Marianne a perdu sa grand-mère. Quatre-vingt-dix-huit ans. La vieille dame vivait depuis quelques années dans une maison de retraite. Je me souviens du moment où il avait fallu débarrasser son appartement. Marianne avait entassé chez elle tout un fourniment de meubles, de bibelots, d’objets divers. Elle nous avait donné une table sur laquelle je travaille maintenant à Paris. Elle doit être très triste. L’âge ne fait rien au chagrin. Tout cela ne se raisonne pas. J’ai beaucoup d’admiration pour le courage de Marianne. Depuis qu’elle a été flanquée à la porte du Bateau livre, avec Amélie et Martin, elle vivote de lectures et de corrections de manuscrits. Une tâche ingrate. Indispensable mais jamais reconnue. Dernière péripétie en date, elle a fait un énorme travail d’éditrice pour le prochain polar de Jean-Christophe Grangé, La forêt des mânes, à paraître en septembre. Une fois tout terminé, Albin Michel lui a proposé royalement 500 €. Elle en a arraché 750 après une âpre discussion. Ca fait 10 € de l’heure. Quel mépris. Quelle honte… Elle viendra à Carolles « garder » la maison en juillet quand nous serons dans le Sud. Nous passerons un moment avec elle avant. J’ai terminé mon portrait de Guy Goffette. Juste à temps pour que nous puissions aller à la plage. Il y avait de très grosses vagues. Nous sommes restés dans l’eau une bonne demi-heure. Allez, on rentre. Il faut ranger un peu.