Gilles, le chef de la Bastide Odéon. C’est bien, c’est vraiment bien, mais j’attache ici trop de souvenirs douillets pour que la comparaison tienne. Jamais. C'est tant pis. Je n’ai pas embêté Sabine avec ces vieilles histoires. Nous avons parlé longuement du dernier roman de Serge Rezvani, Le dresseur, dont elle s'occupe au Cherche-Midi. Une histoire de domination trouble. Vraiment en rupture avec son œuvre. Je vais le lire vite. Dès aujourd'hui.