J’ai rédigé un petit papier sur L'été chagrin, le premier roman d’Henri Husetowski chez Buchet et, toujours pour Le Pèlerin, un portrait d’Armel Job, à l’occasion de la sortie en septembre de Tu ne jugeras point. Nous nous étions rencontrés la première fois en 2003 quand je travaillais encore à Point de Vue. J’étais en reportage à Liège sur les traces de Simenon dont on commémorait le centenaire de la naissance. Armel Job venait de publier Le conseiller du roi. Je savais qu’il habitait Bastogne. Je lui avais proposé qu’on se retrouve au soir dans un restaurant liégeois, persuadé que Bastogne était comme un faubourg de la ville. En fait, je liais les deux noms à cause de la course cycliste Liège-Bastogne-Liège. Imbécile. J’avais fait faire au malheureux plus de quatre-vingt-dix kilomètres… Il n’avait rien dit sur le coup. Nous ne nous sommes reparlés de cette histoire que trois ans plus tard à Manosque où nous étions invités tous les deux au Festival des correspondances. J’en gardais, toujours vive, la confusion. J’aime beaucoup Armel Job. Il est un doux, dans le sens de l’Évangile. Un érudit discret et un très bel écrivain. Emmanuel a continué l’installation des éclairages dans le jardin. Il a rectifié une fois encore la position des spots sous les cyprès et les oliviers. Fait courir quelques centaines de mètres supplémentaires de fil électrique. Nous avons attendu la nuit tombée pour les derniers réglages. Ca fonctionne. Ouf… Les essais précédents s’étaient en effet révélés inquiétants. Tout disjonctait d’un coup plongeant le dedans et le dehors dans la même obscurité. Patou est passé avec Betty prendre un long apéritif tardif. Comment ça, tu ne bois plus de pastis ?, m’a-t-il demandé comme il me voyait, perplexe, arroser de Perrier un fond de whisky. - Pas avant un moment, j’ai peur. Je dois faire attention au sucre… Son regard s’est voilé d’une sollicitude inquiète : Mon pauvre, comme ça doit être difficile…